Depuis 2017, la Russie a accéléré son retour en Afrique en s’appuyant sur le levier sécuritaire, des intérêts économiques bien ciblés et son influence médiatique. Une situation de nature à inquiéter les anciennes puissances coloniales au rang desquelles la France, et par extension, le monde occidental. L’Afrique serait-elle de nouveau l’un des théâtres des antagonismes Est/Ouest ? Cependant, la présence russe en Afrique est à relativiser dès lors qu’on la compare à celle des puissances historiquement influentes et celle d’arrivants plus récents comme la Chine ou la Turquie, qui essaient aussi de placer leurs pions sur l’échiquier africain.
C’est au Soudan que cette offensive a commencé, le dictateur Omar Al- Bachir, visé par deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et crime de génocide ayant fait appel à elle, dès 2010, ce qui s’est traduit par la livraison d’armes et la formation des militaires soudanais. Cette coopération s’est poursuivie de concessions pour l’exploitation de mines d’or concédées par Khartoum à M.Invest , une société liée à Progojine.
Article d’Eugène Berg originellement paru dans la revue Conflits.
La Russie nouvel acteur de poids sur la scène africaine
Le résultat de la nouvelle stratégie de la Russie est que dans un nombre croissant de pays, elle est en train de devenir l’un des acteurs avec qui il faut compter dans la rivalité pour l’accès aux ressources en Afrique subsaharienne. La Russie connaît plus de succès dans certains pays que d’autres. Si quelques pays comme la Turquie, l’Inde et surtout la Chine, effectuent des percées en Afrique, comment expliquer que la présence de la Russie fasse l’objet de tant de méfiance chez les Occidentaux ?
L’Afrique est-elle la chasse gardée de certaines « puissances » ou un continent ouvert à la « compétition internationale » ? À l’évidence, l’on ne pourrait véritablement comprendre les relations entre Moscou et l’Afrique aujourd’hui en faisant abstraction du cadre global dans lequel elles s’enracinent ou s’inscrivent, perturbé par la décolonisation, la guerre froide, les priorités relatives à la relance dans les années 1990. En 20 ans, Vladimir Poutine n’a fait que trois fois le déplacement en Afrique subsaharienne. Mais, désormais, il ne cesse de répéter que l’Afrique est importante à ses yeux. Moscou veut des marchés, et dénicher des relais diplomatiques et stratégiques.
L’organisation du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi des 23 et 24 octobre 2019 a marqué le retour de Moscou sur le continent africain. Dépeint comme l’antagoniste parfait face aux Occidentaux, Vladimir Poutine trouve des soutiens dans les sphères panafricaines dans sa guerre face à l’Ukraine. Une rhétorique assez médiatisée fait de la Russie le camp à rejoindre pour lutter contre la France et toute l’emprise occidentale prégnante en Afrique.
Alors, le sentiment pro-russe qui s’étend en Afrique n’est-il que le résultat d’une stratégie moscovite ? Est-il l’expression des velléités d’un nouvel ordre mondial ? Ou la conclusion des échecs de tentative de réécriture de l’histoire entre la France et l’Afrique ? Les alliances de l’Afrique avec la Russie en raison d’un anti-impérialisme semblent de prime abord paradoxales, car la guerre de Poutine face à Zelensky, apparaît comme de l’impérialisme pur et simple…
Toutefois, le rapprochement est le fruit d’une démarche qui relève plus du pragmatisme que de l’idéologie. Ce qui est réellement à l’épreuve sous nos yeux, c’est la capacité de l’Afrique à transcender les antagonismes pour gérer les interdépendances induites par la mondialisation. L’esprit de revanche des panafricains sur l’Occident alimente un biais pro-russe qui semble plus opportuniste que naïf.
Néanmoins, à travers ses satellites officieux comme Wagner, la stratégie russe est parvenue à gagner les cœurs et les âmes sur le continent, faisant oublier les exactions commises par la milice. Cependant, le système de dépendance à peine masqué instauré par la France dans ses anciennes colonies devrait mettre la puce à l’oreille et rendre les Africains tout aussi méfiants de la Russie. Sous couvert de bonnes intentions, le Kremlin avance les pions de son projet panafricain qui, loin d’être altruiste, s’apparente plutôt à une autre forme d’ingérence dans les affaires africaines.
Bien que le passé de l’URSS avec l’Afrique participe également à en donner une image différente, il est important de souligner que le récit russe n’est que la forme du fond géopolitique de son ambition. Il est prioritairement question de business. La Russie vient en Afrique pour les hydrocarbures avec Gazprom, les diamants avec Alrosa, le nucléaire avec Rosatom, ou encore vendre son blé. Pour l’Afrique, il est davantage question de profiter de ce moment de bascule pour faire jouer la concurrence et faire valoir ses propres intérêts.
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Des liens privilégiés avec les régimes militaires
On le sait, l’influence de la Russie concerne en particulier les États dirigés par des militaires putschistes : Soudan, Guinée, Burkina Faso, Mali, Centrafrique.
Dès 2006, c’est en Algérie que le premier jalon a été posé. Poutine annule la dette de l’Algérie (4,7 milliards de dollars) en échange d’un contrat d’armement substantiel de 7,5 milliards de dollars.
Deux ans après, la méthode est appliquée en Libye : annulation de la dette contre un contrat ferroviaire et des facilités d’installation pour Gazprom. La présence russe en Libye, déjà tangible à partir de 2019 sous la forme d’unités de paramilitaires (ex-Groupe Wagner), entre 300 et 1000 hommes aux côtés du maréchal Haftar connaît depuis le début de l’année une brusque accélération qui n’a pas échappé à des Occidentaux frappés d’impuissance. « La Russie transfère des militaires et combattants russes vers la Libye depuis trois mois », conclut une note publiée vendredi 10 mai par All Eyes on Wagner.
En Égypte, en 2014, la Russie profite du désengagement américain consécutif aux printemps arabes pour se rapprocher du président Al-Sissi. Elle est même le premier pays hors du monde arabe à faire l’objet d’une visite officielle par le nouvel homme fort de l’Égypte. Dès le mois de septembre, les deux pays signent un contrat d’armement de 3,5 milliards de dollars. Depuis, ils sont liés par d’étroits traités de collaboration militaire, portant sur la fourniture d’armements ou la formation. En outre, un accord conclu en 2015 prévoit une coopération entre la société d’État Rosatom et l’Égypte, programmant la construction d’une centrale nucléaire dans la région de Dabaa. Enfin, la Russie y trouve un nouveau débouché pour ses céréales boycottées en Occident.
Des ventes d’armes conséquentes
Sur la période 2014-2019, la Russie est devenue le principal pourvoyeur d’armes de l’Afrique, selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). Elle a fourni ainsi presque la moitié des équipements (49 %) vendus aux pays du continent. L’Algérie et l’Égypte sont aujourd’hui les deux plus conséquents clients africains de l’industrie militaire russe. Moscou a vendu presque deux fois plus d’armes aux Africains que leurs deux autres gros fournisseurs : États-Unis (14 %) et Chine (13 %).
La France est le quatrième le plus important, avec 6,1 % du marché. Avec l’Algérie, l’Égypte et l’Angola, le Kremlin a en fait retrouvé d’anciens partenaires du temps de l’URSS. L’Algérie est, et de loin, le plus gros débouché de l’industrie militaire russe en Afrique. En 1996, les Russes ont effacé 70 % de la dette de Luanda, d’un montant de 4,5 milliards d’euros, datant de l’époque soviétique. En 2019, ils ont signé un accord pour la fourniture de plus de 20 avions chasseurs SU-35. Montant : 2 milliards de dollars (1,78 milliard d’euros). Suivi et de très loin par le Nigeria, le Rwanda, le Mali, le Soudan…
Et la Russie n’arrête pas de conquérir des parts de marché sur le continent. Au début des années 2000, 16 pays africains (sur 54) achetaient des armes à la Russie. Les poids lourds africains -Afrique du Sud, Nigeria et Kenya sont toujours des partenaires fiables.
Les relations entre la Russie et la Côte d’Ivoire sont également devenues fortes et amicales, depuis que la Russie y a envoyé des missions de l’ONU.
Le Tchad n’a jusqu’ici qu’une simple coopération militaire portant sur l’entraînement.
L’Angola partage aussi un partenariat stratégique avec la Russie : en plus d’avions de combat multirôle Soukhoi Su-30, la coopération porte sur l’entretien d’équipements militaires et la formation des cadres.
L’Ouganda a parallèlement, en plus du protocole avec Rosatom en juin 2017 sur le nucléaire civil, un partenariat stratégique avec la Russie. Il a déjà acquis des T-90 et des chasseurs Soukhoi Su-30.
Le Zimbabwe a, outre un contrat de milliards de dollars portant sur une mine de platine et dont sont attendus 8000 emplois locaux, renforcé ses liens militaires avec Moscou. Une aubaine pour ce pays auquel les Occidentaux, en guise de sanctions, ont cessé de fournir du matériel militaire depuis les annexes 2000.
L’Afrique du Sud, membre des BRICS, a de sérieuses relations politiques, économiques, culturelles, agroalimentaires, avec la Russie, qui profitant du dixième sommet des BRICS a Johannesburg en juillet 2018, a signé un mémorandum portant sur la coopération technique militaire avec la SADC, une des organisations les plus influentes en Afrique et qui regroupe 16 États. Les armées de beaucoup de pays de la SADC sont équipées de matériels russes.
La Russie a signé avec le Cameroun un accord de coopération militaire depuis le 15 avril 2015 ; des formations en sécurité incendie sont dispensées par des experts venus de Russie, et des officiers camerounais sont formés dans ce pays.
La République démocratique du Congo et la Russie ont contracté une convention de coopération militaire datant de 1999. Ils se sont également accordés sur des partenariats dans le secteur de l’exploitation minière, de l’énergie et de l’agriculture.
En marge du Forum militaire de 2018, le Burundi a signé des contrats pour la livraison d’hélicoptères de combat.
Quant au Soudan, en plus d’accords dans le nucléaire civil, les secteurs minier et énergétique ont signé avec Moscou un accord militaire en février pour renforcer ses capacités militaires. En novembre 2020 Moscou a donné son feu vert au projet d’une base militaire permanente à Port-Soudan pour l’Afrique de l’Est, permettant d’accueillir jusqu’à quatre navires de guerre et une garnison de 300 hommes. Notons que le Soudan a une réserve d’uranium extrêmement importante au Darfour, probablement la troisième mondiale.
Le Mozambique a également un accord de coopération militaire et technique avec la Russie. Depuis le 22 décembre 2015, il est facile de comprendre que cet accord a fait l’objet de beaucoup d’attention au regard des récentes attaques attribuées à des islamistes radicaux au nord de ce pays. Cependant engagés dans le pays entre août et décembre 2019, les 200 mercenaires de Wagner y ont accusé de fortes pertes et ont dû céder la place à l’armée rwandaise.
De son côté, en août 2017, le Burkina Faso a signé avec la Russie un accord dont les termes amènent la Russie à soutenir ce pays dans sa lutte contre le terrorisme islamique, et trois mines d’or ont été concédées à la société Nordgold, appartenant à la galaxie Wagner. Le nouveau président, le russophile Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir à l’issue du coup d’État du 30 septembre 202é, et qui arbore son béret rouge, s’est rendu à Moscou pour le sommet Russie-Afrique.
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La Russie, pourvoyeur de sécurité
La menace terroriste est en effet la priorité de Moscou dans sa coopération avec l’Afrique.
Ce grand partenaire se targue d’avoir une grande expérience en matière de lutte antiterroriste, avec des armes et moyens de renseignements perfectionnés. N’étant pas en reste, la Guinée équatoriale a, avec la Russie, un accord dont les termes n’ont pas été divulgués, accordant des facilités pour l’entrée libre et le ravitaillement des navires de guerre russes dans ses ports.
Pour sa part, la Guinée Conakry a avec la Russie une commission intergouvernementale de collaboration économique, scientifique, et commerciale. Suite a la visite du président Alpha Conde en Russie en septembre 2017, les deux pays ont signé huit nouveaux accords de coopération dans plusieurs domaines, y compris la construction de garnisons militaires.
Pour revaloriser leur coopération, et s’impliquer dans la crise malienne, en 2017, la Russie a offert au Mali deux hélicoptères, ainsi que des armes et munitions, notamment dans le cadre de la lutte antiterroriste. Le groupe Wagner s’y est installé en 2021, avec ses effectifs actuels oscillant entre 1500 et 2500 hommes.
Le Niger a relancé ses anciennes relations avec Moscou qui s’intéresse d’autant plus à l’uranium du pays qu’Orano qui exploitait la mine d’Imumaren est sur le point de l’abandonner. Niamey a annoncé en janvier son désir d’intensifier sa coopération militaire avec la Russie, ce qui avec le départ des Américains de la base d’Agadez donnera à la Russie le moyen d’influencer la politique migratoire en direction de l’Europe.
En Érythrée, la Russie entend investir sérieusement et faire de ce pays la passerelle vers l’Éthiopie.
La Russie tient à une solide présence dans la région de la Corne de l’Afrique et de la mer Rouge. Mais à Djibouti, à l’instar de la Chine qui y a sa base depuis octobre 2017, la Russie cherchait à installer une base navale.
De même, à Madagascar, la Russie investit dans la santé, mais souhaite s’implanter dans le port de Toamasina pour avoir un accès à l’océan Indien.
Aux Comores, les deux pays ont signé en février 2015 une convention de coopération portant sur la sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme.
De ce qui précède, l’on peut dénombrer une quinzaine d’accords de coopérations militaire et technique entre la Russie et l’Afrique. L’accélération du retour militaire de la Russie en Afrique est bien frappante, avec pas moins de six accords militaires récents en moins d’une année (d’août 2017 à mai 2018) avec la République démocratique du Congo, le Soudan, la Centrafrique, l’Égypte, la Guinée, le Burkina.
Les Russes disposent de bases en Centrafrique dont celles de Bria et de Ouata dans le nord-est, curieusement dans une zone diamantifère. En fait, Moscou a diversifié sa coopération en Afrique : il s’est appuyé sur les partenaires traditionnels, les amitiés idéologiques d’avant, qu’il a redynamisées sous d’autres formes, tels les cas de l’Algérie, de l’Éthiopie, du Soudan.
Mais Moscou s’est également ouvert à de nombreux autres pays africains, y compris et surtout l’Afrique du Sud. Sur le plan commercial, il s’agit de trouver des débouchés dans les autres domaines où la Russie est compétitive, notamment la prospection géologique, l’extraction des matières premières et le secteur hautement technologique du nucléaire civil. À l’instar des autres puissances présentes en Afrique, l’importation de ressources naturelles africaines constitue également une priorité pour les Russes.
En effet, s’il est vrai qu’elle dispose d’une large part des réserves mondiales de ressources minérales et d’hydrocarbure, la Russie a néanmoins besoin de minéraux tels que le manganèse, la bauxite, le chrome et le coltan. On peut également estimer que la Russie a tout intérêt à s’entendre avec les autres pays producteurs de minerais pour maintenir des prix aussi élevés que possible face à la demande asiatique, américaine et européenne. Le commerce et les investissements russes en Afrique ont augmenté, en particulier au Maghreb, en Égypte et au Soudan.
Les échanges entre la Russie et l’Afrique ont doublé depuis 2015, pour atteindre approximativement 20 milliards de dollars par an en 2021, selon le président de la Banque africaine d’import-export, Benedict Oramah. La Russie a exporté pour quatorze milliards de dollars de biens et services et a importé environ cinq milliards de dollars de produits africains. Les matières premières stratégiques présentent un intérêt particulier. Rusal prélève de la bauxite, la source de l’aluminium, en Guinée, et le groupe nucléaire Rosatom extrait de l’uranium en Namibie. Alrosa, la plus grande société d’extraction de diamants au monde, tentait d’étendre ses opérations en Angola et au Zimbabwe.
La Russie a-t-elle gagné la guerre informationnelle ?
Les médias Russia Today et Sputnik, étroitement liés aux institutions gouvernementales, promeuvent une image positive de la Russie qui se livre à ce que les militaires français nomment la « L2I » lutte informatique d’influence. Ces campagnes d’influence ont commencé au Mali dès 2019, orchestrées par Patriot Media Group, holding détenue par l’oligarque Evgunyi Progojine. Le Burkina Faso était d’ailleurs le quatrième pays au monde où le site Sputnik réalisait ses plus fortes audiences, derrière la France, la Belgique et le Canada.
En 2013, le nombre d’étudiants africains suivant un cursus universitaire civil était évalué à environ huit mille. Au sein des pays comme l’Angola et le Botswana, son influence semble stagner, voire régresser. En fait, le plus grand succès de la Russie en Afrique est d’avoir amélioré la perception de son rôle et de son influence. Les pays du continent la considèrent de nouveau comme une actrice de premier plan, qui peut au minimum leur offrir une coopération économique décente, et éventuellement contribuer à leur sécurité intérieure et extérieure, voire représenter une sorte de troisième voie diplomatique entre les Occidentaux, généralement perçue comme intrusive sur la question des droits humains, et les Chinois dont beaucoup dans la région souhaiteraient desserrer l’étreinte.
Vue de Moscou, l’Afrique constitue également un réservoir de voix à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les sessions où sont discutés des sujets sensibles, comme le Donbass ou la Crimée.
Ainsi, de nombreux États africains ont voté contre (Soudan, Zimbabwe) la résolution de mars 2014 dénonçant l’annexion de la péninsule par Moscou, ou se sont abstenus (Algérie, Afrique du Sud, Mali, Rwanda, Sénégal…).
Wagner ne veut pas mourir
Si la Société militaire privée (SMP) a disparu, ses compagnies chargées d’exploiter les richesses des pays, Sewa Securities et Lobaye investment (chargée des intérêts miniers) subsistent.
Deux sociétés militaires privées ont pris le relais.
Redut, créée pour sécuriser les ressources des phosphates en Syrie avant d’être déployée en Ukraine, est conduite par le général Avervaznov, directeur des opérations clandestines du GRU, les renseignements militaires russes, présent lors du sommet Russie — Afrique de Saint-Petersbourg de juillet dernier.
Convoy, dirigée par Konstantin Pikalov, ancien employé de Prigojine, qui a travaillé pour Wagner à Madagascar, en RCA et en Ukraine.
Ces sociétés, liées au ministère de la Défense et au GRU, n’ont ni les capacités humaines ni logistiques, ni la connaissance intime du terrain et des hommes en Afrique pour être en mesure, pour le moment, de remplacer Wagner. Celle-ci sera donc remplacée par une autre formation dénommée Africa Corps (apparue pour la première fois le 20 novembre dernier sur Telegram dans un post du blogueur militaire, Igor Korotchenko, ancien colonel et rédacteur en chef de la revue russe Natsionalnaïa oborona (« défense nationale ») qui annonçait que « l’objectif de cette nouvelle structure était de mener des opérations militaires de grande ampleur pour soutenir les pays cherchant à se débarrasser enfin de la dépendance néocoloniale, à nettoyer la présence occidentale, et à acquérir la pleine souveraineté ».
L’apparition de cette nouvelle structure fait suite à la tournée du vice-ministre russe de la Défense Iounous-bek Evkourov à Benghazi (Libye), où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, l’« homme fort » de la Cyrénaïque (province orientale). Iounous-bek Evkourov, spécialement chargé des affaires de la région, fait de fréquentes visites dans les pays du Sahel liés à Moscou.
De même la propagande russe en Afrique s’est réorganisée sous l’égide d’une nouvelle structure créée en septembre 2023 à Moscou, African Initiative, dont le correspondant est basé au Niger, et qui dispose de bureaux au Mali et au Burkina Faso.
C’est à Loumbila, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, que les Russes ont installé la première base militaire de leur nouveau label Africa Corps, fruit de la coopération militaire liée entre les deux pays. Le chef de la junte burkinabé, Ibrahim Traoré, n’a pas caché cette nouvelle alliance, recevant à trois reprises des délégations russes. De plus, une centaine d’instructeurs de l’Africa corps sont arrivés à Niamey le 10 avril afin de former l’armée nigérienne, notamment à l’utilisation d’un système de défense aérienne, a constitué une nouvelle avancée russe au Sahel.
Le président tchadien, Mahamat Déby, proche de la France, s’est rendu à Moscou en janvier où il a été reçu par Vladimir Poutine. Des spécialistes russes des questions électorales ont d’ailleurs été présents lors du récent scrutin présidentiel. Le 10 avril, une centaine d’instructeurs de l’Africa corps a débarqué à Niamey afin de former l’armée du Niger à l’utilisation d’un système de défense aérienne fourni par la Russie.
La Russie s’installe dans le golfe de Guinée
Bien que lié par un accord d’assistance en matière de défense, avec le Portugal, lequel a été renouvelé en février dernier, ce dernier y déploie en permanence un patrouilleur dans la région, avec un équipage composé de marins portugais et santoméens, Sao Tomé-et-Principe, pays insulaire membre de la Communauté des pays de langue portugaise [CPLP] vient de sceller un accord de coopération militaire avec la Russie, lui autorisant l’utilisation des avions et des navires militaires dans l’archipel.
« L’accord stipule que les deux parties sont convenues de coopérer dans les domaines suivants : entraînement conjoint des troupes, recrutement des forces armées, utilisation d’armements et d’équipements militaires, logistiques, échange d’expériences et d’informations dans le cadre de la lutte l’extrémisme et le terrorisme international, éducation et formation du personnel », a résumé la presse officielle russe.
Aucun des pays africains n’a imposé de sanctions à la Russie. De plus, aujourd’hui, près de 20 pays du continent africain ont proposé d’accueillir des contingents militaires russes, ou un équivalent sous la forme du Groupe Wagner et d’Africa Corps.
La Russie n a pas grand chose a vendre hormis des mercenaires pour la sécurité des dictateurs africains, et un peu d armements avec beaucoup de propagande
Quant au nucléaire……c est une arlesienne en Afrique car la commande turc a rosatom à été inaugurée en grande pompe mais ne produit toujours aucune énergie…..
À l’heure où les experts occidentaux comme africains mettent à juste titre l’accent sur des réalités complexes (croissance démographique exaspérant la rivalité éleveur/sédentaire …) Les Russes ne se cassent pas la tête, et font du business.
Ils me rappellent un peu les Britanniques de l’époque coloniale