CSA, HADOPI et LOL en barre

Coup sur coup, les deux institutions se proposent de repousser toujours plus loin les limites de l’absurde.

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CSA, HADOPI et LOL en barre

Publié le 8 juin 2012
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« Toujours Un Train De Retard », telle pourrait être la devise des administrations françaises, notamment lorsqu’il s’agit de nouvelles technologies. D’ailleurs, elles sont si nouvelles que les comités, conseils et autre hototorités chargées de les réguler arrivent systématiquement après tout le monde. Évidemment, ça coûte des millions au contribuable, mais au moins, on a le droit d’en rire.

Et dans la catégorie Vieux Machin Qui Court Après L’Avenir, on trouve, essoufflé, les bras ballants, la langue sortie et les joues rouges, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qui aurait pu s’appeler Conseil Supérieur de l’ORTF sans prendre une ride de plus.

Le vénérable organe, déjà passablement calcifié, a décidé de donner une excellente raison aux élites qui nous gouvernent de lui augmenter sensiblement son budget en s’occupant des cas Youtube et Dailymotion. De quoi s’agit-il ? Comme d’habitude en Socialie, c’est d’abord et avant tout une histoire de gros sous, d’argent, de pépètes, de flouze. En effet, pour Michel Boyon, le président du Comité croupion, tout se résume à cette question palpitante et pas du tout biaisée :

« Quelle est la différence entre une plateforme de vidéos à la demande classique, et des sites comme Dailymotion ou YouTube ? »

Demaerd Bisounoursland Security - Division Gros CalinsPour notre agent de la force publique qui vient de renifler un bon gros steak, les deux plateformes s’apparentent furieusement à des éditeurs de contenu vidéo et doivent donc, en toute logique étatique, verser leur obole au grand panier percé de la Création Audiovisuelle, celle-là même qui nous abreuve des émouvantes et indispensables séries comme Louis La Brocante, Plus Belle La Vie, Joséphine Ange Gardien ou, mieux encore, tout l’épais catalogue d’émissions télévisuelles essentielles de type télé-réalité à commencer par les journaux télévisés de 20H. Et je n’évoque même pas tout le reste, c’est inutile tant la Création Audiovisuelle foisonne dans ce beau pays.

Sacré Michel ! Il a trouvé là, comme on dit dans le jargon des capitalistes affameurs d’ouvriers, un « relai de croissance » pour son petit business de racket organisé. Comme il a déjà ratissé chez les éditeurs vidéos, les télévisions et tout le reste des médias traditionnels, il lui fallait trouver un moyen de pénétrer le marché immense et inviolé d’internet, qui représente non pas une poire pour la soif, mais tout un champ de poiriers avec main-d’œuvre livrée gratuite et rendements maximum toute l’année.

On se réjouit déjà à l’idée de la mise en application d’une si fabuleuse régulation ! Combien vont pouvoir générer les vidéos de Lolcats ? Quelle part la Création Audiovisuelle pourra-t-elle espérer des vidéos baveuses de Kevin qui se plante sur son skateboard ?

Mieux encore : comment le CSA va-t-il procéder pour imposer que Youtube et Dailymotion respectent les quotas de merdes insondablescréations françaises en vigueur sur les chaînes de télé ? Michel Boyon se rend-il compte des situations aussi comiques qu’ubuesques dans lesquelles il va propulser son institution avec le talent d’un pétomane en rollers ?

Ce pauvre énarque dépassé (oui, il est énarque, n’est-ce pas évident ?) nous propose en réalité une autre forme de censure, basée sur une vision coincée à mort entre 1951 et 1952 ou quelque chose comme ça, et qui semble avoir fondu avec le reste de l’appareil administratif et fait maintenant masse. Et cette censure serait alors mise en place uniquement pour justifier l’existence d’une institution dont le champ d’occupation (les médias traditionnels) perd tous les jours en influence.

N’importe quel humain avec à peu près 23 paires de chromosomes comprendra la crétinerie de la démarche et les lamentables raisons sous-jacentes… Ce qui exclut d’emblée les membres de la HADOPI, la Haute Autorité Destinée à Observer les Petits Internautes, qui, eux aussi, ont décidé de se lancer dans une nouvelle lubie inutile, coûteuse et déjà lolifiante.

Logo HADOPI : haute autorité destinée à observer les petits internautes

Notons tout de même que là où le CSA a fondu dans les engrenages de la machine à vapeur administrative et s’est retrouvé coincé dans les années 50, la HADOPI a encore sa capacité de mouvement qu’elle emploie consciencieusement à rebrousser chemin vers les années 70. On attend le moment émouvant où le tunnel creusé par cette dernière entrera en contact avec le tunnel inachevé par les fiers énarques du CSA, moment qui terminera par une petite photo comme lorsque l’Angleterre cessa d’être une île, quelque part sous la Manche, il y a bientôt 20 ans.

Et pour ce faire, la HADOPI a décidé de passer la démultipliée en matière de connerie astronomique. Sachant qu’ils avaient déjà branché le turbo et que les boosters d’appoint ne sont toujours pas largués, la vitesse de propulsion dans l’espace inter-sidérant devient considérable. Et c’est donc en envisageant d’appliquer la riposte graduée aux jeux vidéos qu’ils ont passé le mur du çon.

Petit bémol toute fois : ici, les fiers branleurs de la HADOPI n’ont pas eu cette idée géniale tous seuls. Ce sont bien les majors du jeu vidéo qui ont poussé à la roue, montrant que lorsqu’on donne la possibilité à des corporations de lobbyiser l’état à mort, eh bien elles en profitent. À mort.

Je dis à mort puisque c’est ce qui pend au nez de la HADOPI et de cette industrie, au moins sur le territoire français, si elle ne comprend pas très vite l’intérêt qu’elle peut avoir à ne pas cogner sauvagement sur son cœur de cible marketing.

D’autant que, et c’est le Bonus-LOL de ce billet, alors même que les velléités de la HADOPI et du syndicat des acteurs du jeu vidéo (Sell) ne sont pas encore parfaitement connues, on apprend en parallèle qu’un nouveau client P2P de type torrent va sortir. Tribler a cependant quelques cailloux dans les bottes de nos amis : il s’agit d’un équivalent BitTorrent, qui permet donc l’échange direct de fichiers depuis plusieurs machines entre elles sans passer par un serveur central. Mais en plus des clients actuels, ce dernier permet de se passer de serveur « catalogue » qui recense les sources des fichiers, et, surtout, de conserver l’anonymat des personnes qui s’échange les fichiers, de bout en bout.

Si l’on ajoute les possibilités de ce client à fournir des vidéos en streaming (flux temps réel), on comprend qu’on a ici un vrai gagnant, et que HADOPI et ses petits copains nous préparent un EPIC FAIL des familles.

Certes, tout ceci est avec votre argent, en pure perte, et agace pas mal en ces temps de crise.

Mais c’est vendredi, et c’est LOL.
—-
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