Loi Santé : le vendredi noir de la médecine libérale

Ce vendredi est un « Black Friday » qui marque le début d’une nouvelle grève des médecins libéraux pour protester contre la Loi Santé.

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Loi Santé : le vendredi noir de la médecine libérale

Publié le 13 novembre 2015
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Par Phoebe Ann Moses

Dora Alis-hydre_de_lerne(CC BY-SA 2.0)
Dora Alis-hydre_de_lerne(CC BY-SA 2.0)

Vendredi 13 marque le début d’une nouvelle grève des médecins libéraux. Le mouvement, dénommé « Black Friday » est la dernière tentative de lutte contre la mise en place de la Loi Santé qui passe cette semaine en nouvelle lecture à l’Assemblée Nationale. Les médecins libéraux sont attaqués sur trois fronts.

D’un côté, l’État tente d’écraser la médecine libérale en l’enfermant dans un carcan administratif et financier : dorénavant payés par la Sécurité sociale (dont les caisses sont pleines, comme chacun sait), ils devront respecter les règles imposées par celle-ci. Fini, les prescriptions faites pour le bien du patient, la durée de la consultation au choix du praticien, le nombre de patients vus dans la journée. Fini, le patient qui paye et choisit son médecin. Désormais la Sécu imposera sa loi. L’État va décider de tout en matière de soin, et cela apparaît dès le premier article de la loi qui précise que « La politique de santé relève de la responsabilité de l’État » : soins, bonnes pratiques, cadre des prescriptions, répartition des professionnels de santé. La médecine libérale devient complètement étatisée et les décisions ne seront plus prises dans la confidentialité de la consultation.

D’un autre côté, il y a les syndicats, supposés défendre la profession (on ne parle même pas de l’Ordre des Médecins, étonnamment et mollement silencieux depuis plus d’un an), mais si peu représentatifs, comme tous les syndicats. Ils n’informent pas leur adhérents mais tentent de négocier encore et encore en coulisses avec le gouvernement : une grève moins longue, un aménagement de la loi, une consultation mieux payée. Rien de tout cela n’est demandé par les médecins. Mais les syndicats s’assurent leur place près des politiciens.

Et enfin, les mutuelles et assurances finissent d’écraser ce qui reste de la liberté du médecin mais aussi du patient. Avez-vous remarqué que l’on est harcelé ces temps-ci par des publicités pour les mutuelles ? Ce n’est pas un hasard : au 1er janvier, tout le monde aura l’obligation d’avoir une mutuelle. Marisol Touraine a pensé « aux plus fragiles » des Français en les obligeant à s’assurer, elle qui sait pertinemment que très bientôt la Sécu ne fera plus face aux dépenses. Ainsi, elle offre à tous les assureurs et à toutes les mutuelles de France la totalité de la population comme client. Beau cadeau ! D’où cette abondance de publicités, chacun espérant attirer à lui le patron ou l’entreprise qui lui fournira l’ensemble de ses salariés comme clients.

C’est ça, le socialisme : l’obligation d’être assuré auprès d’un assureur que vous n’avez pas choisi, et de payer deux fois. Car soit dit en passant, vous payez déjà pour avoir le droit d’être soigné en France. Vous payez ce droit par les cotisations sociales les plus chères d’Europe. Mais sans que personne ne s’en aperçoive, les contribuables vont payer plus cher une mutuelle, tout en continuant à payer les cotisations sociales de la Sécu. Joli tout de passe-passe. Et c’est sans compter que les mutuelles auront ensuite le droit de choisir quel médecin le patient, son client, devra consulter. Le tout emballé dans un joli paternalisme (on pense à vous, ne vous préoccupez pas de ces tracasseries administratives…). Comme dans les publicités pour les opticiens : « Moi j’aime aller acheter mes lunettes chez X parce qu’ils s’occupent de tous les papiers, je n’ai rien à faire, c’est eux qui voient directement avec ma sécu et ma mutuelle ». Ben voyons. Le prix de la tranquillité, c’est de perdre sa liberté de choix ?

La santé entre de plus en plus dans un système collectiviste (obligation d’assurance auprès d’assureurs validés par l’État, puisque vous ne pouvez pas choisir un assureur européen par exemple) et dans le même temps, on voudrait qu’on croie qu’il s’agit d’un capitalisme nécessaire qui ouvre la santé aux assureurs et aux mutuelles. Il n’en est rien ! Ces mutuelles et ces assureurs sont proches de l’État, quand ils ne sont pas carrément d’anciens gestionnaires de la Sécurité sociale. L’État offre sur un plateau la totalité de la population à ses petits copains, et on voudrait nous faire croire que c’est du capitalisme ! C’est de la connivence ! Le vrai capitalisme serait d’avouer aux Français qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses et qu’ils doivent se choisir tout seuls une assurance, quelle qu’elle soit.

En résumé, il serait incroyablement stupide d’accepter d’être payé par un organisme en faillite. Tout comme un certain ministre du Travail qui n’a jamais mis les pieds dans le monde réel du travail, ces politiciens qui décident du système de santé vivent dans un monde de paperasserie et de législation trop éloigné de la réalité pour comprendre les conséquences de ce qu’ils sont en train de faire. Ou alors, s’ils en sont conscients, c’est bien que nous entrons dans un système totalitaire où l’individu n’est plus libre de ses choix.


Retrouvez plus d’articles dans notre dossier Loi Santé.

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  • Quand une grande majorité de la population vote pour du socialisme en ses diverses variations, rosâtres ou bleuâtre, que voulez-vous qu’il arrive d’ autre en travaux pratiques???

  • Qui des assurés censurera le gouvernement en refusant, en raison de la loi, de permettre à la Sécu de prélever automatiquement, sur son compte bancaire, les 1 euros qui restent à la charge du patient, ponctionnés sur le prix des consultations, examens et analyses ?
    Refusons cette nouvelle emprise de l’Etat sur nos libertés

  • comprend pas …. comment peut on obliger les gens à payer une mutuelle s’ils n’ont pas d’argent pour ça ?

  • Un système de santé étatisé est sans doute mauvais mais que dire du système actuel soit disant libéral mais qui n’est en fait qu’une version particulièrement aboutie de capitalisme de connivence puisque caractérisé par :
    -un numerus clausus limitant l’offre de soin
    -une solvabilisation à outrance de la demande par une ponction généralisée sur les revenus d' »assurés sociaux » qui n’ont pourtant rien demandé.
    -et surtout la libre rencontre entre un producteur incité à voir le plus de patients possible et un client qui ne paye rien puisque tout est prélevé directement dans les poches de ses concitoyens.

    Je ne suis pas convaincu que le premier soit bien pire, à part bien sûr pour les rentiers de l’assurance maladie que sont les professionnels santé libéraux..
    On comprend mieux la grève en effet.

    • Et oui, le système est déjà très étatisé donc étatisons le un peu plus…c’est cela votre raisonnement ?

      Et chiche pour une vraie libéralisation du système de santé. Je pense que le rentier de l’assurance maladie que je suis, comme vous dites, a vraiment tout a y gagné et pas grand chose à perdre.

      • Toutafé
        La rémunération des médecins francais est une des plus faibles par rapport aux autres pays développés.

        Bizarre, la france est un des pays qui dépense le plus, le reste à charge est important, sans avoir des résultats extraordinaires.

        • Si c’est pour nous dire que les médecins sont mieux payés en Suisse ce n’est pas la peine de vous déranger. . Tout le monde y serait mieux payé qu’ici puisque même une caissière de supermarché gagne dans les 3000€…

          Si les professionnels de santé français sont
          tellement mal payés pourquoi rencontre-t-on pléthore d’internes italiennes dans les CHU et de dentistes espagnols ou portugais un peu partout ?
          Quel est le taux d’émigration dans ces professions médicales comparativement à celui des ingénieurs /cadres / chercheurs ?

          Répondre à ces questions permettra de constater que vous vous moquez du monde…

          • Bonjour Hilva

            Lisez la publication de l’OCDE (Statistiques de l’OCDE sur la santé 2013 page 74).

            Pour les espagnols c’est simple il gagnent moins que les français.

            PS Si vous pourriez éviter des posts agressifs c’est un plus. En tout cas de mon coté je ne me moque pas de vous.

            Cordialement quand même.

          • Et puis pas de numerus clausus pour les dentistes espagnols. Numerus clausus en France. Transfert naturel d’un marché ou l’offre est importante vers un marché où l’offre est tendue.

            • Tout à fait..Mais si l’absence de numerus clausus dentaire en Espagne explique comme vous le dites les revenus très inférieurs obtenus au delà des Pyrénées, et ainsi l’exil vers la France, qu’est ce qui vous permet de croire que vous seriez mieux lotis dans un hypothétique système de santé français véritablement libéral ?

              Car il y a en effet fort à parier que sans numerus clausus ce ne sont pas 7500 médecins qui seraient diplômés chaque année dans notre pays mais facilement le double. Adieu alors listes d’attente, déserts médicaux et … BNC à six chiffres.

              • Il y a numerus clausus parce que les études sont ‘gratuites’.
                Retirez le monopole de la médecine aux diplômés d’état de médecine, mettez une formation payante libre, plus de numerus clausus mais régulation par le marché.
                tjs cordialement..

                • Parfait ! Mais il faut juste également ne pas oublier de supprimer la solvabilisation infinie de la demande de soins créé par l’assurance maladie obligatoire car sinon ça va être un peu trop facile de coter tout et n’importe quoi..
                  Ah oui au fait, vous devriez ainsi logiquement converger vers le niveau de revenus des dentistes espagnols et des ostéopathes français qui connaissent peu ou prou cette situation sur leur marché…mais j’ai bien peur que le libéralisme ait alors moins bonne presse parmi le corps médical.

                  Par ailleurs les études des ingénieurs, des avocats, des diplômés en général sont également subventionnées par l’état. Pourquoi voudriez vous être les seuls à bénéficier d’une barrière à l’entrée ? Le privilège étatique est une addiction dont il est décidément bien difficile de se débarrasser..

              • Sauf qu’il y a une corrélation entre le niveau de rémunération du professionnel de santé et l’état sanitaire du pays. J’avais lu une étude dans ce sens (comme pour le niveau d’éducation et liberté pour la femme versus le niveau de liberté du pays), mais je ne retrouve plus les références !

                • Bien essayé mais en Europe les espérances de vie les plus élevées sont constatées en Suède (où les medecins sont salariés et gagnent moins qu’ici) et en Italie, pays que les jeunes internes fuient pour venir en… France (vous savez le pays où la médecine est un enfer…)

                  On peut essayer aussi de comparer les revenus médicaux et les esperances de vie au Japon et aux États Unis pour se faire une idée de cette (anti)correlation

              • Et bien mon ami cette libéralisation qui me rendra misérable selon vous …faisons là. …Et puis on verra.

              • Le numerus clausus est également une assurance de qualité s’il est bien dosé. Je crois qu’en ouvrant le numerus clausus et en gardant un système étatisé on diminue la qualité de la formation.
                Si on supprime le numerus clausus, il faut aussi supprimer l’étatisation du système.
                Et dans ce cas, les revenus des médecins auront plutôt tendance à augmenter. Dans le cas contraire, effectivement, les médecins ont des soucis à se faire !
                Le numerus clausus actuel est mal dosé et contribue donc à faire baisser la qualité globale des soins car nous avons un afflux de médecins étrangers dont la qualité est pour le moins inégales (je ne compte plus les exemples autour de moi) pour compenser le manque de médecins formés en France (la qualité de formation reste bonne en France). Pensez vous que ce sont les meilleurs qui quittent leur pays pour venir en France ?
                Les revenus des médecins français, si on les rapporte aux revenus moyens de leur pays, sont en queues de peloton des pays de l’OCDE. Et cela malgré une pénurie qui a permis l’augmentation de leur activité globale.
                L’acte médical est très mal rémunéré mais il est en partie compensé par l’augmentation du volume des actes. Et pour les spécialistes il est aussi compensé par les dépassement d’honoraires.

  • Un état qui contrôle le système de santé contrôle de facto la santé de ses habitants. Alors que ce soit clair, je conchie vigoureusement cette idée, et je n’en veux pas, jamais! Je n’ai pas fait médecine, mais aujourd’hui, je suis médecin, et tout le monde devrait refuser cette mainmise de l’état sur notre santé!

    Après l’éducation, c’est la santé, puis ce sera l’alimentation, et pour finir on aura tous un carnet de bon citoyen qui devra être régulièrement visé par le kapo de quartier.

    C’est tout vu, lundi, je vais parler à mon nouveau patron de mon intention de me libérer de la sécu. Je trouvais déjà louche la mise en place du « parcours de soin coordonné », mais là ça dépasse les bornes.

  • Ca fait un moment déjà que nous glissons dans le totalitarisme, depuis les concessions faites aux communistes entre 1945 et 1949, période oublié de l’histoire.

  • c’est pourtant simple : tous les praticiens passent en secteur « 3 » déconventionnement total, et là, l’etat n’a PLUS RIEN A DIRE, le probleme c’est dans ce cas la consult est remboursee 3€, pas grave les mutuelles obligatoires compenseront 🙂

    • Pourquoi S III? pas de secteur du tout!!! Des vrais libéraux en fait!!!

      A 150 euros la consultation d’un spécialiste (comme le frère de marissol), les français vont comprendre ce qu’est le coût réel de la Santé.

  • les patients doivent bien comprendre que liberté du patient et liberté des médecins vont de mise. Les patients ont encore le droit de choisir leur médecin, il ne leur est pas imposé par l’assurance maladie et les médecins ont ou avaient encore une certaine liberté (liberté d’installation, liberté de pratiquer des dépassements d’honoraires, bien que cela soit restreint, liberté de paiement des actes).

    Si la liberté des médecins diminue, les patients doivent s’attendre à ce que leur liberté de choix diminue également.

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