Par Guillaume Nicoulaud.
Il y a une vingtaine d’années pour être au top de l’équipement, vous aviez un téléphone mobile, un agenda électronique, un appareil photo, un caméscope, un walkman (ou un lecteur de CDs portable) auxquels venaient souvent s’ajouter une radio et éventuellement un dictaphone, un réveil, une calculatrice et un ordinateur grâce auquel vous pouviez consulter internet et vos e-mails. Évidemment, pour avoir tout ceci, il fallait débourser pas mal d’argent et ça représentait un sacré paquet de matériel.
Aujourd’hui, le moindre smartphone fait la même chose pour beaucoup moins cher et en mieux et ce, sans compter que vous n’avez plus besoin de cassettes VHS pour sauvegarder vos films, vous n’avez plus besoin de faire développer vos photos ni de vous trimballer des films vierges, vous n’avez plus besoin de cassettes audio ni de CDs et tout votre bazar consomme beaucoup moins d’énergie.
Prenez un truc aussi simple que filmer votre petite dernière et envoyer le film à votre maman. Avant, il fallait avoir un caméscope et une VHS vierge, faire le film, emballer la cassette et envoyer ça par la poste. En quelques jours, hors périodes de grève, votre maman recevait un film de qualité médiocre et devait, bien sûr, disposer d’une télévision et d’un magnétoscope pour admirer sa petite fille. Et aujourd’hui ? Vous filmez avec votre smartphone, partagez un fichier électronique avec votre maman qui le reçoit quasi-instantanément et peut, d’une simple manipulation sur son propre téléphone, envoyer le film sur son écran plat. Au-delà de l’aspect pratique et convivial, pensez à la quantité de matières premières et d’énergie économisées en moins de vingt ans.
On en fait plus, beaucoup plus, avec moins, beaucoup moins. La divine surprise, c’est que la dématérialisation de l’économie, et donc la désindustrialisation, c’est aussi un immense progrès écologique : on produit de plus en plus de services utiles en consommant de moins en moins de matières premières et d’énergie. Considérations à classer au dossier limites écologiques de la croissance.
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Voilà pourquoi on devrait être entré en économie déflationniste depuis quelques dizaines d’années mais les dépenses publiques nous masquent cet effet. Ils pensent me^me profiter des prix bas pour mettre plus de taxes.
Vive la déflation… mais ça va obliger la renégociation des contrats : on ne peut pas avoir des contrats fixes et immuables dans un monde déflationniste.
« En consommant moins de matières premières », certainement ; « moins d énergie », à voir, car les communications ont augmenté exponentiellement.
Uhm… un litre d’essence c’est 10kW, un voyage intercontinental 20,000kW par passager, 1 courrier 250W, une antenne 3G quelques dizaines de watts, une video conférence 200 watts, 1 fax quelques watts…
clair, lais vous parlez en puissance et non en energie
Il me semble que ce sont surtout les data-center qui sont une catastrophe énergétique. Mais je ne connais pas la tendance. (linéaire, exponentielle ?) Et c’est un peu comme un grenier qu’on ne vide jamais mais où en plus on amasserait de plus en plus de choses. Le film de « votre petite dernière envoyé à maman » a toute les raisons d’être encore disponible sur le réseau dans 30 ans, avec en plus quantité de métadonnées qui en décrivent et analysent le contenu. Et il serait plus couteux de faire le ménage que de conserver ces données en ligne. Il reste donc à espérer que la technologie permettra de fournir une solution à cette croissance infinie.
Ah encore une catastrophe sans victimes…
La consommation croissante d’énergie est le propre de la civilisation et de l’amélioration du bien être de ses membres. La production d’énergie électrique aujourd’hui est quasiment non-polluante (en France du moins), et les perspectives de valorisation de déchets et d’autres matériaux fissiles (comme le Thorium) laissent des perspectives fantastiques pour l’avenir.
Consommer plus d’énergie n’est donc pas un problème.
« …on produit de plus en plus de services utiles en consommant de moins en moins de matières premières et d’énergie. »
A-t-on le droit de s’interroger sur l’utilité des services en question, illustrés par la photo de la petite- fille envoyée à la grand-mère, sur la dématérialisation des documents administratifs dont la responsabilité glisse en toute écologie du producteur administratif à l’administré ?
A-t-on le droit de s’interroger sur le gain réel que représente un ordinateur ou un smartphone à savoir le gain de temps et sur comment ce temps « gagné » est utilisé ?
Demain, les humains connectés ne sauront plus utiliser un plan, ni chercher dans un dictionnaire, ils ne sauront plus formuler une question cohérente quand un mot-clé suffira, ils n’auront plus à connaitre l’orthographe ni l’arithmétique ni apprendre par coeur, ni se servir de leurs connaissances, de leur expérience, juste à piocher dans un pot commun.
Le progrès technologique est indéniable, le progrès en matière d’intelligence humaine contestable.
Savoir chercher dans un dictionnaire, ce n’est pas très compliqué, et surtout ça ne sert plus à grand chose de nos jours. Ce n’est pas une manifestation d’intelligence.
L’orthographe restera comme moyen de distinction, l’arithmétique de base aussi.
Quant à savoir utiliser un plan, on a justement une renaissance de tout ce qui est cartographie avec les SIG, etc
Vous auriez été de ceux qui se plaignaient de la disparition de la mémoire et de la tradition orale au moment de l’invention des livres !
On a donc le droit (de poser la question) mais au prix d’être le ringard de service.
non, mais il y a toujours des tas de choses qui se perdent…pour autant c’est pas grave sauf à anticiper une marche arrière.
« L’orthographe restera comme moyen de distinction, l’arithmétique de base aussi. »
Mouais la moitié des mes SMS je les dicte avec SIRI… mes mails aussi.
Bientôt des détecteurs de bullshit automatique…
« s’interroger sur l’utilité des services en question »
Il y a utile et indispensable. Tout est utile dans la mesure où une innovation a été intégrée et non rejetée. Rien n’est indispensable sauf que la pression sociale vous oblige à vivre avec votre temps.
Demain, les masses ne sauront probablement plus utiliser un plan, un dictionnaire ou écrire et compter. Mais tout comme aujourd’hui peu de gens seraient capables de cultiver ou chasser pour se nourrir. Ce qui est marrant, c’est que autrefois la culture concernait les connaissances non directement utiles à la subsistance. Demain la culture concernera les connaissances de base oubliées. Et c’est la maitrise de ces connaissances de bases qui fera la qualité et l’utilité d’un individu car elles sont indispensables pour la conception ou le pilotage des machines.
@libresechanges … les humains ne savent plus monter à cheval… c’est horrible
Il y a quelques décennies, vous faisiez une soirée diapos sur un drap tendu pour vos parents. Aujourd’hui vous les conduisez chez l’ophtalmo…
« »On fait désormais beaucoup plus, avec beaucoup moins de matières premières utilisées : l’exemple du smartphone. » »
Il y a aussi d’autres exemples célèbres …ainsi , les deux bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki qui pesaient individuellement quelques tonnes chacune et ont détruit ces villes étaient plus efficaces que les trois vagues de bombardiers et chasseurs , qui en février 1945 , ont détruit Dresde.
Je plussoie aux propos de l’auteur …
L’écologie n’est qu’une religion new age holistique ( assez analogue à un tas de guignolades orientalistes), fonctionnant sur un principe d’autorité érigé en spectacle ( ex, Giec, Oms) , refuge de pas mal de ratés , d’affairistes et d’illuminés, de Jeanne d’Arc et de Torquemada ( dont son succès auprès des politiques)
Qu’une verroterie technologique soit plus ou moins légère m’indiffère: c’est une vulgaire machine, à laquelle je ne demande que d’avoir de correctes applications pratiques; je ne vais donc pas m’exclamer admirativement sur le caractère plus ou moins « écologique » des vertus d’un esclave..
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