Un sondage montre qu’en fait les Français sont bien plus sensibles qu’on ne le croit à une république libertarienne, où l’aide sociale est supprimée ou au moins dépolitisée et où l’État est recentré sur ses missions régaliennes rationalisées.
Par le Parisien Libéral.
Un sondage de lundi matin montre qu’en fait les Français sont bien plus sensibles qu’on ne le croit à une république libertarienne, où l’aide sociale est supprimée ou au moins dépolitisée (revenu universel d’existence) et où l’État est recentré sur ses missions régaliennes, rationalisées. Ce sondage, que l’on peut retrouver dans la Gazette des Communes, dit qu’en cas de restrictions budgétaires, 37% des Français considèrent qu’il faudrait réduire les dépenses publiques d’abord dans le secteur de la défense et de l’armée, puis dans ceux des aides aux chômeurs (21%), de la culture (18%) et de la prime pour l’emploi (14%) — sondage Ifop pour le Mouvement de la Paix publié lundi 26 mars 2012.
Ça tombe bien. On a eu un ministre qui a mis en Å“uvre une telle politique. Il s’agit d’Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, ministre de la Défense pendant 3 ans.
On disait qu’il serait irresponsable de baisser le budget de la Défense (lire l’interview de Michelle Alliot-Marie dans le Figaro). Mais malgré une baisse de 2,6% du budget en 2010 (lire Opex360.com), la France a su partir en guerre aux quatre coins de la planète (Tchad, Liban, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye).
Aux États-Unis, un candidat comme Ron Paul déroule cette logique jusqu’au bout, en proposant d’en finir avec les interventions armées à l’étranger, et il a raison, mais force est de constater qu’on peut faire plus avec moins.
Je ne suis pas certain que ce sondage indique que les français sont plus sensibles qu’on ne le croit à une politique libertarienne. La réduction du budget de le culture n’arrive qu’en troisième position, quand par ailleurs les budgets de l’environnement et de l’écologie doivent être préservés. Les français ne veulent pas d’économies sur les retraites, ce qui est un des plus importants budgets du pays. Cela signifie qu’ils veulent conserver un système généreux financé par l’Etat, et qu’ils sont contre la solution libertarienne de prise en charge par soi-même. La question des retraites est significatives, car la réponse des français montrent qu’ils refusent même un ajustement qui tienne compte des conditions démographiques, dont dépend un système par répartition. Par contre, ils veulent diminuer l’aide aux chômeurs : la France vieillit, et ne devient pas libérale.
Enfin, en matière de Défense, l’article de la Gazette des communes indique que les Français veulent se reposer en la matière sur… l’ONU! En finançant même une force d’intervention onusienne! Pas très libertarien. Ni économique: l’ONU n’est pas réputée pour sa gestion.
Lu sur lagazettedescommunes.com : sondage réalisé « en partenariat avec Témoignage chrétien, L’Humanité et Planète Paix » ; « 81% des Français sont favorables à ce que la France s’engage dans un processus de convention internationale d’élimination totale et contrôlée des armes atomiques, déposée auprès des Nations unies »
Une telle proposition correspond à un questionnaire qui enferme les répondants dans la logique implicite des questions, ce qui réduit singulièrement l’intelligence des réponses.
Ceci dit, il n’y a pas besoin d’être un grand spécialiste pour comprendre que la fin des armes nucléaires conduira à une augmentation sans précédent des dépenses militaires conventionnelles, sans parler de la robotisation à venir des armées qui nécessitera un effort financier supplémentaire.
La réduction des dépenses militaires en France n’ a jamais été qu’une lâcheté politique, en aucun cas un choix libéral. Il est toujours plus facile de s’attaquer à la Grande Muette qu’ à des fonctionnaires syndiqués. Précision technique: contrairement à l’optimisme affiché dans l ‘article les réductions passées font que notre unique porte-avion s’en est retourné épuisé,indisponible pour une année, comme nos stocks de munitions à recmpléter (très cher)(voir les articles de Jean-Dominique Merchet), comme les effectifs trop fortement sollicités, comme les matériels prématurément usés. Nous sommes incapables de faire quoique ce soit vis-à -vis de la Syrie, la seule Lybie n’ayant pu se gagner que grâce aux avions ravitailleurs américains. Le très vieil adage « si vis pacem, para bellum » explique pourquoi la France n’a plus connu de guerre sur son territoire depuis 67 ans, et non pas un heureux hasard libertarien. C’est la « main invisible » du parapluie nucléaire qui a dissuadé l’URSS , acculée à la ruine par la concurrence économico- militaire des EU, de se lancer dans une tentative désespérée, pas les libertariens du Middle West et leurs pétoires.