Vive polémique à propos de l’ouverture de l’usine Renault près de Tanger au Maroc. Les réactions des décideurs français traduisent malheureusement leur incompréhension de la dynamique de la mondialisation.
Par Emmanuel Martin, publié en collaboration avec UnMondeLibre.
L’ouverture de l’usine Renault près de Tanger au Maroc permettra d’employer 6.000 personnes et pourra créer jusqu’à 30.000 emplois induits au niveau local. 85% des 150.000 à 170.000 automobiles « low cost » qui y seront produites seront destinées à l’exportation. Une bonne nouvelle au Maroc et pourtant… Ce projet a suscité une vive polémique en France. Les délocalisations restent un sujet à dimension ô combien démagogique, si ce n’est populiste en France, en particulier dans un contexte de chômage à 9,9 % et à quelques encablures des élections présidentielles. Les réactions des décideurs français traduisent malheureusement leur incompréhension de la dynamique de la mondialisation.
De Christian Estrosi à Dominique de Villepin en passant par Louis Alliot, la droite française s’est distinguée par son protectionnisme viscéral. Pour le premier, ancien ministre de l’industrie, l’entreprise automobile joue « contre la politique du gouvernement et contre l’industrie française » en pratiquant du « dumping social ». Le deuxième, candidat à la présidentielle et ancien premier ministre, condamne la « course au low cost », une « erreur stratégique » selon lui. De manière peu étonnante le numéro deux du Front national voit dans ce projet marocain « un véritable scandale » et propose que l’on taxe ces voitures produites au Maroc quand elles arriveront en France.
Ces hommes politiques n’ont visiblement pas saisi le concept de spécialisation de gamme. Renault entend s’attaquer plus sérieusement au créneau de la voiture low cost, sur lequel d’ailleurs les chinois sont en pointe. Réponse cinglante du patron de Renault, Carlos Ghosn : « La question du low cost, c’est de faire au Maroc ou de ne pas faire du tout ». Au vu du coût du travail en France, il n’est pas possible d’y produire du low cost (et même ce low cost serait encore trop cher pour certains marchés comme l’Inde : Renault pense à des plateformes ultra-low-cost pour produire des véhicules à 3000€). Certains dénoncent alors les « salaires d’esclavage » marocains de 250€, en oubliant les différences de niveau de développement économique entre le Maroc et la France : 250€ au Maroc n’est pas un salaire d’esclavage, et de nombreux travailleurs seront heureux de pouvoir être embauchés.
Autre incompréhension : autour de l’internationalisation des chaînes de valeur. La production s’internationalise en fonction des avantages comparatifs que chaque localisation peut permettre d’obtenir (compétences, coût du travail, accès aux ressources, financement, accès aux marchés etc.). Dans ce contexte quand « la France » cherche à renchérir le coût des importations qui vont en réalité servir à produire de la valeur « française », « elle » se tire une balle dans le pied (une idée à retenir pour ceux qui prônent une TVA soi-disant « sociale » en France).
Il faut ensuite rappeler que cette entité macroéconomique quelque peu artificielle qu’on appelle « la France » va en réalité gagner dans ce projet marocain. Comme le rappelle Carlos Tavares, numéro deux de Renault, chaque voiture fabriquée à Tanger « rapportera 800 euros à la France parce qu’il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France et 400 euros d’ingénierie ». Mais poussons le raisonnement, car il y a d’autres personnages oubliés dans cette « personnification de la France » par nos hommes politiques : l’acheteur low cost français, qui sera heureux de pouvoir s’offrir un véhicule neuf garanti Renault à un tarif en accord avec ses moyens – à moins que le Front national ne le lui interdise ; tous les partenaires économiques de ce même acheteur low cost, qui, parce que ce dernier aura payé sa voiture moins cher, disposera d’un revenu disponible supplémentaire pour leur acheter davantage de biens et services.
Nos hommes politiques raisonnent dans un monde fermé, statique, dans lequel ce qui est gagné par l’un et forcément perdu par l’autre. Deux siècles et demi de développement économique sans précédent contredisent ce raisonnement. Car le monde économique n’est pas un gâteau à taille fixe, mais un gâteau qui grossit, c’est un processus dynamique. Si les marocains s’enrichissent grâce à ce projet qui va les embaucher, c’est une bonne nouvelle pour les français : les marocains pourront acheter davantage aux entreprises françaises.
En fait le problème réside certainement dans ce « nationalisme » macroéconomique qui nous vient tout droit du mercantilisme, et qui a été dénoncé depuis fort longtemps par certains économistes, comme Frédéric Bastiat… au 19ème siècle déjà  ! Pouvoir payer un bien moins cher est un bienfait. Faudrait-il taxer le soleil parce qu’il crée une concurrence déloyale aux centrales nucléaires françaises en fournissant de l’énergie gratuitement ?
Bien sûr il y a des ajustements nécessaires dans ce processus dynamique, du fait de la concurrence. Mais l’idée alors n’est pas de stopper cette dernière – elle permet de nous enrichir, mais au contraire de la faciliter, de sorte que les entreprises puissent créer de la nouvelle valeur, prendre des risques pour trouver des nouveaux services et innover. Or, en France, on empêche tout ceci. Produire dans l’hexagone est toujours plus coûteux, non pas en termes de coût du travail net, mais en termes de charges sociales, de fiscalité et de législation sociale très rigide (notamment un coût du licenciement exorbitant – et donc prohibitif pour l’embauche).
La législation française en matière de travail et de fiscalité reflète en réalité la vision totalement erronée de la dynamique économique qu’ont les dirigeants politiques du pays. Malheureusement la campagne présidentielle, avec son retour démagogique sur le « Made in France » avec un fond largement protectionniste, n’est pas près d’éclairer les Français sur les véritables solutions pour s’attaquer aux racines, politiques, de ce fléau du chômage. Le vrai scandale dans cette polémique est celui de l’incompétence économique des élites politiques françaises.
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Sur le web
l’article a sans doute raison sur plusieurs points.mais ne pas oublier les cadeaux de l’etat français a renault:pret avantageux en cas de crise,baisses de charges ciblées et chomage partiel financé par l’etat,et enfin le pire:fermeture de la concurrence sur pieces détachées en france qui fait que l’on surpaye nos réparations au profit de renault peugeot.si renault est pret a renoncer a tous ces avantages publiquement,alors l’usine de tangers se justifie
6% je ne vois pas ou se trouve le cadeau. Penser que l’on puisse assemblé des Dacia en France est une hérésie. Personnellement je préfère que se soit Renault qui tire les marrons du feu plutôt que VW.
delocaliser une entreprise,provoquer des licenciements,du chomage,une baisse du pouvoir d achat,produire un vehicule a bas cout pour le revendre aux chomeurs licencier de cette entreprise et digne d un tartuffe du marketying,du marchandesing..ne nous etonnons pas de la baisse de la vente des voitures en france.et ceci est valable pour tous les secteurs d activite…
Mon pauvre roger, t’es tellement c… que tu n’es même pas capable de lire un article et on ne parle même pas de le comprendre.
Répète après moi:
« La question du low cost, c’est de faire au Maroc ou de ne pas faire du tout »
« chaque voiture fabriquée à Tanger rapportera 800 euros à la France parce qu’il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France et 400 euros d’ingénierie »
Tu propose que la France fasse une croix sur 800 euro par voiture qui iront à l’Allemagne au nom d’une réflexion niveau télétubbies. (Ou média & politicien français ce qui revient au même)
llmryn:tu confonds tout.j’ai peur que le trouduc ça soit toi:qui t’a dit que les 800 euros c’est pour la france?c’est pour renault espèce d’ane!
Et donc Renault et ces 40’000 employés les mettent dans un trou et il ne ressortent jamais en impôt, dépenses pour la crémière, le boulanger.
Très crédible, imbécile.
« Chaque Renault fabriquée au Maroc rapportera 800 € à la France (400 € de pièces livrées et 400 €d’ingénierie) » – http://t.co/nFeD1fQU
Vive #Renault au #Maroc. http://t.co/hLFPjaov
#Ghosn #CarlosGhosn #Dacia #lowcost #delocalisation
« Le vrai scandale dans cette polémique est celui de l’incompétence économique des élites politiques françaises. » Et vlan ! Helas, c’est a pleurer tellement c’est bien dit…
#Renault à #Tanger : le vrai scandale, ce sont les réactions. http://t.co/E8zWiGuw via @Contrepoints
renault au maroc une simple operation financiere juteuse pour renault le reste n est que papotage … pour le francais moyen bientot scenario a la grecque
Le scénario à la grecque pour la classe moyenne française est engagé depuis que le socialisme domine la politique française, depuis 4 décennies. Mais il n’est jamais trop tard pour en sortir.
Et renault paie de jolis petit impôts qui iront dans ta petite popoche quand tu baveras sur ta chaise roulante à ressasser quel paradis la France aurait été sans toutes « ces entreprises maléfiques gorgées de fric ».
a voir!j’aimerais effectivement savoir qui paye plus d’impots a la france que total parmis les champions du cac40
Je ne suis pas très sur d’avoir compris votre syntaxe déplorable mais Total a payé 800 millions d’euro d’impôts et Renault c’est 1.2 milliards sans compter les dizaines de milliers d’employés, cadres et sous-traitants qui eux aussi payent des impôts.
Si vous préférez payer vous même ces employés et combler le manque de plusieurs centaines de milliards d’euros des entreprises du CAC40 avec vos impôts je n’y vois aucun problèmes. Mon pays est riche, quasi sans dettes et fait 3.3% de chômage, vos entreprises restantes sont les bienvenues aussi.
« Si vous préférez payer vous même ces employés et combler le manque de plusieurs centaines de milliards d’euros des entreprises du CAC40 avec vos impôts je n’y vois aucun problèmes »c’est deja le cas bougre d’ane!
Eh bien liste les subventions, les impôts, les chiffres d’affaire et le bénéfices qu’on rigole. Crétin.
Les politiciens français qui déplorent cette implantation de Renault au Maroc, c’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité…
Ce sont les responsables politiques qui, en implantant en France un régime de vie austère à l’industrie, (contraintes réglementaires, taxation, …) ont largement favorisé son déclin.
Et l’argument du « made in France » synonyme de qualité totale, de soutien à l’industrie française, … ne tient pas une seconde. Les consommateurs se moquent bien de savoir où a été produit leur auto (comme pour bien d’autres biens de consommation) ; ce qu’ils cherchent se sont des produits de qualité à un prix faible. Et c’est ce que cherche les entreprises, pour être compétitive à l’échelle mondiale. Nous conservons encore en France la majeur partie du travail de conception des autos et ses services centraux, mais pour encore combien de temps ?
Ces critiques des responsables politiques sont un exemple, parmi tant d’autres, de l’aveuglement de cette classe privilégiée aux impératif électoraux.
En train de lire « Renault à Tanger : le vrai scandale » http://t.co/sC9owEYL via @Contrepoints
Par contre personne s’indigne de la voiture électrique MIA (le chouchou de Ségolène Royal) fabriquée dans le Poitou par Heuliez à renfort de subventions de l’Etat et dont les clients potentiels seront surtout les collectivités locales et les flottes d’entreprise.
Qui achètera ce fleuron de la gabegie socialiste ? forcément les collectivités et les entreprises qui ne pourront pas refuser l’achat pour des raisons politiques et aussi ceux qui bénéficieront de la manne de subventions à l’achat de la MIA qui ont été mises en place.
La MIA est un vrai projet industriel d’avenir : subventions à la production et subventions à l’achat !
ha!ha!c’est bien de remettre les pendules a l’heure.quel gachis avec ces petits oligarques de province!
Si on veut que les salaires Marocains soient moins compétitifs face aux salaires français, il suffit de favoriser l’immigration massive de travailleurs Marocains en France et en Europe. La concurrence est déloyale entre salariés parce que l’ouvrier marocain n’a d’autre choix que d’accepter le salaire qu’on lui offre sur place et est empêché d’aller voir plus loin si on lui offrirait davantage pour son travail.
C’est un peu l’exemple inverse de ce qui s’est passé en Pologne lors de son entrée dans l’UE: le paradis des bas salaires escomptés par certaines entreprises et dénoncés par certains politiciens n’aura finalement été qu’un mirage. En effet puisqu’un ingénieur gagnait plus d’argent en allant faire la plonge dans un restau londonien qu’en exerçant son métier sur place, cela n’a pu que contribuer à faire monter les salaires polonais.
Hueb : « Si on veut que les salaires Marocains soient moins compétitifs face aux salaires français, il suffit de favoriser l’immigration massive de travailleurs Marocains en France et en Europe. »
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Bonne idée, mais comme dans toute bouillie gauchiste, il manque toujours un ingrédient essentiel. En l’occurrence, du travail pour les travailleurs immigrés.
Donc la bouillie, poubelle.
S’il n’y avait pas de travail pour les immigrés, il n’y aurait pas de sans-papiers en France. On va bientôt rénover les Stades pour l’Euro 2016, vous voulez prendre des paris sur la nationalité des ouvriers?
Comme souvent sur ce site, l’orientation conservatrice et la haine de « la gauche » l’emporte sur les convictions libérales.
« La concurrence est déloyale entre salariés parce que l’ouvrier marocain n’a d’autre choix que d’accepter le salaire qu’on lui offre sur place »
D’autre choix??? êtes-vous sur de ceci???
Le salaire proposé est de 250 € / mois. Soit le double du salaire mensuel moyen dans la région en question.
Je doute largement que le travailleur marocain va refuser cet emploi si bien payé par rapport à son niveau de vie actuel juste pour faire plaisir à des gaucho-réactionnaires et simili-fachos français !!!
S’il peut aller toucher un sous-smic en France -même pour un post moins qualifié- plutôt que 250€ au Maroc, il sera tenté de le faire, forçant Renault a augmenter son salaire pour le retenir, et diminuant de même l’intérêt financier d’une délocalisation. Cette dernière n’a d’ailleurs de sens que dans un monde ou le libéralisme est à géométrie variable: quand les marchandises peuvent circuler mais pas les êtres humains. C’était le sens de mon post (pour les mal-comprenants comme vous)…Pour votre culture le Maroc a pour particularité de pénaliser l’émigration illégale.
Quand « la France » cherche à renchérir le coût des importations qui vont en réalité servir à produire de la valeur « française », « elle » se tire une balle dans le pied
>> la TVA n’est facturée qu’à la vente au client final, donc pas à l’entreprise française qui produit la valeur.
« Produire dans l’hexagone est toujours plus coûteux, non pas en termes de coût du travail net, mais en termes de charges sociales, de fiscalité et de législation sociale très rigide (notamment un coût du licenciement exorbitant – et donc prohibitif pour l’embauche). »
NB ceci indique que ceux qui se plaignent du niveau du Smic pour déplorer le manque de latitude laissée aux entreprises pour licencier (qui les incitent à ne pas embaucher des personnes qu’elles auraient employé si elles avaient été assurées au départ de pouvoir les licencier sans trop de problèmes si nécessaire) font fausse route
En fait ce n’est pas temps le niveau absolu du SMIC qui est problématique en France que le faut qu’il soit homogène sur un territoire qui n’est absolument homogène économiquement parlant. Un exemple : http://www.unmondelibre.org/node/440
Politiquement incorrect, oui. Mais les bisounours n’existent pas.
Euh… pardon, en français : En fait ce n’est pas temps le niveau absolu du SMIC qui est problématique en France que le fait qu’il soit homogène sur un territoire qui n’est absolument pas homogène économiquement parlant. Un exemple : http://www.unmondelibre.org/node/440
Politiquement incorrect, oui. Mais les bisounours n’existent pas.