Guerre et barbarie : Si vis pacem para bellum

L’accélération du conflit israélo-palestinien remet au cœur de l’actualité les vieilles questions morales et éthiques autour de la guerre. La liberté peut-elle sonner son réveil au milieu du chaos de la guerre ?

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Guerre et barbarie : Si vis pacem para bellum

Publié le 17 octobre 2023
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Un article de l’IREF. 

 

Il existe des bibliothèques entières pour nous éclairer sur cette dramatique interrogation : une guerre peut-elle se dérouler sans quelque crime, sans quelque barbarie ?

À juste titre, des autorités qualifiées de « morales » ont demandé aux Israéliens de ne pas verser dans la barbarie : l’Organisation des Nations unies, le pape François. Porter atteinte à la santé et à la vie de la population civile qui vit dans la bande de Gaza en coupant eau et électricité est en effet contraire à toutes les règles mondialement acceptées, et au principe même du respect des droits de l’Homme.

Il a été fait remarquer, à juste titre aussi, que d’une part les crimes les plus odieux ont été le fait du Hamas, et que d’autre part la Seconde Guerre mondiale s’est terminée avec l’anéantissement de Dresde et les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.

 

On peut trouver une issue au problème en définissant les principes d’une « guerre juste ».

Théologiens, philosophes, historiens, juristes et même économistes ont évoqué tous les critères possibles. Il est habituel de distinguer la guerre d’agression et la guerre de défense : les Israéliens ne peuvent rester sans réaction face à l’invasion du Hamas. Il ne s’agit pas de se venger avec haine, il s’agit de mettre fin à la barbarie. Il est également habituel de dire que si l’on veut garder la paix il faut préparer la guerre, cela ferait même partie du domaine régalien des États. Mais l’État d’Israël lui-même n’a pas rempli correctement sa mission ; peut-être les considérations politiques et économiques de court terme ont-elles occulté ou ralenti la défense nationale.

Je me permets de réduire le débat à un choix simple : se défendre, et pour ce faire dissuader les ennemis potentiels de passer à l’attaque, ou attendre les conflits pour réagir. Ce qui me semble à l’origine de la guerre actuelle c’est le désarmement militaire, mais aussi le désarmement moral qui caractérisent les pays libres depuis maintenant si longtemps, et sans aucun doute depuis le début de ce XXIe siècle.

Le désarmement militaire est d’autant plus incroyable que la course aux armements et l’apparition de nouvelles techniques ont été extrêmement rapides depuis vingt ans. Il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale pour observer des changements aussi profonds. Mais la course est ruineuse, et elle entre en conflit avec les autres dépenses publiques que l’État-providence veut assumer, « quoi qu’il en coûte » (il est bien plus cher de lutter contre le réchauffement climatique que contre les barbares français ou étrangers, le budget de l’armée française et de plusieurs autres nations dites libres est ridicule).

 

Quant au désarmement moral, il est total.

Les valeurs de liberté, responsabilité, propriété et dignité ne sont plus enseignées ni pratiquées. Paradoxalement, on accuse le système capitaliste de développer l’individualisme, alors que le marché est la base de la concorde et du service mutuel.

Mais on a éliminé les supports du marché que sont la concurrence et la stabilité monétaire pour pratiquer le protectionnisme et la fausse monnaie.

On devrait aussi penser à la façon dont la jeunesse est éduquée et instruite, et aux chances d’une vie honnête et épanouissante. Le matérialisme a vaincu le spiritualisme. En 1983 Reagan a mis en place une stratégie de dissuasion avec l’Initiative de Défense stratégique (appelée Star Wars par les médias), il a voulu assumer les responsabilités américaines dans la guerre froide contre l’URSS, mais parallèlement les « divisions du pape » jadis ridiculisées par Staline sont venues soulever les Polonais contre l’occupant soviétique. Dès 1981, Jean Paul II prépare la chute du mur de Berlin dix ans plus tard.

Dans la guerre actuelle, nous devons comprendre les leçons de nos erreurs, mais surtout travailler à « tressaillir », à sortir des pièges de l’indifférence, de la résignation, de l’égoïsme et du loisir. Comme les Israéliens, nous devons nous mobiliser, lever l’armée de réserve de la société civile, nous devons sonner le réveil de la liberté.

Voir sur le web.

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  • certes…mais le libéral condamne l’aliénation subie pas l’alienation volontaire.. ce n’est tant la liberté qu’il aime qu’il refuse la coercition..

    on peut difficilement décrire ce qui se passe à gaza comme une guerre au sens moderne du « droit » international..ça a des cotés guerre de religion.. dont la seule issue possible est le génocide..
    mais c’est aussi et surtout ..du terrorisme et une guerre de religion par intermédiaire.. .. donc le but est de changer les opinions..occidentales ..le hamas sait qu’israel va taper fort…et le hamas sait qu’il va tuer des nnocents..et le hamas va faire en sorte qu’israle y soit contraint.. en gros attacher un bébé une femme ou un vieillard à chaque combattant.. .et il espère que les usa arrêtent ou changent leur soutien..

    « détruire » le hamas devrait être le rôle du gouvernement palestinien… ou de la communauté internationale..
    eh oui des casque bleus pour faire la police en palestine..
    ce n’est pas un hasard si Israël regarde du coté de l’iran…

    ça présente des similarités avec toutes les operations de police menées par loccident..et qui ont fait plouf…

    il faut se poser des questions sur l’onu.. parce que je ne devrais pas à avoir à me poser de questions là dessus..
    surtout quand le résultat que que des juifs en france sont pris à parti..

    mais il est vrai que l’onu mène la guerre pour climat …pas certain qu’on ait signé pour ça à la création de l’onu..
    mais..il me semble sans y avoit beaucoup réfléchi que l’onu va avec l’idée que les état fasse sens pour la majeure partie des peuples de la terre…en gros un peuple uni dans des frontières un gouvernement..
    pas trivial… surtout u quand on songe à ‘l’héritage de la colonisation en Afrique..

    mais bon comme la france a un droit de véto dans ce machin qui lui donne un privilège…on ne change rien.. c’est ça être un grand pays désormais..

  • Il ne faut jamais oublier que la guerre est souvent un échec de la politique, et c’est justement le cas avec Israël. Il y a eu très peu de tentatives de la part d’israël (et du hamas non plus) pour s’entendre. Israël a continué ses colonies en Palestine malgré toutes les condamnations internationales, alors qu’ils auraient très bien pu utiliser cela comme argument pour un apaisement des relations. J’ai du mal à soutenir ce genre de pays.
    Malgré ce mauvais exemple, la devise n’a jamais été aussi vraie à l’heure actuelle avec les menaces de la chine et de la russie

    • vraisemblablement Bibi, comme le Hamas, a besoin de la guerre pour se maintenir au pouvoir…

      -1
    • La guerre est souvent le fait de dictatures en difficultés qui choisissent le nationalisme pour les exporter via un conflit impérialiste et se perpétuer
      Que ce soit les conflits russie ukraine, Arménie Azerbaïdjan, Israël monde arabe, Taïwan chine……
      A chaque fois une démocratie est agressée par une dictature
      Malheureusement le soutien occidental a ces démocraties agressées est très parcimonieux
      Le pire, une partie certes minoritaire soutient les agresseurs par idéologie

    • Vous ne pouvez pas vous entendre avec l’assassin qui vient frapper à la porte. Nous en avons encore eu la preuve à Arras. Seul le recours à la force peut amener l’apaisement, mais encore faut-il que l’apaisement soit l’objectif des fortes parties prenantes…

  • Si tu veux la paix, prépare la guerre. Je trouve cette devise en opposition avec ce qui est écrit plus loin sur le rôle pacificateur du marché libre, de l’enseignement et la pratique de la liberté. Ou alors c’est considéré que le marché libre et la liberté préparent la guerre..
    Au passage penser que «Les valeurs de liberté, responsabilité, propriété et dignité ne sont plus enseignées ni pratiquées» sont une cause de la situation actuelle, démontre alors que cela n’a pas fonctionné. C’est à dire pourquoi, si ces valeurs essentielles existaient ce seraient-elles sabordées ?
    Je ne veux pas pinailler, je voudrais simplement exprimer que si les valeurs sont une bonne chose, elles ne résument pas l’humain. Nous commettons encore la même erreur, celle de ne pas voir l’humain tel qu’il est, individuellement et collectivement. On peut bourrer le crâne, au final c’est notre « cerveau complet » qui décide.

  • « Dans la guerre actuelle, nous devons comprendre les leçons de nos erreurs, mais surtout travailler à « tressaillir », à sortir des pièges de l’indifférence, de la résignation, de l’égoïsme et du loisir.  »
    Voici une belle conclusion qui me fait penser à Philippe Muray (Festivus, festivus !).

  • Alors je vais citer Lao Tseu.
    « Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. »
    Voilà pourquoi le Hamas, en particulier, les Palestiniens en général, paient aujourd’hui le prix de leur impatience.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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