Ce que les entrepreneurs attendent d’un candidat de droite

Les candidats, de droite comme de gauche, ne connaissent rien aux difficultés quotidiennes d’un chef d’entreprise.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce que les entrepreneurs attendent d’un candidat de droite

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 28 novembre 2016
- A +

Par Eric Verhaeghe.

candidat de droite
alain-juppe-et-francois-fillon-by-ump-photoscc-by-nc-nd-2-0

Un candidat de droite est-il forcément soutenu par les entrepreneurs ? C’est ce que beaucoup croient, mais la réalité est beaucoup plus nuancée et complexe que les apparences ne le suggèrent.

Un candidat de droite n’est pas un candidat de l’entreprise

Combien de « grands élus » de la droite ont-ils déjà mis les pieds dans une entreprise ? Il suffit de regarder le casting de la primaire (les sept candidats initiaux, en l’occurrence), pour comprendre que la droite pratique à peine plus que la gauche le recrutement de ses notables dans le secteur privé.

La primaire de la droite comptait quatre hauts fonctionnaires dans ses rangs : Alain Juppé, bien sûr, qui fut inspecteur général des finances. Bruno Le Maire était diplomate. Jean-François Copé était administrateur de la Caisse des Dépôts et Nathalie Kosciusko-Morizet a intégré le ministère des Finances à sa sortie de l’École Polytechnique.

Contrairement aux légendes urbaines, on ne dira pas forcément beaucoup mieux de François Fillon et de Nicolas Sarkozy. Tous deux ont commencé leur carrière politique dès la fin de leurs études, et la politique a constitué l’essentiel de leur occupation. Aucun des deux ne peut se revendiquer d’une expérience concrète de chef d’entreprise, d’employeur, qui affronte les URSSAF pour ses salariés et doit mettre en oeuvre l’épaisse couche de réglementation concoctée année après année par le Parlement et l’administration.

Seul Jean-Frédéric Poisson a tâté de la vie de directeur des ressources humaines (dans la métallurgie), ce qui ne suffit d’ailleurs pas à faire comprendre ce qu’est réellement une entreprise.

Autrement dit, la droite ne peut se revendiquer d’une proximité naturelle avec le monde de l’entreprise. Cela ne signifie pas que les candidats de droite n’entendent pas les problématiques des entrepreneurs et des employeurs. Mais elles leur sont beaucoup moins familières que les problématiques publiques, beaucoup moins vécues…

Le candidat de droite face au RSI

Un bel exemple de cet éloignement de la droite face aux problématiques des chefs d’entreprise est celui du régime social des indépendants (RSI). Le RSI constitue une torture épouvantable pour les entrepreneurs et même, en soi, un plaidoyer contre l’entreprise. Même si les médias subventionnés n’en parlent pas beaucoup, la contre-performance de ce régime unique imposé aux entrepreneurs est un scandale absolu.


Des entrepreneurs marchent contre le régime… par francetvinfo

Sur le RSI, pourtant, aucun candidat ne fait le choix de rompre avec la logique d’un régime unique, prêt à être rattaché au régime général, telle que les conseillers d’État Bas et Dutreil (soutien de Macron aujourd’hui) alors ministres de la droite l’avaient conçu.

Eh oui ! faut-il rappeler que la torture quotidienne infligée aux entrepreneurs dans ce pays vient de la droite et non de la gauche ? D’une droite élitiste, technocratique, qui se considère comme la dépositaire naturelle du pouvoir ?

Le RSI et les programmes

Ni Alain Juppé ni François Fillon ne formulent d’ailleurs des propositions satisfaisantes sur le RSI. Alain Juppé a, c’est vrai, le programme le plus délirant sur le sujet :

Mettre fin aux dysfonctionnements inadmissibles du RSI. (…)

Accompagner l’essor du travail indépendant en laissant notamment le choix entre l’affiliation au RSI ou au régime général aux assurés au fur et à mesure de leur parcours professionnel.

Mais, ce que nous voulons, Alain, ce n’est pas choisir entre le pire et le plus pire. Ce qu’on veut, c’est la libre concurrence entre le RSI et les régimes privés. Nuance !

François Fillon a mieux pris en compte la question, puisqu’il propose un régime socle commun, avec des possibilités de supplément au-delà. C’est un début, mais comme j’ai eu l’occasion de le dire à son équipe de campagne, il faut aller au-delà en supprimant le monopole du RSI. Malheureusement, cette proposition a beaucoup de mal à émerger…

Pourquoi les vrais problèmes des entrepreneurs sont bloqués

Dans le cas de Fillon et des entrepreneurs, le blocage des problématiques s’explique assez simplement. Si Fillon est accessible au problème, il est entouré par un certain nombre de technocrates qui sont bien décidés à ne pas « casser l’outil ». Je me suis diverti, d’ailleurs, en écoutant les récits de son entourage : avant même toute élection, les entrepreneurs qui entourent Fillon (et il y en a…) ont appris à contourner ces quelques « technos » persuadés de tout savoir de la vie et bien décidés à freiner les espérances de réforme.

Le défi de celui qui emporte la primaire à droite, pour rencontrer les entrepreneurs et libérer l’entreprise en France, sera bien de ne pas se laisser embobiner par ces faiseurs de l’aristocratie, qui considèrent que le peuple est à leur service, et non l’inverse. Je ne résiste pas ici à l’envie de rappeler comment Patrice Leconte, dans le film Ridicule, a très bien décrit l’état d’esprit dominant dans la haute fonction publique contemporaine et ses essaimages auprès des candidats.

Le candidat ne fait pas tout… son entourage compte aussi

Il existe donc une terrible réalité dans la démocratie. Le candidat peut être le plus valeureux du monde, s’il est mal entouré, son programme est réduit à néant et ses espérances de réforme sont nulles ou presque. Toute la difficulté du pouvoir est bien là. La machine à décider est complexe. Les gens capables de la faire fonctionner son généralement faits du même bois : ce sont des hauts fonctionnaires pétris d’étatisme et naturellement éloignés de la prise de risque.

Pour un Président de la République, toute la difficulté est contenue ici. Pour les entrepreneurs, cette difficulté est un véritable pic himalayen, dont il n’est pas certain qu’il puisse encore être franchi…

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Virer 500.000 fonctionnaires, augmenter leur temps de travail effectif à 39 heures : clash assuré.
    Cerfa par ci Recommande par là, cinq exemplaires de ci quitus Urssaf de là,
    Libérer l’entreprise, facile.
    Les fonctionnaires SE RENDENT PHYSIQUEMENT chez les administrés – càd les entreprises- pour remplir la paperasse
    Délai de traitement trois semaines, approbation par défaut.
    Tribunaux administratif : jugement sous un mois, appel sous deux mois.
    Parlement et Sénat : deux projets de loi par mois
    Projet de loi : deux feuilles A4
    Amendements : trois par groupe parlementaire.
    Séances de nuits gratuites, ni pauses ni buvette
    Décrets d’application : 4 feuilles A4 maximum, délais 2 mois
    Nul et non avenu si dépassement des délais
    Salariés : salaire complet – toutes charges, taxes, cotisations, couts syndicaux –
    Mââââme Michu les Faaascistes arrivent !!!!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Oihab Allal-Chérif.

 

En 2023, avec les sorties des films Air, Tetris, et BlackBerry, l’entrepreneuriat est plus que jamais une source importante d’inspiration et de revenus pour les cinéastes. Dans ces films comme dans The Social Network, Le Fondateur, Steve Jobs, ou Walt Before Mickey, les entrepreneurs sont présentés comme des personnages géniaux, perfectionnistes, résilients, torturés, impétueux, rebelles, et avec des vies rocambolesques.

Adulés ou haïs, les aventures authentiques des entrepreneurs constituen... Poursuivre la lecture

Le taux d'émigration en Allemagne est déjà le troisième plus élevé des 38 principales nations industrielles - et les trois quarts de ceux qui partent sont titulaires d'un diplôme universitaire.

La semaine dernière, j'ai organisé un séminaire pour les entrepreneurs à Berlin. Ils venaient tous de différents secteurs de l'économie - l'un était un négociant en vin, l'autre un grand fabricant de jouets, un autre encore travaillait dans le secteur de l'énergie. J'ai demandé qui avait déjà sérieusement envisagé l'émigration. Ce qui m'a choqué... Poursuivre la lecture

Par Jinia Mukerjee. Un article de The Conversation

Imaginez la scène : c’est la fin de l’après-midi. Une maman participe à une réunion Zoom dans la cuisine tout en essayant de préparer le dîner pour un enfant (affamé) qui va bientôt arriver de l’école. Pendant ce temps, son époux court vers l’école primaire pour récupérer leur fils, juste après une importante réunion de travail. Dans une heure, il reprendra ses tâches à la maison tandis que la mère, qui viendra de terminer sa réunion sur Zoom, s’occupera de l’enfant.

Cette scène... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles