Écart de revenus, écart de logique

Les inégalités de revenu ont augmenté selon une récente étude de l’OCDE. Mais attention à la sur-interprétation!

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Écart de revenus, écart de logique

Publié le 9 décembre 2011
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Les inégalités de revenu ont augmenté selon une récente étude de l’OCDE. Mais attention à la sur-interprétation !

Par Nathalie Elgraby-Lévy, depuis Montréal, Québec

Selon une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les écarts de revenus se sont agrandis dans la plupart des pays développés, y compris au Canada où le revenu moyen des 10 % les plus riches serait 10 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres.

À cet effet, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a déclaré que « La croissance des inégalités est devenue un problème universel ». C’était l’occasion pour que de nombreux commentateurs expriment leur indignation devant pareil « fléau ». Mais si les riches s’enrichissent, peut-on affirmer que les pauvres s’appauvrissent?

Selon les données de Statistique Canada pour le Québec, l’écart entre le revenu total des 20 % les plus riches et celui des 20 % les plus pauvres s’est effectivement accentué de 1995 à 2009. En revanche, il est carrément démagogique de laisser croire que la situation des pauvres s’est détériorée. Véhiculer pareil message, c’est paver la voie à une lutte des classes de laquelle nous sortirons tous perdants.

La réalité, c’est que les pauvres s’enrichissent également. Au Québec, leurs revenus ont augmenté de 16,1 % de 1995 à 2009, contre 21,6 % dans le cas des plus riches. Certes, le rythme d’enrichissement est inégal, mais faut-il y voir nécessairement une injustice?

Selon une étude du Fonds monétaire international, l’essentiel des écarts observés est attribuable aux améliorations technologiques, car ces dernières avantagent les travailleurs les plus spécialisés. Les écarts de revenus reflètent donc les écarts de compétence… comme au hockey! Dans la LNH, on comprend pourquoi Sidney Crosby touche cette saison un salaire dix fois supérieur à celui de Louis Leblanc. Alors, pourquoi s’insurger devant la proportion de 10 pour 1 dans la population en général?

On dit souvent que les pauvres sont moins pauvres dans les sociétés égalitaires. Erreur! Comparons le Québec et l’Alberta. L’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé de 22,2 % chez nous, mais de 58,7 % chez nos compatriotes de l’ouest. Les inégalités sont donc nettement plus criantes en Alberta qu’au Québec. Pourtant, les revenus des plus pauvres ont augmenté de 37,6 % en Alberta, contre à peine 16,1 % ici. Vu sous un autre angle, l’écart entre les Albertains les plus pauvres et les Québécois du même groupe a augmenté de 206,7 %… à l’avantage des Albertains. Là, il y a matière à indignation!

Finalement, il faut se méfier de l’usage qui est fait de l’étude de l’OCDE. D’abord, parce que certains l’emploient pour « prouver » que les riches s’enrichissent en détournant des revenus dont les plus pauvres auraient autrement bénéficié. Ils supposent que l’enrichissement est un jeu à somme nulle alors que rien n’est plus faux. La richesse se crée, et les uns peuvent améliorer leur sort sans rien dérober aux autres. Ensuite, parce que ce genre d’étude insiste sur la nécessité d’augmenter le fardeau fiscal et de redistribuer davantage, l’inégalité des revenus étant jugée « immorale ». C’est un point de vue. Toutefois, est-il moral que l’État pénalise la réussite pour permettre à certains de profiter chaque jour un peu plus du labeur, des efforts et des sacrifices des autres? Moi, je dis non. Et vous?

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  • Bonjour,

    Il faut bien comprendre que dès que quelqu’un fait référence à « des riches » pour les comparer à « des pauvres », tout le discours est forcément biaisé par la prémisse de la Lutte des classes.
    En tant que libéral, on ne peut accepter de diserter sur les riches et les pauvres.
    Un collectiviste combat la richesse, un libéra lcombat la pauvreté, et ne s’occupe pas de l’enrichissement d’une minorité, tant que celle-ci respecte la loi (comme les pauvres d’ailleurs).

    Plus techniquement, il faut comprendre que les inégalités de revenu dans les sociétés occidentales vont aussi augmenter par un simple effet démographique.

    En effet, le vieillissement accéléré de la population va aboutir à concentrer dans les 20 % les plus riches les personnes agés, et les pauvres seront en majorité les jeunes.

    Est-ce injuste ? bien sûr que non, il n’y a pas de raisonnement moral à avori quand il s’agit d’une évolution de la vie.

    Il est tout à fait normal qu’à l’age de 60 ans, j’ai plus de revenus ou au moins plus de patrimoine que moi-même à l’age de 20 ans alors que je suis encore étudiant.

    C’est là que l’on voit l’absurdité de l’égalitarisme : si à 20 ans j’ai autant que quand j’aurai 60 ans, où est l’incitation à l’effort, où est la justice, et surtout, qui paie pour moi à 20 ans si ce n’est ceux qui ont 60 ans ?

    L’égalitarisme est donc un nivellement par le bas, un lit de procuste moderne …

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