Éloge de Schengen, éloge de la liberté

Plus que jamais, Schengen doit être défendu pour ce qu’il est : un système efficace si pleinement mis en place et un symbole de liberté.

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Éloge de Schengen, éloge de la liberté

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 juillet 2016
- A +

Par Vincent Delhomme.
Un article de Trop Libre

Éloge de Schengen, éloge de la liberté
By: Leonidas TsementzisCC BY 2.0

Paisible bourgade luxembourgeoise d’à peine plus de quatre milles âmes, Schengen dispute aujourd’hui à Bruxelles le titre de ville la plus honnie d’Europe. Son crime : le 14 juin 1985 avoir accueilli la signature des accords du même nom qui jetaient les bases d’un espace européen de libre-circulation des personnes entre le Benelux, la France et l’Allemagne. Trente ans plus tard, l’espace Schengen rassemble 26 pays européens et reste l’une des constructions phares de l’Europe politique. Trente ans plus tard, il est plus menacé que jamais.

Schengen en crise

Schengen subit deux crises de plein fouet. Il plie sous le poids d’un flux de réfugiés qui ne se tarit pas et se retrouve confronté à la menace de terroristes djihadistes qui n’hésitent plus à passer les frontières pour commettre leurs attaques. Il n’en fallait pas plus pour que Schengen, symbole du démembrement organisé des frontières et de l’utopie mondialiste, se retrouve une nouvelle fois à porter la responsabilité de crises dont il n’est nullement à l’origine. Il en a l’habitude. La différence cette fois-ci, c’est que personne ne se presse pour prendre sa défense.

Il y a bien longtemps que Schengen est la cible des diatribes de l’extrême-droite. C’est bien normal, il représente toutes les valeurs qu’elle combat. Plus récemment, c’est la droite républicaine qui décidait de concentrer ses feux sur lui. Nicolas Sarkozy en avait fait un de ses thèmes de campagne en 2012, voilà que le héraut de la droite Buisson annonce tel un oracle « Schengen est mort ! ». Même Manuel Valls menace d’une remise en cause du système si des dispositions ne sont pas prises rapidement pour pallier ses lacunes.

Schengen vit donc ses derniers jours sans personne pour le sauver. Accusés d’angélisme et d’idéalisme, ses défenseurs sont comme muets, pétrifiés. Il est donc temps de faire l’éloge de Schengen et de montrer qu’il n’est en rien responsable des maux dont on l’accuse, mais fait au contraire partie des solutions à y apporter.

Échanges en Europe

À quoi sert Schengen ? C’est d’abord un succès quotidien. Il simplifie la vie de millions de citoyens européens, travailleurs frontaliers ou voyageurs fréquents et contribue considérablement au développement des échanges économiques intra-européens. Dans la région grand Est de M. Philippot, ce sont plus de 100 000 personnes qui passent les frontières chaque jour pour aller travailler. Elles et des milliers d’autres seraient les premières victimes de la fin de Schengen.

Schengen n’est pas l’utopie d’une Europe sans frontières ouvertes aux quatre vents. Le corollaire à la libre circulation a toujours été un renforcement des frontières externes du continent. On mesure aisément les bénéfices qu’il y aurait à une véritable gestion partagée de nos frontières communes, avec une mutualisation des hommes et des moyens, plutôt qu’une défense solitaire et terriblement inefficace de nos seules frontières nationales. Schengen contient cette promesse mise en échec par le refus obstiné des États à faire les efforts nécessaires et assumer l’abandon de souveraineté qu’elle nécessite.

Idéal de la liberté

Sans Schengen, notre pays ne serait pas plus sûr. L’idée d’une France claquemurée n’est pas seulement indésirable, elle est irréaliste. Nous n’allons pas nous retrancher derrière des barbelés, ériger un mur, ni poster un douanier à chaque mètre de notre frontière, et ce ne sont pas des contrôles qui arrêteront les réfugiés ou les terroristes. Nulle frontière n’est imperméable, pas même celle de l’État le plus autoritaire.

Mais avant tout, il faut assumer et défendre la part d’idéal portée par Schengen : celle de la liberté d’aller et venir des individus sans préjudice de leur passeport, celle de la construction d’un espace commun et d’une souveraineté partagée, celle de la coopération dans les domaines où les réponses nationales ne sont plus adaptées, celle de l’affirmation d’une véritable citoyenneté européenne, celle du rapprochement des peuples, celle du week-end à Amsterdam et du premier job à Genève.

Schengen symbolise pleinement ce qu’est l’Union européenne au début du XXIe siècle : un formidable espace de libertés et la promotion du multilatéralisme comme réponse aux défis internationaux. Alors que 195 pays ont signé un accord historique pour le climat, quel message enverrions-nous au monde en le laissant périr ?

Faisons donc de Schengen le symbole de nos valeurs et de notre espoir comme nos adversaires en font le totem de leur détestation. Faisons l’éloge de Schengen !

  • L’article a été publié sur Trop Libre en partenariat avec Think Liberal Sciences Po

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  • Nous n’avons pas besoin de Schengen pour avoir un idéal de liberté, nous avons besoin que Schengen marche chaque jour mieux que la veille et plus efficacement pour que notre idéal de liberté ne soit pas compromis par les basses contingences matérielles et tracasseries administratives. De même que l’UE n’est pas le libre-échange, mais une structure kafkaïenne au service de l’idée que les uns peuvent imposer leurs règles aux autres, Schengen n’est pas une avancée vers la libre circulation, mais un moyen commode de reporter les corvées sur le voisin tout en se targuant d’être l’artisan des avantages.
    Schengen a représenté à ses débuts un progrès extraordinaire pour les déplacements de ses ressortissants à l’intérieur de l’Espace européen en consacrant une volonté de simplification des échanges. Mais aujourd’hui, on voit qu’il est devenu un outil constructiviste au service d’une fiction selon laquelle la quantité des échanges vaudrait mieux que leur qualité et leur commodité.

  • En gros cet article nous dit que si l’Union Européenne est un fiasco, c’est qu’il faut encore et toujours plus d’Union Européenne ..
    LOL comme disent les jeunes.

  • Ou je deviens sénile ou je perds la raison mais cet article, me laisse sans voix !!!! Science Po est bien devenue l’école du non réfléchir et du tout accepter au nom de la sacro sainte liberté !!!!
    Bravo au commentaire de monsieur Michel O je ne pourrai pas dire mieux

  • C’est la blague du jour.

  • belle propagande….qui ne m’inspire pas du tout….

  • L’article est malheureusement trop faible, trop incomplet. Certes Schengen apporte des bienfaits (libre-circulation à l’interne), qui sont (presque) unanimement reconnus. Même si dans l’idéal, il faudrait abolir les prestations sociales fournies par l’Etat avant de libérer la circulation des personnes (la migration devient strictement qualitative). Le problème c’est les frontières extérieures. Personne n’est prêt à accueillir les nouveaux arrivants, on s’aperçoit d’un manque de solidarité totale, on laisse les pays à la frontière se débrouiller avec les migrants. Personne veut assumer son quota, ou alors de manière opportuniste comme l’Allemagne, qui déclenche un appel d’air totalement irresponsable. On est face à une hypocrisie généralisée. De fait, cet article mélange tout sans comprendre la problématique globale. Il faut repenser la migration, le système actuel est défaillant. Mais nous sommes d’accord que les critiques des extrémistes de droite et autres LR, ne mènent à rien.

  • Moi j’aimerai bien avoir Schengen dans la fiscalité. Je dois me taper une déclaration d’impôt, des formulaires à la con, pour ne pas me faire spolier des intérêts (et l’inflation hein?) de mon assurance vie, alors que dans le pays ou je vis, en général on a pas besoin de faire une déclaration d’impôt, celui-ci étant prélevé à la source.
    La moindre erreur vous vaut une taxation confiscatoire, et on rétorquera que vous n’aviez qu’à ne pas vous tromper…
    Du coup j’avais acheté de l’or et bien m’en a pris. Pas de plus-value, les sous arrivent vite sur le compte quand nécessaire sans ces tracasseries administratives 🙂

    Oui, étendons, généralisons Schengen, sinon plus rien.

  • Si ça marche si mal, il faut abandonner Schengen et la construction européenne, revenir tous à nos anciennes frontières. On était si bien dans notre hexagone ! Pour revenir à ce stade, votez FN.
    Je ne crois pas que ce soit la solution si on considère l’état de la planète actuellement,, toutes les tensions, ces milliards de pauvres mal fixés géographiquement, qui voudraient bien consommer dans un premier temps puis nous supplanter. Essayons de nous unir pour etre forts. Etre forts est une nécessité strictement vitale. L’Europe ou tout au moins les pays leaders, ou qui devraient l’etre, me semblent la bonne dimension.t

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