Une politique monétaire chère… et sans effets

Malgré les initiatives des banques centrales, rien ne semble changer. Que faire pour remédier à cette politique inutile et très coûteuse ?

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Euro BCE (Crédits Maciej Janiec, licence Creative Commons)

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Une politique monétaire chère… et sans effets

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 juin 2015
- A +

Par Dr. Eberhardt Unger.

Agora illustration

Les principales banques centrales dans le monde continuent leur politique monétaire ultra-dépensière : la Fed, la BCE, la Banque d’Angleterre depuis 2009 et la Banque du Japon depuis 1990.

Toutefois, il n’en résulte aucune impulsion économique ni aux États-Unis (voir graphique ci-dessus), ni dans la Zone euro, ni au Royaume-Uni ni au Japon. Ni la politique de taux zéro, ni les taux négatifs du marché monétaire, ni l’assouplissement quantitatif pas plus que les rendements obligataires extrêmement faibles n’ont été la « panacée » tant attendue.

La Fed a vu son bilan total passer de 1 000 milliards de dollars fin 2008 à 4 500 milliards fin 2014, alors que le PIB nominal américain n’a augmenté que de 2 700 milliards. Environ 900 milliards de dollars ont été déversés sur les marchés financiers, provoquant un triple-ment du prix des actions américaines. La consommation privée aux États-Unis, qui n’a augmenté que de 1,4 % par an sur les sept dernières années, est décevante.

Le cas du Japon

Le cas le plus marquant est celui du Japon. Depuis 25 ans, aucune reprise ne s’est produite ; le pays a désormais la dette publique la plus élevée du monde à 250% du PIB — et même environ 500% tous secteurs confondus.

Néanmoins, la BCE vient juste d’annoncer de plus grands achats d’obligations dans les prochaines semaines — ce qui a immédiatement stimulé les cours des actions et des obligations, ainsi que le taux de change du dollar.

Essayer de résoudre les problèmes structurels uniquement avec la politique monétaire ne marche pas, car l’argent va dans les actifs. On ne fait que préparer de nouvelles bulles financières, de nouvelles crises économiques, accroître les dettes publiques et prolonger la stagnation. Les déséquilibres mondiaux deviennent de plus en plus grands.

Quand les taux d’intérêt et les rendements sont à 0% ou s’en approchent, injecter de la monnaie via le QE devient une absurdité. En effet, si les taux zéro ne sont pas en mesure de stimuler de nouveaux investissements, à quoi peut servir le QE ?

Ce ne sont pas des bulles spéculatives qui peuvent causer une reprise économique. Les problèmes sont seulement transférés vers les marchés des changes et provoquent une course à la dévaluation. Quel pays est prêt à perdre ses positions sur les marchés mondiaux en acceptant qu’un concurrent obtienne des avantages grâce à un taux de change inférieur ?

Conclusion

Selon l’économiste Joseph Schumpeter, une économie libre a l’étonnante capacité de guérir par elle-même. La politique monétaire actuelle enraye ce processus d’auto-guérison. L’arrogance avec laquelle est menée la politique budgétaire actuelle élimine toutes possibilités de mise en œuvre des réformes nécessaires.

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  • Dommage qu’un économiste chevronné puisse ainsi manquer quelques évidences.

    Deux critiques :

    -illusion d’optique
    L’idée selon laquelle une politique « non conventionnelle » (comme disait Trichet) devrait faire AUGMENTER la croissance… renvoie à la bouteille à moitié vide ou moitié pleine.

    Regarder la courbe du PIB (plate) et en « déduire » donc qu’un QE ne fonctionne pas est absurde.

    Les QE ont un seul objectif : empêcher une contraction sévère du PIB : en clair boucher… un énorme trou.

    L’oeil naif verra le thermomètre être à 0 et en déduira que le QE ne « fonctionne pas »… Alors que le QE a permi de passer d’un -5 à un 0. C’est donc au contraire un grand succès (pour les gens qui prétendent nous gouverner).

    -naïveté
    « si les taux zéro ne sont pas en mesure de stimuler de nouveaux investissements, à quoi peut servir le QE ? »
    Là encore, la réponse est d’une simplicité évidente.
    L’objectif PRIORITAIRE des taux 0 est…. de financer, surfinancer les états et de repousser leur faillite ! Ces derniers peuvent ainsi faire exploser leurs dépenses, leurs déficits budgétaires, en échappant à la punition économique (une explosion à la hausse des taux).

    Ce « déficit » sert ensuite à payer des fonctionnaires, investir, acheter, verser des aides sociales etc.

    • Je souhaite illustrer mon dernier point avec un seul exemple (qui parlera à tous) : la France.

      Comment peut on demander à quoi sert le QE… quand on a l’exemple français sous les yeux !

      Souvenez vous : avant mai 2012… On disait « Si Hollande est élu… les taux vont exploser ».

      Bilan : 3 ans après…. le 10 ans français est historiquement bas (on est a 1 % aujourd’hui) !

      Ce qui permet à Hollande d’augmenter les dépenses, le déficit, et de pérorer au sujet de la « croissance » et autre délire au sujet de la « redistribution » !

      Si le marché avait pu fonctionner NORMALEMENT, c’est à dire sans les manipulations des banques centrales, Hollande aurait été « puni » par des taux élevés.

      Si le marché avait pu fonctionner NORMALEMENT, la Grèce serait sortie de la zone Euro depuis longtemps. L’Italie, l’Espagne auraient subi une contraction majeure de leur économie… frappant ensuite par la bande l’Allemagne etc.

      Bref, de grace, arrêtez de colporter ces mythes : « Le QE ne sert à rien », « ce sont des trucs de banquiers ça n’a aucun impact sur l’économie réelle », « ça ne marche pas », « c’est virtuel » etc.

      On vous ment. A dessein.

      • Si le marché avait pu fonctionner normalement … Il faudrait définir ce que normalement veut pouvoir dire dans un ‘marché’ où les Etat ont créé des dettes qui sont de véritables trous noirs.

    • « Les QE ont un seul objectif : empêcher une contraction sévère du PIB : en clair boucher… un énorme trou. »

      Ne pas oublier que le pib est une mesure qui repose sur un ensemble de dispositifs légaux particuliers et contraignants, notament le cours légal et forcé de monnaies centrales et l’obligation de payer les impôts en monnaie centrale.

      Le PIB est une mesure médiocre de la capacité d’une économie à produire des richesses et du bien être pour les acteurs économiques. Le seul acteur réellement intéressé par la croissance du PIB en tant que tel, c’est l’Etat, parce que les recettes de l’imposition sont directement proportionnelles au PIB.

      Les libéraux se font bien du mal en mettant en avant, dans leurs définitions actuelles, la croissance du PIB ou (parfois) des déficit commerciaux comme des signes de bonne gestion ( gouvernementale ) de l’ économie.

      • Absolument, que l’on parle de chômage, de revenu médian, a la limite de PIB par habitant mais pas de PIB qui ne veut rien dire.

        Ça me rappelle les délires des cocos des années 70 qui nous parlaient du PIB de l’URSS avec un rouble au cours officiel d’un dollar.

  • Mis à part quelques naifs, je ne pense pas que les dirigeants des différentes banques centrales voient en un quantitative easing la solution ultime pour résoudre cette crise.
    Tout cela me semble assez facile de critiquer après coup, néanmoins les injections de liquidités ont permis de soutenir un système qui était prêt de s’effondrer (une panique bancaire, une crise de liquidité etc…).
    Les conséquences auraient pu être bien pires.
    Je suis tout à fait d’accord sur le fait que cette reprise n’est pas parfaite, et que des réformes sont bien plus importantes que des injections de liquidités.
    A l’origine celles-ci ont été faite pour créer un choc psychologique, plus que pour créer de la croissance.
    Maintenant que la confiance est plus ou moins revenue, en effet une normalisation est de rigueur, car les risques inflationnistes sont réels, mais c’est que la FED est en train de faire, d’ailleurs il n’y a plus de QE aux USA pour rappel.

    • Attention… Il n’y a plus de QE « officiel ».

      Je vous rappelle que la BCE, dès Trichet… avait commencé des « politiques non conventionnelles ».

      Autre fait : quand Draghi a pris la tête de la BCE, il a lancé les « LTRO »…

      1000 milliards « prêtés » aux banques.

      Qu’il suffisait de « roll over »… Autant de fois que nécessaire. Moi j’appelle ça un « don ».

      Comme par hasard, les banques ont commencé à SE GAVER DE dettes souveraines. Regardez les banques espagnoles, italiennes c’est édifiant

      Bilan : les taux espagnols et italiens se sont effondrés (les banques faisant au passage des plus values hallucinantes), évitant ainsi l’implosion de la zone Euro.

      On peut dire ce qu’on veut : c’est du QE. Mais du QE « honteux », détourné s’appuyant sur les banques commerciales.

      Il est impossible de croire la FED ou d’avoir confiance. Ces gens qui nous parlent depuis… DES ANNEES de « hausse de taux », de « sortie des politiques non conventionelles »… et il ne se passe strictement rien.

      La FED s’appuie sur les QE japonais et européen, qui ont simplement pris le relai.

      Vous savez pertinemment que si les taux montent, le système implose. Ergo quand la FED dit qu’elle ne fait plus de QE… Elle ment.

    • Absolument c’est facile de critiquer sur des principes en comparant ce qui n’est pas comparable : et oui le QE ne fait pas pousser les queues des vaches, donc il ne sert a rien.

    • Comme d’habitude, il faut suivre le circuit de l’argent pour comprendre les différences. Il ne faut pas confondre les politiques normales de soutien à la liquidité, mises en œuvre lorsque les marchés interbancaires sont grippés, avec les QE actuels faisant tourner la planche à billet pour sauver les Obèses.

      Dans le premier cas, les titres sont pris en garantie pour laisser aux banques le temps de clarifier leur situation. Il n’y a pas transfert de propriété des banques vers la BC ni création monétaire car à la fin de l’opération, les banques doivent rembourser la BC, rendre l’argent. On n’oublie pas que l’argent qui revient dans la BC est une destruction monétaire. Ici, la BC remplit la fonction pour laquelle elle a officiellement été créée. Si elle se limitait à cela, tout irait bien dans le meilleur des mondes.

      Dans le second cas en revanche, la BC achète directement les titres publics en faisant tourner la planche à billet, générant une création monétaire sans contrepartie de création de richesses au profit de l’Obèse. Puisqu’il y a transfert de propriété (et non plus simple dépôt en garantie), l’argent injecté ne peut plus revenir dans la BC. Parallèlement, le surplus d’argent permettant la survie de l’Obèse détruit le pouvoir d’achat de l’économie productive privée, tout en générant des bulles d’actifs par simple effet de flux. On comprend ici que le QE, c’est en réalité un impôt, l’impôt le plus massif et destructeur jamais employé. La destruction de l’économie productive est un effet collatéral qui indiffère les dirigeants de la BC, parce qu’ils poursuivent un but non officiel, plus politique qu’économique. Bien sûr, à terme, la destruction de l’économie productive finira par affecter l’Obèse lui-même. Pour la BC, il sera alors temps de faire machine arrière, de laisser retomber la poussière, de compter les cadavres (les chômeurs, les entreprises en faillite, les dettes impayables, la pauvreté de masse), en affutant sa communication pour trouver des boucs émissaires faciles afin de s’exonérer de toute responsabilité et, mieux encore, justifier sa prochaine intervention discrétionnaire.

      La Fed n’est pas du tout en phase de normalisation. Elle continue d’injecter au moins 500 milliards par an rien qu’en stabilisant son bilan. Pour comparer, 1% de croissance nominale du PIB US représente environ 175 milliards. Compte tenu de la connivence entre Obama et les dirigeants socialo-keynésiens de la Fed, cette politique durera tant qu’Obama sera au pouvoir. Si jamais certains républicains reviennent au pouvoir en 2016, les dirigeants de la Fed auront alors tout loisir de provoquer une nouvelle crise majeure, histoire de démontrer qui détient réellement le pouvoir, non mais ! Une politique de normalisation consisterait pour Yellen à réduire le bilan de la Fed. Mais ça, il n’en est pas question, vous l’avez compris. En attendant, elle détourne l’attention avec la comédie du relèvement des taux.

      L’erreur serait de croire la légende officielle que les BC ne sont que les prêteurs en dernier ressort des banques. Il n’en est rien. Les BC sont les prêteurs en dernier ressort des Obèses, ce qui change complètement la donne. Les BC jouent un jeu purement politique, favorisant tel ou tel pouvoir dans chaque pays, manipulant l’économie comme un simple levier pour conquérir toujours plus de pouvoir, indifférentes aux immenses dégâts que, ce faisant, elles provoquent.

      • SuperMariole, ce jour :

        « Nous devrions nous habituer à des périodes de plus forte volatilité. Et quant aux conséquences que cela pourrait avoir sur l’orientation de notre politique monétaire, laissez-moi vous dire que le Conseil des gouverneurs a été unanime pour considérer que nous devrions passer outre ces développements et maintenir une trajectoire régulière de notre politique monétaire. »

        En résumé, RAF ! Sinon, la recherche de boucs émissaires reste à l’ordre du jour :

        « Il y une certaine perte de dynamisme, je dirais modeste, principalement due aux développements dans les économies émergentes (…) La croissance économique au sein de la zone euro devrait continuer à être freinée par les nécessaires ajustements de bilan dans un certain nombre de secteurs. »

        Eh oui, ce n’est pas de sa faute quand ça va mal. Mais attention, hein, quand ça va bien, c’est évidemment grâce à lui :

        « Les perspectives économiques de la zone euro sont plus équilibrées en raison de nos décisions de politique monétaire. »

  • le principal problème de ces politiques c’est qu’elles croient au mythe du multiplicateur monétaire, c’est à dire que la création monétaire des banques privées est conditionnée voire déterminée par la création monétaire des banques centrales. Or il a été démontré empiriquement notamment notamment par Kydland et Prescott que la réalité était une causalité inverse. C’est la création monétaire privée qui conditionne la création monétaire des banques centrales. Agir comme le font les BC n’a donc quasiment aucun impact. La solution adéquate serait plutôt d’augmenter les dépenses publiques qui arrivent directement dans le circuit productif ou encore copier ce qu’a fait le gouvernement australien : donner 1000 euros à chaque individu. Là la création monétaire des BC a une influence directe sur la production.

    • « Agir comme le font les BC n’a donc quasiment aucun impact »

      C’est stupéfiant.

      Quand une BC achète une émission de dettes d’un souverain, le souverain peut bien ensuite « dépenser » l’argent ainsi levé, non ? Ce que vous appelez « dépenses publiques qui arrivent directement dans le circuit productif ».

      Quand la France emprunte… c’est pour faire du tricot ? C’est bien entendu pour rembourser les emprunts échus, mais c’est aussi pour financer son déficit budgétaire !

      Ce déficit c’est bien recettes – dépenses ?

      Vous pouvez gloser en disant que les dépenses « ce n’est pas DIRECTEMENT le circuit productif ».

      Si, simplement avec une étape supplémentaire.

      L’état au lieu de donner du fric directement au boulanger, au coiffeur, ou à Carrefour… paye ses fonctionnaires qui vont chez le boulanger, chez le coiffeur, et font leurs courses chez Carrefour…

      C’est à devenir fou : vous continuez à rabattre les mêmes mythes : le QE ne sert à rien, c’est inefficace, c’est virtuel, ça ne touche pas l’économie réelle, alors que les faits sont là devant vous !

  • Quel pays est prêt à perdre ses positions sur les marchés mondiaux en acceptant qu’un concurrent obtienne des avantages grâce à un taux de change inférieur ?

    Justement, ces QE constituent des aides occultes en défaveur de ceux qui ne touillent pas leur monnaie.
    Cela devrait relever de l’OMC.

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