USA: les keynésiens se désolent des coupes budgétaires

Pour les keynésiens américains, les coupes budgétaires menaceraient de ralentir l’économie

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USA: les keynésiens se désolent des coupes budgétaires

Publié le 4 août 2011
- A +

Par Chris Edwards (*), depuis Washington D.C., États-Unis
Publié en collaboration avec le Cato Institute

Pour le Washington Post, les réductions de dépenses obtenues dans l’accord budgétaire menaceraient de ralentir l’économie. L’article cite un certain nombre d’économistes qui semblent entretenir un biais keynésien plutôt extrême dans leur façon de raisonner.

Pourtant l’accord ne prévoit de réduire les dépenses discrétionnaires que de 21 milliards de dollars en 2012, soit à peine 0,6% des dépenses fédérales totales pour cette année-là. Et ce après une augmentation des dépenses fédérales de 22% depuis 2008 (de 2.980 milliards de dollars en 2008 à environ 3.630 milliards cette année). Même si vous considérez que les dépenses publiques contribuent au développement de l’économie, il semble plutôt étrange de prétendre qu’un repli de 0,6% après une hausse de 22% serait nuisible.

Il y a une autre chose à noter concernant ces « soucis » de coupes budgétaires : selon la doctrine keynésienne, c’est le total des déficits budgétaires qui est le montant de la « relance » économique. Or nous avons eu un déficit budgétaire de 459 milliards de dollars pour l’exercice 2008, puis 1.400 milliards en 2009, 1.300 milliards en 2010 et encore 1.400 milliards de dollars pour l’exercice 2011. Voilà des sommes colossales de « relance ».

Pour l’exercice 2012, davantage de « relance » est encore à venir, avec un déficit fédéral d’environ 1.100 milliards de dollars, selon les prévisions du bureau du Budget du Congrès américain (CBO) de Mars. Ainsi, les 21 milliards de coupes budgétaires ne réduiront la gigantesque relance keynésienne que de 2% en 2012. Et pourtant, le Washington Post affirme que cela devrait « compromettre l’anémique reprise économique », selon « de nombreux économistes. »

Ces « nombreux économistes » qui croient aux vertus du keynésianisme pourraient être plus crédibles si leurs théories n’avaient pas échoué si manifestement ces dernières années. Malgré la relance par des déficits budgétaires considérables, comme le montre le graphique ci-dessous, le chômage américain reste bloqué à des niveaux élevés et la reprise est, selon de nombreuses mesures, la plus lente que nous ayons connue depuis la Seconde Guerre mondiale (cf. les éléments cités dans ce précédent document).

La plus importante des relances, la plus lente des reprises. Le keynésianisme ne fonctionne pas.

Article publié originellement sur Cato@Liberty et titré « Debt Deal to Slow the Economy? », repris avec l’aimable autorisation du Cato Institute. Traduction : Contrepoints.

—-
(*) Chris Edwards est le directeur des études sur les politiques fiscales au Cato Institute. Rédacteur en chef du site www.DownsizingGovernment.org, auteur de l’ouvrage Downsizing the Federal Government, ses analyses concernant les questions fiscales et la politiques budgétaire sont régulièrement publiées dans les plus grands quotidiens américains comme le Washington Post ou le Wall Street Journal.

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  • Je pense que dire « le keynésianisme ne fonctionne pas » tout court est un peu réducteur.

    Dans une crise liée à l’explosion d’une « bulle » de dettes privées (générées par un politique « keynésienne » mal à propos de la banque centrale), la seule chose à faire est accompagner la consolidation de l’économie (pendant 1, 3, 5 ou dix ans) de façon à résorber les excès et revenir à des fondamentaux sains (je m’endette uniquement pour investir, je consomme ce que je produis).

    Quand je dis accompagner, c’est qu’une crise est une période transitoire où des individus devront pâtir des « ajustements », et il faut éviter que ces individus ne soient trop « abimés » par ce processus (comme il faut accompagner au mieux les ouvriers dans le processus de « tertiairisation ».

    Par contre, dans une situation de « fin de crise », il est possible d’avoir une situation de « morosité » des acteurs économique, qui sont engagés dans le processus de consolidation et qui n’arrivent pas à voir que la consolidation est terminée. Une sorte de bulle de pessimisme.

    Dans ce cas, et uniquement dans ce cas, je pense que le « keynésianisme » a toute sa place, pour « casser » la bulle de pessimisme de façon à permettre à des acteurs solvables de redémarrer leur activité.

  • « il faut éviter que ces individus ne soient trop « abimés » par ce processus »

    Donc on prend ces individus pour des débiles mentaux absolument incapables de s’adapter et de prendre leur vie en main.

    « Dans une crise liée à l’explosion d’une « bulle » de dettes privées »

    Euh, il me semble que la dette publique ainsi que la jungle des lois sont la cause principale de la crise. Mais il est vrai que les américains sont surendettés: à eux seuls de prendre leurs responsabilité.

  • Le keynésianisme ne casse pas le pessimisme, il le nourrit, en générant de l’anxiété à propos de la dette.
    Les gens qui ont cru pouvoir s’enrichir en consommant à crédit sont maintenant à la rue, le pouvoir économique est entre les mains des gens qui pratiquent « je m’endette uniquement pour investir, je consomme ce que je produis). », c’est à dire des gens sur lequel les actions inspirées par le keynésianisme sont sans effet : si tu leur ouvre une ligne de crédit illimités (comme B2 le fait), ils se contentent de profiter de l’aubaine en stockant la liquidité en attendant la vraie bonne occase (et de fait l’épargne remonte aux USA) ou en exportant ça vers des zones de croissance quand ils y ont accès.

  • On parle de coupes, ou on parle de réduction du budget à venir, lui même en augmentation par rapport à l’exercice en cours ? (c’est un petit truc vicelard utlisé par les politiciens, il faut être vigilant).

  • Les commentaires sont fermés.

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