Où est passé le rêve français ?

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Paris, France (Crédits Edoardo Costa, licence Creative Commons)

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Où est passé le rêve français ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 13 juin 2014
- A +

Par Kevan Saab.

On entend de plus en plus parler dans les médias de l’exil, silencieux mais bien réel, de ces jeunes français qui s’envolent par milliers chaque année vers l’Australie, les États-Unis, le Canada ou encore la Grande-Bretagne à la recherche d’une herbe plus verte. Quelque fois au détour d’une interview, ces jeunes gens nous livrent à chaud les raisons qui les ont poussé à quitter leurs proches et aussi cette terre qui les a vu grandir. Les témoignages se recoupent généralement sur un point : nos jeunes aventuriers ne supportent plus l’atmosphère délétère, le marasme économique ainsi que la mentalité anti-entreprise qui règne depuis trop longtemps en France. Dans l’Hexagone, l’avenir leur semble semé d’embûches, les mentalités y sont étriquées, les ambitions refoulées. Alors quand on a assez de cran pour refuser d’entrer dans le moule, bien souvent, on émigre vers des terres à la hauteur de ses rêves.

france

Pour moi, le départ remonte déjà à 5 ans maintenant. Un vol à sens unique vers le Canada, Toronto pour être plus précis, la capitale économique du pays. Durant ces 5 années, passées principalement sur les bancs de l’Université de Toronto, j’ai eu le temps de côtoyer de près cet individu aimable, dynamique et surtout cosmopolite qu’est le torontois typique. Avec plus de 50% de ses habitants nés hors du Canada, Toronto est de loin une des villes les plus cosmopolites du monde, devant New York ou encore Miami. Dans cette métropole en plein boom qui construit le plus de gratte-ciels que n’importe quelle autre ville en Amérique du Nord, le rêve canadien est on ne peut plus vivant. Et oui, tout comme les immigrants européens qui traversèrent l’Océan Atlantique pour rejoindre l’eldorado américain il y a plusieurs générations, environ 250 000 hommes et femmes entrent légalement chaque année au Canada à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et leur famille.

D’après la Banque de Montréal (BMO), une des principales institutions financières du pays, 46% des étudiants des universités canadiennes souhaitent créer leur propre compagnie à la fin de leurs études. Plus proche de moi, je pourrais vous parler de cet ami d’origine marocaine fraichement diplômé qui monte sa boite de cosmétique, de cet ami québécois qui lance en ce moment sa deuxième start-up, ou encore de ce fils d’immigrés pakistanais qui envisage de lancer avec des amis de fonder sa compagnie en biotechnologie. Les exemples ne manquent pas. Un contraste saisissant par rapport aux jeunes français ! En effet, quand on les interroge, 73% des 15 – 30 ans aspirent à… devenir fonctionnaire. C’est bien simple, parmi mes connaissances en France, aucune n’envisage ni près ni de loin de fonder une entreprise.

Night_skyline_of_Toronto_May_2009

Ici, dans ce pays de la taille d’un continent qu’est le Canada, les esprits voient large. Immigrés ou canadiens depuis plusieurs générations, les jeunes sont encouragés à prendre des risques. Le succès entrepreneurial n’y est pas mal vu, bien au contraire. Évidemment, cet état d’esprit a des conséquences profondes sur l’économie du pays qui se reflète notamment dans son taux de chômage plutôt bas (moins de 6.9%) et sa robuste croissance économique (une des plus fortes du G8).

Comment est-ce que la France, pays qui rayonna économiquement, intellectuellement et artistiquement dans le monde entier pendant la fin du XIXème et le début du XXème siècle a-t-il pu devenir morne, poussiéreuse et antipathique au point que les jeunes créatifs français s’exilent pour monter leur boite hors des frontières ? Rappelons qu’il y a un siècle environ, on accourait de toute l’Europe pour venir à Paris étudier, peindre, écrire ou sculpter mais aussi pour faire fortune. Mieux, l’Europe entière s’arrachait les petits bijoux de technologie qui sortaient des ateliers français : du pneu Michelin, en passant par la bougie d’allumage de Fernand Forest, le métier Jacquard, la machine à filer le lin de Philippe de Girard, la turbine hydraulique de Fourneyron, la chaudière tubulaire de Séguin, le four pour l’affinage de l’acier de Pierre Martin, ou encore le procédé Herault d’électrolyse pour la production d’aluminium.

Le déclin relatif que connaît notre pays depuis plusieurs décennies déjà n’a rien d’une fatalité. Le génie français n’a pas disparu, il est juste bridé, réduit au silence par une chape de plomb juridique, fiscale et sociale. Ainsi, plus que jamais, notre salut passe par l’entrepreneuriat, l’innovation et l’audace. Il faut donc instiller aux jeunes l’envie de créer, d’innover, de s’enrichir en France, pas ailleurs. Bref, il faut réinventer le rêve français.

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  • Il vous manque la dernière phrase, inspirée de Caton l’ancien: “Et pour cela, delenda est l’état”.

  • Comment est ce arrivé ?
    Lorsque le parti communiste a cadenassé les syndicats qui existaient auparavant….
    La seconde guerre mondiale n’a guère amélioré les choses puisqu’elle a accru l’emprise de ce parti nauséabond.

    • Selon moi il faut remonter à l’expulsion des congrégations, c’est-à-dire à la prise en main de l’école par les socialistes.
      On pourrait aligner toutes leurs victoires, la prise graduelle de tous les leviers du pouvoir, qui fait qu’aujourd’hui l’emprise socialiste sur notre État est totale et irréversible.
      Mais s’il faut placer la victoire décisive, c’est l’école publique.

      Dire que 40 ans plus tôt la France avait produit, avec les écrits de Frédéric Bastiat, le summum de la pensée libérale…

      • Oui, intéressant comme point de départ de la main mise du communisme sur notre pauvre pays.

        Cependant, je crois que la collusion entre de Gaulle et les communistes à la libération est la source de tous nos ennuis.

        En outre le régime de Vichy avait commencé le travail. Ma mère qui a vécu cette terrible époque m’a dit un jour que le début de la paperasserie et de la sur-administration en France datait de Vichy avec l’excuse de l’occupation et du rationnement.

        • C’est exact! le CNR phagocyté à 95% par le PCF a dicté ses conditions pour noyauter toutes les administrations y compris éducation nationale, CNRS et autres radio, télévision (les débuts dépendant de la radio) avec en prime Renault (Louis mort dans des conditions que chacun devine) et autres EDF, SNCF … etc…
          Pendant ce temps là le parti communiste se voyait interdire en Allemagne* jusqu’en 90 ! en 45 ans on peut éradiquer la bête et pour ce qu’il en reste…
          Vous comprenez maintenant la différence de mentalité des 2 pays ?
          *j’y suis allé une cinquantaine de fois.

  • Le rêve français n’existe plus, et il sera impossible de le réinventer, car l’esprit français est mort, foutu, kaput.
    Le Melting-pot, que vous voyez comme dynamique et cosmopolite est le fruit d’une immigration choisie, sélectionnée légalement. Ce n’est pas le cas de la France.

    Moi aussi, je suis parti. Ouvrez les yeux, la France de maintenant, c’est le rêve Africain ! Il n’y aura bientôt plus rien de français dans la France (ou si peu).

    • Il n’y a déjà plus rien. C’est terminé. Il n’y a plus de majorité ethnique culturellement forte, la république a lessivé tout cela au profit du multi-ethnisme.

      Ceux qui ont peu de diplômes et pas de connections sont piégés et doivent “financer” leur remplacement (à crédit bien sur). Bientôt les français, ou ce qu’il en restera, seront minoritaires, débiteurs, pauvres, et seuls.

  • La France est foutue : faites vos valises si vous croyez à la liberté (fait pour moi aussi).

  • En 2011 , la France était le 3ème pays à attirer le plus d’étudiants étrangers(derrière les USA et l’Angletterre , devant l’Australie…) , je doute qu’elle ait perdu beaucoup depuis : que la jeunesse ait envie de voyager , de découvrir d’autres cultures est tout à fait naturel…

    Quand au PIB du Canada pour la période 2013/2014 , il a évolué de 3.38 % pendant que celui de la France évoluait de 4.52 %

  • le rêve français est en passe d’être détruit par le furoncle purulent socialiste mortifère

  • “notre salut passe par l’entrepreneuriat, l’innovation et l’audace” et et alors donner l’occasion aux voleurs lâches et veules socialistes de profiter du courage, du génie et de la sueur de ceux qui osent, en s’en emparant sans vergogne ?

  • Le Génie français aujourd’hui il est expatrié de part le monde par exemple du Canada à l’Extrême Orient ! Après la faillite de l’Etat-providence, le mieux qu’il puisse arriver est de porter ces entrepreneurs, ces chercheurs expatriés à la tête du pays ! (Votez Denis Payre et Nous Citoyens !)

    La France est le pays de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat où la religion est l’Etat ! Ce n’est pas nouveau cela date au moins de Louis XIV ! De plus les guerres sont le vecteur étatique le plus puissant. Passer ensuite au socialisme n’est qu’une simple évolution de la clientèle électorale.

    La liberté d’association permet toujours aux élites économiques d’entrer en politique. Qu’est-ce qui empêche un chef d’entreprise de faire comprendre à ses salarié que l’abus d’impôt nuit à l’entreprise ? Il a suffisamment de relais pour cette bonne cause.

  • Merci au socialisme, au communisme et au capitalisme de connivence. Merci à la république.

  • Navyh, vous n’avez pas de chance, même le ministère de l’économie vient à l’instant de sortir la tête du sable concernant le PIB de la France depuis 40 ans.
    http://www.lepoint.fr/economie/richesses-la-france-a-la-traine-13-06-2014-1835945_28.php

    • Oui, mais là les chiffres s’arrêtent en juin 2012, alors on peut les montrer.

    • “”flexisécurité” est un concept importé du Danemark, qui conjugue une plus grande souplesse pour les employeurs (contrats courts, licenciements facilités), un système d’indemnisation généreux des chômeurs et une politique de l’emploi très active, incitant au retour sur le marché du travail.”

      +1

  • C’est beau de vouloir généraliser et mettre tout le monde dans le même panier…

  • “au point que les jeunes créatifs français s’exilent pour monter leur boite hors des frontières”

    Oui, mais il serait très réducteur de laisser croire que l’émigration concerne aujourd’hui les hauts diplomés et/ou les “créatifs”. C’était encore vrai il y a quelques années, où la France se vidait de sa matière grise et de son dynamisme.

    Aujourd’hui nous sommes entrés dans la seconde phase du processus: tout le monde se barre. Je suis allé à Londres récemment, et j’ai pu constater que la plupart des français que j’y ai rencontré (et ils sont incroyablement nombreux) ne sont que peu diplomés, voir pas du tout (ou le bac/bac pro), et n’aspirent pas spécialement à créer une entreprise, ils veulent juste être salariés.

    En d’autres termes, il faut aujourd’hui considéré que la main d’oeuvre jeune, qualifiée ou non, créatrice ou non, fuit le pays. Que les hauts diplomés se barrent pour gagner plus, c’est une chose, et c’est déjà emmerdant. Mais que les échellons du bas foutent aussi le camp, là ça sent le sapin(c’est le cas de la dire…).

  • En France, parce que je venais du Canada tout le monde s’imaginait que j’étais par définition parfaitement bilingue.

  • Article imagé par une photo de la tour Eiffel, que la clameur populaire a fait architecte de l’édifice symbole.

    Eiffel était entrepreneur, l’architecte est Stephen Sauvestre, qui a aussi conçu aussi d’originales maisons.

    Cette réputation, ce glissement, ce déclassement d’entrepreneur à artiste dit long sur l’état d’esprit français.

  • Qu’a-t-il bien pu se passer ? La première guerre mondiale, jeunesse française décimée, pays ruiné et pillé… Deuxième round de l’agression allemande et ko 30 ans plus tard, achèvement du pillage…

    • Le communisme interdit en Allemagne pendant 45 ans , non seulement autorisé en France mais qui plus est favorisé par des gouvernements successifs ayant peur

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