Les médias vont-ils faire perdre Macron à force de le soutenir ?

Et si les médias en faisaient trop pour soutenir Emmanuel Macron contre Marine Le Pen ? Réflexion à contre-courant.

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Emmanuel Macron by Ecole polytechnique(CC BY-SA 2.0)

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Les médias vont-ils faire perdre Macron à force de le soutenir ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 28 avril 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Les médias subventionnés sont engagés, dans le cadre d’un flash de propagande comme nous commençons à en connaître trop souvent en France, dans une course folle pour soutenir Emmanuel Macron, dont les faiblesses et les insuffisances crèvent désormais l’écran, contre Marine Le Pen. Les ficelles utilisées sont désormais si grosses qu’on peut se demander dans quelle mesure elles ne risquent pas de jouer un mauvais tour au candidat.

Retour sur la lamentable affaire Whirlpool

Faisons d’abord un petit retour sur image.

Emmanuel annonce qu’il doit rencontrer l’intersyndicale de l’usine Whirlpool dans les locaux de la CCI d’Amiens. On comprend bien pourquoi ce choix : cela fait trois mois que les ouvriers menacés de fermeture appellent Macron à l’aide, trois mois qu’il fait la sourde oreille, alors qu’il est lui-même Amiénois.

Dans tous les cas, il veut éviter la redoutable image d’un candidat chahuté, contraint de monter sur un camion, comme Hollande l’avait fait à Florange, pour promettre que l’usine ne fermerait jamais, et être rattrapé par le dossier durant son mandat.

On comprend bien les préoccupations du candidat et de ses communicants. Reste que Macron fait le choix de la tour d’ivoire : au lieu de voir les ouvriers sur place, il rencontre une délégation dans un espace protégé.

Que Marine Le Pen soit venue dans l’usine pendant ce temps-là ne change rien à l’affaire, Macron aurait de toute façon fait l’objet d’attaques pour son manque d’empathie vis-à-vis des ouvriers en lutte.

Parce que Marine Le Pen lui a tordu le bras, Emmanuel Macron s’est senti obligé de bouleverser son plan de communication et de se rendre sur place. Il y a été très mal accueilli, et s’est démené comme un beau diable pour limiter au maximum les dégâts.

Il n’en reste pas moins que de longues minutes de direct ont permis de montrer comment le candidat sorti premier au premier tour s’est retrouvé en difficulté dans un mouvement populaire qui bafouait son prestige.

Le roman pro-Macron raconté par les médias subventionnés

Immédiatement après ces images désastreuses, BFM a repris la situation en main en produisant des commentaires qui disaient exactement le contraire de la réalité qui venait de s’étaler aux yeux des Français.

S’est alors construit un roman grotesque où Marine Le Pen serait venue 15 minutes sur place pour faire des selfies avec des militants du Front National, quand Emmanuel Macron aurait courageusement affronté la tempête et ramené le calme auprès d’ouvriers déboussolés par la mondialisation.

Le plus ahurissant fut d’entendre ce matin les commentaires et chroniques sur France Inter (première matinale de France, rappelons-le) où une opération de propagande à la Potemkine fut clairement menée.

Tout le monde connaît la proximité entre Emmanuel Macron et le directeur général de Radio France. Mais trop, c’est trop. Il n’y a pas de raison pour que les Français soient obligés de financer une radio aussi partisane et qui pratique autant de compromission avec la déontologie de la presse.

On aurait tellement adoré que Radio-France rappelle les faits comme ils se sont passés, au besoin en soutenant que le candidat Macron ne s’en pas si mal sorti (si les journalistes le croient, cela ne gêne personne).

Mais il est bien évident que Macron n’avait nulle intention initiale de rencontrer les vraies gens de Whirlpool, et que lui en prêter l’intention rétrospectivement relève de la farce et de la désinformation.

Les médias subventionnés défendent leur chiffre d’affaires

Dans ce dossier, ce qui gêne, bien entendu, c’est que les médias soient juges et parties. Ils savent tous que si Marine Le Pen gagnait l’élection (et ils en ont la crainte manifeste, aujourd’hui), le système de subventions qui leur permet de survivre en produisant avec une arrogance hallucinante de la grosse daube que personne n’achète (ou trop peu de gens pour équilibrer les comptes) disparaîtrait. Et hop ! chez Pôle Emploi !

Il est tellement plus simple de profiter des rentes en dénonçant, au nom du sérieux et de la responsabilité, toute cette presse Internet qui fonctionne malgré les barrières à l’entrée posées par les insiders…

Bruits de botte dans les couloirs de France Inter

C’est dommage, France Inter n’a mis en ligne ni la chronique partisane de Thomas Legrand, ni celle de Nicole Ferroni où elle aurait dénoncé les pressions exercées pour combattre le Front National à l’antenne.

Cette discrétion est regrettable puisque, le même jour, un chroniqueur de France Inter démissionne parce qu’on lui a refusé le droit de défendre l’abstention au second tour dans l’émission de Nagui.

Messieurs de France Inter, non seulement vous adorez donner des leçons de morale à tout le monde, mais vous jouez aujourd’hui aux parangons de démocratie, tout cela pour soutenir un candidat que vous avez désigné comme fréquentable, et pour discréditer une candidate que vous voulez bannir.

Je n’ai que deux choses à dire cela.

La première est que vos méthodes sont inadmissibles.

La seconde est que, à force de prôner la vertu et de violer la plus élémentaire déontologie de la presse, vous allez méchamment savonner la planche de votre chouchou aux élections.

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  • Quelle est la solution, ils ont tue Fillon, ce sont simplement les islamistes de l’info. Et le pire c’est qu’ils se disent démocrates.

  • si l’usine whirlpool avait été une banque , macron se serait sans doute précipité à son chevet……

    • Même pas… Il n’a jamais vraiment été « banquier ». Il a toujours été un politicien, mais à un moment (court) il a touché (beaucoup) d’argent d’une banque pour faciliter des rapprochements entre entreprises semi publiques capitalistes de connivence (en tant que politicien avec le carnet d’adresse qui va bien).
      Le côté banquier (donc supposé compétent en business) c’est aussi du marketing pur et dur…

    • Les banques, quelles que soient les raisons par ailleurs, ne sont pas dans la même situation que l’industrie en France. Mais si l’usine avait été une petite banque locale (si tant est que ça existe encore) vous pouvez être sûr qu’il n’aurait pas plus levé le petit doigt.

  • Les médias agissent par crainte ….vous êtes serieux ?
    Pas un programme ne propose la fin des subventions ,que serait un politique sans moyens de pression , ce sont des médiocres,ils disparaitraient.
    Ils font se qu’ils peuvent pour créer des champions et c’est dur ,de plus en plus dur , ils en sont venu à faire de la désintoxication toxique pour noyer le poisson.

  • Vous avez entièrement raison. J’aimerais ajouter, même si ce sera sans aucun doute considéré comme politiquement incorrect, voire « immonde », que donner des consignes de vote, c’est tenir les électeurs pour des incapables irresponsables. Je pense que nul n’a besoin de savoir pour qui Pierre, Paul ou Marianne vote. Je trouve cela indécent.

  • « S’est alors construit un roman grotesque où Marine Le Pen serait venue 15 minutes sur place pour faire des selfies avec des militants du Front National »
    Euh… Ce n’est pas grotesque, c’est ce exactement qui s’est passé, bien que vous sembliez attaché à relayer la propagande de Madame Le Pen… au moins la moitié des personnes présentes sur les photos et vidéos ont été identifiés et sont des militants du FN. Ce sont également eux qui ont distribués les sifflets aux salariés pour accueillir Macron. Les salariés et syndicats (qu’on ne peut accuser d’être pro-Macron) ont également cette version des faits.

    • Il y avait donc des ouvriers de Whirpool parmi ceux qui ont sifflé ? Des ouvriers ont accepté les sifflets fournis par les militants FN pour en faire cadeau à leurs enfants ? Les ouvriers n’ont pas éjecté les militants FN ?
      Wait and see. Il y aura peut-être un reportage où les ouvriers expliqueront qu’il y a eu effectivement manip FN.

  • Article qui dénonce exactement ce que l’auteur est en train de faire…

  • En vérité, il existe deux moyens de pression que l’État peu exercer: bien entendu les subventions (postales, mat. premières, directes, indirectes, impôts, etc) et la délivrance de la carte de presse.

    Après question déontologie… C’est un peu injuste de dire que les médias sont de « mauvais » partisans, puisqu’ils le sont par essence.

    Toute information, à partir du moment où elle est observée, analysée et rapportée devient partisane.

    On ne peut que s’étonner de l’écart abyssal entre ce que pense la majorité des médias français (la majorité jacassante dixit H16) et ce que pense la majorité silencieuse.

    Tous les raccourcis sont bons, surtout les plus gros.
    Les slogans faciles à retenir et les éléments de langage giclant de vaseline sont déversés en masse vers la foule.
    Les échantillons d’opinions fraîchement débités peuplent les unes et les éditos.

    Et pourtant…
    Faut croire que l’État profond a saisi comment marchait la société française (vous savez, cette caste de hauts fonctionnaires que personne n’a élu et qui pourtant tient le pays depuis plus de 30 ans).

    Flatter les bas instincts, jeter l’opprobre sur la place publique, dénoncer, haranguer les nantis, trouver le bouc-émissaire, mener des campagnes de sophismes, détourner l’attention, parler des problèmes secondaires au lieu des problèmes urgents…

    Allez, on en redemande un louchée ?

  • Tiens, on notera en passant (comme les anges qui font de même dans les romans de Frédéric Dard) que lesdits ouvriers n’ont pas encore vu la fin du quinquennat Hollande qu’ils quémandent déjà de l’aide aux successeurs putatifs….

    Nationalisons donc Whirlpool, par la grâce du Siècle ou des mânes de St Louis, sacredieu !

    Blague à part, l’état -macronien, marinien ou hollandiste- n’a pas plus à se sentir responsable du devenir de 600 licenciés que de 3.
    Si seul le nombre incite celui-ci à se pencher sur la question, cela donne une bonne idée de ses priorités : « Tout dans le nombre. Rien contre le nombre. Rien en dehors du nombre ».

    Normal pour des politiciens, me direz-vous.

    *Idée pour la prochaine campagne : faire voter les rats et les fourmis*

    Que certains gros sites français, ou installés en France, perdent de la compétitivité et/ou du CA et pas un de ces génies auto-proclamés de se poser la question bête et soigneusement évitée par tous les incapables/irresponsables de France et de Navarre : pourquoi ?

    Non. Plutôt faire de la démagogie comme même les anciens Grecs auraient honte d’en faire : « Votez pour moi et tout va s’arranger avec mes gros doigts boudinés d’interventionnisme, de régulations et d’interdictions »

    Florange était un théâtre de Guignol, Whirlpool est un théâtre de guignols.

  • L’accusation ne tins pas route! Mediapart ne reçoit pas de subventions de l’état et le récit de l’action a whirlpool est une citation de Reuters.

  • Les commentaires sont fermés.

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