Économie : une fin d’année décidément festive

Décidément, tout ceci ne sent pas bon.

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Économie : une fin d’année décidément festive

Publié le 13 décembre 2011
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Économie : une fin d’année décidément festive

Question économie, la semaine passée a été bien remplie et un petit point sur la situation s’impose, d’autant que les bonnes nouvelles s’empilent alors que la presse française oublie d’en parler (la coquine !) et qu’on devine une vraie décontraction dans les couloirs du gouvernement qui ne tarit pas d’assurance à l’égard d’un nouveau plan de rigueur qui n’aura pas lieu. Et quand tout va bien comme ça, je ne peux m’empêcher de sautiller de joie et d’en faire profiter mes lecteurs !

Pour commencer, on peut maintenant émettre quelques commentaires sur le dix-septième Sommet Européen De La Dernière Chance Pour Sauver l’Euro (le SEDLDCPSE) qui s’est achevé en fanfare avec tous pleins de décisions historiques qui ont fait bondir le CAC, le DAX, le Dow, le S&P et plein d’autres dans un petit mouvement de bassin sexy.

Quand je dis 17ème, ce n’est pas une figure de rhétorique (ce n’est pas le genre de la maison, enfin). Il y a bel et bien eu 17 sommets tous plus gesticulatoires et fumeux les uns que les autres cette année, comme le prouve ce joli petit graphique fourni par un Reuters décidément fort chafouin ces temps-ci :

ez-meetings 2011

Mais il ne faut pas perdre de vue que ce sommet était indispensable : les commandes de saumon et de caviar sont planifiées par le Conseil Européen des mois à l’avance, et les stocks devaient être finis (dates de péremption oblige) ; en plus, à la fin de l’année, c’est super dur d’avoir un bon traiteur. Voilà. Vous savez ainsi que votre argent est bien employé, et la mine rebondie de nos dirigeants doit donc vous rassurer.

Et puis accessoirement, nos guignols dirigeants se sont mis d’accord pour une meilleure discipline budgétaire. Dix-sept pays semblent d’accord, et une poignée d’autres se tâte aussi, pour bien faire attention à leurs finances, balancer leurs budget et arrêter de faire de la dette ; l’Angleterre fait un peu de résistance, décorum oblige. Voilà. C’est tout. Pour rappel, le précédent accord qui visait à une certaine discipline budgétaire (celui signé à Maastricht) est utilisé comme serpillière humide pour nettoyer les sols des toilettes du Conseil depuis l’avènement de l’Euro, en gros. On peut donc imaginer un sort similaire à ce nouveau rebondissement palpitant dans la vie économique européenne.

En revanche, ce qui se passe en catimini est plus intéressant puisqu’au final, la BCE va plus que probablement monétiser la dette. C’est d’autant plus vraisemblable que Mario Draghi, le plombier de Goldman Sachs en charge de l’institution, à l’évocation du passage en mélange plein-riche sur le petit moteur de l’imprimerie centrale, a formellement démenti en disant « Ma qué mais non mais non » (je cite de mémoire).

Les marchés ont assez peu apprécié la raideur de la déclaration ; on les comprend : c’est de leurs bonus qu’il s’agit ici, et si les billets gratuits fraîchement imprimés ne déboulent pas très vite, le sapin de Noël sera plus petit que celui de l’année dernière. Pour rassurer son monde, Mario a tout de même filé un coup de clef à molette et desserré le taux central de 1.25% à 1%, ce qui tend clairement à prouver qu’on est bien en phase de déflation et que les États ont un mal de chien à reflater tous ces prix.

À propos de reflater, ce sont les vendeurs de cahutes en carton qui vont avoir, eux aussi, un peu de mal à maintenir les prix aux niveaux stratosphériquement ridicules qu’ils avaient atteints ces dernières années. Petit à petit, les gens écarquillent les yeux, suivis par les journalistes qui commencent enfin à se rendre compte que, non, décidément, il n’y a pas pénurie de logements en France. On peut raisonnablement penser que la déflation, là encore, va se faire sentir dans les prochains mois.

Au passage, la tendance générale qui consiste à arrêter de consommer dans la zone, à trouver des refuges monétaires, bref, à fuir l’Euro se traduit directement dans la situation ubuesque de la Suisse dont l’endettement se réduit à mesure qu’elle … s’endette. Vous avez bien lu : actuellement, compte-tenu des taux pratiqués, la Suisse s’enrichit en empruntant de l’argent.

Comme je le disais en introduction, tout cette avalanche d’excellentes nouvelles ne doit pas faire perdre de vue que la situation est parfaitement maîtrisée par ces personnes que nous élisons parfois mais qui nous coûtent cher tout le temps. On se demande alors dans quelles ressources zen elles vont bien pouvoir puiser dans les prochaines semaines lorsque tout le marché des CDS va emporter, d’un coup, la plupart des grandes banques européennes. Il apparaît en effet, selon une série d’articles parus sur Zero Hedge, que nos banques se sont assez follement amusées avec des émissions ma foi joufflues de CDS adossés aux dettes des pays dans lesquelles elles officient. Comme cette technique rigolote est exactement ce qui a provoqué l’explosion en vol d’AIG (avec les conséquences désastreuses qu’on connaît), on comprendra l’optimisme mesuré qui m’occupe.

Mieux : d’après l’analyse de Zero Hedge, une faillite étatique n’a maintenant même plus besoin de se produire. Les banques émettrice de ces CDS vont progressivement perdre tout leur cash, à mesure que les taux des états augmentent, et que les taux consécutifs des CDS explosent. Autrement dit, que l’Italie (ou la France, ou l’Allemagne ou même la Grèce) ne soit pas déclaré en défaut ne changera rien : les CDS signeront la faillite pure et simples des banques concernées, dans les rangs desquelles on retrouve bien sûr les fleurons de notre industrie bancaire comme BNP Paribas, la Sogé ou le Crédit Patate. Cheers !

Dès lors, on comprend que le triple-A de la France (ou celui de ses banques) va sauter prochainement. Certain président espérait que ce fâcheux événement n’intervienne que plus tard, après sa réélection par exemple. C’est manifestement mal engagé.

Procrastinate now, panic later.

On comprendra aussi les soucis, discrets mais persistants, des imprimeries nationales des pays de la zone euro qui n’imaginent pas une seconde que l’Euro disparaissent (non, c’est impensable voyons, c’est impossible, taratata) mais … s’y préparent quand même. Évidemment, y a des petits soucis techniques, mais rien d’insurmontable (ahem) :

« Il faudrait que secrètement tout soit décidé en une nuit et que le lendemain matin les marchés, les banques soient fermées au moins durant douze heures pour empêcher qui que ce soit de bouger son argent », pense Franco Bruni, professeur à l’université Bocconi de Milan (Italie).

« Une manière de faire serait d’annoncer un jour sans que personne ne le sache auparavant: nous gelons vos comptes car nous allons revenir à la monnaie de départ », dit Gayle Allard de l’IE Business School de Madrid, qui s’interroge alors: « comment fabriquer suffisamment de billets en secret ? »

M’hmh. Voyez. Simple, non ?

En tout cas, ne paniquez pas.

Et si vous avez de l’or, gardez-le au chaud. Si vous n’en avez pas, achetez-en. Au cas où. Et si vous avez des ETF sur l’or (du papier, donc), … vous vous êtes probablement fait avoir.

Bon courage à tous.
—-
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