Greenpeace : l’UE recule enfin sur ses politiques écologistes

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Greenpeace : l’UE recule enfin sur ses politiques écologistes

Publié le 29 mai 2024
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À l’approche des élections européennes, Greenpeace s’inquiète de l’abandon progressif des mesures vertes par l’UE dans une lettre ouverte signée par 146 associations écologistes.

L’ONG relève, entre autres, que la loi-cadre sur les systèmes alimentaires durables ne fait plus partie de l’agenda de la Commission, que les fermes industrielles sont exemptées de la directive européenne sur les émissions industrielles, que le règlement REACH sur les produits chimiques a été révisé, mais aussi que l’initiative sur la résilience dans le domaine de l’eau a été reportée.

Alors que les fermiers se plaignent des « pratiques abusives dans les chaînes d’approvisionnement ou de la concurrence déloyale, ainsi que des importations à bas prix dans le cadre d’accords commerciaux », les lobbies industriels et les ministères de l’Agriculture menacent la protection de l’environnement, les droits humains et accélèrent la crise climatique.

La narrative est séduisante : les organisations environnementales soucieuses de la nature et représentatives de la société civile s’opposent aux lobbies industriels obsédés par l’accumulation de capital.

Mais de quelles mesures vertes parle-t-on exactement ?

Il faut remonter à la loi européenne sur le climat, et en particulier la stratégie Farm to Fork qui vise à transformer le système alimentaire de l’UE de manière dirigiste et centralisée. Le centre de recherche JRC, qui dépend de la Commission, s’est justement intéressé à l’impact d’une politique qui prévoit -50 % de pesticides, -20 % d’épandages d’engrais, ou encore 25 % des terres consacrées à l’agriculture biologique.

L’étude n’a été rendue publique qu’en juillet 2021, soit bien après la rédaction de milliers d’amendements par les députés européens, qui n’ont pas eu la moindre boussole pour adapter leurs politiques à la réalité du terrain.

On peut comprendre pourquoi l’affaire a été si peu médiatisée. Le constat est sans appel : s’ils sont appliqués, les objectifs démesurés de l’UE vont engendrer des baisses drastiques de la production, une plus grande dépendance aux importations, une hausse des prix alimentaires, et une exportation des émissions de gaz à effet de serre agricoles. Les conclusions ne font certes pas plaisir aux associations proches de l’industrie biologique, qui fantasment sur une transformation de nos systèmes alimentaires – sans expliquer réellement pourquoi cela serait souhaitable, réalisable ou même réaliste – et affichent un mépris affiché pour les pays qui dépendent des exportations européennes.

Pour autant, l’étude du JRC corrobore d’autres études aux conclusions alarmantes, menées notamment par le département américain de l’Agriculture (USDA) et l’université de Kiel en Allemagne. Elles aussi ont été ignorées, tout comme les alertes de responsables politiques et de spécialistes des questions agricoles[1].

À lire aussi : 

Greenpeace : 50 ans d’activisme médiatique

Les effets des politiques écologistes se sont déjà fait sentir aux Pays-Bas en 2022, théâtre de blocages et de manifestations par les agriculteurs et les éleveurs. C’est dans le cadre de la politique climatique de l’UE que le gouvernement néerlandais a adopté un plan de réduction de 70 % des rejets d’azote d’ici 2030. Il impliquait, ni plus ni moins, une destruction de certaines zones agricoles avec des expropriations à la clé, alors même qu’aucun autre secteur n’a fait autant d’effort pour réduire l’azote. L’ampleur des manifestations était telle que le gouvernement a finalement renoncé.

La colère des agriculteurs ne se limite pas aux Pays-Bas : en France, en Roumanie ou en Allemagne, les politiques dictées par Bruxelles rappellent le conflit irrémédiable entre l’écologisme et la préservation de l’environnement, mais aussi le non-sens complet d’opposer l’économie à la nature. C’est la raison pour laquelle la Commission a été contrainte de mettre de l’eau dans son vin, par exemple en prolongeant la dérogation de maintenir des jachères sur les terres arables en 2024, à la demande de plusieurs pays membres. Voire de réviser complètement la politique agricole commune (PAC). Fin avril, le Parlement européen a ainsi voté, en procédure d’urgence, la suppression de l’obligation de mise en jachère d’au moins 4 % des terres arables, l’assouplissement de l’obligation de rotation des cultures, l’assouplissement de l’interdiction des sols nus pendant les périodes jugées sensibles, et l’assouplissement des pénalités pour les exploitations de moins de dix hectares.

Si les bureaucrates européens abandonnent progressivement leurs projets de réforme, c’est peut-être qu’ils ont fini par comprendre, à quelques semaines des élections, que leurs positions au sein du Parlement risquent d’être sérieusement compromises dans l’hypothèse – très probable – où les partis nationalistes et eurosceptiques gagnent des sièges supplémentaires. Pour la première fois, ils devraient représenter plus d’un cinquième des élus selon une dernière étude Ipsos : le Rassemblement national en France, l’AfD en Allemagne, le PVV aux Pays-Bas, l’AUR en Roumanie… C’est une grosse épine dans le pied pour des organisations comme Greenpeace qui perdent nécessairement en pouvoir d’influence au sein des institutions européennes. Il ne s’agit pas uniquement de la colère des agriculteurs, mais d’une part de plus en plus importante de citoyens européens qui ont fini par comprendre que les politiques de l’UE allaient créer un monde où les denrées alimentaires seront plus onéreuses et en moins grande quantité. Les citoyens européens n’exigent pas une transformation de nos systèmes alimentaires en profondeur. Seuls les lobbies écologistes le font. Et ils ne représentent personne.

À lire aussi : 

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[1] Yves Madre, Paolo de Castro, Thierry Blandinières

Voir les commentaires (13)

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Créer un compte Tous les commentaires (13)
  • Bonjour
    Je lis en tête de l’article qu’il y a 146 associations qui s’occupent du climat.
    Comment tous leurs permanents sont- ils rémunérer ? D’où proviennent les financements ? Comme nous allons voter le 9 juin personne ne parle de ces flux qui doivent être considérables, rien que pour Oxfam celle-ci présente plus d’un milliard de dollars de subventions /dons

    • Je vous suggère de contacter Georges Soros, il pourra vous renseigner abondamment. Et précisément.

      • Les principaux financements proviennent de fonds institutionnels ( ONU, États, UE…..)
        Les dons privés arrivent bien après
        Cette suggestion sur G Soros a des relents antisémites……🤮🤮🤮🤮

  • Écologistes… No pasaran !
    Hé hé…

  • Arrêtez de vous plaindre. Achetez moins de voiture, plus petites, achetez moins de vidéos, moins de télé, moins d’objets inutiles et moins de plats préparés. Mangez moins de viande, et vous aurez plus de terres pour produire bio. Faites vos courses chez un producteurs bio et vous gâcherez moins. Voilà. Vous mangerez sainement, vous serez moins malade et la société s’en portera mieux.

    -4
    • Vivez en ermite sur une île déserte si ça vous fait plaisir, mais laissez aux autres citoyens le droit de choisir leur mode de vie……😁😁😁😁

      • Bin oui, je les laisse, mais laissez moi le droit de dire ce que je pense : ce sont juste des enfants gâtés qui pleurent parce qu’on veut leur retirer des jouets. Mais des jouets mortels pour les autres, c’est un peu ça le problème. Vous pourrez sortir toutes les études de Bayer que vous voudrez, les pesticides ça pollue et ça rend malade. Mais après, bouffez les hein, je vous laisse libre.
        J’aime bien aussi votre manipulation : “exagération pour discréditer le discours d’un autre” concernant l’île déserte. Pathétique et enfantin.

        -2
        • jacques lemiere
          29 mai 2024 at 21 h 10 min

          gâcher inutile, . ajoutons des objectifs personnel ( non quantifiées) manger moins de viande..

          je n ai rien contre le bio..
          je men fiche..

          ja i un problème quand on l’impose contre la liberté es choix des gens.

          tyran en herbe..et un peu prétentieux..

          • Et imposer le glyphosate contre l’avis du peuple, c’est du libéralisme ? C’est être un tyran que d’être du même avis que 70% de la population ou bien tu considères que TES choix passent avant ceux de la communauté parce que nous sommes de pauvre tartes… ? En vrai, c’est qui le tyran dans ce cas ? Regarde bien ton nombril… Regarde bien parce qu’en plus, sans te renseigner même un tout petit peu, tu oses dire que ce que j’avance (comme le pense 70% des gens quand même hein) est prétentieux??? Mais tu te prends pour qui quand tu vas à l’encontre du peuple que visiblement tu regardes du haut de tes fantasmes (“ouais moi, le bio je m’en fous” bla bla)…

        • Ah un bobo_ecolo liberal……ça existe ????…….😄😄😄😄

          • J’image que ça doit exister, un peu comme un alphabet people tolérant avec les hétéros.

          • Oui ça existe mais ton esprit étriqué n’a pas compris que des gens réfléchissent. Toi, tu classes et ton esprit moyen est satisfait, sans même s’apercevoir que le monde change, on n’est plus en 1980.
            Classé “Bobo” ? Tu ne sais même pas ce que c’est et qui je suis pour parler de cette façon. Un bobo est citadin, pas de bol j’habite un village de 1600 habitants et loin, très loin de gagner le salaire d’un bourgeois. Bouffon.
            Classé “Ecolo” ? C’est quoi pour toi, un ramassis de cons qui imposent les voitures électriques ? Moi l’écologie je la vis, j’habite une maison que j’ai construit moi même, 126m2 + 40m2 d’atelier en bois en terre et en paille, autonome et biosourcée. Et je suis électricien. Mais je suis autonome en panneaux solaires et donc je ne vais pas acheter un véhicule électrique parce que je trouve que ça amène plus de problème que ça n’en résout. Bouffon.
            Classé “Libéral” ? Surement pas, je ne suis pas pro capitaliste, je préfère que tu me classe “anarchiste”, mais je pense que tu ne sais pas ce que c’est. Bouffon.
            Bref, tout faux, tu sais la différence entre toi et moi, c’est que toi, tu classes comme on te l’as dit, comme un bon chien chien, et moi, je réfléchis.

          • Renseigne toi sur les définitions des mots que tu utilises sans penser.
            Je ne suis pas bobo car je suis loin de gagner assez, et je vis l’écologie à la campagne : je suis électricien et j’ai construit ma maison de 126m2 moi même avec des matériaux biosourcés. Tu serais surpris de voir la qualité de la mise en œuvre. Je ne promeus pas les véhicules électriques car je pense que cela amène plus de problèmes que cela en résout. Et je prône une vie sobre, donc sans véhicule consommateur. Et je ne suis pas libéral car même si je pense que l’état doit disparaître au profit de nos liberté (ce qui fait que je me retrouve ici), c’est plutôt mon côté anarchiste que libéral car je promeus l’économie du don. Et paradoxalement, j’ai été chef d’entreprise (une petite structure de 11 personnes).

            Notre différence ? Tu classes sans réfléchir comme on t’as incité à le faire et moi, je réfléchis et j’agis…

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