L’adhésion à l’euro a ruiné la Grèce et affaibli l’euro.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni
Il n’est pas question que la Grèce doive quitter l’euro: le pays ne peut espérer surmonter ses problèmes sans qu’il évalue le coût de son retour sur le marché. Mais le fera t-il?
“L’accord de sauvetage doit être signé sinon nous nous retrouverons hors des marchés, hors de l’euro”, a déclaré aujourd’hui un porte-parole du gouvernement, suscitant des spéculations sur le départ imminent de la Grèce de la zone euro. Portez un instant quelque attention à sa tournure de phrase. Comme presque tous les fonctionnaires grecs, il considère un retour à la drachme comme une menace monstrueuse, un épouvantail avec lequel il menace ses compatriotes récalcitrants, et non pas une opportunité pour développer la croissance à l’exportation.
La logique économique exige que la Grèce adopte une politique monétaire adaptée à ses besoins. Mais si c’était le cas, si la logique économique statuait des questions politiques, alors la Grèce n’aurait jamais abandonné en premier lieu la drachme. La décision d’adopter l’euro a d’abord été une décision politique, et les politiciens ne l’ont pas beaucoup modifiée. La Banque centrale grecque refuse d’encourager son retrait de la monnaie unique. Il en va de même du gouverneur nommé par l’EU du Premier ministre, Lucas Papademos. Mais ce qui est plutôt déconcertant, c’est que 77 pour cent des électeurs grecs pensent de même. Et bien sûr, du fond du cœur, c’est ce qu’en pensent aussi les élites de l’UE.
Discuter d’un retrait, c’est vraiment pratiquer une forme de bluff. Les politiciens grecs font allusion à cette possibilité afin d’obtenir de meilleures conditions de leurs bailleurs de fonds de l’UE, et les eurocrates leur répondent en disant «Allez y donc, pour voir si nous nous en soucions vraiment». En vérité, cependant, aucune des deux parties ne veulent une dévaluation – Athènes parce qu’elle voit l’euro comme la confirmation de ses orientations européennes, plutôt que levantine ; et Bruxelles parce qu’elle ne veut pas créer un précédent qui laisserait croire que l’adhésion à l’euro puisse être temporaire.
On peut démasquer le bluff, bien sûr, et il est possible d’envisager le scénario où la Grèce trébucherait dans une configuration que personne n’avait particulièrement prévu. Mais en pesant le pour et le contre, je ne pense pas que ce soit le cas. Dès le départ, dans mes chroniques, j’ai pris le parti pris impopulaire que la Grèce finirait par se révéler défaillante au sein de l’euro. Ce serait évidemment le pire résultat possible pour la Grèce. Ce serait également désastreux en termes de confiance sur les marchés dans la zone euro. Mais, comme je le répète, ces questions n’ont jamais été abordées sur le plan économique. Parce que si elles l’avaient été, nous ne serions pas dans ce pétrin.
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Sur le web.
Traduction : JATW pour Contrepoints.
Ce qui a ruiné la Grèce, ce sont les magouilles et les déficits budgétaires, pas l’euro.
La Grèce s’est endetté. Ca lui a permis de vivre un moment au dessus de ses moyens. Ses créanciers se reveillent et disent stop. Ne bénéficiant plus de l’appui de l’euro elle retourne à son état initial d’avant l’euro (sans meme regler la plupart de ses dettes). Elle n’est pas plus ruinée par l’euro qu’elle ne l’était avant d’y entrer. Elle a seulement profité le temps de l’euro de quelques années de vaches grasse qui aujourd’hui sont terminées.
Cette tragédie comique me fait penser à l’histoire des salariés de Sea France, à qui on propose de reprendre à leur propre compte et comme des grands la direction de l’entreprise (SCOP), ce dont ils ne veulent pas…
Le problème n’est pas l’euro.
Le problème est le déficit budgétaire.
A mon sens la Grece peut rester dans l’euro aux conditions suivantes :
– hair-cut énorme sur sa dette (de toute façon si la Grece quitte l’euro elle paiera en monnaie de singe ou fera défaut),
– retour à la cohérence budgétaire. Il n’est d’ailleurs pas tellement besoin d’imposer des règles : les créanciers auront compris la leçon
– les autres Etats et la BCE ne renflouent rien du tout afin que la leçon soit bien retenue par les créanciers et afin de ne pas couler les autres Etats déjà mal en point.
Il faudrait aussi que l’euro baisse vers 1,20 dollar minimum pour que la grèce retrouve de la compétitivité.
cf “Moi y en a vouloir des sous” de Jean Yanne, quand Benoît Lepape (d’abord, par vengeance, après s’être fait virer de son poste d’investisseur, et puis, surtout, pour s’amuser), après avoir agressivement commencé à racheter des entreprises, avec les fonds des syndicats (et bien sûr leur accord), afin de faire accéder les ouvriers à l’auto-gestion, expose le bilan provisoire ; et plus particulièrement, le moment choisi de la réponse des syndicats :
” – […] seulement, riches à milliards comme on est, il n’y a aucune raison pour qu’on n’offre pas un bel immeuble à nos militants.
– Euh, il’a pas tout à fait tort : le standing, c’t’important !
– Il nous faudrait un building avec des bureaux, des hôtesses, des services sociaux, [soupir orgasmique]… un centre d’accueil : un truc digne de nous ; et puis l’immobilier, c’est le meilleur des placements. La preuve : dans toutes les affaires immobilières, il y a des gens de la majorité.
– Et puis y’en a chez nous qui commencent à se demander si tu’vas pas te casser la gueule ; [menaçant et allusif] un de ces jours…
– Et puis le standing… ce que disait Colbart tout à l’heure est vrai : de nos jours, c’est très important.
– [ouvrant un dossier, photos à l’appui, pour illustrer, l’écume aux lèvres] Building du syndicat des transporteurs américains : 65 étages !
– Et celui-là : building du syndicat du bâtiment, à New York : 77 étages !
– Sans aller jusqu’au gratte-ciel, il ne serait peut-être pas mauvais qu’on ait… une petite tour…
– Bon, bah c’est pas la peine de tourner autour du pot : il nous faut un gros paquet d’oseil ; tout de suite.
– On a déjà pris une option sur le terrain…
– [Lepape] Ah bravo : et d’où voulez-vous que je le sorte, le gros paquet d’oseil ? Nous avons juste assez de disponible pour assurer le roulement des affaires ! Tout ce que nous avons, c’est placé, c’est en parts, en actions !
– On peut vendre !
– [Lepape] Alors, vous voulez laissez tomber ?
– Mais te fâche pas : grâce à toi, on a de l’argent, beaucoup d’argent. C’est formidable, c’est inespéré ; mais… on ne va pas passer le restant de notre vie à amasser du fric, sans que jamais les camarades en profitent…
– [Lepape] Vous aviez gambergé ça depuis le début, hein ?
– Euh, on a rien gambergé du tout : seulement, tes idées contre l’capitalisme et sur la défense du monde ouvrier sont un peu en avance : dans 20 ans, dans 30 ans, j’dis pas, mais… pour l’moment, faut pas aller trop vite ; ni trop fort. [NB : film de 1973]
– Nos gars’comprendraient pas.
– Si ils savent ce qu’on a fait, ils risquent de nous lâcher…
– [Lepape] Bien : vous aurez votre fric : et vous pourrez construire votre château de sable [soupir…]”
Avec, évidemment Yanne dans le rôle de Lepape, mais aussi, entre autres, pour les syndicats, Proslier, Prévost ou encore Blier… succulent.