Idée reçue : « Le marché est la solution à tous nos problèmes »

Nous devons défendre le libéralisme non pas pour des raisons pragmatiques, “parce que ça marche”, mais parce qu’il est le seul à défendre les droits naturels de chaque individu.

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Idée reçue : « Le marché est la solution à tous nos problèmes »

Publié le 3 février 2017
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Par Eddie Willers.

Idée reçue : "Le marché est la solution à tous nos problèmes"
By: Celso FLORESCC BY 2.0

Ceux qui suivent ce site depuis ses débuts doivent être surpris du titre choisi pour cet article. Dire que le marché n’est pas la solution aux problèmes rencontrés dans nos sociétés collectivistes peut apparaître comme un non-sens pour le libertarien que je suis. C’est oublier que le marché n’est pas la solution, en réalité seuls les individus peuvent résoudre nos problèmes.

Pour comprendre cette erreur commise par de nombreux libéraux, attardons nous sur l’idéologie socialiste. Celle-ci imagine un monde parfait dans lequel les hommes seraient tous heureux et égaux. Afin d’atteindre cet idéal il ne faut pas hésiter à avoir recours à la force pour imposer les décisions nécessaires.

Le socialisme a pour objectif de créer une société parfaite en suivant un ensemble de prescriptions prenant généralement la forme d’un petit livre rouge. Le socialisme ne peut jamais échouer car il correspond à une situation où tout le monde vit dans le bonheur et l’égalité. S’il n’atteint pas ses objectifs c’est parce que certains individus n’ont pas été suffisamment coopératifs, qu’ils n’ont pas suivi à la lettre le programme du parti.

C’est d’ailleurs l’argument utilisé par tous les communistes de la planète pour défendre leurs pires dictateurs. Le goulag, les exécutions sommaires, les privations de liberté, les famines ? “Ce n’était pas du vrai communisme”. Fin de l’histoire. Vous ne pourrez jamais juger un communiste car comme son projet mène par essence à la dictature et la pénurie, il n’atteindra donc jamais l’objectif de prospérité visé. Le communisme ne sera jamais un “vrai communisme” au sens de Mélenchon, Laurent et consorts.

Dictature des marchés ?

Nos communistes se dégagent donc de leurs responsabilités en affirmant qu’on ne peut juger le communisme mais ne se privent pas de juger ce qu’ils appellent “l’idéologie libérale” et “la dictature du marché”. Devant tant d’oxymores, nos journalistes devraient au minimum demander aux socialistes de tous bords d’expliquer leur raisonnement, au mieux leur rappeler à quel point ce qu’ils disent est faux. Voyons pourquoi.

Un socialiste juge le libéralisme à l’aide d’un miroir. Il prend toujours comme référentiel son socialisme et sa société “parfaite”. Malheureusement telle n’est pas l’ambition du libéralisme. Le libéralisme part du postulat qu’aucune société n’est et ne pourra jamais être parfaite parce que les individus ont des besoins différents à satisfaire liés au fait que chacun de nous est unique. D’un côté nous avons donc des besoins et des désirs qui ne s’éteindront a priori jamais et de l’autre des contraintes imposées par les lois de la nature et de la physique. Ces contraintes sont multiples : le temps, la mort, les ressources naturelles, la gravité etc. Dès lors, l’être humain fait en sorte de maximiser son bien-être dans le cadre défini par ces lois.

Le libéralisme repose donc sur l’analyse du monde réel tel qu’il nous entoure. Le socialisme n’atteindra jamais la perfection car elle supposerait de s’arracher à des règles naturelles et physiques élémentaires. Dès lors, le libéralisme essaie simplement de définir un cadre qui respecte ces règles et les droits naturels des individus pour que chaque être humain puisse maximiser son bien-être. Il n’a jamais eu pour ambition de définir une société parfaite, loin de là. Il se fonde simplement sur des droits inhérents à chaque personne humaine : liberté individuelle, sûreté, droit de propriété, responsabilité.

En ce sens, le libéralisme n’est pas une idéologie : une idéologie constitue une interprétation de la réalité. L’idéologie marxiste voit ainsi la réalité comme une opposition entre les possédants et les exploités. L’idéologie scientiste prétend pouvoir expliquer tous les phénomènes de ce monde grâce à la science. Une idéologie est donc une façon de juger le réel ; or le libéralisme ne juge pas le réel, il ne fait que le prendre en compte. Parler d’idéologie libérale n’a alors aucun sens.

Le libéralisme se caractérise aussi par le fait qu’il encourage le recours au marché. Pourquoi donc ? Le marché n’est qu’un moyen au service du bien-être de chacun. Il permet à chaque individu d’offrir sa capacité à satisfaire des besoins et à satisfaire les siens en retour, le tout en respectant la liberté de tous. Chaque individu a des capacités et des talents uniques qu’il peut mettre au service des autres pour résoudre leurs problèmes. Le marché est alors le moyen le plus efficace que nous ayons à disposition pour apparier les individus entre eux et satisfaire le plus grand nombre de besoins.

Le marché n’est pas la solution, les individus sont la solution. Par leur ingéniosité et leurs idées ils seront en mesure de résoudre de plus en plus de problèmes. Le marché parce qu’il permet de résoudre des besoins tout en respectant les droits de chacun est donc un outil de liberté. Parler de dictature du marché constitue en conséquence une imbécilité sans nom.

Nous avons été habitués à imaginer que le gouvernement devait faire quelque chose en permanence pour nous aider. À chaque crise, les gens attendent du gouvernement qu’il prenne une mesure pour corriger la situation. Ainsi, certains s’imagineront que lorsque le gouvernement libéralise un secteur, cela aura un effet bénéfique immédiat car l’État a mené une réforme. Donner plus de libertés augmente les chances que des individus parviennent à leurs fins et trouvent des solutions innovantes mais ce n’est en aucun cas une garantie de réussite.

Ainsi nous devons défendre le libéralisme non pas pour des raisons pragmatiques, “parce que ça marche”, mais parce qu’il est le seul à défendre les droits naturels de chaque individu. C’est en brisant le miroir socialiste et sa société parfaite que les libéraux arriveront à se montrer crédibles et mettre en valeur toute la beauté d’un libéralisme trop souvent caricaturé.

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  • Article peu convaincant car incohérent dans sa démonstration. La conclusion est incohérente avec l’argumentation.

    L’article argumente en adoptant une posture éthique conséquentialiste (le libéralisme est supérieur au socialisme dans la mesure où il est un pragmatisme et non une idéologie : « le marché est alors le moyen le plus efficace que nous ayons à disposition pour apparier les individus entre eux et satisfaire le plus grand nombre de besoins ») pour conclure en adoptant une posture éthique de type déontologique, opposée pour ne pas dire incohérente (nous devons défendre le libéralisme non pas pour des raisons pragmatiques, “parce que ça marche”, mais parce qu’il est le seul à défendre les droits naturels de chaque individu).

    Pour le dire autrement, l’auteur a voulu défendre une approche jusnaturaliste du libéralisme en adoptant une argumentation… utilitariste.

    • Effectivement, l’article aurait gagné à être plus rigoureux et laisse apparaître une certaine confusion entre les approches conséquentialiste et déontologique. Toutefois une lecture plus charitable de l’article me laisser penser que le coeur de l’argument est surtout épistémologique. Il consiste à dire que la supériorité du libéralisme sur le socialisme est qu’il part du réel tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit, et qu’il est dès lors falsifiable, contrairement au communisme qui ne peut par définition qu’être parfait (et donc dns cette perspective communiste s’il y a des atrocités c’est que ce n’est pas du communisme…). L’article passe un peu vite sur ce point, mais à mon sens c’est aussi d’un point de vue épistémologique que le primat de l’individu est affirmé – c’est grosso modo l’argument de Hayek qui consiste à dire qu’un Etat central ne peut pas maîtriser toute l’information disponible et qu’il sera donc toujours moins efficace pour créer le bien-être (ou le bonheur) que l’action des millions d’individus laissés libres de leurs choix.

    • Etant donné l’âge de l’auteur de l’article (né en 1993), moi je dis bravo!

  • « oublier que le marché n’est pas la solution, en réalité seuls les individus peuvent résoudre nos problèmes » : propos confus. Qu’est-ce que le marché sinon des individus agissant librement ?

  • Raphaël, vous êtes plus intelligent et mieux formé que moi. Mais il me semble que le socle de l’argumentation de l’auteur, c’est l’idée selon laquelle la solution (et donc, selon moi, le problème), c’est l’individu. Je pense effectivement que si l’homme était intelligent, non prédateur, et conscient d’être lié à ses congénères, même le communisme aurait marché. Cette idée explique qu’une libéralisation ne donne pas assurément les résultats espérés, et elle suggère que la chose la plus importante à faire est justement de « défendre les droits naturels de chaque individu ». Nous connaissons tous le dilemne : mon vis à vis se trompe ; vais-je le forcer dans sa pensée ou son action, ou pas ?

    • Votre dilemme sera aisément résolu si vous attendez que votre prochain vous demande de l’aide, poliment (sans se réclamer de droits imaginaires). Observez l’attitude du père dans la parabole du fils prodigue : accueillant, il ne contraint pas.

      Si l’homme était intelligent, non prédateur, le socialisme, y compris dans ses variantes communistes ou fascistes, n’aurait pas pu exister. La prédation (vol) est le moyen de vivre de ceux qui ne veulent pas échanger leur production, qui ne veulent pas vivre à la sueur de leur front mais à la sueur du front du voisin. Le socialisme légalise la prédation.

      • J’avoue que c’est ce que je pense…

      • Et dans cette parabole, le fils prodigue qui revient, revient contrit et penaud…
        Pas triomphateur et rempli de morgue de bien-pensance comme nous avons encore l’occasion de le voir et entendre au décès de Fidel C.

    • si l’homme était intelligent, non prédateur, et conscient d’être lié à ses congénères

      Il est tout ça, on n’arrive pas à 7 milliards bien nourris sans intelligence ni coopération. L’évolution nous a « donné » un cerveau, mais aussi, et surtout des capacités sociales tout à fait étonnantes.

      Statistiquement, les conflits meurtriers sont marginaux, par exemple la 2eme guerre mondiale, « l’apocalypse ultime » n’a tué « que » 3% de la population dont une grande majorité du à des effets collatéraux de la guerre : famines, maladies.

      Localement ça peut être terrible il est vrai, comme avec le Cambodge Khmer (un tiers de la population) ou le Rwanda (800’000), mais globalement l’homme est « tout à fait conscient d’être lié à ces congénères ». Par contre l’horizon qui sépare ses « congénères » des « autres » n’est pas forcément très étendu et ceci est particulièrement vrai dans des populations primitives, sans technologie de communications ou/et liées par des idéologies ou des religions rétrogrades.

      Je pense qu’on est encore très loin de mesurer la révolution absolue qu’est internet parce que justement il élargit cet horizon dans des proportions gigantesques.

  • on vit dans une société collectiviste…à partir de là j’ai arreté ma lecture

    • Vous avez eu raison. La curiosité et la réflexion sont très toxiques pour tous les collectivismes.

    • 19% seulement de la population française travail encore dans le privé contre 55% dans le pays d’à côté (qui n’a aucun problème) et l’état français bouffe 60% du PIB.
      Il suffit de lire les rapports parfaitement officiels pour avoir ces données.

      « Collectivisme » c’est un peu fort, mais c’est la même pente fatale, on pourrait appeler cela du « néo-collectivisme » ?

  • Bravo et merci à ce jeune auteur pour cette brillante analyse qui rappelle en peu de mots l’essentiel de la différence de nature entre idéologie et libéralisme. Dommage que les premiers commentateurs ne puissent s’empêcher de contredire avec des propos pédants et confus qui n’arrivent pas à la cheville de qu’ils critiquent .

  • Mais pour les deux,mon Général !

  • L’article est très bien écrit, avec,il est vrai un certain flou. Ce flou est moins dans le style lui-même que dans le point de vue choisi.L’auteur a voulu faire preuve de précision d’esprit critique en distinguant deux concepts sémantiquement,il est vrai, apparemment sans aucun rapports, la dignité humaine individuelle d’un côté, notion d’ordre philosophique et éthique,et la pratique quasi mécanique du marché économique. La distinction est sans doute fondamentale ! Il est bon d’avoir des idées claires.
    Mais son discours tient plutôt de l’analyse théorique,sur quoi il n’a pas tort, si ce n’est qu’une connaissance adulte de la vie lui apprendra que le miracle du libéralisme est de joindre dans la pratique les deux idées. Son mérite venant de ce que,le respect de la dignité humaine est aussi la seule voie pour développer,pratiquement, une société heureuse, à la fois juste Et prospère.

    Bien sûr,il ne faut pas confondre juste et égalitaire,qui serait demander l’impossible. Juste parce qu chacun,libre d’agir comme de penser,agir dans le cadre des lois, récolterait normalement le fruit de ses entreprises libres.

    C’est après que tout ne serait pas parfait selon les souhaits et les intérêts de tout le monde. Un grand serait fait par la prospérité, mais l’égalité matérielle entre les individus n’arrivera jamais. Et surtout pas par une dictature,fut-elle « du prolétariat » !

  • je voudrais dire à RAPHAEL, qu’il serait judicieux de nous faire sa démonstration en termes intelligibles, car comme tous les socialistes, il n’est pas nécessaire de noyer le lecteur dans des explications pompeuse et incompréhensible, usant de mots surnaturaliste, cet article est pourtant simple, et il démontre simplement (SIMPLEMENT) la différence entre une idéologie( 70 ans de parasitisme) qui a échoué, et un système naturel qui perdure depuis que l’humanité existe.

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