Intérêts négatifs et l’imposture des inégalités croissantes

On sait que les économistes, notamment ceux qui conseillent les banques centrales, s’arrachent les cheveux : ils ne savent pas comment faire repartir de façon stable les économies, ni en Europe ni même aux USA.

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Intérêts négatifs et l’imposture des inégalités croissantes

Publié le 13 juin 2014
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Par Bernard Zimmern

interetsMario Draghi, le gouverneur de la BCE, a fait la « une » des médias en lançant un intérêt négatif, en faisant payer aux banques leurs dépôts auprès des banques centrales, pour les pousser à prêter. Mais les économistes ne se font guère d’illusion : même en inondant le marché de liquidités, cela ne fera pas pousser les emprunts s’il n’y a pas d’emprunteurs.

Nous avions déjà noté il y a un an que les banques américaines, même avec de l’argent qui leur était prêté sans intérêts, avaient beaucoup de mal à se rémunérer car elles ne trouvaient pas d’emprunteurs. Plus caractéristique encore, est le fait que depuis la crise il se soit créé une seule banque aux USA alors que d’habitude, avant 2008, il s’en créait chaque année des dizaines.

L’explication est pourtant simple : la campagne à buts essentiellement politiques menée par les égalitaristes pour lutter contre la soi-disant montée des inégalités.
Non seulement elle est construite sur des données truquées ou biaisées – les inégalités n’ont pas augmenté aux USA depuis 20 ans contrairement à toutes les affirmations des « économistes », comme l’ont montré les chiffres de la Fed ou des économistes sérieux (voir « Les fantasmagories statistiques sur l’accroissement de richesse des « riches » américains » et « Les classes moyennes ont–elles profité de la croissance américaine ? »).

Mais cette campagne aboutit à décourager ceux qui pourraient prendre des risques, les « petits riches », ceux qui forment la majorité des riches mais ne possèdent pas des milliards, seulement des millions.

Ce sont des petits riches, pas les milliardaires dont parlent les médias, qui font la croissance de l’économie. Car même s’ils ne sont pas très riches, ils sont très nombreux. Et l’examen des chiffres de la Fed montre qu’ils investissaient plus de la moitié de l’investissement total annuel américain.
Menacez ces petits riches, alors que ce sont eux qui font les reprises et l’expansion en prenant les risques d’investir dans des entreprises nouvelles, et vous ne trouverez plus d’emprunteurs.
Nos égalitaristes ont gagné : ils se sont fait du fric en vendant quelques centaines de milliers de livres, au final très peu par rapport à ce que l’on pouvait croire, mais en faisant leur fric, ils ont condamné des centaines de milliers d’autres citoyens à la pire des inégalités : celle de ne pas trouver d’emplois.

Mais, répétons-le, ils n’en ont cure car, payés par l’État, ils sont personnellement à l’abri des risques du chômage.

C’est ce lien très simple entre le rôle des petits riches, leur poids dans la prise de risque industriel, et la croissance, l’emprunt, qu’il faut faire découvrir à nos politiques et à nos « économistes ». Nos sociétés occidentales ont été bâties sur les créations d’entreprises, depuis les tisseurs de coton de Manchester jusqu’aux Frères Lumière ou l’Air liquide en passant par Ferdinand de Lesseps et le canal de Suez. Nos aïeux ont perdu des fortunes dans les emprunts russes ou le canal de Panama, mais ils ont pris des risques.

La raison pour laquelle une société n’emprunte plus, c’est qu’elle ne prend plus de risques.
Il ne faut pas chercher très loin pour trouver ceux qui en bénéficient : ce sont ceux qui, pour des succès politiques, exploitent ce grand ressort que Karl Marx avait déjà largement utilisé : l’envie.
Quand on leur tape sur la tête, nos petits riches n’ont plus de raisons de risquer leur argent, leur vie, leur famille.

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  • les taux d’intérets négatifs signifient (peut-etre?)que la monnaie ne vaut plus rien.

    • J’ai une voisine qui était douée au Monopoly. Vais lui demander conseil.

    • Si le taux d’intérêt sans risque est négatif, le rapport du risque est inférieur au risque de perte qu’il est censé compenser. C’est simple, si vous prenez un risque de 5%, il vous faut un rapport d’au moins 5%+le taux sans risque. Dans la situation actuelle, vous prenez un risque de 5%, ça vous rapporte 5-0.5=4.5%, votre investissement n’est pas rentable. L’erreur vient de penser que les investisseurs prennent les risques volontairement, par appât du gain et insatisfaction vis-à-vis de l’insuffisance du taux sans risque. Ce qui est parfois vrai individuellement, mais est ramené par l’occurrence effective des risques à une progression globale au taux sans risque.
      A -0.5%, cela veut dire qu’il faut plus que sa part normale de chance pour ne pas perdre d’argent en moyenne. Moins que jamais les gens ne vont vouloir se lancer.

  • je suis en train de chercher un banquier pour financer l’achat d’une usine ( une petite !! faut pas pousser ! ).
    leur devise semble être : » dis moi ce que tu veux , je t’expliquerai pourquoi ce sera non « .
    Une grande banque française m’avait donné un accord de principe ( oral ) le mois dernier mais depuis ils semblent avoir quelques ennuis , alors finalement c’est non.

  • Ne serait-ce pas le meilleur moyen pour lancer la déflation?
    N’y a-t-il pas une petite destruction de monnaie ?

    • Simultanément, la BCE augmente la création, me semble-t-il. Ca ressemble plutôt à tirer sur la pédale de frein pour faire accélérer la voiture…

      • Mais c’est comme cela que l’on part en dérapage, en tête à queue, en conduite automobile.
        Cela risque bien d’être incontrôlé avec cette bande de zozos !

  • de toute façon , le principe de précaution interdit d’entreprendre, car on risque de perdre…

  • Les politiciens confondent la richesse et l’argent, comme Frédéric Bastiat nous le révélait il y a 150 ans.
    On peut manipuler l’argent comme on voudra, un mensonge ne devient jamais réalité.
    Et la réalité c’est qu’il faut de l’épargne pour investir.

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