Par Aymeric de Villaret.
La saison des résultats a déjà commencé pour les parapétrolières. Les majors pétrolières intégrées commenceront à la fin du mois. Les annonces après la chute du baril (restructurations, baisse des investissements, perspectives etc.) sont et seront scrutées à la loupe.
Parapétrolier : des restructurations chez les majors américains déjà annoncées
Le n°1 mondial du secteur parapétrolier (en amont du pétrole), l’américain Schlumberger, a publié le 15 janvier dernier ses résultats annuels avec un message clair de combat en réaction à la chute des cours du baril :
- Réduction de 25% de ses dépenses d’investissements à 3 Mds $ pour 2015 (contre 4 Mds $ en 2014)
- Suppression au niveau du groupe de 9000 postes. Sur un effectif actuel dans le monde de 120.000 personnes, il n’a pas encore indiqué les zones qui seraient principalement touchées.
- Déjà en novembre, il avait indiqué qu’il allait couper dans sa flotte de navires spécialisée dans la sismique marine.
Et point important, pour un groupe mondial leader et coté en bourse, Schlumberger augmente de 25% son dividende !
Le n°2 Halliburton le 20 janvier annonçait lui aussi des restructurations…
Et en premier sur Baker Hughes (le n°3 mondial) qu’il est en train de racheter. Juste pour la future filiale du groupe, c’est 7000 emplois (sur 61.100) qui seront supprimés et certains sites pourraient être fermés. Halliburton n’a pas annoncé de réductions d’effectifs chiffrées mais a provisionné 129 M$ pour “tempérer l’impact d’une baisse d’activité anticipée”, laissant entendre que le nombre de postes supprimés serait en ligne avec la concurrence (donc de l’ordre de 10%…).
Quant aux forages, secteur devant être en premier touché par la chute du baril, le directeur général de Baker Hughes, Martin Craighead, a indiqué dans le communiqué des résultats que : “Si la demande du marché a été plus résiliente que ce que beaucoup prévoyaient au quatrième trimestre, la récente baisse des forages va clairement affecter les résultats en 2015.”
En octobre, la société avait monté son dividende trimestriel de 15cts à 18 cts (+20%). Nous devrions être fixés en février sur le dividende final de l’exercice 2014.
Les majors pétrolières intégrées commenceront à la fin du mois
Royal Dutch Shell et l’américain ConocoPhillips ouvriront la saison des majors le 29 janvier. Elles seront suivies le lendemain 30 par Chevron.
La semaine d’après verra le n°1 mondial ExxonMobil publier dès le lundi 2 février. BP et Total de leurs côtés le feront respectivement les 3 et 12 février et ENI également en février.
Quelles annonces espérer ?
Sur le front des sociétés
Confrontés à la baisse prévisible de leur cash-flow, des choix vont devoir être faits… Ces choix dépendant bien évidemment de la structure financière de chacun et de leurs politiques à long terme. Les années 2008-2009 ont été à ce sujet très intéressantes, puisque la majorité des majors pétroliers occidentaux avait maintenu son dividende, à l’exception notable de l’italien ENI, dont la structure financière était particulièrement tendue.
La slide de ConocoPhillips du 7 janvier de cette année est pour nous révélatrice de ce que nous pouvons attendre des majors occidentaux, principalement anglo-saxons, orientés très « retour à l’actionnaire » :
Dans les priorités, un dividende concurrentiel vient en premier et le groupe adapte ses dépenses d’investissements dans les programmes de développement. ConocoPhillips a été le premier « major » à annoncer dès fin 2014 une forte coupure de ses Capex.
Sur le front économique
Des signes de ralentissement dans les rigs de forage étant déjà perceptibles au vu des données statistique publiées par l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), l’EIA (Energy Information Administration américaine), toute confirmation (comme l’a fait le 20 janvier Baker Hughes sur les rigs de forage) ou non sera intéressante pour voir l’impact de la chute du baril sur les productions de brut notamment américaine.
Seront également surveillés tous commentaires relatifs à des opérations de concentration du secteur car les sociétés les plus faibles sont très fragilisées.
Nous pensons bien sûr à certains groupes du parapétrolier à l’exemple du rachat de Baker Hughes par Halliburton, mais il est intéressant de noter que la presse se fait l’écho de discussions autour de BP. Ne prêtant qu’aux riches, l’américain ExxonMobil est souvent cité, Royal Dutch Shell également.
Conclusion
La saison des résultats est un moment idéal pour étudier l’impact sur les sociétés de la chute des cours du baril, les vues de celles-ci sur le futur et les mesures prises pour y faire face.
Confiance dans l’avenir, dans un rebond du baril ou/et prudence avec des mesures drastiques ?
Quant aux dividendes, l’expérience de 2008-2009 peut laisser espérer de la part de la plupart des majors pétroliers intégrés un minimum de stabilité, voire de hausse, à l’image (même s’il s’agit d’un parapétrolier mais le n°1 mondial) de Schlumberger. Ce sera plus difficile pour les groupes aux structures financières tendues.
En attendant toute hausse de dividende sera un gage de confiance pour les groupes allant dans cette voie.
Le forum de Davos est très intéressant avec les sociétés pétrolières inquiètes (discours de ENI, Total) de la baisse des investissements et de la mécanique derrière avec comme dit le directeur de ENI, une forte remontée du baril.
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