Notre horizon économique plombé par la faillite des bonnes idées

Face au ralentissement mondial de la croissance économique, la question se pose : manquons-nous de bonnes idées ?

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Notre horizon économique plombé par la faillite des bonnes idées

Publié le 11 décembre 2023
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Sommes-nous heureux ? Qu’allons-nous devenir ? Pourquoi j’existe ?

Des questions bien trop nébuleuses pour le penseur de l’économie, des questions qu’il préférera résumer en une seule : quel PIB par habitant ? Un indicateur critiquable, mais quantifiable.

Le PIB par habitant reste l’indicateur le plus utilisé pour évaluer nos progrès, notre rang, notre niveau de vie. Or, c’est justement sa mesure qui inquiète aujourd’hui. Le PIB par habitant croît toujours, mais de moins en moins vite, et l’horizon pourrait s’assombrir davantage encore.

En cause, le nombre de bonnes idées, promis à un avenir funeste. Sans bonnes idées, pas de progrès. Et sans progrès, le PIB par habitant est dans l’impasse. Sommes-nous au crépuscule de notre bien-être économique ?

Au cours du dernier Jackson Hole, rendez-vous annuel des grands penseurs de la politique économique, la question du long terme a été au centre des débats, un horizon qui dépasse les aléas conjoncturels et autres chocs contemporains, pour s’interroger sur ce que nous deviendrons demain.

Inévitablement, la question du PIB par habitant a été posée.

En hausse de près de 2 % par an aux États-Unis sur les 150 dernières années (« The Outlook for Long- Term Economic Growth », Charles I. Jones, 2023), le PIB par habitant ne croîtrait plus que de 1 % par an depuis la fin des années 1990. En Europe, on peut dresser le même constat, notamment en France où la croissance du PIB par habitant ne serait plus que de 0,6 % contre 1,5 % jusqu’alors. Partout dans le monde, le PIB par habitant serait pantelant.

Un constat d’autant plus troublant, qu’au même moment les nouvelles technologies de l’information vampirisent progressivement notre quotidien. Davantage de connexions, de données, de traitement de données, et toujours pas de progrès mesuré dans les statistiques économiques. La nouvelle ère a-t-elle perdu sa virginité ? Il est probablement trop tôt pour se prononcer. Mais si l’on prolonge le trait, alors la thèse désenchantée a quelques arguments.

Le progrès technique n’aurait pas fini de ralentir sa course. Car les ingrédients nécessaires à la découverte, à l’innovation, se feraient plus rares. Et ces ingrédients se sont les bonnes idées (Paul Romer, prix Nobel d’économie en 2018). Des bonnes idées dont le nombre devrait continuer de croître, mais de moins en moins vite. La faillite des bonnes idées anticiperait alors un âge sombre du progrès technique. Or, sans progrès point de salut pour le PIB par habitant. Et notre niveau de vie cale.

Le nombre de bonnes idées menace de croître de moins en moins vite pour deux raisons majeures :

  1. La croissance des idées trouvées devrait décélérer (effet quantité).
  2. Parmi les idées trouvées, celles de qualité devraient être plus rares encore (effet qualité).

 

Un effet quantité défavorable

Le nombre d’idées dépend du nombre de personnes qui cherchent. Or, nos démographes prévoient une croissance de la population mondiale de plus en plus faible, voire négative pour les années à venir. Surtout dans les économies dites développées qui sont aussi celles où l’on cherche le plus.

Mais le nombre d’idées dépend aussi du nombre d’idées à trouver. C’est la thèse de l’économiste Robert Gordon, qui postule que les plus grandes idées ont déjà été trouvées, car elles étaient les plus accessibles. Et que désormais, il ne reste que les plus difficiles.

Si l’on suit ce raisonnement, alors le potentiel d’idées trouvées semble bridé pour longtemps.

 

Un effet qualité aussi défavorable

La qualité des idées trouvées dépend de la qualité des chercheurs, en quelque sorte.

Or, la contrainte du publish or perish s’est imposée comme la feuille de route à suivre du chercheur. Il est mis en demeure de trouver un résultat à publier, le but de la recherche étant accessoire. Des résultats oui, mais surtout pas des résultats négatifs, ceux-là qui concluraient sur un échec, au bout d’une longue recherche. Enfin, on pourrait citer la qualité des institutions comme facteur favorable à la production d’idées de qualité. De ce point de vue, les démocraties dites libérales seraient dites les mieux armées pour offrir un cadre indépendant et protecteur au chercheur.

Cette lecture du progrès technique par le nombre de bonnes idées nous éclaire, mais ce qu’elle donne à voir n’est donc pas très réjouissant. En panne de bonnes idées, le progrès patine. Et sans progrès pour le sublimer, le PIB par habitant ne peut pas faire de grands projets. Notre niveau de vie a augmenté de manière insolente au cours des 150 dernières années.

La lune de miel est peut être terminée. À moins que l’intelligence artificielle nous décharge de l’insupportable tâche de trouver de bonnes idées ?

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  • l’énergie?

    • je veux dire prix réel de l’énergie, le temps humain necessaire pour avoir un joule final.. l’efficacité energetique la productivité ont des limites..

  • Notre ralentissement n’aurait pas plutôt quelque chose à voir avec nos bureaucraties qui se sont transformées en énorme blob qui nous font de plus en plus ressembler aux bonne vieilles économies administrées de l’est ?
    .
    Toutes les bonnes idées du monde n’ont aucune chance d’aller très loin quand elles sont systématiquement régulées, interdites ou surtaxées.

    • C’est exactement mon avis.
      Et même quand vous arrivez au bout de votre projet, une règlementation locale stupide fini par vous interdire ceci ou cela et vous oblige à recommencer du début.
      Recommencement, qui pour beaucoup, se fera certes, mais ailleurs sous des cieux plus ouverts à l’entreprenariat et moins à systématiquement vous voler le fruit de votre travail pour financer l’incompétence et la lourdeur d’administrations aussi nombreuses qu’inutiles pour la plupart.

    • Pas seulement la bureaucratie mais aussi le vieillissement croissant des sociétés occidentales…….

  • Pour l’Europe en général, les plus gros freins au développement sont :
    -l’ingérence de l’Etat dans des secteurs en dehors de sa compétence et la prise de mesures qui au mieux freinent l’entreprenariat voire le bloque complètement, la lourdeur administrative de plus en plus importante et la charge fiscale.
    -La sur-réglementation, la mauvaise gestion, des décisions prisent par des gens n’ayant ni la compréhension, ni les compétences et prenant des décisions dans des secteurs où ils ne comprennent rien et dont la finalité est de suivre un diktat Européen ou/et de générer une taxe.
    -La surtaxation des revenus (>60% de taxes sur un revenu, jusqu’à 75% dans certaines tranches de la population) et la dévalorisation des diplômes (il faut bac+3, avoir des compétences en informatique et parler 3 langues pour balayer chez McDo), le tout associé à une lourdeur bureaucratique rendant la mise en pratique du moindre project quasiment impossible, font que les chercheurs, doctorants, docteurs et autres personnes porteuses d’innovations s’expatrient pour avoir plus de liberté dans leur travail, plus d’argent et surtout plus facile pour lancer leur projets sans être pris immédiatement pris à le gorge par les taxes, perdre des années à se battre contre des administrations débiles pour au final se voir refuser la création de sa boite parce que votre presentation n’était pas assez « idiot proof » et que les gens qui devaient valider votre financement n’ont juste rien bité à ce que vous avez expliqué.

  • Il y a plus de bonnes idées que jamais. En revanche, les mauvaises idées n’ont jamais connu une telle popularité et n’ont jamais été défendues avec une telle conviction et une telle assurance, si bien que la concurrence pour qu’elles émergent n’a jamais été aussi rude et déloyale.
    Le pouvoir politique d’une part, et les réseaux sociaux d’autre part, bondés de boites crâniennes vides, promptes à s’indigner avec fracas et lentes à calculer avec exactitude, sont devenus les seuls autorisés à admettre les idées dans le développement, quand autrefois c’était le succès pratique qui jugeait.

  • Pour avoir de bonnes idées, il faut être instruit. C’est par cette instruction que l’Occident a créé tant de richesse. Désormais, nos enfants ne sont plus instruits mais éduqués : ce n’est pas important s’ils ne savent pas lire ; ce qui l’est c’est qu’ils soient de gauche et écolo.
    Et ce n’est pas pour rien que la Chine et la Corée du sud qui ont développé l’instruction, sont désormais en tête de la quantité de brevets déposés.

  • Si nous sommes passés à la 23eme place pour le PIB par tête, il reste tout de même des champions :
    https://www.ifrap.org/europe-et-international/pib-par-habitant-la-france-nest-plus-quau-25eme-rang-mondial
    Et certainement pas Chine et Corée du sud….fascination inconsidérée ?
    Pour les mauvaises idées, c’est que nous vivons un trop plein de liquidités monétaires en circulation utilisées en fonction des modes ou des connivences.
    Pour les bonnes, la limitation vient certainement de la crainte de la durée des profits pour les investisseurs. Les bonnes idées sont malheureusement copiées, vampirisées à grande vitesse peut-être par manque de protection de propriété.
    Je persiste à penser qu’il reste des montagnes d’innovations en souffrance par bêtise, blocage intellectuel ou prétention d’avoir tout découvert !

    • Et comme la moitié du PIB est constituée de dépenses publiques, le rang en matière de PIB marchand doit être bien pire. Pas étonnant qu’on ne trouve nulle part !

  • Les commentaires sont fermés.

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