Pourquoi un tel manque de dialogue social en France ?

Le dialogue social en France est notoirement insuffisant. Pourquoi ? Les pistes avancées par le rapport Gallois peuvent-elles aider ?

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Dialogue social à la française

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Pourquoi un tel manque de dialogue social en France ?

Publié le 22 novembre 2012
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Le dialogue social en France est notoirement insuffisant. Pourquoi ? Les pistes avancées par le rapport Gallois peuvent-elles aider ?

Par Marc-André Chargueraud.

Dialogue social à la française

Le forum de Davos classe la France au 137ème rang parmi 144 pays examinés pour la « qualité de la coopération dans les relations du travail ». Le rapport Gallois va dans le même sens. Il souligne les insuffisances du dialogue social et propose « un nouveau pacte social, véritable socle du pacte productif. » Prenant l’Allemagne comme modèle, le gouvernement décide de la nomination de représentants du personnel dans le conseil d’administration des sociétés de plus de 5 000 personnes. Un pas dans la bonne direction, mais il n’aura pas l’impact très positif qu’il a sur la marche des entreprises en Allemagne[1].

En Allemagne, la participation du personnel aux conseils d’administration (ou au conseil de surveillance selon le statut juridique de l’entreprise) existe depuis plus de cinquante ans. Patronat et syndicats ont l’habitude de travailler ensemble pour trouver une solution commune aux problèmes que rencontre une entreprise. Cette coopération peut aller très loin. Pendant la crise récente, des partenaires sociaux ont été jusqu’à accepter de réduire temporairement  les heures de travail et proportionnellement les salaires, alors que les actionnaires renonçaient à tout dividende. Il fallait éviter des renvois, préparer la reprise, et dans certains cas sauver l’entreprise.

En France les relations sociales sont trop souvent tendues (Les relations sont différentes dans les petites entreprises où patrons et employés travaillent ensemble). La méfiance règne entre les parties. La fameuse « lutte des classes » marxiste d’avant-guerre a laissé des traces profondes qui affectent le dialogue, chacun campant sur ses positions. Les représentants des actionnaires craignent le manque de réserve de ceux du personnel. Les concurrents seront informés et les revendications sociales seront mieux argumentées. De leur côté, les représentants syndicaux veulent éviter d’être jugés responsables de la marche de l’entreprise et perdre ainsi la confiance de leurs mandants.

En Allemagne plus de 20% des travailleurs sont syndiqués. Leurs représentants gagnent en crédibilité. En France ce pourcentage ne dépasse pas les 5%. Les syndicats français représentent trop leur propre organisation, ce qui affaiblit le dialogue social.

La participation du personnel au conseil d’administration est une bonne décision. Toutefois, elle ne portera ses fruits que lorsque les mentalités auront évolué et que les syndicats seront plus représentatifs. Ce changement ne peut être que progressif et prendra des années.

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Notes :

  1. L’auteur a dirigé une société allemande pendant plusieurs années
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  • Sur cette question, lire entre autres le petit livre de Cahuc et Algan sur le modèle social français qui génère la défiance : (https://sites.google.com/site/pierrecahuc/OPUS09.pdf?attredirects=0)

  • Oh, il y a une solution pas du tout compliquée pour que les syndicats redeviennent « représentatifs » : financement exclusivement par les cotisations de leurs adhérents.

    http://www.contrepoints.org/2012/02/25/70653-rapport-perruchot-sur-largent-des-syndicats-revelations-etonnantes-propositions-insuffisantes

    On regrettera, à ce propos, que l’UMP défende bec et ongles le status quo et l’opacité actuels !

    http://www.contrepoints.org/2011/12/04/58874-les-deputes-ump-refusent-la-transparence-sur-le-financement-des-syndicats

  • « un nouveau pacte social, véritable socle du pacte productif »

    C’est beau comme un nom de ministère français !

    Ministre du socle du pacte productif. Hmm. J’y verrais bien Montebourg s’y recycler.

  • Bah, y’a qu’une seule solution à l’équilibre du dialogue social : la solution libérale qui, soulageant l’entreprise d’une pression fiscale démesurée, verra à n’en pas douter un entrepreneuriat fleurir comme des fleurs au printemps, une offre d’emploi enfin digne de ce nom, un chômage réduit donc à sa portion congrue et par conséquence naturelle un équilibre offre/demande nécessaire et suffisant à un dialogue retrouvé.

    Tout le reste, c’est du bla-bla.

  • Comment dialoguer avec des syndicats qui raisonnent encore en fonction d’exploiteurs-exploités.? Cela marche en Allemagne parce que les deux parties essayent de trouver des accords gagnants-gagnants alors que nous en sommes encore au niveau du rapport de force.

    Il faudrait l’émergence d’un nouveau syndicalisme, avec une refonte totale, voire l’abolition des normes de représentativité totalement obsolètes.

    Et cela vaut aussi pour le MEDEF, qui est loin de représenter toutes les entreprises.
    Le mieux est de régler les problèmes au cas par cas, loin de toutes les grandes messes médiatiques où chacun joue un rôle convenu.

    • Le nain, le coté sans espoire d’un dialogue entre eux, vient du fait qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre dans leurs ignorances du dialogue gagnant – gagnant.
      Ils sont si bons dans le compromis perdant – perdant !

      • Ha ! au fait !
        L’UMP nous donne le parfait exemple du compromis perdant – perdant !

          • Et si cette incapacité au dialogue constructif est culturel, nous avons un réel handicap de plus face à l’Europe du nord.

            Je pense qu’il en est de même dans le management dans les entreprises française qui est particulièrement inefficace.

      • Un salarié ne possède pas sa boite, il n’a rien à dire sur sa gestion. Le droit de grève n’est pas libéral : un gréviste ne peut pas être viré, il ne peut pas être remplacé, le patron est pris en otage.
        Tant que celui qui prend tous les risques doit en plus faire attention à l’hyperprotection obligatoire du code du travail, il y a de quoi être un peu tendu, non ?

  • « La participation du personnel au conseil d’administration est une bonne décision. »

    Le personnel n’est-il pas déjà représenté au conseil d’administration ? Où est la nouveauté ?

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