Baissons d’un ton : les débats anglais et allemands sur l’immigration européenne

Inquiétude parmi les politiciens et les médias britanniques qui craignent que l’immigration profite de leur système de protection sociale.

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Baissons d’un ton : les débats anglais et allemands sur l’immigration européenne

Publié le 30 avril 2013
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Inquiétude parmi les politiciens et les médias britanniques qui craignent que l’immigration profite de leur système de protection sociale.

Un article d’Open Europe.

Toute personne lisant un journal anglais aura remarqué une certaine inquiétude au sujet de l’immigration européenne sur les Îles britanniques, avec le débat déclenché par la fin des soi-disant « contrôles transitoires » des travailleurs roumains et bulgares (les pays ont adhéré en 2007).

Comme nous l’avons fait valoir à plusieurs reprises, la libre circulation au sein de l’UE a été globalement bénéfique à la fois pour l’Europe et le Royaume Uni, mais la question doit être traitée avec beaucoup de précautions étant donnés sa nature extrêmement sensible et l’impact pratique qu’elle peut avoir sur les services publics et certains secteurs du marché du travail.

Mais il y a également une perception erronée au Royaume Uni que toute l’Europe veut émigrer en Grande-Bretagne pour y profiter de son système de protection sociale de qualité supérieure. C’est loin d’être la vérité et de plus le Royaume Uni est loin d’être le seul pays à avoir cette préoccupation à propos de l’immigration européenne. Cependant, c’est le pays dans lequel le débat est le plus excité. Philip Collins se penche sur le sujet dans le Times du 08 mars 2013.

S’exprimant au parlement le mois précédent, le secrétaire d’État au travail et aux retraites Ian Duncan Smith a dit qu’il y avait une « crise » de la réglementation au sujet de l’accès aux services et à l’aide sociale des immigrants de l’Union européenne, particulièrement à la lumière de l’expiration des contrôles transitoires des migrants venant de Bulgarie et Roumanie à la fin de l’année. La question mérite qu’on s’y intéresse, et il y a plusieurs choses que le Royaume Uni doit faire (voir ceci). La commission doit aussi se ressaisir et définir son propre projet contre le test du « droit de résider » du Royaume Uni – le test est un filtre politique extrêmement important pour se protéger contre l’abus d’aides sociales. Mais de là à voir une « crise » ?

Cependant, Duncan Smith a fait remarquer à juste titre que les autres États membres de l’UE partageaient certaines des inquiétudes du Royaume Uni, particulièrement que « l’Allemagne a enfin compris qu’elle pourrait faire face à une grosse immigration nette ».

Alors à quoi ressemble ce débat en Allemagne ? Eh bien il y a une réelle préoccupation. Une récente prise de position de l’Association allemande des villes a beaucoup fait parler d’elle car elle se focalisait spécifiquement sur la soi-disant « immigration pauvre » de Bulgarie et de Roumanie, et en particulier sur les Roms. Le rapport avertissait que ces immigrants arrivaient dans des villes déjà touchées par un chômage assez élevé et dont les finances publiques étaient à bout, et que malgré les contrôles transitoires en place, l’immigration en provenance de Bulgarie et Roumanie avait été multipliée par six depuis 2006.

En termes de réponse des autorités publiques, le ministre de l’intérieur allemand Hans-Peter Friedrich (CSU) à récemment prévenu : « Un abus de la libre circulation pourrait être explosif pour la solidarité européenne. Si les Allemands sentent qu’on abuse de leur solidarité et de leur ouverture et que notre système de protection sociale est pillé, alors la colère sera légitime. Le message pour la Commission européenne est clair : Bruxelles doit prendre plus sérieusement en compte la situation de la population locale dans son processus de décision. »

La ministre de la justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (FDP) a aussi fait valoir que « beaucoup de Roms fuient leurs foyers à cause de la discrimination et de la pauvreté qui en découle… L’immigration liée à la pauvreté doit être traitée à la racine. » L’Allemagne a aussi menacé d’opposer un véto à l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen, dont le Royaume Uni ne fait pas partie.

Clairement, l’Allemagne pourrait se révéler un allié du Royaume Uni pour instituer des règles plus claires et transparentes en ce qui concerne l’immigration au sein de l’UE et l’accès à la protection sociale. Des règles qui sont nécessaires pour restaurer la confiance du peuple en la libre circulation, comme nous l’avons fait valoir dans notre rapport sur le sujet.

Quoi qu’il en soit, globalement, le débat en Allemagne a été beaucoup plus mesuré qu’au Royaume Uni, avec sensiblement moins d’histoires alarmistes sur le sujet de la part de la presse et des politiques. Par exemple, le Bild, souvent sensationnaliste, a publié un article relativement équilibré sur l’immigration rom en début de semaine, affirmant qu’« il n’y a pas eu d’immigration de masse » et que les immigrants ont tendance à chercher un emploi, et non des avantages.

Et c’est cela que les Politiciens et médias Britanniques doivent garder en mémoire : les preuves suggèrent toutes que les immigrés viennent en Grande Bretagne pour travailler, pas pour profiter du système.


Sur le web. Traduction : Laurett/Contrepoints.

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  • Si les journalistes s’informaient avant d’écrire, la discussion se tuerait dans l’oeuf.

    Que dit l’UE ?
    – liberté de circulation.
    – liberté d’installation « à condition que le nouvel arrivant justifie de moyens d’existence suffisants ».
    – pour la Sécu, c’est le pays de provenance qui reste seul débiteur (auf éventuellement après des années de travail régulier dans le pays de destination.)

    Donc, tout ceci est du foutage de g… anti-européen et de la désinformation.

    Il y a quelques mois, une jeune française recevait son avis d’expulsion de Belgique « parce qu’elle ne justifiait pas de moyens d’existence ».

    La même procédure peut bien entendu être appliquée aux Roms.

    Autre cas : une proche, résidant de longue date en Angleterre, est venue se faire soigner durant trois ans en Belgique : elle est toujours restée obligatoirement sous le régime de la Sécu anglaise (pas très généreux).

    Arrêtons ces sottises.

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