Ces fonctionnaires trop payés qui nuisent à l’économie

Selon une récente étude de la BCE, la rémunération excessive des fonctionnaires nuit à la compétitivité de l’économie et détruit des emplois dans le secteur privé.

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Ces fonctionnaires trop payés qui nuisent à l’économie

Publié le 16 janvier 2017
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Par Daniel J. Mitchell, depuis les États-Unis.

fonctionnaires trop payés
Préfecture By: sabin paul croceCC BY 2.0

L’année passée, j’ai partagé une remarquable étude de l’OCDE sur la relation négative entre les dépenses publiques et la performance économique. Les économistes de la bureaucratie basée à Paris ont examiné les données de ses pays membres (principalement l’Europe, l’Amérique du Nord et le Pacifique).

Ils ont découvert que les pays les plus étatistes connaissaient une croissance moins forte et ont conclu que ces pays seraient plus prospères s’ils réduisaient la taille de leur État. Et vous pouvez imaginer les chiffres qu’une telle étude aurait pu produire si des nations ayant un État de taille réellement modeste, comme Hong Kong ou Singapour, avaient fait partie des données.

Gains potentiels de PIB avec une réduction de la taille de l’État1

Enfin une étude sur la rémunération excessive des fonctionnaires

Le propos du jour porte sur une étude d’une autre bureaucratie internationale : la BCE a livré une nouvelle recherche2 sur l’impact spécifique des rémunérations excessives accordées aux fonctionnaires. Voici les éléments clés du « résumé non technique » du document.

« Les bénéfices d’une modération de la masse salariale des organismes publics vont au-delà de l’objectif d’assainissement budgétaire. (…)

Une rationalisation des traitements des fonctionnaires et des politiques d’emploi pourrait générer des effets favorables sur le marché du travail à moyen et à long terme grâce à des gains de compétitivité et d’efficience. Les gains de compétitivité sont réalisés grâce aux effets de la modération des salaires du secteur public sur la détermination des salaires du secteur privé. (…)

Un aspect important du débat sur la limitation du traitement des fonctionnaires portent sur la durée du maintien de telles politiques. (…)

Selon la situation propre à chaque pays, les marges de manœuvre complémentaires à court terme comprennent la modération des écarts salariaux encore élevés entre le secteur public et le secteur privé ou une possible poursuite de la tendance à la réduction des emplois publics. (…)

Enfin, le document fait valoir que les réformes affectant le personnel du secteur public sont les plus efficaces et ont des effets plus soutenus lorsque les mesures mises en œuvre sont de nature structurelle. (…) Par exemple, il peut s’agir de mesures visant à rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État. »

Vous ne rêvez pas, une bureaucratie internationale explique qu’il existe des gains économiques lorsque les responsables politiques se décident à « rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État ».

Si vous êtes un mordu de politique, vous apprécierez le fait que l’étude soit remplie de nombreux chiffres et graphiques intéressants.

« (…) Les données agrégées montrent que l’écart de salaire entre les administrations publiques et le secteur privé de la zone euro est passé de 20% en 2007 à 25% en 2009, pour retomber à 23% en 2014. »

Des fonctionnaires trop payés par rapport au privé

Voici un graphique intéressant. La ligne bleue indique la proportion avec laquelle les bureaucrates sont trop payés par rapport au secteur privé. Depuis 10 ans, le « sursalaire » se situe dans une fourchette de 20 à 25%.

Ce problème de salaire excessif en faveur de la bureaucratie n’a fait que croître.

« (…) La rémunération des salariés des administrations publiques a augmenté plus rapidement que le PIB nominal durant toute la période de crise 2007-2014. »

Toutefois quand l’ère d’austérité a débuté vers 2010, il y a eu quelques réformes en matière de rémunération des fonctionnaires (en Europe, « assainissement budgétaire » a surtout signifié des impôts plus élevés et une certaine retenue dans les baisses de dépenses), notamment dans les pays contraints d’apporter des changements dans la mesure où les bailleurs de fonds devenaient de plus en plus réticents à leur prêter davantage d’argent.

Voici un graphique qui montre la rémunération des fonctionnaires en part du PIB : la barre bleue indique la quantité de production économique consommée par les fonctionnaires en 2010 et le point jaune représente le niveau en 2014.

Certains pays ont augmenté le fardeau relatif de la rémunération des bureaucrates tandis que d’autres l’ont réduit. Notez que l’Allemagne et la République tchèque méritent d’être louées pour avoir réussi à maintenir une faible charge (mention honorable pour le Luxembourg et la Slovaquie) tandis que le Danemark se distingue par ses absurdes extravagances.

Quelle part de la population est fonctionnaire ?

Pour une perspective de long terme, du moins en ce qui concerne la taille de la bureaucratie, voici un tableau indiquant la part de la population qui reçoit un chèque de l’État. Des données fascinantes.

J’aime particulièrement les colonnes de droite qui montrent que l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni méritent d’être félicités pour avoir réduit au fil du temps le nombre de fonctionnaires par rapport au secteur privé. En revanche, les nations qui se sont le plus orientées dans la mauvaise direction sont la Grèce (oh, quelle surprise !), l’Espagne, le Portugal et la Finlande.

Tendances à moyen terme du ratio entre les effectifs des administrations publiques (Ng)
et l’emploi total dans l’économie (N)

Examinons maintenant l’aspect économique de la bureaucratie.

Comment les fonctionnaires trop payés nuisent au secteur privé

Les auteurs se réfèrent aux recherches universitaires actuelles, dont une grande partie s’intéresse au niveau de rémunération excessif du secteur public, facteur de distorsions à l’échelle de l’économie qui rendent les pays moins concurrentiels et entraînent une croissance plus lente.

Fondamentalement, une rémunération excessive accordée aux fonctionnaires oblige également les employeurs privés à augmenter les salaires, mais d’une manière qui n’est pas soutenable au regard des niveaux sous-jacents de productivité.

« Une recherche séminale d’Alesina et al. (2002) a constaté qu’une baisse des dépenses salariales du secteur public génère des réductions de salaires par employé dans le secteur privé, ce qui favorise la compétitivité, la hausse des bénéfices, les investissements et la croissance économique. (…)

Un argument essentiel est que la contrainte salariale publique peut déclencher un ajustement du marché du travail par le biais des interconnexions avec les rémunérations du secteur privé. (…)

La littérature a démontré que les traitements des fonctionnaires et les rémunérations des salariés du secteur privé sont significativement corrélés. Une foule d’études empiriques récentes prouvent une relation causale directe entre ces variables. (…) La littérature empirique tend à conclure que l’emploi public évince l’emploi dans le secteur privé. »

Mais lorsque les pressions budgétaires forcent les responsables politiques à freiner les rémunérations excessives des fonctionnaires, cela permet au secteur privé d’avoir des niveaux de salaire compatibles avec une croissance soutenable à long terme.

Les auteurs partagent certaines de leurs nouvelles découvertes :

« La récente période d’assainissement a contribué à certains gains de compétitivité dans la zone euro, en raison des preuves fournies sur la réduction partielle de l’écart salarial public-privé. (…) Globalement, la modération des traitements des fonctionnaires a directement réduit la progression des coûts de main-d’œuvre unitaires de la zone euro au cours de la période 2010-2014. (…)

L’existence de distorsions dans les écarts salariaux entre les secteurs public et privé (…) peut être particulièrement préjudiciable à la compétitivité étant donné que les activités du secteur public sont concentrées dans les secteurs non marchands, moins exposés à la concurrence internationale. (…) Il est prouvé que la récente compression des salaires dans le secteur public a conduit à une correction partielle du sursalaire du public par rapport au privé dans la zone euro. »

Les auteurs terminent en discutant certaines implications politiques :

« Des politiques et des réformes bien menées de l’emploi public et du traitement des fonctionnaires peuvent générer des gains de compétitivité économique et améliorer l’efficience du marché du travail. (…) Les ajustements en matière d’emploi public peuvent avoir une influence positive sur le PIB et sur l’emploi de l’ensemble de l’économie, s’il y a des gisements d’efficience dans le secteur public. (…)

De plus, s’il existe un sursalaire public, ce dernier effet positif de la modération salariale dans le secteur public s’amplifie à mesure que les inefficiences du marché du travail diminuent. »

C’est une recherche utile. Il n’est pas fréquent qu’une administration publique publie une étude montrant que des bureaucrates trop payés entravent la performance économique globale. Même si je me presse d’ajouter que l’étude ne s’intéresse qu’à l’effet macroéconomique d’une rémunération excessive. Comme je l’explique à la fin de cette vidéo réalisée pour le Center for Freedom and Prosperity, il y a un autre problème : les diverses bureaucraties se livrent à des activités économiquement nuisibles.

La bonne nouvelle est que l’étude de la BCE reconnaît également la nécessité d’une réforme structurelle. C’est la raison pour laquelle il est fait allusion à la nécessité de « rationaliser la taille et le champ d’intervention de l’État ». La mauvaise nouvelle est que les responsables politiques n’ont que faire de ce genre d’étude.


Sur le web. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

  1. Jean-Marc Fournier, Åsa Johansson, « The Effect of the Size and the Mix of Public Spending on Growth and Inequality », OECD Working Paper, 25-Nov-2016.
  2. Javier J. Pérez et al., « The Fiscal and Macroeconomic Effects of Government Wages and Employment Reform », ECB Occasional Paper Series, August 2016.
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  • C’est un dossier complexe, car je fais parti de ceux qui pensent que les fonctionnaires il y en a trop,, qu’ils ralentissent un certain mouvement, car pour justifier leur salaire, ils se mettent à pondre moult lois et réglementations propres à garantir leur avenir…
    Alors si en plus ils sont surpayés quand il sont en activités, en plus d’avoir des retraites meilleures que dans le privé…
    Le dossier est complexe car beaucoup de fonctionnaires sont utiles, et beaucoup de ces utiles sont sous payés…
    Quand on aborde le sujet avec des fonctionnaires, ceux ci ont des réponses toutes prêtes, mais « tu n’as qu’à passer les concours… »  » c’est de la jalousie…. »

    Le problème vient peut être de là…le concours…la lettre de noblesse d’un fonctionnaire c’est la réussite à un concours…un pro du  »bachotage » qui restitue ce qu’on attend de lui, pas de la créativité, ou un esprit de disruption, juste de l’obéissance et de la soumission (un peu comme du dressage de chien)…
    Moi je pense, qu’au 21 ieme siecle, à l’heure ou presque tout le monde sait lire et écrire, mieux sait tapoter sur un clavier, on puisse revoir sérieusement ou abolisse la notion de concours et la notion d’ « emploi » garanti à vie »

    • Gachet-Mauroz Philippe: Le dossier est complexe car beaucoup de fonctionnaires sont utiles, et beaucoup de ces utiles sont sous payés…

      Utiles et sous-payés, vous avez parfaitement raison, « beaucoup » c’est plus discutable.

      Effectifs et coûts
      ———————-
      1’183’000 – fonction hospitalière (94 milliards)
      1’052’700 – Enseignement (70 milliards)
      246’000 – Police et Gendarmerie (30 milliards)
      77’951 – Justice (7 milliards)
      263’350 – Armée (50 milliards)

      Total: 2,8 millions d’agents publics pour 251 milliards d’euros.

      Or, il y a 7 millions de salariés d’état, 4 millions de plus qui font… quoi ? et le budget de l’état est de 1200 milliards !
      http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-nouailhac/fonctionnaires-les-chiffres-qui-tuent-18-11-2014-1881987_2428.php

      Un graphique qui montre l’évolution emplois privés/publics :
      http://www.eclaireco.org/files/common/Depenses_-_5.jpg

      • Le vocable « sous-payés » implique une référence, qui en général est relative à l’utilité et la difficulté du boulot.
        Sauf que c’est pas comme ça que ça marche.
        Dans le privé il y a une concurrence effective entre salarié. Résultat : des boulots de m*, pénibles etc., mal payés
        Dans le public c’est la concurrence effective en terme de pouvoir qui fait que des sinécure sont trop payées (il n’existe pas vraiment de boulot sous-payés dans le public). Les boulots de la pénitentiaire, par exemple, sont relativement moins bien traités que des boulot plus « nobles ». Personne n’en a RAF d’une prison dysfonctionnelle.

        L’organisation est aussi un problème.
        Avec deux fois moins de flics et deux fois plus d’agents de la justice, on gagnerait sur tous les tableaux, l’efficacité, les effectifs, les couts et même la satisfaction sociale (moins de flics, plus d’agents sociaux du SPIP, cétipa tout gentil tout mimi ?). Les flics passeraient moins de temps à courser N fois (N grand !) le même délinquant notoire, …
        L’enseignement privé coute 30 à 40% moins cher, en moyenne, pour un service meilleur. Ça veut dire 20 milliards de cramer pour rien.
        Idem pour l’hôpital. Encore 30 milliards de foutus
        Quant à l’armée … elle semble remplir sa tâche a peut près correctement, si on en juge par la Libye (objectif militaire atteint même si le résultat est politiquement désastreux) , le Mali, la Centrafrique etc. mais c’est pas grâce au « Balargone ».

      • comme (presque) toujours : réfléchi et pertinent

  • Attention à ce qu’on appelle fonctionnaire, et à ne pas généraliser (régalien, hospitalier, ednat, territoriale…).
    il y a les agents de terrain et la bureaucratie.

    Réduire la bureaucratie publique en commençant le haut ie réduire le périmètre de l’état… oui
    Préserver la bureaucratie/hiérarchie et agir sur tout le reste … non

    Cet article peut trop facilement être mal interprété…

    • La question n’est pas de savoir si les fonctionnaires sont trop payés (public privé c’est absurde de comparer des métiers et qualif qui n’ont rien à voir… oui un flic est mieux payé qu’un agent de sécurité de grande surface, c’est l’inverse pour pour un médecin de clinique ou d’hôpital, et alors ?). En dehors du débat sur le nombre de fonctionnaire, L’enjeu est de trouver les moyens de rétribuer correctement les bons éléments et sanctionner les mauvais, permettre de recruter avec suffisamment d’autonomie sans permettre le pistonnage clientélisme des élus et cadres.

  • Une remarque sur la forme: attention au mot anglais « seminal ». Il peut certes vouloir dire « séminal » mais ça n’a aucun sens ici (je vous laisse vérifier pourquoi).

  • Une remarque concernant le dernier tableau, concernant le Luxembourg : dans ce petit pays que je commence à connaître, le dernier chiffre que l’on m’ait communiqué est de 63% des luxembourgeois de souche payés par les services publics.

    J’insiste sur « luxembourgeois » car les frontaliers sont tous payés par le privé, et ils sont très, très nombreux, ce qui permet d’obtenir le ratio flatteur du tableau.
    Ainsi, le relativement faible pourcentage donné dans le tableau peut laisser penser à une fonctionnarisation limitée dans ce pays, alors que c’est tout le contraire. Avec des salaires exubérants, des avantages que même nos Cégétistes n’imaginent pas, etc.

    Bon, c’est un petit pays, mais qui se socialise encore à grands pas…

    • Ne pas oubliez que pour entrer dans la fonction publique luxembourgeoise l’emploi du luxembourgeois est souvent nécessaire et pour certaines fonction, vous ne pouvez y accéder que si vous avez passer un certain temps dans des fonctions au sein de l’armée ou de la gendarmerie.

  • Avec un espérance de vie de 85 ans un fonctionnaire est payé plus de vint ans a la retraite a un taux de 25% supérieur au privé si l’on tient compte de l’incidence du pluri-pensionnement et du chômage …avec de l’argent, pour partie, emprunté dans les pays du Golfe.
    La réalité est bien pire que le dit cet article.

    • Vous auriez un lien sur l’espérance de vie public-privé?

      • http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=1238.
        Ce n’est pas la question de l’espérance de vie qui est le problème le plus important, il est marginal par rapport aux autres: Ex: Age de départ pour certains comme le conducteur de TGV. La grosse inégalité est dans les « 25 meilleurs années » pour des personnes qui ont connu de lourds aléas dans leurs carrières, c’est a dire bientôt tout le monde, cette injustice est énorme et inadmissible dans un pays ou on nous tartine de la morale égalitaire tous les jours.
        http://marques.nicolas.free.fr/editos/000410%20Privileges%20public.htm

        • « injustice », c’est un mot à éviter en dehors de la sphère judiciaire dans ce mot n’aurait jamais du sortir.
          L’espérance de pension de retraite fait aussi partie de la rémunération, mais une rémunération supérieure n’est pas en soit « injuste ». Il faut juste en tenir compte au lieu de raisonner en « salaire net » ou en « pouvoir d’achat ». Le fait est qu’on a jamais vu un fonctionnaire démissionner pour passer contractuel sur le même poste pour le même boulot, alors que l’inverse, si, tout le temps.
          En ce sens, il y a bien « injustice » parce que le principe « à travail égal, salaire égal » est bafoué entre contractuels/fonctionnaires. Et tout le monde s’en fout, alors que la fonction publique en fait des tonnes sur ce principe entre homme et femme –alors qu’en réalité ce sont les hommes qui sont défavorisés, mais c’est une autre histoire –.

          • Je parle d’une inégalité extrêmement importante ne reposant sur rien, aucune logique, inscrite dans une loi.
            Si ce n’est pas injuste, que diriez vous de crapuleux ?

            • privilège : « Droit, avantage particulier accordé par une autorité, à une personne ou à un groupe, en dehors des règles communes ».
              Personnellement je considère que les avantages de type retraite sont une part de la rémunération, et que la rémunération du privé est une affaire privé, dont je n’ai pas à juger, et ça vaut évidemment dans les deux sens, c’est à dire que la rémunération du privé ne peut pas non plus servir d’étalon pour juger si les agents publics sont trop bien ou trop mal payé.
              A la rigueur, je me contente de constater qu’aucun fonctionnaire ne démission pour devenir contractuel, alors que les contractuels cherchent à se faire titulariser. Donc, de leur propre avis, il vaut mieux être fonctionnaire que contractuel, et ce, même si il faut faire des efforts supplémentaire (comme : passer un concours pénible, qui ne signifie pas grand chose en lui même puisque pour le passer il faut déjà avoir le diplôme ou l’expérience professionnelle sur le terrain attestant qu’on a les compétences requises)

              Les rémunérations du public sont par contre mon affaire, pas dans le sens « sont-elles justes ? » (ce qui ne veut rien dire) mais « en ai-je pour mon argent ? », sans oublier que le grand jeu entre employeur et salarié est évidemment, pour l’un de payer le moins possible, pour l’autre de gagner le plus possible (sans aucun jugement de valeur : c’est le boulot des syndicats d’exiger le beurre et l’argent du beurre). Et la réponse est : non, je n’en ai pas pour mon argent. Pour le prix que me réclame l’hôpital ou l’école publique pour rendre le service attendu à deux personnes, l’hôpital ou l’école privée rendrait le service à trois personnes.

              Ce n’est pas injuste ni crapuleux, c’est scandaleux.

    • c’est encore pire que ça : les fonctionnaires ont une espérance de vie supérieure à la moyenne de la population. Mais, chut, il ne faut pas le dire, les organismes (publics !) chargés des statistiques ne font que des allusions imprécises, alors qu’il en font des tonnes sur les différences cadres-ouvriers ou selon le niveau d’études…

  • Je suis globalement d’accord, mais il convient d’abord de tailler le mauvais gras qui lui coûte une blinde et est politiquement bien plus « facile » à attaquer. L’article fait d’ailleurs un joli cadeau en oubliant 2 millions de salariés d’état qui ne sont ni fonctionnaires, ni dans le régalien.

    Il faut attaquer les cibles « molles », pillages, gaspillages, emplois de complaisance, électoralistes, cumuls, privilèges indus, placard doré qui sont très, très nombreux dans l’appareil d’état et qui sont très difficilement défendables par la gauche et les étatistes.

    On peut aussi taper sur les 90 milliards d’actionnariats de l’état. Un état « qui se comporte comme les pires des capitalistes », c’est un boulevard, il faut savoir retourner les arguments émotionnels contre ceux qui ne comprennent que ça, ça les fait réfléchir en plus.

    Attaquer le noyau dur, les symboles politiques et affectifs que sont les infirmières, profs, flics, juges qui ne coûtent en définitive qu’un cinquième du budget c’est vraiment donner des bâtons pour se faire battre. C’est d’ailleurs l’axe de la droite la plus naze du monde.

    • Le fait est que la citadelle est bien défendue, et qu’il n’y a pas de secteur facile à attaquer.
      Vos cibles « molles » sont petites, dispersées, ils faut les traquer une par une dans un marais dont on ne voit pas la fin. En dix ans vous arriverez à supprimer, quoi … quelques milliers d’emplois ?
      Les gros bastions sont protégés par des boucliers humains infirmières, profs, juges.
      Si vous « affamez la bête », elle fera crever les boucliers humains en priorité.
      Même si vous venez de bonne foi avec des solutions qui arrangent tout le monde, vous serez compris comme faisant preuve de faiblesse, et vous vous ferez dépecer. C’est ce qui est arrivé à Juppé en 95, alors que son plan avait été super bien accueilli, y compris à gauche
      Et bien sûr, l’adversaire aura beau jeu de prétendre que vos emplois publics en moins sont des chômeurs en plus.
      Bref : ce serait dur de toute façon, pas de quartiers.

      En fait, je pense que l’approche sectorielle est vouée à l’échec. Par exemple, on ne peut pas réformer le Mammouth à l’échelle nationale, et on ne peut pas non plus s’y attaquer, il peut faire trop de dégâts. Vous avez d’abord besoin de le découper en un troupeau de petit buffles, que vous pourrez ensuite trier en trois lot : à équarrir, à vendre un bon prix, en sursis.
      Ce qui fonctionne, c’est une approche du type de celle qui a servi à la libéralisation dans les télécom, l’énergie, le transport aérien, etc. Vous avez besoin d’une offre privée. Il vous faut aussi donner des garanties : 1) les fonctionnaires actuels le restent, il ne perdent ni leur emploi ni leur statut (pas pour les convaincre eux, c’est perdu d’avance ; mais pour convaincre l’opinion publique) 2) le public qui le souhaite pourra toujours avoir accès au « service public » à l’ancienne, garantie par l’état (genre : tarifs réglementés de l’électricité). Ensuite le temps fait son œuvre, et faut pas être trop pressé.

  • C’est pour cela qu’ils payent leurs fonctionnaires des fortunes à l’UE…

    • @ Moi pas président

      Il faut arrêter les bêtises: 38 000 membres de personnel pour l’Europe, 51 000 pour la ville de Paris!
      Regardez plutôt la place de la France dans les diagrammes de l’article!

  • Le coût moyen pour l’État d’un fonctionnaire tout au long de sa vie a été estimé à environ 3,6 millions d’euros en 2010, selon Didier Migaud, socialiste, Président de la Cour des comptes.

    • ça correspond à 60 000 € x 60 ans, c’est cohérent.
      Mais M. Migaud (et la cour des comptes) n’a pas été honnête :
      dans les comptes publics, il n’y a pas la trace des provisions, pourtant légalement obligatoires, correspondants à des engagements probables et monstrueux de l’État. Notamment :
      1) au titre des pensions de retraite d’ores et déjà promises ou accordées (au moins 1000 milliard pour l’État au sens le plus strict)
      2) et même, au titre du traitement brut de tous les fonctionnaires. En effet, les fonctionnaires n’ont pas droit à une rémunération au titre du travail qu’il font, mais du simple fait de leur statut. En clair, on a promis aux ~4M de fonctionnaires ~2M€ chacun (déduction faite de ce qu’il ont déjà touchés, étant en moyenne à mi carrière), soit 8000 Milliard d’Euro.
      3) au titre des garanties que l’État accorde à la Sécu, laquelle n’a pas le premier fifrelin pour couvrir les dépenses de santé et de retraite qu’elle a promise aux français, c’est donc l’État qui s’y colle comme garantie, et là il y en a pour « plusieurs » — personne ne sait exactement combien — milliers de milliards.

      • Le problème vient peut être de là…le concours…la lettre de noblesse d’un fonctionnaire c’est la réussite à un concours…un pro du »bachotage » qui restitue ce qu’on attend de lui, pas de la créativité, ou un esprit de disruption, juste de l’obéissance et de la soumission (un peu comme du dressage de chien)…

        On peut adresser le même constat pour les salariés du privé…

        • Euh, à mon époque, lorsque j’étais dans le privé (aujourd’hui je suis indépendant),il n’y avait pas de concours, me garantissant un emploi à vie…
          De même on attendais de moi un esprit d’initiative, d’autant dans les boites soumises à la concurrence, ou il faut tout faire pour se démarquer, d’autant si certains produits sont plus chers.
          Effectivement, ce monde là était celui de la banque, ou toute ces notions ont tendance à disparaitre,..mais il existe des tas de ‘boites » ou l’esprit disruptif ou créatif est recherché.
          De plus, aujourd’hui, pour y entrer et/ou y rester il faut montrer tout au long de sa carriere, de la performance, et pas qu’une fois, au moment du concours…

        • Le concours ? Je ne pense pas.
          Quelle alternative, de toute façon ? L’arbitraire d’un décideur (en pratique irresponsable !) ? la naissance ? une élection ? le hasard ? Aucun test, aucune procédure d’entrée ne garantit que la sélection correspond vraiment au besoin, pour ça, il n’y a que la vie réelle qui peut répondre.
          En outre, pour faire marcher une organisation, quelle qu’elle soit, vous avez plus besoin d’individus médiocres, obéissant, sans surprise, et facile à remplacer par un autre du même modèle, que de créatifs / disrupteurs fussent-ils géniaux (il en faut, bien sûr, mais une pincée, et seulement dans des fonctions bien précises). On peut le déplorer, mais ça me semble la réalité.

          Le vice est plutôt dans la gestion des attributions de responsabilités. C’est le principe de Peter à tous les étages, dans un système foncièrement irresponsable puisqu’il ne reconnait pas la faillite collective, même quand elle est patente (vous ferez vous même une liste non exhaustive). Le système ne sait pas reconnaitre l’échec et ne sait pas remettre une personne qui a échoué à une place qui lui convient mieux (je ne parle même pas de mettre dehors, hein). Les places restent encombrées de passables et de médiocres, on n’a pas l’occasion d’essayer d’autres gens qui se croient capables, et qui restent frustrés et mais pas détrompés puisqu’il n’ont pas eu leur chance.
          Notez que je ne parle même pas de casser le statut ou casser du fonk, ni de rentrer dans le débat sur la carrière et le mérite. A la limite, ce serait même plus simple à faire si le système était carrément égalitariste, carrière purement à l’ancienneté et sans primes : on pourrait beaucoup plus facilement dégrader un agent si il n’y perd rien en terme de rémunération, par exemple.

          Le privé n’est pas intrinsèquement meilleur, mais il connait l’échec, et ça filtre férocement le pire, et il connait le grand succès, et ça pousse en avant les plus adaptés aux circonstances.
          Bref : le public civil est créationniste, le privé évolutif ; le militaire tient un peu des deux, dans la mesure où certains résultats finals se voient et que la boutique en tient quand même compte dans des délais raisonnables.

          Plus le fait qu’on a étendu le statut de fonctionnaire à une masse de gens qui ne devrait être que contractuels, et même contractuels précaires. Le personnel militaire d’exécution est contractuel et seuls les cadres sont « militaires de carrière », on voit mal pourquoi la fonction publique civile devrait fonctionner autrement.

  • Comment peut on comparer des gens qui travaillent et des gens qui fonctionnent ?

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Charles-Henri Colombier est directeur de la conjoncture du centre de Recherche pour l’Expansion de l’Économie et le Développement des Entreprises (Rexecode). Notre entretien balaye les grandes actualités macro-économiques de la rentrée 2024 : rivalités économiques entre la Chine et les États-Unis, impact réel des sanctions russes, signification de la chute du PMI manufacturier en France, divergences des politiques de la FED et de la BCE...

 

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L'auteur : Éric Pichet est professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School.

 

La dernière étude du cabinet de conseil EY sur l’attractivité des pays européens confirme la primauté de la France pour la quatrième année consécutive. En 2022, le pays comptait plus de 1250 projets d’investissements industriels ou technologiques annoncés, soit plus que le Royaume-Uni (900) et l’Allemagne (800), destinations longtemps privilégiées. Le journal Der Spiegel va même jusqu’à titrer en Une, da... Poursuivre la lecture

Alors que la France est aujourd’hui confrontée à des tensions sociales et ethniques d'une ampleur inédite dans son histoire contemporaine, la principale réponse politique consiste à réclamer un renforcement du rôle de l'État. Cet automatisme étatiste est pourtant ce qui a conduit le pays dans son impasse actuelle.

 

Depuis la fin des années 1960, l’État a construit un arsenal sans précédent de politiques sociales censées corriger les inégalités et prévenir les conflits supposément inhérents à la société française. Las, non ... Poursuivre la lecture

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