Idée reçue : « Le libéralisme défend les grandes entreprises »

Non le libéralisme ne défend pas les grandes entreprises. Démonstration.

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Idée reçue : « Le libéralisme défend les grandes entreprises »

Publié le 19 février 2017
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Par Eddie Willers.

grandes entreprises
Quartier d’affaires By: *** Fanch The System !!! ***CC BY 2.0

Il y a de cela quelques semaines, Pierre Gattaz était invité à Sciences Po pour échanger avec des étudiants sur le thème des questions libérales dans la campagne présidentielle. Lorsque j’ai vu pour la première fois le mail qui faisait la promotion de cette conférence, je me suis dit qu’il n’y avait certainement pas pire publicité possible pour le libéralisme.

Associer libéralisme et MEDEF n’a malheureusement pas beaucoup de sens et entretient dans l’esprit des étudiants la confusion : libéralisme = riches et grandes entreprises.

Or loin d’être le défenseur des grandes entreprises et même de l’entreprise en général, le libéralisme permet surtout à de nouveaux acteurs aux business-models originaux et disruptifs de tailler des croupières aux grands groupes.

Les grandes entreprises bénéficiaires de subventions

Les grands groupes sont bien souvent les entreprises qui reçoivent le plus de subventions. À titre d’exemple les TPE-PME représentent 90% des bénéficiaires du crédit impôt recherche en nombre mais 20% en volume de créances (Le Monde). Or une subvention revient à taxer davantage Pierre pour reverser cette somme à Paul selon les préférences des hommes politiques du moment. C’est donc une atteinte à la propriété privée et au droit naturel de Pierre.

Une subvention n’est donc absolument pas un principe libéral. Pourtant, le MEDEF est le premier organe à réclamer des subventions à l’export, pour la recherche, pour le « Made In France » et que sais-je encore. Nous sommes donc bien loin d’un « libéralisme débridé ».

Deuxième élément, les grands groupes sont également les premiers à exercer du lobbying afin de tordre la réglementation en leur sens. Ainsi, les laboratoires pharmaceutiques font pression auprès des parlementaires pour renforcer les tests avant qu’un médicament soit mis sur le marché, au motif de protéger les malades. En réalité, cela ne fait qu’augmenter les coûts de développement de ces médicaments ce qui empêche de nouveaux acteurs d’émerger et érige de fortes barrières à l’entrée.

Le libéralisme défend la libre entreprise

Le libéralisme défend la libre entreprise et donc selon les principes schumpéteriens, la destruction créatrice. Un entrepreneur arrive avec une idée révolutionnaire afin de mieux répondre aux besoins des consommateurs et oblige les acteurs établis à s’adapter ou à disparaître. En France, l’exemple le plus frappant est peut-être celui de Free.

L’ARCEP a longtemps attendu avant d’accorder le droit à Free de développer son réseau. Auparavant, les opérateurs télécoms historiques, SFR, Orange et Bouyges Telecom jouissaient d’une situation confortable, s’entendaient sur les prix et n’avaient a priori aucune raison de se préoccuper de leur sort. Lorsque Free arrive et affiche des tarifs hautement compétitifs, ces derniers sont obligés de s’adapter : forfaits moins chers au risque de perdre leur clientèle et optimisation des coûts.

Si le libéralisme défendait les grands groupes, il n’aurait jamais permis à Free d’entrer sur le marché car cela aurait remis en cause la rente dont bénéficiaient les trois acteurs historiques. À l’inverse, nous nous rendons compte que c’est bien l’État qui pendant des années a défendu ces grands groupes, via l’ARCEP, en empêchant un nouvel acteur de s’implanter.

Cependant, le libéralisme ne se limite pas à refuser de défendre les grands groupes, il ne défend tout simplement pas l’entreprise en général.

Le libéralisme ne défend pas systématiquement l’entreprise

Dans son livre, Libéralisme, Pascal Salin présente une entreprise comme un nœud de contrats. Des contrats liant les actionnaires entre eux définissent la gouvernance, les contrats fournisseurs définissent les approvisionnements en matières premières ainsi que la sous-traitance, les contrats de travail, les relations entre salariés et employeur etc.

À la fin, nous nous rendons compte que ces contrats ne définissent que des relations entre êtres humains, l’entreprise n’existe que parce qu’elle est le lieu où s’agrègent ces relations. Une entreprise n’a donc pas de vocation propre. C’est pour cela par exemple qu’évoquer la  Responsabilité Sociale d’une Entreprise est un non-sens.

Le libéralisme défend les droits naturels des individus, il ne saurait dès lors pas défendre une entreprise car cela reviendrait à lui donner plus d’importance que les individus grâce auxquels elle existe.

Ainsi lorsqu’un employeur ne respecte pas une disposition d’un contrat de travail, il est en tort et doit dédommager son salarié en conséquence. Là où un socialiste vous dirait « les libéraux sont du côté des patrons », en réalité, le libéralisme est du côté des individus. Et dans ce cas-ci, il serait du côté du salarié.

En revanche, si le salarié a signé un contrat de travail librement, il connait donc les détails de ses tâches, de ses obligations et de ses droits. Ainsi le libéralisme ne saurait défendre un salarié qui, sans qu’aucune disposition de son contrat de travail n’ait été brisée, trouve qu’il travaille trop et dans des conditions déplorables. Il était libre de signer ou de ne pas signer ce contrat, il en assume les conséquences.

In fine, la confusion entre libéralisme et grandes entreprises est encore malheureusement trop répandue. Il convient alors de se rappeler que le libéralisme ne défend pas les grandes entreprises ni les entreprises, seulement la libre entreprise.

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  • Bonjour

    Tellement vrai, le libéralisme n’est pas le capitalisme, le libéralisme n’est pas pro-business (mais il n’est pas anti).

  • « En revanche, si le salarié a signé un contrat de travail librement, il connait donc les détails de ses tâches, de ses obligations et de ses droits. Ainsi le libéralisme ne saurait défendre un salarié qui, sans qu’aucune disposition de son contrat de travail n’ait été brisée, trouve qu’il travaille trop et dans des conditions déplorables. Il était libre de signer ou de ne pas signer ce contrat, il en assume les conséquences. »

    Pas si simple. Difficile pour un salarié lambda de réellement connaître l’ensemble de ses droits et obligations. Quasi impossible même, tant le Code du Travail est complexe et changeant, tant les accords de branche sont variables, tant le contrat de travail lui-même peut être un document sophistiqué.
    De plus, de nos jours, rappeler que l’aspirant salarié est libre de ne pas signer le contrat de travail proposé par l’employeur est faux.
    Ce serait vrai dans un Monde libéral sans ingerance du Pouvoir dans la liberté de contacter, sans un système d’aides sociales favorisant parfois (souvent ?) l’inactivité au détriment du travail, et dans une zone de plein emploi.
    Malheureusement le contexte fait que quelqu’un qui cherche réellement du travail pour subvenir à ses besoins n’a pas vraiment le choix. Sa liberté telle que nous la décrivons chez les libéraux est très largement entamée par la réalité du terrain…

    Oui, le libéralisme n’est pas du côté des entreprises, je suis parfaitement d’accord. Mais s’il est bien du côté de l’individu, le principe de réalité en est en revanche un obstacle considérable… insurmontable, je le crains.

    • Vous ne pouvez pas juger de la pertinence du libéralisme dans un pays comme la France où tout est codifié, encadré, contraint, bref, où la liberté n’existe pas !

      • la liberté n’existe pas en France…. je ris jaune. A votre guise, allez dans un autre pays …en Russie tenez ! Stop la malhonneteté intellectuelle et les hyperboles! On nous laisse meme trop de libertés sur le plan sociétal (voir des merdes à la télé, fumer, se bourrer la gueule…) pour nous détourner d’enjeux qui dépassent nos petites personnes.

        • Je rentre de 3 semaines en Chine, où j’ai vécu à la chinoise (pas dans des hôtels pour occidentaux). Ma conclusion est que les chinois sont plus libres que les français. Ils veulent faire des modifications à leur maison ? Ils le font, ils n’ont pas un dossier de 20 pages à remplir en 6 exemplaires. Ils veulent monter une entreprise ? Aucun problème, le mot d’ordre officiel est « enrichissez-vous ». La seule liberté que nous avons en France et qu’ils n’ont pas, c’est celle de manifester contre leur gouvernement et de choisir leurs « représentants ». On peut le faire en France. Pour quel résultat ?

          • Bonjour anagrys
            En dictature c’est ‘tais-toi’ ,en démocratie c’est ’cause toujours’.
            On l’a vu avec le référendum européen, la france est une démocratie que de nom.
            Vaut-il mieux vivre dans un pays où le gouvernement vous fout la paix dans la mesure où vous ne l’affrontez pas frontalement ? Ou en france où tout est réglementé (cf permis de construire sur un terrain constructible) et les élections sont vaines ?
            Mon choix est fait depuis longtemps, je fuis cette mascarade politique.

            PS Be Curious, lui est l’idiot utile du système.

            • qui est l’idiot utile entre Contrepoints qui défend des milliardaires gagnant du fric en dormant (tu parles d’une arnaque) ou celui qui défend l’Etat voleur ? Pour moi les deux sont voleurs à leur manière: les uns qui foutent que dalle et des gens qui bossent pour lui, et l’autre qui fout que dalle et des gens qui bossent pour lui.

              • Juste pour comprendre : vous pouvez me trouver un seul article de Contrepoints qui « défende des milliardaires » ?
                Vous pouvez me citer un seul milliardaire qui gagne du fric en dormant ?
                Avec des sources fiables si possible (bilan, presse, études économique, je sais pas moi. Je prends même un article de Pif le chien).
                Beau gosse mais c’est tout…

      • @ Turin

        Ce qui prouve que la France n ‘est pas un pays démocratique et libre! Raison pour laquelle le libéralisme est théorique, en France, mais plus réel dans un pays voisin!

  • « En revanche, si le salarié a signé un contrat de travail librement, il connait donc les détails de ses tâches, de ses obligations et de ses droits. Ainsi le libéralisme ne saurait défendre un salarié qui, sans qu’aucune disposition de son contrat de travail n’ait été brisée, trouve qu’il travaille trop et dans des conditions déplorables. Il était libre de signer ou de ne pas signer ce contrat, il en assume les conséquences. »

    sauf que pour les sous-métiers (nettoyer les chiottes, etre vendeur chez McDo, ouvrier saisonnier…), la liberté de contracter est une fausse liberté…les contraintes économiques obligent à trouver un emploi pour manger, quitte à se « prostituer » envers une entreprise dont on sait pertinemment qu’elle tyrannique. Le contrat n’illustre en rien la liberté réelle.

    • et pire les non-dits d’un contrat ou l’interpréter d’une façon à justifier un licenciement… (cf. caissière qui croyait accoucher et devait s’absenter en catastrophe). Qu’une entreprise viole les droits humains fondamentaux quand bien meme ils ne sont pas inscrits dans le contrat, il y a problème. Un patron est aussi tenu de respecter la dignité de la personne humaine, aussi bien que les salariés envers un supérieur hiérarchique (je pense au DRH d’Air France qui s’est fait déshabillé par des salariés).

      • En fait, l’immense majorité des patrons respecte leurs salariés et vivent en harmonie avec eux. Mais les syndicats révolutionnaires de Gauche ne prennent en exemple que quelques cas extrêmes et laissent délibérément à penser à la population qui les écoute béatement que tous les patrons sont ainsi.
        Du coup, les patrons n’ont qu’une envie : fermer leur entreprise et se barrer.
        Le jour où un patron fera grève aussi violemment que la CGT, mais avec ses propres armes (plus de paiement des salaires, des charges, des fournisseurs, par exemple, ou résiliation de l’abonnement EDF ou téléphone, que sais-je) et laissera ainsi ses salariés comprendre ce que c’est qu’être pris en otage, on en reparlera.
        Mais les patrons sont des gens responsables. Pour la plupart. Contrairement à la plupart des syndicats et des syndiqués.
        Système pourri jusqu’à l’os…

    • Ces problèmes existent dans une situation où le marché du travail est difficile, comme en France, avec une grosse barrière à l’entrée. Je travaille avec des indiens. Dans la ville où sont mes collègues, si le patron ne s’adapte pas à leurs demandes il reçoit très vite une lettre de démission.

      • ah ah pas mal^^ ce serait bien de développer la vie démocratique en entreprise avec des PDG élus et un programme à proposé :p

        • L’entreprise n’est pas une Démocratie, ou vous avez vu ça ?
          Le jour où patrons et salariés auront les mêmes droits (démission sans préavis, licenciement sans préavis, et les deux sans avoir à donner un quelconque motif « réel et sérieux »), alors oui, patrons et salariés auront trouvé la liberté qui leur manque.
          Si je pouvais me séparer facilement d’un salarié qui ne convient pas/plus à son poste, je n’aurais aucun problème à recruter. Mais les syndicats ouvriers sont incapables de comprendre ce mécanisme simple. Ils vivent et pensent encore au 19e siècle.
          CPEF !

    • Sous-métiers??

      Merci de respecter la dignité des gens (dont j’ai fait parti a un moment) qui ont eut ou ont l’opportunité de les exercer.

    • @BeCurious

      « Sous-métier, vendeur chez McDo »…
      Quelle condescendance prétentieuse, typique des sociaux-démocrates.

      Eh bien moi, j’ai bien été content qu’une grande entreprise telle que McDo m’offre un petit job, ce qui m’a permis de financer mes études supérieures.

  • Fondamentalement, dans l’idée, le libéralisme n’est pas pour la grandes entreprises.
    Mais dans la réalité, la logique d’une entreprise étant de se constituer un monopole pour en tirer profit, de nombreuses situations de monopole se constituent malgré tout, sans laisser la possibilité à d’autres acteurs de les briser : et comme dans la doctrine, l’état ne doit surtout pas intervenir pour réguler, ou pire que les grandes entreprises participent à la régulation via le système des lobbies totalement assumé par cette même doctrine…
    Au final, « le libéralisme profite toujours à l’acteur le plus puissant » David Ricardo.

    • Quel est le moyen pour une entreprise de se constituer un monopole ? Le rachat des concurrents ? S’il y en a un qui arrive avec un modèle réellement disruptif et qui refuse de se laisser racheter, à part en tombant dans des pratiques mafieuses l’entreprise en monopole ne pourra rien faire. Les monopoles ne durent que s’ils sont protégés par la puissance publique. Et dans ce cas on est loin du libéralisme.

      • Anagrys, le rachat de concurrent ne permet pas de constituer un monopole. Les activités de fusion-acquisition sont rigoureusement réglementées et chaque cas donne lieu à une étude d’impact sur la concurrence et les prix, de telle sorte qu’un monopole ne peut tout simplement pas émerger.

    • Avez-vous un exemple soutenant vos propos ? Je ne connais pas un seul monopole privé dans un contexte de libre concurrence.

    • @tigrou777
      Bonsoir,
      La logique d’une entreprise est d’être rentable, et de générer des profits. Les seuls monopoles sont des monopoles d’Etat, tel que la SNCF, plus de 40 milliards de dettes,rendu possible car gavée par l’Etat. Impossible autrement.
      Cela est bien noté dans l’article 9 de la Constitution de 1946 :
      « 9. Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. » Après la victoire sur les fascistes, cette notion communiste fait tache et sent très mauvais.
      L’Etat doit garantir les Droits de chacun, (et surtout les respecter) pas réguler au milimètre.
      Avec un marché du travail ouvert, libre, les salariés, pourront retrouver leur liberté et leur pouvoir, comme durant les 30 glorieures.

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