Échapperons-nous aux 11 millions de taxes en plus sur l’huile de palme ?

Après plusieurs tentatives infructueuses depuis 2012, l’instauration de la « taxe Nutella » semble être abandonnée en France.

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nutella By: Emily Poisel - CC BY 2.0

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Échapperons-nous aux 11 millions de taxes en plus sur l’huile de palme ?

Publié le 4 juin 2016
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Par Patrick Coquart.
Un article de l’Institut économique Molinari

nutella
nutella By: Emily PoiselCC BY 2.0

Les sénateurs avaient adopté, en janvier 2016, dans le cadre de l’étude du projet de loi sur la biodiversité, une taxe additionnelle de 900 euros par tonne sur l’huile de palme. Les députés, au mois de mars, avaient réduit celle-ci à 90 euros par tonne à l’horizon 2020. Une taxe qui serait venue s’ajouter à la « taxe spéciale sur les huiles destinées à l’alimentation » qui existe déjà.

L’argument principal pour instaurer cette contribution est que la culture du palmier dans les pays concernés – principalement Malaisie et Indonésie – a des « effets dévastateurs » sur la biodiversité. Une étude de l’Institut économique Molinari a montré que cette affirmation est contestable. En effet, le palmier à huile produit dix fois plus de matière grasse par hectare que le soja, et cinq fois plus que le colza. Par ailleurs, sa culture nécessite beaucoup moins d’intrants (engrais, pesticides, eau, carburant) que les autres huiles. Cela signifie concrètement que pour satisfaire une demande croissante d’huile végétale, le palmier à huile permet d’utiliser moins de surfaces et moins d’intrants.

Un autre argument avancé pour justifier la nouvelle taxe est que l’huile de palme est moins taxée que les autres huiles. La taxe spéciale sur les huiles destinées à la consommation est de 103,71 euros par tonne pour l’huile de palme, 113,24 euros pour les huiles de coprah et de palmiste, 170,13 euros pour les huiles d’arachide et de maïs, 188,96 euros pour l’huile d’olive. Au premier abord, l’huile d’olive est taxée 82 % de plus que l’huile de palme.

 

La taxe forfaitaire

Oui, mais c’est oublier que la taxe est forfaitaire. Pour bien comparer, il faut prendre en compte le prix. En mars 2016, la tonne d’huile de palme sur le marché mondial était vendue 607 euros. Une taxe de 103,71 euros par tonne représentait donc 17 % du prix de vente. L’huile d’olive, elle, était vendue 4100euros . Avec 188,96 euros de taxe par tonne, on obtient un taux de 4,6 %. L’huile de palme est donc taxée presque quatre fois plus que l’huile d’olive. Avec la nouvelle contribution additionnelle votée par les députés, l’huile de palme aurait été taxée à 32 %.

La France consommant annuellement 126 000 tonnes d’huile de palme à usage alimentaire, les consommateurs auraient donc été contraints de s’acquitter de 11,3 millions d’euros de taxes supplémentaires. Voilà donc comment, en France, on fait une « pause fiscale ».

Le texte a de nouveau été examiné par le Sénat au mois de mai. Et finalement, les sénateurs ont décidé de supprimer cette taxe additionnelle parce qu’elle a été jugée « contraire aux règles de l’OMC », et qu’elle risquait d’engendrer des difficultés diplomatiques avec les pays producteurs d’huile de palme.

Le projet de loi devrait faire l’objet d’un vote définitif à l’Assemblée nationale en juin ou juillet. Souhaitons que le bon sens sénatorial déteigne sur les députés.

  • Traduction d’un billet publié le 23 mai 2016 sur le blogue de l’EPICENTER.

Sur le web

 

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  • Bon sens sénatorial ? Où est-il ? Quand à 4 mois de distance, ils votent une chose et son contraire. Le bon sens est souvent le fruit d’une mûre réflexion même si la part de réalisme qui conduit au bon sens est importante. La réflexion des sénateurs semble être fluctuante en fonction de…de…on ne sait trop quoi. A un moment donné, ils intègrent une réflexion environnementale, à un autre ce sont des considérations diplomatiques. Où est la logique qui préside au bon sens dans cette démarche ?

    Ce sont bien des politiques…

  • Je rappelle tout de même que 60 % de l’huile de palme produite dans le monde est utilisée pour fabriquer des « biocarburants ». On va aussi taxer les biocarburants ? Comme l’essence sans plomb qui est taxée de façon extravagante et injuste !

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