Par Ferghane Azihari.
La candidate du Front National à l’élection présidentielle française a mis de l’eau dans son nationalisme monétaire au cours de la campagne. Longtemps considérée comme hostile à toute intégration monétaire européenne, Marine Le Pen a déclaré lors de l’entre deux tours, dans un entretien accordé au journal Le Parisien, qu’elle aspirait, non pas à détruire l’euro, mais à le conserver comme monnaie commune aux échanges européens tout en restaurant le franc pour le commerce français :
« Nous aurons une monnaie nationale comme tous les autres pays, et nous aurons ensemble une monnaie commune. Voilà, c’est aussi simple que ça », a-t-elle déclaré.
S’agissait-il alors d’un revirement sincère ou d’un positionnement opportuniste pour tenter de ratisser plus large que son électorat traditionnel ? Nul ne le saura vraiment maintenant sa défaite consommée. Mais il peut être intéressant d’évaluer l’utilité de cette mesure qui pourrait revenir plus tard.
Monnaie unique versus monnaie commune : quelle différence ?
La différence entre une monnaie commune et une monnaie unique est assez simple. Une monnaie unique a cours légal de manière exclusive sur un territoire particulier. C’est la seule à être autorisée. Toute concurrence monétaire est donc interdite. Une monnaie commune, au contraire, induit un peu plus de concurrence dans la mesure où elle coexiste avec d’autres monnaies sur un même territoire. En Europe, la Suisse fait partie de ces pays où les commerçants acceptent à la fois le franc suisse et l’euro.
Une monnaie commune offre donc un choix supplémentaire pour les citoyens, ce qui est toujours préférable à une situation de monopole. Une telle concurrence monétaire inciterait davantage les autorités émettrices à produire une monnaie de qualité, c’est-à-dire une monnaie dont le pouvoir d’achat ne se dégrade pas constamment. Ce n’est pas le cas aujourd’hui puisque la plupart des banques centrales s’adonnent à toutes sortes de manipulations monétaires en sachant que, de toute manière, il est légalement impossible pour les citoyens de renoncer à utiliser une monnaie officielle, et ceci quelle que soit sa qualité.
La concurrence monétaire serait donc un immense progrès. Il y a tout de même une condition nécessaire à son fonctionnement : les monnaies en circulation doivent être traitées sur un pied d’égalité. Aucune monnaie ne doit bénéficier de privilèges indus, y compris pour le commerce intra-national.
Marine Le Pen et la concurrence monétaire ? Le doute est permis
Il y a lieu d’être très sceptique à l’égard des dires de Marine Le Pen. La candidate frontiste, bien connue pour ses postures radicalement protectionnistes, n’est pas réputée être une partisane inconditionnelle du principe de concurrence, a fortiori dans le domaine sensible des questions monétaires.
Une telle concurrence est d’ailleurs incompatible avec sa volonté de faire marcher la planche à billets pour financer les déficits gouvernementaux au détriment des épargnants détenteurs de monnaie. Marine Le Pen s’est à plusieurs reprises offusquée d’un euro trop fort. Elle est donc partisane d’une monnaie au pouvoir d’achat plus faible.
Or dans une situation de concurrence monétaire, et face au laxisme d’une Banque de France inflationniste, il y a fort à parier que de nombreux Français se précipiteraient pour convertir leur épargne en monnaie étrangère, c’est-à-dire en privilégiant des monnaies émises par des autorités plus conservatrices et dont le pouvoir d’achat serait plus stable.
De tels scénarios sont connus. En Europe, avant l’introduction de l’euro, il était courant de voir des citoyens de pays du sud de l’Europe acheter du deutsche mark ou du dollar pour protéger leur épargne de l’inflation dans leurs pays respectifs. Difficile d’imaginer un Front National au pouvoir accepter ce genre de comportements chez les Français. De telles opérations seraient immédiatement considérées comme anti-patriotiques. L’obsession du contrôle qui caractérise les élites frontistes amènerait probablement ces derniers à restreindre les opérations de change.
Cette défiance à l’égard de la concurrence monétaire avait d’ailleurs été révélée un an plus tôt puisque Marine Le Pen s’était prononcée en faveur de l’interdiction du bitcoin. Cette nouvelle position venant des nationalistes en faveur d’une monnaie commune doit donc être regardée avec suspicion.
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Comme en Suisse, nos frontières sont “fermées” quoi qu’on peut en douter au regard de la vitesse où les gens passent les douanes.
Mais les douaniers peuvent intervenir n’importe où !!
Et nous avons les 2 monnaies qui cohabitent sans aucun problèmes.
A l’international, nous travaillons en Euro.
Au national, en francs …
Et ca marche très bien.
Même nos comptes privés peuvent disposer des 2 monnaies.
Avec un change en temps réel au taux en direct et sans frais.
Aucuns regrets de ne pas faire partie de l’UE. Bien au contraire !!
Elle n’en fait pas partie mais c’est tout comme, même à accepter “la crème de cassis de Dijon”! (à 16° d’alcool au lieu de 20° pour être “liqueur”, en Suisse.
N’oubliez pas le $ ❗
A noter que je me souviens avoir lu dans un journal il y a quelques années l’avis d’un économiste proposant cela comme solution pour le problème. Son idée était que les pays d’Europe du Sud tout en gardant l’euro réintroduisent des monnaies locales. Autrement dit que la Grèce ait à la fois le drachme et l’euro.
De plus, Hayek était un partisan de la concurrence monétaire. Article intéressant de Gérard Dréan sur la concurrence de la monnaie d’Hayek: http://www.institut-entreprise.fr/sites/default/files/article_de_revue/docs/documents_internes/societal-75-12-drean-theorie.pdf
A la création de l’euro, c’était la position anglaise emmenée par Sir Jimmy Goldsmith mais malheureusement il a trouvé sur sa route les deux grands “monétaristes” qu’étaient Mitterrand et Chirac qui étaient convaincu qu’il fallait être contre les anglais (c’était déjà un bon état d’esprit pour l’avenir de l’Europe) la suite vous la connaissez
si vous voulez lire en anglais: http://www.iea.org.uk/publications/research/denationalisation-of-money-0
Olivier RPCh-Il ne faut pas écrire qu’en Suisse il n’y a pas de frais de change, la Suisse étant réputée pour avoir des tarifs bancaires élevés et multiples, pour l’échange de devise euro vs CHF il faut compter environ 2%