Système de santé : plus dépensier donc plus efficace ?

Tordons le cou à cet argument utilisé par nos politiques et nos médias pour justifier le coût de notre système de santé et souligner sa qualité.

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Système de santé : plus dépensier donc plus efficace ?

Publié le 12 octobre 2015
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Par Léopold Sax

Ajuntament d'Esplugues-Aquagym (Creative common)
Ajuntament d’Esplugues-Aquagym (Creative common)

 

« La France consacre une partie importante de son PIB à son système de santé, mais, c’est le meilleur du monde… la preuve, l’espérance de vie y est supérieure à celle des autres pays ! »

Tordons le cou à cet argument utilisé par nos politiques et nos médias pour justifier le coût de notre système de santé et souligner sa qualité !

Première constatation : il n’y a pas de relation entre le % de PIB consacré à la santé et l’espérance de vie ; regardons ces deux graphiques. Le premier donne le % du PIB consacré à la santé et le deuxième l’espérance de vie à la naissance.

Dépenses santé : % PIB 2013

Dépenses santé 2013

Espérance de Vie à la naissance

Espérance de Vie à la naissance

Un simple coup d’œil nous montre qu’il n’y a pas de corrélation : le Japon, avec une espérance de vie de 83,4 ans (moyenne H/F) consacre 6,8 points de PIB de moins que les USA, qui ont une espérance de vie de 4,6 ans de moins… L’Espagne a une espérance de vie de 83,2 ans, soit près d’un an de plus que la France, alors qu’elle consacre 2,8 points de moins de son PIB à la santé !

Espérance de Vie OCDE

Deuxième constatation qui découle des statistiques, la France est relativement bien positionnée, essentiellement grâce aux femmes ! On voit que la différence entre l’espérance de vie des femmes et des hommes est la plus élevée des pays étudiés après la Pologne. Ceci s’explique d’ailleurs en partie par un des points noirs de l’état sanitaire en France qui présente un des taux de décès prématurés (avant 65 ans) masculin parmi les plus élevés en Europe : 20% des décès annuels en France sont des décès « prématurés » dont 2/3 d’hommes.

En fait, les études OCDE montrent que l’espérance de vie est due à de nombreux facteurs hors du système de soin.

  1. Les comportements à risque : tabagisme, alcoolisme, conduites dangereuses…
  2. L’hygiène en général, qualité de l’eau et de l’air incluse ;
  3. L’obésité et les régimes alimentaires ;
  4. L’éducation (plus la population est éduquée, plus elle vit longtemps) et les inégalités sociales et économiques : on le constate en France avec des différences d’espérance de vie chez les hommes allant jusqu’à 5 ans entre la population de la région Nord-Pas-de-Calais et celle de l’Île-de-France.

La conclusion de ce constat est donc double : premièrement l’espérance de vie en France est élevée, mais disparate et très « inégalitaire » (hommes/femmes ; différences régionales / décès prématurés élevés) mais de plus, pas meilleure que dans d’autres pays. Deuxièmement, cet indicateur n’est en rien le signe que le système de santé en France est de meilleure qualité que celui de ses voisins.

Il faut rappeler que les deux pays où l’espérance de vie est la plus élevée (Japon et Espagne) ont un coût, en % du PIB, nettement inférieur à celui de la France (10,3% et 8,9% respectivement contre 11,7% en France), alors que le pays qui dépense le plus (USA, 17,1% du PIB) est l’avant-dernier de la liste…


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  • Bonjour
    Il y a une corrélation entre l’espérance de vie et le PNB par habitant, et non pas la part du PNB en dépense de santé (comme l’article le dit), ni du pourcentage des dépenses publiques.
    D’autre part on considère qu’au delà de 7% du PNB la dépense de sante n’est guère efficace.

    • Gillib, je ne connais pas vos sources, ceci étant partant du postulat qu’elles sont fondées, cela veut dire que 4.7 points de moins consacrés à la santé/PIB nous économiserait plus de 100 milliards d’euros par an, gommant notre déficit budgétaire…et pour avoir une efficacité équivalente.

      Oui mais voilà, nous sommes en France, pays corporatiste, où toutes les professions concernées, syndicats compris, ne verraient pas d’un bon œil de voir 100 milliards d’euros leur échapper.

      Ceci étant, l’édifice sécu. est au bord du gouffre et à un moment ou à un autre, il va falloir tailler à la serpe si on veut le maintenir en vie.

  • Il faut tordre le cou à une autre idée reçue : ceux qui réclament davantage de moyens veulent améliorer la qualité des soins.

    Le « toujours plus » dont souffre notre système de santé illustre le fait qu’il s’agit d’un vulgaire fromage. Un système. Une rente. Et in fine un instrument de pouvoir (pognon et pouvoir sont toujours liés).

    Donc, ceux qui en dépendent directement ou indirectement ont intérêt à le faire grossir…. encore et toujours.

    Dès lors : il ne faut pas tomber dans le piège de la « qualité de soin », ou de débat médicaux, simple distraction… Comme le dit le commentaire précédent : une fois que votre société est éduquée, avec un PIB de pays développé, grosso modo, vous êtes OK avec 7 % du PIB dépensé.

    Et revenir au fond : le « système de soin français » est avant tout un instrument de pouvoir et de rente. Et à ce titre, il doit être démantelé.

  • Il faut aussi tenir compte du fait qu’avec des tarifs de soins conformes aux autres pays on exploserait les dépenses.

  • Les données d’équipements (scanner, irm) et de la couverture médicale auraient été intéressantes.

  • Les commentaires sont fermés.

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Auteur : Anne Jeny, Professor, Accounting Department, IÉSEG School of Management

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