Cécile Philippe : « Le secteur de la santé souffre d’un manque de concurrence »

Quels sont les maux de notre système de santé ? Le point de vue de Cécile Philippe, directrice générale de l’Institut économique Molinari.

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Cécile Philippe : « Le secteur de la santé souffre d’un manque de concurrence »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 mars 2015
- A +

Quels sont les maux de notre système de santé. Le point de vue de Cécile Philippe, directrice générale de l’Institut économique Molinari et auteure de Trop tard pour la France ? Osons remettre l’État à sa place, Les Belles Lettres, 2014.

Cécile Philippe - Crédits IEMLa loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 est entrée en vigueur le 1er janvier. Que pensez-vous de ce texte ?

Le PLFSS 2015 a été une occasion manquée d’ouvrir le débat sur les vraies réformes à mener en santé. Car contrairement à une idée peut-être trop répandue, notre système de santé ne souffre pas d’un secteur privé défectueux mais plutôt d’un manque de concurrence. Je dirais même que si les performances de notre système restent bonnes, c’est justement parce que nous pouvons encore nous appuyer sur une offre de santé diversifiée. Or, face aux déficits et à l’accumulation de dettes au sein de ce système, la réponse des pouvoirs publics a été de renforcer sans cesse le rôle du monopole public en santé. Sauf à repenser l’organisation du modèle social français, on n’arrivera pas à faire de réelles économies. Pire, on risque de mettre en place un rationnement par les files d’attente comme on peut le constater au Canada ou au Royaume-Uni.

Vous prônez un rétablissement de la concurrence entre secteur public et privé, pourquoi ?

Parler de concurrence en santé peut paraître incongru, mais c’est sans doute la meilleure façon de faire des économies sans supprimer les marges de choix des individus et la qualité. L’échec des politiques de maîtrise comptable des coûts menées en France vient de ce que les pouvoirs publics sont otages du système qu’ils ont établi. Ils sont incapables de savoir si une prestation est payée au juste prix ou pas. Ils s’appuient sur des prix administrés qui ne correspondent pas à la confrontation d’une demande et d’une offre. Les régulateurs sont alors condamnés à agir en aveugle, au gré des modes et des lobbys.

cécile philippeQuelles sont d’après vous les vraies réformes à mener en santé ?

Une étape serait franchie si on supprimait tout simplement les différences de coût social et fiscal existant entre les hôpitaux publics et les établissements privés. Bien sûr, cela ne serait pas suffisant car au final la question est de revenir sur vingt ans de maîtrise comptable des coûts. Il faudrait avoir le courage de s’inspirer de l’expérience des Pays-Bas qui en 2006 ont accepté de remettre en question le monopole de l’assurance en santé. L’idée n’est sans doute plus aussi taboue en France puisque Jean Tirole, le prix Nobel d’économie 2014, dans un papier pour le Conseil d’analyse économique et social, évoque la possibilité « d’une concurrence régulée entre caisses d’assurance ».


Sur le web. Interview publiée le 28 janvier 2015 dans 106 Hebdo n°7, la newsletter des cliniques et hôpitaux privés.

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  • Bonjour
    il faut supprimer l’hégémonie du secteur hospitalier public , ne conserver que les CHU.. dans un premier temps.

  • le principal problème c’est le monopole de l’assurance maladie elle même sous dépendance syndicale collectiviste et qui donc préfère défendre l’hôpital publique même quand il coute 2 à 3 fois plus aux assurés..

    C’est complétement archaïque avec la mondialisation, les parcours multiples, les carrières en partie à l’étranger, les étrangers en partie en france,….il est urgent de recentrer le système sur l’individu.

    Le même raisonnement est aussi(encore plus ?) valable pour la retraite.

    En fait c’est le concept même de la sécu à la française, qui pouvait se comprendre et était facile avec une france repliée sur elle même et en excès de cotisants, mais qui est à supprimer dans le contexte actuel.

  • J’entends toujours parler d’économies et de gros sous ce qui est lassant et monotone.

    C’est le système dans sa globalité qu’il faut repenser.

    – Coté financement nous ne sommes plus en 1945 mais nos Alzheimer politiques l’ont oublié. La structure de la société, le monde du travail ont profondément évolués alors il faut repenser le financement de A à Z. La CSG, la RDS allaient dans ce sens mais efficacité limitée

    – coté activité: moi, médecin généraliste je n’ai pas besoin d’un lit de haute technicité pour soigner un pépé qui vit seul et fait une grosse grippe. Un lit et une structure légère suffit …. mais il en existe si peu. Par contre pour un bilan de cancer j’ai besoin d’un plateau performant, disponible qui ne soit pas embouteillé par des patients qui manifestement ne sont pas à leur place.

    Que fait on ??? Que font ils ???

    On ferme des lits parce que ça coûte des sous au lieu de réfléchir … que ferons nous en cas de pandémie genre grippe Espagnole ??? (170 mille depuis 2000)
    On continue une gestion paritaire qui n’a plus rien à faire puisque le financement par les salariés est devenu marginal et la sclérose syndicale bloque toute évolution ( j’ai fait partie d’une Commission Paritaire Locale)
    On embauche des cadres administratifs … en veux tu … en voilà … leurs salaires ne doivent rien coûter … à tel point que le malade devient la cinquième roue du carrosse … il coûte, il bloque un lit, sa pathologie n’est pas assez lucrative tant et si bien que l’hôpital a perdu tout sens de l’humain.

    C’est toute la structure qu’il faut repenser du financement au fonctionnement en définissant d’une manière précise le rôle de chacun …

    Pour y parvenir il faut que nous ayons des politiques qui soient des responsables ayant un courage réformateur qui se foutent des élections car le travail accompli restera accompli … autre chose que cette clique de tristes guignols, de droite comme de gauche, qui ne savent que détruire sans rien apporter de positif. Ils vont devoir les chercher les jeunes pour la relève que ce soit en médecine de ville comme à l’hôpital. La désaffection pour le métier de médecin est profonde que ce soit en exercice de ville comme en exercice hospitalier.

    Nous nous gargarisions d’avoir le meilleur système de santé au monde … mais … c’était au siècle dernier.

  • Er qu’en est il des médecines dites alternatives, des diplômés étranger qui ne peuvent obtenir de reconnaissance de qualifications ni de diplomes. Qu’en est il du droit européen concernant les métiers de médecine non réglementée au sein de l’Europe? Voilà les questions qu’il faut se poser et ainsi on pourra économiser. ..

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