Réformer les retraites, réformer les mentalités

Les retraites pèsent environ 13,5 % de notre PIB. Dans quelques années, elles représenteront plus de 20 %.

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Senior retraité (Crédits Alex Bartok, licence Creative Commons)

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Réformer les retraites, réformer les mentalités

Publié le 7 avril 2010
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Par Aurélien Véron.

Et si on s'inspirait du Chili pour réformer les retraites ?
Senior retraité (Crédits Alex Bartok, licence Creative Commons)

Les retraites pèsent environ 13,5 % de notre PIB. Dans quelques années, elles représenteront plus de 20 %.

Si on leur ajoute la sécurité sociale, calquée sur un mécanisme redistributif identique (les personnes âgées consomment des soins payés par les cotisations des actifs), un euro sur trois euros de la création de richesse ira des actifs aux retraités. À ce stade, ce n’est plus de la solidarité mais du racket. Il faut se figurer que les salariés travailleront bientôt quatre mois par an pour financer leurs aînés avant même de financer écoles, transports public etc.

Ces mêmes retraités ont auparavant laissé filer la dette dans des proportions excessives sans réagir. C’est un peu la faute des jeunes qui ne votent pas autant que les retraités. À force de s’abstenir, ils ne peuvent se plaindre de leur situation et de ceux qui en ont abusé.

Mais cette distorsion n’en est pas moins explosive. Si on montre les 20 % de retraités vraiment misérables, on cache les 80 % qui gagnent nettement mieux leur vie que les actifs actuels en train de ramer pour garantir leur train de vie, et qui disposent de surcroît d’un patrimoine nettement plus important. Ils ont vécu à crédit, et ce sont leurs enfants qui doivent le rembourser. Le constat est facile à dresser, mais que faire ?

Il existe trois moyens d’ajuster le système actuel par répartition :

  1. Augmenter les cotisations
  2. Allonger la durée de cotisation
  3. Diminuer le montant des prestations vieillesse

 

Selon une étude récente, les Français ne veulent pas qu’on touche à l’un de ces paramètres, ce qui aboutit à la position la plus absurde : ne faisons rien, et laissons s’effondrer la pyramide infernale.

Personne n’a vraiment envie d’être là quand ça se passera, même si personne ne sent vraiment le courage de sauter en tentant de réformer ce sujet explosif (Michel Rocard avait bien raison de dire que les retraites feraient sauter plus d’un gouvernement dans son Livre blanc des retraites). Ce à quoi ils sont le moins hostiles, à seulement 62 %, c’est l’allongement de la durée de cotisation ; et, à 67 %, le recul de l’âge légal de la retraite, mais quand on voit le peu d’actifs qui ont la charge exténuante de porter le système, on comprend qu’ils n’aient pas envie de faire des années supplémentaires. En effet, ils sont bien plus nombreux, à 74 %, à se déclarer farouchement opposés à une augmentation des cotisations sociales déjà exorbitantes. Quant à diminuer les prestations, n’en parlons même pas.

Question à ce stade : pourquoi s’accrocher à un système condamné et injuste ?

La répartition est injuste : personne ne la choisit, et ceux qui en profitent le plus sont ceux qui ont les métiers les moins pénibles physiquement. Les mêmes qui ont souvent pu se contituer une épargne pour leurs vieux jours, à côté de cette pyramide de Ponzi des retraites. Personne ne peut prétendre mesurer la pénibilité du travail, à moins de fabriquer une nouvelle usine à gaz accompagnée d’une lourde bureaucratie, de grilles complexes ajoutant de l’opacité à un système déjà branlant.

En revanche, il est possible d’imaginer un autre système.

Ce même sondage récent montre que presque la majorité des Français se déclarent favorables au système des fonds de pension. En gros, une assurance vie étendue à tous les supports. Chacun gèrerait son épargne en foncion de critères de diversification du risque. Avantage considérable des fonds de pension : en cas de décès prématuré, le conjoint survivant et les enfants hériteraient d’un patrimoine, contrairement à la répartition qui ne laisse que des feuilles de cotisations pour essuyer ses larmes.

Mais voilà, cela retirerait aux partenaires sociaux une prérogative colossale. Ils sont les premiers à clamer haut et fort que les individus ne sont pas armés pour assurer la constitution de leur épargne. Évidemment, ils seraient les premiers perdants en cas de transformation des cotisations perdues en épargne privée gérée par des professionnels (ce qui les exclut d’office, à moins de se reconvertir au service des salariés plutôt qu’en centrales anticapitalistes spécialisées dans la grève et la confrontation stérile avec les employeurs).

Mais qui sait, peut-être des libéraux parviendront-ils à convaincre les 46 % de Français favorables aux fonds de pension que c’est politiquement possible.

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