La politique de réduction des risques et des dommages (RDRD) liés aux conduites addictives est désormais inscrite dans la loi de modernisation du système de santé français. Si dans un premier temps cette stratégie s’orientait exclusivement aux usagers de drogues dures telles que la cocaïne, elle est aujourd’hui considérée utile face à d’autres types de dépendance. La FFA a récemment rappelé que la toxicité du tabac est principalement due à la combustion et qu’une réduction des risques est également possible dans cette industrie. De là à repenser entièrement nos politiques répressives de lutte anti-tabac, il n’y a qu’un pas.
Par Guy Dartiailh.

Une politique de réduction des risques et des dommages a été mise en place en France dans les années 1980. Il s’agissait à l’époque de prévenir la transmission des infections, la mortalité par surdose par injection de drogue intraveineuse et les dommages sociaux et psychologiques liés à la toxicomanie. L’addiction, qui pendant longtemps avait été considérée comme une forme de délinquance, était ainsi reconnue comme une maladie, et les usagers de drogues devenaient des sujets ayant droit à un traitement et à des soins appropriés.
L’objectif de la RDRD était de permettre l’émergence d’un nouvel agencement gradualiste des réponses qui ferait une place aux pratiques d’auto-support. La diffusion de messages de prévention, la mise à disposition de matériel stérile ou encore la médiation sociale constituaient des actions concrètes qui devaient permettre la réduction des risques.
Aujourd’hui, la RDRD dépasse largement le seul risque infectieux et s’applique dans la lutte contre toutes les addictions. Elle met l’accent sur la prise en charge des comportements addictifs à partir des demandes et des savoirs des usagers. Dans son « Rapport d’orientation et recommandations de la commission d’audition », diffusé en avril, la FFA précise que la RDRD ne repose pas sur un vague postulat philosophique ou idéologique, mais « sur le constat du désastre des politiques précédentes, qui contraste avec le succès d’autres expériences européennes et françaises ». D’où l’importance de « prendre en compte les situations réelles, sans a priori idéologique » et l’injonction à faire avec les personnes car « sans elles, rien n’est possible ».
Et si on repensait nos politiques de lutte contre le tabagisme ?
En matière d’addiction, les stratégies visant uniquement la non consommation ont fait preuve d’une efficacité très partielle. Il est aujourd’hui impératif d’aller vers les personnes et mettre à leur disposition de nouveaux outils leur permettant d’agir par elles-mêmes. Une solution trop rarement prisée par le Gouvernement français. Preuve en est avec le tabagisme.
Alors que la politique française de lutte contre le tabagisme semble se diriger vers la répression et la stigmatisation des fumeurs (voir notre précédent article), la prévention et la réduction des risques ne sont presque jamais évoqués par les instances dirigeantes du pays. Après l’instauration du paquet neutre, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé vouloir augmenter le prix des paquets de cigarettes. Une mesure punitive qui ne tient compte ni de la réalité des usagers, qui iront se fournir à l’étranger et développeront ainsi le marché parallèle, ni de la réalité scientifique qui offre aujourd’hui des perspectives nouvelles de lutte contre les conséquences du tabagisme dans la société.
Le rapport de la Fédération Française d’Addictologie plaide en effet pour une nouvelle stratégie en faveur de la réduction des risques et des dommages et, en ce sens, rappelle qu’il est « admis que la toxicité de la cigarette est due exclusivement aux produits de la combustion ». En d’autres termes, alors que les politiques nationales de lutte contre le tabac se focalisent sur l’arrêt pur et simple de la cigarette, la FFA rappelle que lorsque la nicotine est disponible sans combustion, la toxicité est très largement diminuée. Voilà une piste de réflexion intéressante et pourtant peu développée par le Gouvernement. On en viendrait presque à se demander si ce dernier souhaite réellement améliorer la santé des fumeurs…
La médicalisation excessive et la stigmatisation des personnes dépendantes ne peuvent en effet pas résoudre les problèmes de santé publique liés à la consommation de tabac. Comme l’affirme la FFA, les politiques de réduction des risques et des dommages constituent « une réponse novatrice adaptée aux besoins d’accompagner et de soigner. Elles s’intéressent à l’évolution permanente des usages de substances et comportements addictifs ». La pénalisation, la persécution et les mesures autoritaires ont suffisamment montré leurs limites. Seule une approche prenant en considération la complexité et la diversité des personnes peut apporter des solutions réellement efficaces et humaines dans la lutte contre les addictions.
si ça les emmerde tant qu’il y est des fumeurs en france , qu’ils interdisent le tabac ! seulement ça leur ferait un sacré paquet de pognon en moins dans les caisses ; l’état veut tout , le beurre , l’argent du beurre et le sourire du fumeur ; aucune cohérence chez ces politiques , la tête pleine de vide …;
“On en viendrait presque à se demander si ce dernier souhaite réellement améliorer la santé des fumeurs…”
LOL.
L’enjeu n’est évidemment pas la santé, et même pas non plus le pognon en lui-même. L’enjeu c’est le pouvoir, le contrôle social de la population, l’imposition d’une certaine morale par la loi. Risques et dommages ne sont que le prétexte.