La dette est trop souvent traitée comme une équation comptable

Une stratégie claire s’impose : une diminution franche de la surcharge pondérale de l’État ne peut s’envisager sans son recentrage sur ses missions essentielles.

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La dette est trop souvent traitée comme une équation comptable

Publié le 1 mars 2013
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Une stratégie claire s’impose : une diminution franche de la surcharge pondérale de l’État ne peut s’envisager sans son recentrage sur ses missions essentielles.

Par Aurélien Véron.

La dette est souvent traitée comme une équation comptable. Il suffirait de monter un peu les impôts et de couper un peu les dépenses pour retrouver l’équilibre. Ce discours ne fait plus illusion après quasiment quarante années de déficits ininterrompus. Le surendettement de l’État français mine la confiance des Français en leur pays et en l’avenir. Elle fait progressivement perdre au pouvoir politique la maitrise des finances publiques. Cet environnement délétère décourage l’investissement et nourrit les populismes les plus exécrables, à droite comme à gauche. L’état d’urgence approche.

Tout d’abord, le bricolage n’est plus de mise. Le déficit de l’État (hors administrations publiques locales et de sécurité sociale) a atteint 87,2 milliards en 2012. Si cela ne représente « que » 4,5% du PIB, c’est surtout presque un quart de son budget général que l’État dépense en trop chaque année. Personne n’ose reprendre ce constat, bien plus explicite. L’équilibre ne reposera donc pas sur quelques milliards mais sur près de cent milliards d’euros d’économies. Et le pays a intérêt à affronter cette réalité avant que nos créanciers, à deux tiers étrangers, ne le fassent pour nous.

La maîtrise de la dette ne peut venir des hausses d’impôts. Le niveau et la structure de notre fiscalité nourrissent déjà partiellement les déficits publics par leur impact dissuasif. Les prélèvements obligatoires (ISF, prélèvements fiscaux et sociaux sur l’épargne risquée, impôt sur le revenu très progressif, etc.) sanctionnent trop lourdement le succès par des taux confiscatoires. Ils empêchent l’accumulation de capital nécessaire au développement de nos entreprises. Augmenter la pression fiscale ne ferait que gripper davantage les rouages de la croissance. Car c’est bien la croissance qui sera le principal moteur du remboursement de la dette. Une révolution fiscale capable de libérer la croissance repose sur des taux faibles pour ne pas dissuader, une base large pour être rentable, et la simplicité par souci de justice. Une stratégie de croissance va évidemment bien au-delà : flexibilité de l’emploi, fin des professions protégées et des monopoles, simplification réglementaire, etc.

La deuxième jambe d’une stratégie de lutte contre la dette, c’est la diminution de la dépense publique. Jusqu’ici, les gouvernements ont improvisé des petites coupes progressives, inutilement anxiogènes (tout en laissant filer à côté les dépenses territoriales et de protection sociale). Rappelons-nous Frédéric Bastiat évoquant le brave paysan bourguignon qui doit couper la queue de son chien : « Mon pauvre chien, pour t’éviter une trop grande douleur je te couperai seulement un petit bout chaque jour ! » Imaginez l’état des Français après quinze ans de discours sur les coupes. Petites coupes, petites réformettes, absence de perspectives de long terme. Ils ont élu en 2007 un Sarkozy énergique, même si la stratégie était un peu floue. L’espoir collectif de changement a laissé place à un sentiment de trahison lorsque sa politique s’est révélée incohérente, opportuniste… et accélérant dans la même direction que ses prédécesseurs. Les Français ne sont pas schizophrènes mais rationnels. Qui leur en voudrait de tourner le dos à des promesses de changement après tant d’années d’agitation brouillonne et inefficace ?

La réduction drastique des dépenses doit commencer par nos élus censés donner l’exemple. Le passage à 300 députés alignerait la France sur la moyenne européenne d’habitants par élu. Une autre mesure emblématique devrait être la suppression du Conseil Économique, Social et Environnemental au budget annuel de 40 millions. La fusion de la PPE, de l’Allocation de Solidarité Spécifique, du RSA et des aides au logement permettrait d’économiser rapidement 10% de ce budget considérable, sans parler des gains issus de la disparition des trappes à pauvreté. La fusion de la CSG/CRDS et de l’impôt sur le revenu pour aboutir à un impôt à deux tranches engendrerait une économie de 30.000 postes à Bercy. Pour deux enseignants, il y a un fonctionnaire qui vit de la gigantesque bureaucratie à l’Éducation Nationale. 90% de ces 400.000 personnes n’apportent pas de valeur ajoutée à l’enseignement de nos enfants. On imagine les économies réalisables…

Plus que jamais, une stratégie claire s’impose. Une diminution franche de la surcharge pondérale de l’État ne peut s’envisager sans son recentrage sur ses missions régaliennes. Même avec la prédation fiscale actuelle, il n’a plus les moyens de se disperser et de multiplier ses interventions dans tous les domaines. Le grand débat que les Français vont devoir affronter, par voie démocratique ou dans l’urgence sous la pression des créanciers, est le suivant : quelles sont les missions essentielles que nous devons attendre de l’État ? Comment lui permettre de faire mieux avec moins ? Une refondation de notre organisation sociale nous attend. Espérons qu’elle ne sera non plus fondée sur un État omnipotent, mais sur la liberté, ferment du lien social, de la confiance et du bonheur. De quoi fonder une vraie stratégie choc de croissance pour les vingt prochaines années.


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  • La dette est un iceberg, ce qu’elle a de plus destructeur est immergé: combien de milliers d’ETI et de PME porteuses n’ont pas vu le jour parce que l’état a gardé l’économie collectivisée via son intervention directe, ou via le noyautage du CAC 40 permettant de contrôler l’économie grâce à de « fausses » sociétés privées: Veolia, Orange, Vinci, Renault, St Gobain….La dette française c’est la fille du planisme qui prend l’état pour une baguette magique capable d’ordonnancer le monde des hommes comme celui d’une production industrielle, et de la victoire culturelle des profs et élus communistes qui ont depuis 45 façonnés les esprits à haïr le privé et idolâtrer le publique.

  • Aurélien Véron veut diminuer le poids d’état et des collectivités dans l’économie française , sans aller quand même jusqu’à demander la mise en place d’un état régalien ou la suppression du statut des fonctionnaires , comme en Suisse ( traumen Sie nicht !!!) mais est membre de l’UDI , apparentée à l’UMP , deux partis qui sous Chirac et Sarkozy ont encore renforcé le poids de l’état français et de l’assistanat …Tempête sous les crânes des  » libéraux  » socialistes !!!

    • Rassurez vous, un jour (peut-être) Véron, sera un vrai libéral et non du  » Canada Dry  » ! Certes, il a encore un sacré chemin à parcourir ! Il devra s’apercevoir en plus, que pour être un vrai leader libéral, au sein de cette France d’ éternels assistés, il faut avant tout un caractère en acier trempé, là, cela va être très, très dur ! mais tous les espoirs sont permis ! Au fait, est ce que le père Noël existe ?

  • Et le pays a intérêt à affronter cette réalité avant que nos créanciers, à deux tiers étrangers, ne le fassent pour nous.
    Moi je trouve cette option très bien, au moins la tête bien enfoncée dans la merde avec un fusil dans le dos la France a enfin la chance de changer….et comme H16 ne veut pas être Président, je veux bien voter pour vous….

    • Et qu’est ce qu’ils vont faire les créanciers étrangers, envoyer des chars?Les créanciers étrangers de la Grèce se sont écrasés et ont pris leur perte. Ils feront la même chose pour la France. Quand on voit à quel taux la France peut emprunter, les créanciers étrangers ne semblent pas trop inquiets.
      Le seul moyen que l’état perde du poids est que les entrepreneurs fassent la grève des prélèvements Urssaf et TVA.

      • « Quand on voit à quel taux la France peut emprunter, les créanciers étrangers ne semblent pas trop inquiets. » Il ne faut pas se faire d’illusions. C’est le calme trompeur avant la tempête. Le retournement de position des créanciers sera aussi rapide que soudain. Une seule adjudication ratée par l’AFT suffira à faire tomber le château de cartes des finances publiques déficitaires.

        Quand il faudra économiser 100 milliards en urgence, il sera intéressant d’observer qui, des « amis » du pouvoir socialiste, sera sacrifié en premier au nom de l’intérêt général.

  • Il ya des millions de fonctionnaires en France, tout le monde en connaît un ou plusieurs, en a ou en a eu dans sa famille. S’ attaquer à la fonction publique et dégraisser le mammouth, c’ est devenu en France physiquement impossible, une taille critique a été dépassée maintenant. Et la France reste encore un des pays les plus riches du monde, une base taxable qui permettra de maintenir le système en état pendant encore des décennies… Rèver d’ autre chose aujourd’ hui, et bien justement ça n’ est que çà, juste du rêve.Les socialistes attendent l’ arrivée du socialisme réel depuis 150 ans maintenant, et dans 100 ans les libéraux attendront encore l’ avènement du libéralisme réel. La Liberté et la responsabilité, c’ est tout simplement trop dur pour la majorité d’ entre nous, et ça n’ aura pas changé dans un siècle…

  • Questions à l’auteur :
    Comment, à mon petit niveau, peser, même d’un petit pois (poids) pour que rapidement notre société accepte de basculer dans le raisonnable ?

    • 1/ Cesser absolument de voter : lorsque les deux tiers du corps électoral ne voteront plus à chaque élection, rejetant sans ambiguïté l’actuel panel politique entièrement socialiste, les professionnels de la politique qui voudront survivre seront bien obligés de proposer une offre politique non socialiste.
      2/ Boycotter les productions françaises autant que possible, surtout celles des entreprises qui font vivre la CGT et autres syndicats marxistes, à commencer par les automobiles françaises.
      3/ Epargner hors de France, domicilier ses comptes dans des banques étrangères, ne plus souscrire aucune assurance-vie ni livret réglementé qui alimentent directement le léviathan.
      4/ Cesser toute forme de don aux associations subventionnées complices du pouvoir.
      5/ Payer en liquide. Si vous ne savez pas pourquoi, d’autres le sauront pour vous.
      6/ Consommer hors de France dès que possible.
      7/ Localiser son activité professionnelle hors de portée de la répression fiscale socialiste. Pour les plus jeunes : fuyiez tant qu’il est temps. Le monde s’offre à vous, loin de la France socialiste sclérosée. Vous pourrez toujours revenir, riches de vos expériences, une fois les socialistes disparus.
      8/ Pour ceux qui ne peuvent pas sortir de France, réduire son activité professionnelle au strict minimum de survie mais, dans le même temps, réclamer le plus possible d’aides sociales et de subventions afin d’épuiser rapidement le système social obligatoire.
      9/ Pour les fonctionnaires qui refusent de collaborer, qui veulent eux aussi agir dans l’intérêt général de la nation, travaillez le moins possible, faites semblant de collaborer mais offrez la plus grande résistance, la plus grande apathie, face à votre hiérarchie. Fonctionnaires, prenez des congés maladie comme jamais auparavant : d’ailleurs, ça tombe bien, il n’y a plus de carence ! Profitez-en !

      N’ayez pas peur des annonces ! Chaque trimestre de PIB en récession, chaque hausse du chômage, chaque augmentation de la dette et du déficit nous rapprochent un peu plus de la libération. Il convient de tarir les sources de financement de l’Etat socialiste obèse, désagréger l’équilibre financier des traitres socialistes au pouvoir, qu’ils soient de droite ou de gauche, saper le peu qui reste de leur légitimité politique. Quand ils seront à court d’argent des autres, quand leur caractère mafieux apparaîtra clairement aux yeux de toute la population, vous pourrez observer que ces minables parasites antipatriotiques se dévoreront entre eux. Ce sera le signal de leur fin et le premier jour du renouveau d’une France enfin libérée de la dictature social-démocrate.

      • Vous avez oublié un point très important si ça n’est le plus important :

        Ne scolarisez pas vos enfants en France à l’Ed Nat . Sinon vous en ferez à coup sûr de parfait petits moutons socialistes..

  • Bravo à Aurélien Véron pour cet article. Rétablir l’équilibre financier de la France par une baisse importante des dépenses est un premier pas. Relancer l’économie par une baisse des impôts est le pas suivant et nécessite encore de nouvelles économies. Tous les postes budgétaires doivent être attaqué sans tabou, y compris la charge de la dette. Un rééchelonnement est inévitable et je suis heureux de voir le PLD mettre le sujet sur la table. Je soutiens totalement la position de Gaspard Koening, vice-président du PLD : « Nous n’allons pas passer notre vie à éponger vos pertes. Nous n’allons pas subir vingt ans d’austérité pour ramener l’endettement à des niveaux soutenables. Nous allons remettre les comptes à zéro. » http://www.valeursactuelles.com/soci%C3%A9t%C3%A9/lettre-aux-p%C3%A8res-prodigues20130117.html

    • Nous allons spolier le secteur privé pour libérer l’État.

      Smart.

      Les étatistes sont tous pour cette solution de rêve.

      Mélenchon jubile.

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