Les journalistes devraient toujours préférer la vérité à l’audience

La recherche du scoop trouve sûrement une excuse dans la raréfaction de la clientèle et la concurrence des réseaux sociaux, mais cette escalade dans l’uniformité de pensée a pour premier effet d’étouffer la manifestation de l’esprit critique.

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Les journalistes devraient toujours préférer la vérité à l’audience

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 février 2017
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Par François Gauchenot.

Les journalistes devraient toujours préférer la vérité à l'audience
By: Aalborg StiftCC BY 2.0

Nos journalistes, tous media confondus, rivalisent chaque année davantage dans la séduction de l’opinion.

La recherche du scoop trouve sûrement une excuse dans la raréfaction de la clientèle et la concurrence des réseaux sociaux, mais cette escalade dans l’uniformité de pensée a pour premier effet d’étouffer la manifestation de l’esprit critique.

Exemple très récent : la révélation par le Canard Enchaîné des informations obtenues (ou livrées au palmipède) sur les rémunérations de la famille Fillon a été reprise dans tous les médias écrits, oraux et visuels, avec l’étiquette systématique des « emplois présumés fictifs ». Aucun des journalistes que j’ai pu lire, entendre ou voir n’a employé une autre expression que « emplois présumés fictifs ».

C’est peut-être la formulation qui a été choisie initialement par l’agence France Presse, qui prémâche l’alimentation des journalistes, mais aucun d’eux à ma connaissance n’a relevé la faute de langage que constitue ici l’emploi du mot « présumé », invariablement repris par toute la corporation.

Des emplois présumés fictifs ?

Personne n’a corrigé pour parler plutôt d’emplois suspectés fictifs, ou prétendus fictifs. Dire « présumé fictif » est une faute de langage, puisqu’un principe fondamental du droit français est la présomption d’innocence. Rappelons ici la définition que donne le Littré du mot présumé : « Censé, réputé, jugé vraisemblable ». Cela implique donc que des éléments suffisamment probants aient été établis pour asseoir un quasi jugement préalable, ce qui en l’espèce n’est manifestement pas encore le cas.

Cette distorsion du sens a une conséquence gravissime, peut-être opportune pour certains : c’est que l’acceptation de cette erreur de langage renverse implicitement la charge de la preuve. Les emplois en question sont donc maintenant a priori fictifs, sauf si la preuve contraire peut en être apportée. Exit la présomption d’innocence.

J’ai du mal à croire que la maîtrise de la langue française qu’ont nos journalistes soit à ce point dégradée qu’aucun n’ait eu la présence d’esprit de signaler cette erreur.

J’y vois alors le signe que, chez ceux qui comprennent le sens des mots, autre chose est à l’œuvre : l’esprit critique a cédé la place au choix de séduire l’audience, et au plaisir d’exercer un pouvoir accru face au monde politique.

Il y a un autre domaine, plus vaste, où l’esprit critique des journalistes s’est montré depuis des années effroyablement étouffé par ce désir de séduire et de s’ériger en tribunal : la question du climat.

Manifestement plus intéressés par les réponses disponibles que par les questions qui restent irrésolues, tous ou presque ont superbement ignoré, quand ce n’est pas rejeté, dédaigné ou tenté de ridiculiser, les centaines et maintenant les milliers de scientifiques purs et durs qui refusent les positions de l’ONU et des administrations qui en dépendent sur les causes des changements climatiques, et qui critiquent les conséquences politiques et financières qui sont décidées au nom de ces positions.

Les scientifiques et le climat

Ces scientifiques sont remarquablement nombreux et divers, souvent les meilleurs dans leur spécialité, pour la plupart avec leur carrière et leurs ambitions derrière eux, travaillant maintenant avec un minimum de moyens techniques et sans réels financements, ni étatiques ni « carbo-pétroliers ». Leur force est dans leur compétence de pointe, et dans leur attitude de recherche systématique des bons raisonnements, des formules de calcul qui correspondent aux réalités mesurées, des preuves factuelles. Leur autorité intellectuelle scientifique n’est mise en cause que par ceux qu’ils dérangent, certains d’entre eux sont prix Nobel de sciences dites « dures », la plupart ont des CV qui forcent le plus grand respect.

Contrairement à ce que prétendent ceux qui les dénigrent, ces ‘sceptiques’ sont convaincus que la lutte contre la pollution est plus que jamais nécessaire, et leurs arguments sont purement scientifiques, jamais dogmatiques.

Alors pourquoi, à l’exception de quelques cas isolés, les journalistes se refusent-ils à faire profiter leurs audiences des résultats de leurs travaux ? Est-ce parce que ces résultats vont à l’encontre de  la bienpensance écologique ?

La diabolisation du CO2

Si c’est le cas, voilà un bien mauvais calcul, car ces scientifiques, sceptiques par déontologie, pourraient bien être les écologistes les plus pertinents, en dénonçant la diabolisation du CO2, dont ils ont montré que l’augmentation est la conséquence et non la cause du réchauffement, ce CO2 qui, favorisant le développement des plantes, a heureusement provoqué un verdissement accru de la planète. Plus de CO2 veut aussi dire moins besoin d’eau pour la culture des plantes.

Au lieu de dépenser des milliards à lutter contre un faux coupable, et de préparer avec la taxe carbone un marché spéculatif gigantesque sans aucun effet sur le climat, ces scientifiques recommandent de consacrer nos ressources à lutter vraiment  contre la pollution, par exemple en investissant à court terme dans les procédés de centrales au charbon dépolluées, et sur le long terme en finançant la recherche de nouvelles formes de production d’énergie qui pourraient devenir rentables sans la masse des subventions actuelles, à la différence par exemple des champs de grandes éoliennes terrestres, devant l’échec desquelles l’Espagne vient de faire une marche arrière spectaculaire.

L’écologie est un sujet terriblement complexe, alors pour avancer de manière constructive laissons l’esprit critique débattre sans dogmatisme ni allégeance, surtout lorsqu’il émane de personnalités qui sont à la pointe des compétences mondiales sur les différentes spécialités scientifiques concernées.

Un tel débat porté par la presse, portant sur des données vérifiées incontestables et des démonstrations scientifiques étayées serait d’autant plus utile en ce moment que deux remises en cause potentiellement explosives portant sur les travaux du GIEC viennent de voir le jour : un responsable récemment retraité de la NOAA, le département de l’administration américaine préparant les données climatiques exploitées par le GIEC, déclare que ces données ont été « aménagées » pour servir la cause de la dramatisation climatique, et que les données brutes ne sont bizarrement plus disponibles (détails de l’histoire visibles ici) ; et d’autre part un groupe de mathématiciens est en train de vérifier la validité d’une suspicion d’erreur de calcul majeure (plus d’info ici) présente dans tous les modèles de prévision utilisés par le GIEC, modèles qui semblent bien avoir depuis leurs débuts toujours prédit des températures largement supérieures à la réalité mesurée le moment venu.

Qui peut honnêtement dire « The science is settled » ?

Les journalistes qui ont haute conscience de leur mission peuvent encore choisir de faire passer la recherche de la vérité avant celle de l’audience. Comme le relevait Pierre Dac : « il est encore trop tôt pour savoir s’il est trop tard ».

Sur le web

 

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  • Parions que nos grands journalistes vont attaquer Lord Monckton sur ses liens avec UKIP. Concernant cet article en cours de validation par Monckton & Happer, attendons de voir la réponse de la communauté scientifique sur le sujet. Si aucune remarque majeure n’émerge, alors effectivement, ce sera la fin des haricots pour les écologistes.

    Par ailleurs, je trouve fort dommage que l’auteur de l’article ne prenne pas la peine d’expliquer pourquoi tous les journalistes de la planète expliquent que augmentation du CO2 => augmentation des températures…alors que depuis très longtemps la littérature scientifique indique que c’est l’inverse. La source de l’erreur se trouve dans les conférences d’Al Gore. A priori, c’est lui qui a inversé cause et conséquence…et si ce n’est pas lui qui a fait cette erreur initialement, alors il est de très loin le plus important vecteur de propagation de cette erreur.

  • Ce n’est plus une question de recherche d’audience, mais simplement la volonté d’en faire le moins possible.
    Le sujets traités qui font la une, ne sont que ceux portés par des groupes de pression et les manipulateurs.
    Il n’y a aucune enquête. Aucune vérification.
    Les analyses et chiffres ubuesques et controversés des associations de lobbying sont annoncées comme certitudes comme OXFAM et GIEC.
    Vous avez vu une question sur les régimes spéciaux à un candidat? Non.
    Tous les matin Bourdin, en bombardement massif, répétitif, vous explique que la sécu est moins chère en frais de gestion que la mutuelle. Alors que la réalité, s’ils avaient a rembourser les mêmes prestation et des mêmes ressources et moyen d’obtention de celle ci….
    Quand aux invités….C’est le défilé des étatistes de gauche et de droite…

    • Il faut se mettre à leur place , l’exemple de Philippe Verdier a été très disuasif pour tous ceux qui pourrait avoir le moindre esprits critique.

      • En même temps, il était sur une télé de « service public »…comprendre de propagande éhontée du gouvernement…Ségolène ne supportant pas la contradiction (il n’est pas difficile de faire parler ses ex-collaborateurs sur le sujet)…forcément, ça n’allait pas passer 😉

    • La volonté d’en faire le moins possible ou la volonté de modeler l’opinion à leur goût … La certitude de détenir l’unique vérité et la volonté d’utiliser tous les moyens pour arriver à leurs fins : dissimulation ou tronquage d’informations, déformation des faits, matraquage du même sujet sur toutes les chaînes, dans tous les journaux, vingt fois par jour et pendant des semaines jusqu’à ce que « l’information » ( ou la désinformation) soit devenue une certitude pour tous… Heureusement que nous avons ( encore) Internet…

  • En plaisantant à moitié, bien des journalistes vous répondraient : ne jamais laisser les faits détruire une bonne histoire !
    Faire de l’audience, c’est augmenter ses parts de marché. Augmenter ses parts de marché, c’est augmenter ses revenus publicitaires. Tout est là et tout est dit. Car les journalistes occidentaux, sauf ceux à l’emploi des réseaux radio et télé d’État, sont les salariés d’entreprises commerciales dont la raison d’être est de générer des profits.
    DF

  • De plus, avec une profession tellement formatée et imprégnée idéologiquement à gauche dans leurs écoles de journalisme, espérer un travail sérieux relève du veux pieux.

  • Sur le premier sujet de l’article, un très bon exemple d’actualité est le fameux « Decodex » du JournalDeRéférence.
    Le Monde réussit avec ce site à faire accepter à ses lecteurs que le fact-checking ainsi proposé est une valeur ajoutée, alors que c’est une composante essentielle de tout journaliste.
    Bien entendu, Le Monde n’osera jamais se coller à lui-même une pastille orange ou rouge, c’est clair.
    Ainsi, et pour rattraper le second sujet de l’article, la Parole Éclairée de Stéphane Foucard devient-elle un peu plus parole d’evangile…

  • L’honnêteté de l’intellect se heurte deux fois par jour à la dure réalité de la faim…

  • La théorie du complot, utilisée ici dans le cadre du réchauffement climatique, est un levier hyper-classique pour faire de l’audience.
    Vous cherchez l’audience comme les autres, seulement vous la cherchez par un moyen plus malsain et plus dangereux.
    Je ne vous félicite pas.

    • Réponse au commentaire de GPL : Si vous avez « décodé » mon article par le filtre de la théorie du complot, vous avez dû le lire un peu trop vite. Quand il y a complot, il y a connivence et organisation, ce n’est ni ce que je vois dans ce sujet, ni ce que j’ai décrit. Ce que je déplore, c’est le manque d’ouverture et d’esprit critique qui laisse sous le boisseau les travaux « discordants » de scientifiques hyper chevronnés. Je ne vois certainement pas là le résultat d’un « complot » organisé, simplement l’addition d’une paresse intellectuelle et d’un manque de courage. Qu’il puisse y avoir certaines convergences d’intérêts qui poussent à la roue n’est pas exclu, mais je n’y vois pas pour ma part de connivence organisée.
      Que vous trouviez malsain et dangereux de souhaiter voir exposé ce débat avec des scientifiques chevronnés « sceptiques » est plutôt inquiétant, pas seulement pour un esprit scientifique, simplement pour un honnête homme.
      Puisque l’on parle ici de journalisme, permettez moi de vous soumettre avec bienveillance la citation de George Orwell : « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre », ce qui n’est pas très éloigné de la phrase de Beaumarchais dont le Figaro a fait sa devise…

  • Pour compléter l’article de l’auteur je voudrais souligner que nous sommes devenus les esclaves des nombreux sectateurs de la pensée unique. Ces derniers partent du principe qu’ils détiennent la vérité et que leur vérité est la Vérité. Ce qui les entraîne à se transformer en justiciers. Le monde scientifique est un domaine où la pensée unique a fait des ravages Demandez à Galilée ce qu’il en pense ! Je donnerai aussi la parole à mon pote Albert (Schweitzer) qui a vu ses théories reconnues qu’après de longues années. Il en est de même pour Alfred Wegener connu pour sa théorie sur la dérive des continents, pour Charles Darwin, pour Alexander Fleming, le découvreur de la pénicilline, pour Theodore Harold Maiman, l’inventeur du premier laser. Enfin, pour terminer cette liste, non exhaustive, je rajouterai J. Robin Warren et Barry J. Marshall, tous deux devenus Prix Nobel, qui découvrirent que la plupart des ulcères stomacaux et gastriques étaient causés par une infection due à une bactérie et non par le stress ou de la nourriture épicée. Pendant plus de 10 ans ils ont été cloués au pilori et ils ont subi les sarcasmes de leurs collègues, adeptes de la pensée unique que la masturbation scientifique rendait sourds et aveugles. Je ne peux pas non plus ne pas citer Tu Youyou, prix Nobel 2015 de médecine, qui a remis au goût du jour les vertus, découvertes au IVème siècle, d’une plante qui guérissait le paludisme. Cette femme médecin aux pieds nus dérangeait l’establishment et est restée dans l’oubli pendant plus de 30 ans.
    Dans le monde en général, et scientifique en particulier, il existe un certain misonéisme qui génère des peurs incontrôlées par rapport au progrès. Ce qui fait le terreau des anti tout et, surtout, enferme des populations crédules et ignorantes dans la pensée unique. Les différentes organisations qui représentent l’establishment ont toujours dénigré les chercheurs, surtout si les découvertes de ces derniers permettaient d’améliorer le sort des personnes en mettant au rebus leurs vérités d’hier. Malheureusement, certains partis politiques alimentent et surfent sur les peurs, d’une part pour exister et, d’autre part, pour asservir leurs électeurs. Rappelons-nous que dans un autre domaine la pensée unique engendra l’inquisition. Aussi, messieurs les journalistes, assumez vos responsabilités.

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