Un pas important vers la faillite de la France vient d’être franchi

La campagne électorale en cours n’aborde pas le sujet essentiel : la dérive des finances publiques n’est plus possible. Mais comme nous avons tardé à nous réformer, la faillite semble désormais inévitable.

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Coq (Crédits : Olibac, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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Un pas important vers la faillite de la France vient d’être franchi

Publié le 25 février 2017
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Par Simone Wapler.

Ça y est, c’est dans The Wall Street Journal : la dette de la France a rejoint celles des pays périphériques de l’Europe.

Internet ne présente plus vraiment de hiérarchisation de l’information, mais la presse papier, toujours. Figurer en une est un signe d’importance pour une nouvelle ; le bas de page à droite est le deuxième emplacement le plus important après la photo sous la une.

Peut-être que cela ne vous paraît pas très important.

Après tout, les grands médias ne parlent que de revenu universel ou des revenus de certains des candidats, des gadgets électoraux en discussion, des taxes sur les robots, des lunettes des enfants. La France est un beau pays où les gens ont un budget vacances mais pas de budget santé puisque c’est l’État qui paye… C’est un beau pays généreux où l’on vit très bien avec l’argent des autres qui coule à flots.

La dette périphérique en quelques chiffres

Pour bien mesurer ce que signifie « dette périphérique », quelques chiffres.

  • La France est endettée à hauteur de 2 000 Mds € soit, en gros, la taille de son économie.
  • Chaque année la dette grossit du déficit : 3,3% de l’économie en 2016 soit, en gros, 66 Mds €.
  • Ce déficit représente 23% des recettes fiscales de la France qui sont de 288 Mds €.
  • La charge de la dette, le paiement des intérêts, représente 41,8 Mds €.
  • La France a besoin d’emprunter 185 Mds € en 2017. La dette n’est jamais remboursée puisqu’elle grossit. Elle est simplement roulée : nous empruntons pour rembourser un emprunt arrivé à échéance.
  • Le taux moyen d’emprunt de la France est de 2%.
  • Les perspectives de croissance sont faibles voire nulles.
  • La dette de la France est détenue à 60% par des investisseurs étrangers qui lisent The Wall Street Journal.

La présentation des chiffres rapportés à la taille de l’économie, c’est-à-dire le PIB, est en réalité une dangereuse tromperie. Car l’État ne possède pas la totalité de l’économie. Les rentrées de l’État sont nos impôts. Certes, certains politiciens rêvent d’une France-URSS mais, jusqu’à présent, l’État ne contrôle que 57% de l’économie de la France et pas (encore) 100%.

L’État français ne dispose pas du PIB de la France. Il dispose seulement de nos impôts.

Si c’était votre budget personnel…

Tous ces milliards vous donnent un peu le tournis. Alors essayons de rapporter cela à une taille humaine.

  • Vos revenus réels sont de 28 800 €.
  • Vous êtes endetté à hauteur de 200 000 €.
  • Tous les ans, vous dépensez 6 600 € de plus que vos 28 800 € ; vous empruntez cet argent.
  • Vous avez besoin cette année d’emprunter 18 500 € pour rembourser aussi des vieux crédits à la consommation qui arrivent à échéance.
  • Votre taux d’emprunt moyen est de 2%.
  • Vous n’avez aucune véritable perspective de croissance de vos revenus, votre chiffre d’affaires de 200 000 € est stagnant.
  • 60% de votre dette est entre les mains de grands banquiers qui commencent à trouver que votre gestion est un peu légère et qui se proposent de monter vos taux d’intérêt pour compenser leur risque…

Pour que tout soit clair, voici un récapitulatif :

Que pensez-vous qu’il va se produire si le taux d’emprunt monte ?

Situation explosive

Pour mémoire, les pays dits périphériques de l’Europe sont le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce…

La référence sur les marchés obligataires est le taux de la dette souveraine à 10 ans.

Source Les Échos au 21 février 2017

En admettant que la « Finance sans Visage » ne nous demande que le même tarif que l’Espagne (et surtout pas celui de l’Italie), cela signifie que les intérêts de notre dette et notre déficit vont coûter 60% plus cher.

La campagne électorale en cours n’aborde pas le sujet essentiel : la dérive des finances publiques n’est plus possible. Mais comme nous avons tardé à nous réformer, la faillite semble désormais inévitable.

Comme disait Margaret Thatcher, il y a toujours un moment où l’on vient à bout de l’argent des autres…

Les premiers pas vers la faillite

Lorsque nous serons parvenus à bout de l’argent des autres, pour maintenir son train de vie fastueux, il faudra que notre État lève les impôts correspondants, soit 23% de plus qu’actuellement dans un premier temps, simplement pour l’urgence du déficit. Par la suite, le poids de la dette s’alourdissant, le poids des impôts suivra.

L’Allemagne a compris et se prépare déjà à une crise de la dette souveraine en euro.

Évidemment, les souverainistes vous répondront qu’il suffit d’abandonner l’euro pour que la France puisse créer sa propre monnaie et ainsi tout s’arrangerait. Ce ne sont que contes à dormir debout. Autant émigrer immédiatement au Venezuela. L’impôt sera alors l’inflation.

Les comptes sont implacables.

Préparez-vous à la faillite de la France si ce n’est déjà fait. Soldez les résidus de votre assurance-vie en euro. Basculez en unités de compte ou utilisez l’argent pour payer des droits de mutation et transmettre à vos descendants si vous le pouvez et le désirez (car je sens que l’impôt sur la mort – les droits de successions – va augmenter violemment comme tous les autres impôts).

Et puis, s’il vous reste un peu de temps, envoyez ce tableau à nos brillants candidats à la présidence.


Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.

Voir les commentaires (16)

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  • Merci à Simone Wapler pour cet article clair et facile à comprendre.
    Il est à noter qu’aucun des candidats à la présidence de la république ne propose de réduire le montant de l’endettement de la France…

  • Pourquoi solder son assurance-vie en euros pour la basculer en unités de compte ? Merci d’avance.

    • Parce que l’actif des contrats en euros est essentiellement constitué d’empruts d’Etat. Le jour où l’Etat ne peut plus rembourser sa dette, les contrats s’effondrent.

      • Supprimer la dette comme le propose Marine LePen aurait le même effet; celle-ci est détenue pour bonne partie par le fond souverain Norvégien mais aussi par des grands noms de l’assurance comme Axa ou Allianz. Et à votre avis, où va cette argent sensée être sûr ?
        De plus n’oubliez pas que la loi Sapin 2 autorise maintenant les assureurs à séquestrer vos fonds en cas de grave crise. Et pour terminer, cela ne rapporte plus rien, même pas 2%. Un petit conseil: fuyez tant qu’il en est encore temps.

  • La France est en faillite à dit un certain candidat en….2007.
    Depuis rien de neuf et pour cause ,cela n’a aucune importance si la zone euro ne l’est pas .

  • Une seule solution : émigrer. Déjà fait pour moi. Échappez à Mélanchamon – Le Pen.

  • Les recettes fiscales ne sont pas que de 28 milliards… mais supérieures à 1000 milliards. Cela n’enlève rien au raisonnement ceci dit, d’autant que plus d’impôts ne combleront pas le déficit car ils réduiront la consommation et l’investissement…

  • Pour réduire le montant de l’endettement il faut dégager un excédent budgétaire. Actuellement on a un déficit de 66 milliards. Il faut donc une forte réduction des dépenses, ainsi que des suppressions de postes d’agents publics. Seul Fillon propose des mesures à la dimension du problème.

  • C’est une sacrée pepite qu’a trouvé Simone Wapler, Peut on avoir la date et edition de cette une du WSJ ? j’aimerais bien lire l’original.

  • Un commentateur déclare ceci: “Cela n’a aucune importance si la zone euro n’est pas en faillite” Autrement dit: quitter la zone euro serait dramatique pour la France et nos propres économies…..
    Par ailleurs, l’assurance vie en euros ne rapporte guère (cela dépend aussi de la banque où ce placement est engagé. Par contre l’assurance vie en unités de compte: excusez moi, mais vu le fonctionnement actuel de la bourse Française où le trading intraday fait rage, je doute que l’assurance vie en unités de compte soit bénéficiaire….J’en ai déjà fait l’expérience et ai laissé beaucoup d’argent!!!! Les traders sont vraiment les voleurs de la bourse au détriment des investisseurs moyen et long terme !!!!

  • Pour le quidam, le taux d’endettement ne doit pas dépasser 33% des revenus. Quand il est question de l’Etat, ce n’est pas d’actualité. Cependant, il dépense sans compter.

  • “Le taux moyen d’emprunt de la France est de 2%. Lire plus sur Contrepoints”

    “En admettant que la « Finance sans Visage » ne nous demande que le même tarif que l’Espagne (et surtout pas celui de l’Italie (à savoir 2.178%), cela signifie que les intérêts de notre dette et notre déficit vont coûter 60% plus cher.”

    => Raccourci un peu rapide. Si le taux d’emprun moyen est à 2%, emprunter au taux de l’italie à 2.1% ne renchérira jamais les intérêts globaux de la dette + les déficits de 60% – Sauf à considérer que 100 des intérêts de la dette contractés étaient à 1.045%, ce qui est fallacieux puisque le taux moyen est à 2…

    Comme disait Twain : il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques.”

    Inutile d’en arriver à de tels extrémités pour dénoncer la gabégie de nos ‘escrolitiques’.

  • Je trouve très maladroit de parler de la «France».
    Il ne faut en effet pas confondre le peuple français et le gouvernement français.
    Ce sont deux entités très différentes.
    C’est le peuple qui a un revenu annuel.
    Et c’est le gouvernement qui a une dette, laquelle n’est en vérité pas une vraie dette puisque nul n’est tenu de la payer.

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