Par Alain Goetzmann.
Beaucoup d’entreprises, aujourd’hui, sont dirigées de façon négative : « Faites, ne faites pas », « Ne parlez jamais de vos concurrents, vous leur ferez de la publicité » , « Pensez à prospecter intensivement cette semaine », « N’oubliez pas de relancer untel ».
On peut diriger en donnant des ordres. C’est le plus facile. Le problème, c’est que les employés s’y habituent et qu’ils les attendent ensuite au lieu d’avancer tout seuls. Vous les avez littéralement lobotomisé. On sait, aujourd’hui, que les hommes sont en attente de délégation, que l’initiative qui a été saluée et récompensée sera renouvelée, que plus vous donnerez de responsabilité à quelqu’un, mieux il l’exercera.
Contrairement à certains commentaires désabusés, les salariés ne sont pas uniquement intéressés par l’argent. Il en faut bien sûr mais il faut aussi de la reconnaissance et de l’empathie.
Chacun de nous est sensible aux attentions des autres. C’est bien normal. Et quand une action a été bien conduite, il est normal que son auteur s’attende à des félicitations.
Alors, quand, à l’occasion, l’un de vos collaborateurs vous déçoit, plutôt que de vous lamenter ou de l’invectiver, ne vaut-il pas mieux analyser avec lui, carrément, les causes de son échec et tenter d’en tirer profit pour l’avenir ?
- Bannissez les comportements hiérarchiques d’un autre âge,
- Encouragez l’exercice de la responsabilité, de l’initiative et la recherche de l’excellence,
- Valorisez la compétence et oubliez le grade,
- Entretenez la flamme : quand un succès a été obtenu, fêtez-le et mettez son auteur à l’honneur,
- Profitez de n’importe quelle occasion pour organiser un « pot » ; vous augmenterez le sentiment d’appartenance,
- Créez un climat de travail agréable, détendu et responsable : « chez nous, on ne tire pas sur ceux qui se trompent, on tire sur ceux qui refusent de prendre des risques »,
- Ne travaillez qu’avec des gens qui aiment les gens.
J’ai été marqué, il y a longtemps, par l’un des premiers livres de management que j’ai lu : The human side of enterprise de Douglas Mac Gregor. Il est l’inventeur de la théorie « Y », méthode novatrice de gestion du personnel par opposition à la théorie « X », traditionnellement employée dans le commandement et le contrôle. La théorie « Y » défend les deux principaux axiomes suivants :
- L’homme est aussi naturellement fait pour le travail que pour le jeu ou le repos.
- Le contrôle et la punition ne servent à rien. L’individu est capable de se réaliser si on l’associe aux buts de l’entreprise.
Dans les années 1960, la publication de ce livre a fait l’objet de controverses passionnées. Aujourd’hui, chacun sait qu’on n’exerce plus son leadership autrement. Sachez créer de l’enthousiasme. C’est le seul actif qui ne figure pas au bilan, mais pourtant le plus important.
Du même auteur : Pour vivre longtemps, gardez la positive attitude !
J’aime, surtout le « travailler qu’avec des gens qui aiment les gens », je pense aussi qu’il faut toujours garder une âme naïve, être surpris pour se confronter aux aléas, résistances, changements!
« les salariés ne sont pas uniquement intéressés par l’argent » ?
Arrêtez de payer les gens et voyez combien vous serez le lundi matin.
Nous n’arrivez pas à comprendre le mot « uniquement » ?
J’applique tous ces principes, sauf le dernier. « Ne travaillez qu’avec des gens qui aiment les gens » n’est pas une règle absolue.
Employer un ours qui est content de vivre seul au fond de sa caverne ne pose pas de problème si c’est un travail indépendant, et qu’il est suffisamment intelligent pour demander de l’aide si cela est nécessaire.
En toute cohérence un manager libéral ne devrait pas être dirigiste.
Le directeur général peut être un libéral, mais au 5ème sous niveau de la hiérarchie, il n’est pas garanti que le « petit chef » soit aussi libéral …
Peut-être, mais il revient au DG de donner l’exemple de son efficacité et de choisir ses cadre en conséquence.
Je suis intimement convaincu qu’une des explications de l’efficacité des PMI/PME allemande est là.
Les Anglais disent « Shit rolls downhill », les emmerdes descendent la voie hiérarchique, mais c’est un raccourci. Les bons comportements descendent tout pareil, on en parle moins, c’est tout — comme des trains qui arrivent à l’heure.
« Shit rolls downhill » à retenir 😉 merci
C’est une impression personnelle mais je crains qu’elle soit juste ; depuis 68 on a installé un environnement de stress dans le management, certains allant jusqu’à évoquer le « bon stress » comme pour le cholestérol ! C’est une énorme erreur car rien de bon ne peut sortir d’une personne stressée devenant incapable de prendre la bonne décision. D’autres devant ce constat font exactement le contraire, le boss copain et c’est le boxon
Le meilleur ordre est celui que l’on est pas obligé de donner.
Les commentaires sont fermés.