Pesticides : la ridicule croisade du Monde

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Cultures agricoles à Monterrey (Crédits : Richard Masoner-Cyclelicious, licence CC-BY-SA 2.0), via Flickr.

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Pesticides : la ridicule croisade du Monde

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 mars 2016
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Nos certitudes écologiques semblent chaque jour amoindries par les travaux scientifiques, les découvertes récentes et l’esprit critique qui refuse de laisser le champ libre aux certitudes dogmatiques et ce malgré un travail de sape permanent d’une presse bien décidée à nous vendre de la catastrophe.

Heureusement, de fiers capitaines restent droits dans la tempête de doutes qui s’abat sur eux et continuent vaille que vaille à distiller leur idéologie décroissante, altercomprenante et gravement éco-conscientisée.

feth.jpgEt parmi ces capitaines de navires en perdition, comment passer à côté de Stéphane Foucart du journal Le Monde ? Fermement accroché à la barre d’un esquif journalistico-écologique de fortune qui prend l’eau de toutes parts à mesure que se révèle l’escroquerie du Réchauffement Climatique dit Anthropique, il a décidé de prendre une girouette pour boussole et nous emmène dans des aventures scientifiques aussi douteuses qu’amusantes.

Et c’est donc sans surprise qu’on découvre sa dernière prouesse journalistique par le truchement d’un article visant à montrer que le rapport coût-bénéfice de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture serait négatif.

Notre brave Stéphane, idéologie décroissante en bandoulière, a décidé de nous entretenir d’une passionnante « étude » réalisée par deux chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) – c’est français, c’est de la qualité française ! –  étude qui essaye d’estimer les externalités négatives des pesticides (les coûts qu’ils entraîneraient) et qui montrerait que dans certains cas, ce coût pourrait excéder largement les bénéfices offerts par les herbicides, fongicides et autres insecticides.

gifa yeah ok shkreli

Avant même d’aller plus loin, notez que j’ai évoqué une « étude » (en utilisant les guillemets) et d’estimations, et qu’on utilise ici des doses industrielles de conditionnel pour tartiner l’article.

C’est normal : tout ce gros conditionnel gluant ainsi que l’utilisation d’une simple review qui a essentiellement listé des articles trouvés par internet comme s’il s’agissait d’une véritable étude est un cas banal de journalisme français comme on en trouve assez régulièrement, avec toutes les dérives habituelles de cette triste maladie. Comme d’habitude (et ce qui explique largement l’intérêt compulsif du journaleux du Monde), sous couvert de science des chercheurs ont essentiellement fait du mauvais journalisme.

Et pour s’en convaincre, on pourra lire les arguments déployés par nos chercheurs et relayés avec gourmandise par le petit journaliste en mal de propagande écolo facile : pour ce triplet, c’est sûr, les coûts des pesticides (calculés par leurs soins) sont largement supérieurs aux bénéfices qu’on peut en retirer. Méchants, méchants pesticides ! 

Et ces coûts, calculés pour les États-Unis, arrivent tout de même à la somme impressionnante de 35 milliards de dollars. Cette coquette somme se répartit en plusieurs postes, dont le premier (de 18 milliards de dollars) correspondrait (conditionnel obligatoire) au coût des décès par cancers directement imputables aux pesticides. Apparemment, cela représenterait 2000 vies perdues, soit… 9 millions de dollars par vie.

gifa - what - tom cruise

Voilà qui est particulièrement princier. Eh oui : comme le remarque très logiquement Anton Suvalki dans un récent article, même en oubliant qu’en réalité rien ne permet de relier définitivement ces 2000 morts-ci à ces pesticides-là, on ne pourra s’empêcher de noter qu’à ce prix de 9 millions de dollars, les 500 000 décès effectivement constatés chaque année aux États-Unis coûteraient plus de 5000 milliards de dollars, soit 29 % du produit intérieur brut américain, ce qui en soi est parfaitement grotesque puisque cela revient à dire que l’ensemble du coût des maladies contractées sur place dépasserait largement 100 % du PIB en question. À ce rythme, on se demande encore comment les Américains font pour seulement survivre.

Dans les autres postes de coûts, dans son article d’analyse des cabrioles du Monde, Anton Suvalki revient aussi sur d’autres éléments farfelus. Je vous encourage à aller le lire, c’est assez édifiant, notamment le passage sur les oiseaux (évalués à 35 dollars pièce, dont 30 comme « valeur récréative »).

Pour ma part, j’ai surtout noté l’idée ébouriffante des « frais d’évitement », qui seraient induits par les excédents de dépense des ménages ayant opté pour l’alimentation biologique afin de minimiser le contact avec les pesticides.

gloubiboulga : on mélange tout, on s'amuse, on rigole

En introduisant cette notion, on touche ici au sublime. Partant de ce principe, absolument plus rien n’échappe à des coûts d’externalité négative qui sont d’autant plus élevés que l’alternative, pardon, l’évitement, est coûteux.

Par exemple et suivant le même principe, on devrait compter comme externalité négative tous les coûts des jets privés que les millionnaires achètent et utilisent pour ne pas avoir à emprunter les transports en commun. Et toujours selon le même principe, le coût des transports en commun est une externalité négative assez phénoménale qu’on doit incorporer dans le calcul du bénéfice de la marche à pied : après tout, prendre le bus entraîne bien des « frais d’évitement » d’une longue randonnée citadine…

Applicable à tout et n’importe quoi, un nouveau monde de macro-économie délirante s’offre alors à nous. Tout étant une affaire de choix, et les choix plus onéreux étant par définition toujours au détriment des choix moins coûteux, les externalités négatives au sens de ces « chercheurs » et de notre « journaliste » chevronné jaillissent alors de partout dans un gloubiboulga chimiquement pur dont on peut alors asperger le lecteur avec toute la force d’une bouche à incendie.

gifa party hard girafe

Moyennant quoi, on se demande exactement ce qui a poussé nos brillants bricoleurs de la macro-économie alternative à s’arrêter en si bon chemin : avec un peu de fougue, au lieu de trouver 40 milliards de dollars de coûts, ils auraient largement pu en trouver 100 voire 1000 à condition de bien pousser tous les frais d’évitement dans le tableau global.

Dès lors, peu importent les bénéfices puisqu’on pourra toujours faire correspondre en face des sommes aussi grandes (et farfelues) que possible pour les ridiculiser. Le fait que grandisse sans cesse le nombre d’humains nourris grâce à l’usage de ces pesticides n’entre pas en ligne de compte ; le « bénéfice de non évitement » est impossible à calculer puisque pour ce faire, on doit imaginer un monde sans pesticides, c’est-à-dire soit avec une population nettement moins importante, soit avec une population mal nourrie nettement plus grande. À combien s’établit le bénéfice d’un humain qui atteindra l’âge de un an parce qu’il aura été correctement nourri ?

pignouferies.jpg

Et c’est précisément parce que ce calcul est impossible et parce que le calcul inverse (celui du coût des pesticides) est si facile à bidonner comme le démontrent ces « chercheurs » et ce « journaliste », qu’on se retrouve avec de si beaux exemples de pignouferies de presse où l’on en vient à considérer très calmement des coûts de santé qui dépassent le PIB d’une nation pourtant manifestement pas complètement ruinée, ou des « frais d’évitement » que trente secondes de réflexion rangent immédiatement dans la catégorie des foutaises cosmiques lourdement chargées d’idéologie.

Eh oui : sous couvert de journalisme, sous couvert de recherche, on assiste encore une fois au martèlement compulsif d’un message bien connu : les pesticides, c’est mal, c’est méchant. En fait, tout se passe comme si la question du titre de l’article (« Et si les pesticides coûtaient plus qu’ils ne rapportent ? ») n’était que purement rhétorique…

Alors, tant qu’à faire dans le rhétorique, autant s’interroger tout de suite : et si pour changer Le Monde faisait du journalisme, du vrai ?
—-
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  • Le raisonnement d’Anton Suwalki ne résiste pas 1 mn à une analyse sérieuse. Il contient trois énormes erreurs, erreurs qui donneraient un zéro pointu à un étudiant en économie de première année:
    – il fait une moyenne du coût des 2000 morts par cancers supposés avoir été causés par les pesticides et applique cette moyenne à l’ensemble des 584 000 morts par cancer aux Etats-Unis. Qu’est-ce qui lui permet de penser que cette moyenne est la même sur 584000 et sur 2000 ? Tous les cancers ne sont pas identiques. Si les 2000 morts par cancer liés aux pesticides sont particulièrement coûteux ou au contraire si la mortalité par cancer lié aux pesticides est beaucoup plus faible que pour les cancers en général, son raisonnement s’effondre,
    – à partir du chiffre de 29% qu’il obtient par ce premier calcul fallacieux, il affirme « il ne doit pas être difficile de « prouver » que l’ensemble des décès et des maladies chroniques graves coutent à la société américaine …plus de 100% de son produit intérieur brut ». Cette rodomontade est à nouveau absurde. En effet, si le décès par cancer coûte plus cher que le décès pour d’autres raisons ou si le décès par cancer est prépondérant dans les décès prématurés, arriver à plus de 100% n’a rien de si évident,
    – et enfin troisième erreur: pourquoi un chiffre supérieur à 100% du PIB serait-il absurde ? Si le coût dont il est question dans l’étude inclut, comme on peut raisonnablement le penser, un « manque à gagner », par exemple l’ensemble de toutes les heures de travail perdues pendant les soins ou après la mort, ce manque à gagner peut être, au moins en théorie, supérieur au PIB.

    Je crois savoir que M. Suwalki est statisticien dans le civil. Voilà qui ne me fera pas changer d’opinion à son sujet.

    • Intéressante digression qui ne change rien au fond de l’article.

      • Ben si parce que quand on commet des erreurs aussi énormes, le lecteur est en droit de penser que le reste de l’article est tout aussi faux.

        En science, si l’on pense que le résultat d’une étude est faux, il ne suffit pas de l’attaquer sur des point de détails: il faut falsifier la thèse centrale (ici: les pesticides coûtent globalement plus cher qu’ils ne rapportent) et même, si on peut, prouver une thèse alternative. Ici, Anton Suwalki se prend les pieds dans le tapis sur l’étape 1: les points de détails. J’y vois la preuve qu’il est incapable de falsifier la thèse centrale de l’étude. Quant à la thèse alternative, n’y pensons même pas, c’est à mon avis tout simplement impossible en l’état actuel des connaissances.

        J’ai la plus grande méfiance envers l’agriculture intensive (qu’elle soit OGM, bio, ou conventionnelle, peu importe, je parle de l’agriculture intensive telle que nous la connaissons dans les pays riches), non pas parce qu’elle consomme beaucoup de pesticides mais surtout parce qu’elle consomme beaucoup de subventions. Le résultat de l’étude critiquée est conforme à cette mauvaise impression: les agriculteurs et les fabricants de produits phytosanitaires bénéficient de la production accrue grâce aux pesticides (là, tu vois, je reconnais que les pesticides permettent d’augmenter la production) sous forme de chiffre d’affaire et de subventions supplémentaires mais ils refilent une partie des coûts aux contribuables et aux systèmes de santé (par exemple la MSA refile son déficit de plusieurs milliards par an au régime général qui lui refile son déficit aux contribuables présents et futurs).

        Je m’étonne qu’on puisse défendre ce système ici, c’est tout, avec des arguments foireux qui plus est. Prends cette attaque pour ce qu’elle est: une critique amicale.

        • @Sous-Commandant Marco
          « J’y vois la preuve qu’il est incapable de falsifier la thèse centrale de l’étude. »

          Whao, bravo, vous avez lu les 4 derniers paragraphes du présent article.
          « le « bénéfice de non évitement » est impossible à calculer puisque pour ce faire, on doit imaginer un monde sans pesticides, c’est-à-dire soit avec une population nettement moins importante, soit avec une population mal nourrie nettement plus grande. À combien s’établit le bénéfice d’un humain qui atteindra l’âge de un an parce qu’il aura été correctement nourri ? »

          En effet, il est impossible de falsifier la thèse de Foucart. Ce qui est, vous le savez certainement, est un motif de rejet en science.

  • Je ne lis plus la rubrique Planète du Monde que lorsque je veux rigoler un peu… Le recrutement de journalistes militants y a atteint des sommets et je ne me souviens pas d’y avoir lu un seul article « écologiquement équilibré » depuis des lustres. Malheureusement on retrouve la même dérive sur France Inter où vous ne pouvez plus avoir une seule émission qui ne fasse pas l’apologie du bio ou ne donne la parole à des chantres du végétarisme. Je ai signalé ce parti pris systématique aux médiateurs de chacun de ces médias mais ils n’ont pas pris la peine de me répondre.

    • et n’oublions pas que notre ministre ( préférée ) de la propagande nationale va mettre ce journal à disposition de tous les lycéens de France , pour mieux former les jeunes esprits.

    • Totalement d’accord. Les foucarteries du Monde sont ahurissantes. Cet homme est un fou dangereux.

    • Pourquoi voulez vous qu’ils vous répondent ? Leurs extravagances sont dans l’air du temps et l’audimat suit… pour l’instant ces médias sont dans l’air du temps.

    • Je ne lis plus du tout le Monde, comme ça je m’évite les arrachements imprévisibles de la cornée.
      Ce « journal » est devenu une autre caisse de résonance de la doxa, du Potemkine et du dogmatisme écolo-socialo-vivrensemblesque, au même titre que France Télévision et France Radio.

      Ces groupes ne servent plus que de tremplin aux idées du siècle dernier, aux analyses à deux balles. Les seuls sursauts qui s’y passent sont ceux de leurs rédacteurs lorsqu’ils touchent les subsides fraîchement démoulus des ministères.

  • Avec des chercheurs de ce niveau l’INRA n’est pas prête à trouver des alternatives aux pesticides! . le plus scandaleux est d’utiliser le nom de l’INRA pour de telles élucubrations, malhonnêtetés, incompétences et militantisme … avec nos impôts. ceci montre une nouvelle fois la carence de la gouvernance INRA.
    Il y aurait 2000 mortalités précoces chiffrées à 9 million $ chacune à cause des pesticides mais il est bizarre que les dizaines de millions de vies sauvées grâce aux pesticides ( alimentation, démoustication, etc….) ne soient pas prises en compte. Ils oublient aussi de mentionner que l’agriculture biologique reçoit aussi des pesticides ( bio mais pas moins toxiques pour autant).
    Il existe un continent presque sans pesticides: à grande échelle c’est l’afrique : on voit le résultat!
    Tout cela est bien hypocrite car les journaleux du Monde soutiennent les pulvérisations d’insecticide aux DOM-TOM sur la tête des gens lorsqu’ils paniquent avec le virus zika, chikungunia ou la dengue!
    Sans pesticides le coût de l’alimentation augmenterait fortement et la population n’aurait plus les moyens de se divertir ou d’acheter des biens de consommation… ce qui générerait un chômage de masse. Au lieu d’aller à l’école on peut faire bosser les enfants dans les champs ( comme en Afrique) pour détruire les mauvaises herbes. Il faut 10 à 15 minutes pour traiter un hectare avec des pesticides mais 100 fois plus ( lorsque cela est possible ) à la main.

    • Bon résumé auquel j’adhère.
      Mais là : « ce qui générerait un chômage de masse. »
      NON ! Ce serait exactement le contraire ! D’ailleurs vous expliquez comment la suppression de tous les moyens modernes de l’agriculture plongerait la population à 80% dans les travaux des champs. Comme au bon vieux moyen âge.
      De l’appauvrissement brutal oui, mais du chômage … absolument pas !

      Mais n’est ce pas le doux rêve de tout écolo-trotskiste qui se respecte ?
      Une population entièrement égalisée, soumise, contrainte aux moindres caprices d’une petite caste dirigeante ?

    • Concernant l’INRA: on peut être scientifique et cupide. Hélas!

  • Et si on calculait les « externalités » du catastrophisme … et envoyait la note à Foucart ?

    • ça j’en rêve souvent !
      Mais pas seulement à Foucart, je penses aussi, Bové, Bourguignon, Robin, Royale, Jaud …. Le parchemin des illustres propagandistes est interminable ….
      On dit que dans la vie la facture finit toujours par arriver, mais là franchement, le facteur devrait se bouger un peu, le temps passe et je commence à désespérer.

  • les écolos s’en foutent c’est de la com pas de la science, il faut bombarder de propos suggérant le danger des pesticides pour convaincre les gens que quelque part c’est prouvé, ce qui est comique c’est qu’eux aussi croient que c’est prouvé et donc, qu’apporter sa petite preuve pourrie c’est agir pour le bien des gens…vous pouvez remarquer aussi l’avalanche d’informations sur industrie nucléaire, » encore un accident dans une centrale nucleaire »..
    il faut absolument trouver les gens qui font ses études et les interviewer ;ce devrait être amusant…

  • Comme d’habitude, cette étude utilise l’art scientifique de la présentation du mensonge, à savoir les statistiques.
    En cela, elle ne diffère guère de toutes les daubes épidémiologiques que doivent, actuellement, s’ingérer tous les étudiants en médecine.
    « l’évidence based » est précisément le contraire d’un preuve.
    je sais que ces propos sont blasphématoires, surtout auprès des zélateurs des « big data » et autres…
    Mais je les assume.
    Les probabilités ne sont qu’une mesure de l’ignorance, autrement dit  » pas d’ignorance, pas de probabilités »

    C’est l’idéologie du tout statistique elle-même, et non le cœur de l’étude qui est à bannir.

    A force de remplacer des chaînes causales par des chaînes de Markov, de considérer toute la réalité comme identique à un gaz parfait à l’équilibre de Boltzman, à croire binomial ce qui ne l’est pas, à fainéanter ( remplir des cases et faire tourner des logiciels basiques) au lieu de chercher, on ne peut qu’aboutir à de tels résultats, incriticables car relavant d’un « principe d’autorité de la méthode statistique »

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