Alain Badiou se fait piéger par un canular universitaire !

Le dernier philosophe maoïste Alain Badiou a réussi à se faire piéger par un article bidon… dans sa propre revue !

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Alain Badiou crédits Michael Allen (CC BY-NC-ND 2.0)

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Alain Badiou se fait piéger par un canular universitaire !

Publié le 16 avril 2016
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Alain Badiou crédits Michael Allen (CC BY-NC-ND 2.0)
Alain Badiou crédits Michael Allen (CC BY-NC-ND 2.0)

Depuis « l’affaire Sokal » en 1996, la pratique du canular académique, c’est-à-dire la publication d’un faux grossier dans une revue académique pour dénoncer le manque de sérieux d’un courant ou d’un auteur est devenue pratique courante.

En juin 2015, le carnet Hypothèse (réseau francophone de blogs académiques) « Zilsel », dont le sujet de prédilection est l’épistémologie des sciences sociales, avait réussi à publier un article bidon sur Maffesoli, dans la revue qu’il avait créé et qu’il est supposé diriger.

Alain Badiou Studies

Ce 1er avril, c’est au tour d’Alain Badiou, l’un des derniers des Mohicans français nostalgiques du maoïsme, de faire les frais de Zilsel. Ses auteurs ont réussi à publier dans le numéro 4 de la revue anglophone Badiou Studies, qui avait pour thème « Towards a Badiouian Feminism », un article totalement bidon avec pour titre « Ontology, Neutrality and the Strive for (non)Being-Queer ».

Si l’article de Sokal paru en son temps dans Social Text n’avait pas été revu par les pairs, il semble que dans ce cas-ci, l’editorial board de Badiou Studies a bel et bien accepté le texte… avant de le retirer deux jours plus tard, une fois la supercherie dévoilée publiquement.

À la sortie du numéro, les deux auteurs du canular, Anouk Barberousse et Philippe Huneman, ont publié sur Zilsel un très long article qui revenait sur les raisons de s’en être pris à Badiou. Il y avait, pour résumer, trois motivations.

D’abord, le décalage énorme entre le traitement médiatique de Badiou, considéré comme le plus grand philosophe français vivant dans la presse (de gauche) alors qu’il est quasiment inexistant dans le monde académique de sa spécialité (la philosophie des mathématiques) et fortement critiqué quand il est pris en compte.

Ensuite, peut-être le plus important, les auteurs de Zilsel s’étaient attachés à montrer que cette renommée venait de la capacité d’Alain Badiou à rester à l’interface entre monde académique et monde médiatique, ce qui permettait de jouer la carte du rebelle qui pense hors des murs de l’université lors des débats avec le premier monde, tout en asseyant son autorité lors de ses interventions dans le second.

Argument d’autorité

Ainsi, si Alain Badiou n’a que peu de légitimité en philosophie des mathématiques, il gagne en prestige politique chez toute personne se revendiquant de gauche, prestige qui, surfant sur l’anti-sarkozysme (son ouvrage De quoi Sarkozy est-il le nom ?), ne peut être entaché par sa production académique de toute façon hors de portée des non-spécialistes, sans parler du commun des mortels. Alors que l’argument d’autorité joue ici sa plus belle partition, il se double d’une proximité idéologique qui fait peu de cas de la rigueur intellectuelle.

Badiou a trouvé dans le post-modernisme des nombreuses X-Studies un public académique non-spécialiste de cette philosophie et réceptif à son discours, piochant par petits bouts là où il y trouve son compte, alors que, pourtant, dogmatique, dirigiste, maoïste et anti-relativiste, la pensée de Badiou s’oppose presque en tous points à ces études.

Enfin, troisième point soulevé par les auteurs, les textes philosophiques de Badiou sont une logorrhée incompréhensible, hors-sol, usant et abusant de techniques d’écriture limitant le débat tout en étant supposément profond.

Toute la supercherie démontre que les fans de Badiou s’embarrassent assez peu du contenu du texte, pour autant qu’il semble proche de ce que le maître raconte et que Alain Badiou, tout auréolé de son autoproclamé titre de plus grand philosophe français vivant, ferait mieux de surveiller plus étroitement les comités de lecture qu’il est censé présider. Sa crédibilité, déjà pas bien épaisse en dehors de l’extrême gauche et des contempteurs béats de la philosophie supposée complexe et profonde, vient d’en prendre un coup.

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  • Mouais, à ranger avec les Stéphane Hessel.

  • Quelqu’un, Michel Onfray peut-etre a dit que les mots ne sont plus un moyen pour exprimer sa pensée, mais un signe d’appartenance à un clan.

  • Badiou est juste un idéologue d’extrême gauche comme la France en connait tant. Il n’a jamais eu la moindre crédibilité. Il suffit de l’écouter pour comprendre à quel point il est ridicule. Il ne mérite même pas un article tant il est médiocre

  • Un des deux auteurs de la théorie de la déconstruction.
    Qu’on l’oublie sera justice,mais en attendant ils ont fait beaucoup de mal à l’époque de la gauche triomphante. On ne parlait que d’eux et de la déconstruction. Badois est l’inventeur du concept de « Pli » donné comme exemple de concept.

    • Désolé,mais Badois n’est pas de moi,mais du mécanisme correcteur qui ignore le mot badiou !

    • Raboliot ,

      Alors , écrivez sans mécanisme correcteur …prenez en charge et votre français et votre structure de langue …

      • Un correcteur orthographique peut toujours être utile, une faute de frappe est vite arrivée. Mais c’est quoi un mécanisme correcteur, un correcteur qui effectue ses changements sans demander l’avis de l’utilisateur ? Quel sombre fou aurait inventé une telle chose ? Encore s’il avait remplacé Badiou par Badoit, c’eût été drôle : les deux sont imbuvables ! 😛

  • Un de mes profs de sciences disait :
    « Celui qui est incapable de présenter son travail sans faire appelle à un jargon complexe cache en réalité son incompétence et son incapacité à comprendre son propre sujet d’étude » !!!

    • Trouvez vous, vraiment, qu’il fasse usage d’un jargon complexe lorsque, réagissant à sa défense de Pol Pot et des khmers rouges en 1979 en écrivant Kampuchera vaincra, il dit en 2012 : « je regrette les propos défendus à l’époque, injustifiés a posteriori, mais logiques au vu de ma propre pensée politique (pratique-théorique) qui est radicalement en intériorité, subjective, c’est à dire animée suivant une incorporation agissante dans le mouvement en train de se faire et une intellection qui n’est pas extérieure, objective et dans l’après coup; positionnement donc risqué et amenant de possibles erreurs, toutefois, desquelles il est possible de faire le bilan afin de ne pas les répéter et, surtout, dans le but de poursuivre le combat politique émancipateur et la réinvention de ce que je nomme Idée du communisme » ? 😀

      Tout ça pour dire : je parle d’abord, je ne regarde pas la réalité en face, puis des fois je réfléchis ensuite et donc il m’arrive, souvent, de dire de grosses conneries; mais je reste malgré tout attaché à mes illusions.

      Son interprétation des travaux de Gödel et de Cohen, ça doit valoir le coup !

      • Turing: » je regrette les propos défendus à l’époque, injustifiés a posteriori, mais logiques au vu de ma propre pensée politique (pratique-théorique) qui est radicalement en intériorité, subjective, c’est à dire animée suivant une incorporation agissante dans le mouvement en train de se faire et une intellection qui n’est pas extérieure, objective et dans l’après coup; positionnement donc risqué et amenant de possibles erreurs, toutefois, desquelles il est possible de faire le bilan afin de ne pas les répéter et, surtout, dans le but de poursuivre le combat politique émancipateur et la réinvention de ce que je nomme Idée du communisme »  »

        C’est un gag ? Il n’as pas vraiment écrit ça..!?

        • Non, il ne l’a pas écrit mais il l’aurait dit au journaliste Christophe Ono-dit-Biot dans l’émission Avant-Premières d’après sa page Wikipédia. Je n’ai pas vu l’émission mais cela ne m’étonne pas du tout d’après ce qu’il est capable d’écrire. Pour sa défense de Pol Pot et des Khmers rouges en 1979, ça il l’a bien écrit et c’est un fait incontestable.

  • ça existe encore ce genre de dégénéré cérébral?
    Un fervent admirateur des geôliers des camps de concentration viet-minh et de Pol Pot.
    Une vraie référence dans le milieu des immondices.

  • Ça ne me dérange pas que des abrutis dans son genre fassent de la philosophie des mathématiques le soir au coin du feu. La seule chose qui me dérange c’est que ce charlot, vu qu’il est enseignant, est payé avec mes impôts pour délirer sur des choses dont il ne connait rien et qui n’intéressent qu’une petite cour de penseurs d’extrême gauche.
    Pendant ce temps-là, nous, on bosse…

  • J’imagine que les rentes de ce guignol sont exclues de la déconstruction.

  • Un philosophe Maoïste ?

    Et pourquoi on accepte encore ça ?

    Si demain je me déclarais (par exemple) Philosophe Hitlériste, est-ce qu’on le laisserait autant parler ?
    Pourtant les 2 ont massacré dans des proportions équivalentes… ou presque…

    • C’est une plaisanterie ? Hitler était un saint face aux monstres que sont Staline ou Mao, pour ne parler que d’eux.

      • On est bien d’accord.

        C’est exactement le problème.

        Ca ne choque personne qu’on puisse se revendiquer de dictateurs communistes et meurtriers de masse, alors que personne ne le fait pour un Adolf ou un Benito, alors qu’ils ont été malgré tout moins « efficaces »…

        • la différence c’est que Mao et Stalline œuvraient pour le « bien » donc on leur pardonne facilement quelques « petites erreurs »

  • Quel trou de balle ce badiou

  • Les commentaires sont fermés.

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