Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

À l’issue de son quinquennat, François Hollande affichera un bilan social piteux. Jugeons-en : notre système scolaire est l’un des plus injustes et discriminants de tout l’OCDE ; 1,8 million de jeunes sont totalement sortis du système sans qualification ni emploi ; le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 7,82 millions en 2012 à 8,76 millions en 2014 ; alors que la France avait 2,66 millions de chômeurs (BIT) au 2e trimestre de 2012, elle en recense 2,84 millions au 1er de 2016, dont 657 000 jeunes ; elle compterait même près de 4 millions de « mal logés » ; et les Français sont d’un pessimisme déprimant, comme France Stratégie vient encore de le confirmer. Le bilan n’est pas mauvais, il est catastrophique.
Si l’on en croit les critiques venues de la gauche, ces résultats sont les conséquences de la politique ultralibérale (si, si !) que le gouvernement a menée depuis 2014, cédant aux forces obscures de l’argent et du marché. Un vrai programme socialiste aurait, au contraire, amélioré le sort des plus défavorisés de notre société. Pas si sûr…
D’abord, il aurait fallu que la ligne réformiste portée par le couple Macron-Valls produise le moindre effet d’ampleur sur l’économie. Ensuite, il n’est pas évident qu’un gouvernement plus à gauche aurait fait mieux pour aider les pauvres. En fait, l’analyse économique montre qu’il aurait même eu intérêt à faire l’inverse !
Stratégie électorale
Trois économistes, Gilles Saint-Paul (Toulouse School of Economics), Davide Ticchi (IMT, Institute for Advanced Studies Lucca) et Andrea Vindigni (IMT également) ont ainsi expliqué dans un papier1 que les gouvernements de gauche poursuivent des politiques contraires aux intérêts des citoyens défavorisés par pure stratégie électorale : de cette façon, ils fragilisent « les revenus de leur électorat, les milieux populaires, pour consolider leur futur pouvoir politique ». En les mettant dans une situation difficile, ils accroissent « leur incitation économique à voter pour la gauche », réputée défendre la redistribution.
Voilà pourquoi, par exemple, la gauche d’Amérique latine n’a jamais vraiment réformé le système éducatif (c’est d’ailleurs peut-être le même objectif que poursuit Najat Vallaud-Belkacem…) ! Voilà aussi qui explique la gestion adoptée par la gauche dans certaines villes de banlieue. À voir les politiques menées par leurs maires, on en vient parfois à se demander s’ils ne sont pas, en réalité, parfaitement satisfaits de ces situations d’enclavement, d’absence de perspectives scolaires et économiques, d’abandon de la République. Car de façon purement cynique, cela leur permet de déployer leurs régimes de subventions multiples, tout en alimentant un discours misérabiliste (« sans moi, vous seriez perdus »).
Qu’il l’ait souhaité ou non, le président de la République (ou son remplaçant de gauche) profitera de cette situation dégradée dans sa stratégie électorale : il pourra se poser comme le candidat dont l’ambition sera de préserver le modèle social, face à l’ennemi de droite qui voudrait au contraire le mettre à terre. Si François Hollande n’aime pas les riches, il semble qu’il aime tellement les pauvres qu’il les multiplie dans son propre intérêt. Jusqu’au jour où ils partiront au Front national…
- Article initialement publié dans l’Opinion le 16 octobre 2016.
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Sur le web
- A theory of political entranchment, The economic journal, vol.126, juin 2016. Pour être complet les auteurs rappellent aussi qu’un gouvernement de droite peut aussi céder à des tentations symétriques. ↩
Les français commenceraient-ils à devenir lucides?
Hélas, je ne le pense pas, ils font seulement le dos rond, savent qu’ils sont fichus, et vont attendre que le temps passe un peu pour ressortir la tête de leur fosse, et commencer à glorifier “l’action” de l’incapable Moi-Je et la splendeur de son quinquennat.
En attendant, ils vont reprendre leurs “fauteuils” dans la fonction publique, ou se faire attribuer un beau fromage de la république (en cours depuis 3 mois au moins)
Vous ne me croyez pas? alors rappelez-vous les mandats Mitterrand, reprenez la presse de son époque et les bandes info. Tout y est.
plus il y a de pauvres qui se nourissent aux mamelles de l’état , plus le ps a des chances de repasser en 2017 ; c’est tout simple ;
les méfaits du clientélisme électoral..
Une solution au niveau local, serait d’agrandir la taille des communes ou peut être de voter pour la commune voisine et non la sienne ?! 🙂
Au niveau national, à part espérer une prise de conscience des plus pauvres que l’intérêt n’est pas là ou il semble être, on ne voit pas bien comment cela peut changer
Lorsqu’on prévoit voter Juppé, on manifeste ne pas vouloir changer les choses pour les plus pauvres de nos concitoyens.
“ne pas vouloir changer les choses pour les plus pauvres de nos concitoyens.”
c’est déjà un bon début: les dégâts fait ,au prétexte de vouloir améliorer les choses pour les plus pauvres, étant considérable…