Une bicyclette pour l’esprit ou la formidable puissance de l’inventivité humaine

L’évolution naturelle vs l’innovation humaine : Comment la bicyclette nous a montré que nous sommes les véritables champions de l’efficacité.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 3
image générée par IA

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Une bicyclette pour l’esprit ou la formidable puissance de l’inventivité humaine

Publié le 3 octobre 2023
- A +

Quel lien entre un condor et une bicyclette ? Non, ce n’est pas une blague. La réponse à cette question est fournie par Steve Jobs, et elle nous en apprend beaucoup sur l’inventivité humaine, et pourquoi elle peut être une source d’optimisme.

 

Dans sa remarquable interview de 1995, Steve Jobs souligne la puissance de l’inventivité humaine.

Il évoque un article qu’il a lu dans Scientific American dans lequel un chercheur étudiait l’efficacité du mouvement de différentes espèces. Il mesurait le nombre de calories que chacune consomme pour avancer d’un kilomètre. Le gagnant ? Le condor. L’Homme ? Bien plus bas dans la liste. Pas très surprenant finalement que la marche soit moins efficace que le vol. Mais, ajoute Jobs, le chercheur a eu l’idée brillante de mesurer un humain… sur une bicyclette. Le résultat ? La performance dépasse de loin celle du condor ! Un humain sur une bicyclette a une incroyable efficacité énergétique (0,15 calorie par gramme et par kilomètre).

Et Jobs conclut :

Les humains sont des fabricants d’outils. Nous construisons des outils qui peuvent énormément amplifier nos aptitudes naturelles.

Pour Jobs, l’ordinateur est l’un de ces formidables outils.

D’où sa métaphore de l’ordinateur comme une « bicyclette pour l’esprit » : un incroyable multiplicateur de potentiel humain.

 

Des outils pour compenser

Mais on peut généraliser bien au-delà du seul cas de l’ordinateur, avec des exemples qui peuvent sembler triviaux, mais seulement parce qu’ils sont devenus si évidents que nous ne les voyons plus : les habits chauds, plus efficaces que se coller autour d’un feu, et qui permettent de se déplacer, le livre qui libère le cerveau de l’apprentissage par cœur et permet la transmission du savoir de façon exponentielle.

Et dès lors, le fait que nos aptitudes naturelles ne soient pas très bonnes ne compte plus vraiment. Nous ne courons pas très vite, nous ne voyons pas très loin, notre capacité olfactive est minable, mais tout ça ne compte pas. Nous sommes moyens en tout par rapport aux autres animaux, mais nous fabriquons des outils pour compenser cela, et pour l’amplifier.

Car aussi extraordinaire qu’il soit, le condor n’améliorera jamais sa performance de déplacement ni son efficacité en tant qu’individu. Son seul espoir serait de compter sur l’évolution naturelle en quelques milliers, ou plutôt millions d’années pour ses descendants.

L’Homme, lui, est capable de progrès considérables dans sa propre vie. Ces progrès sont possibles parce que nous ne confions pas notre évolution à l’espèce, ce qui est trop lent et non contrôlé. Nous la déléguons aux outils que nous créons, ce qui est au contraire incroyablement rapide et puissant.

C’est grâce aux outils que nous nageons mieux que les poissons (bateau), que nous voyons mieux que n’importe quel animal (radar, longue-vue), que nous volons mieux que les oiseaux, etc. Nous inventons même des outils qui permettent de mieux inventer des outils (le livre, l’organisation, l’ordinateur, la R&D)

Tous les êtres vivants sont confrontés aux contraintes de leur environnement.

La plupart n’ont quasiment aucune influence dessus. Les castors construisent des barrages, les singes utilisent des tiges pour attraper des fourmis, mais ces actions intelligentes et utiles sont cependant rares et limitées. La construction des barrages est instinctive et l’héritage d’une longue évolution (mettez un castor dans un appartement, il essaiera de construire un barrage avec ce qu’il trouve, même si ça n’a aucun sens). L’Homme construit des outils aussi bien pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté, mais aussi par l’effet de sa curiosité naturelle : il invente les habits parce qu’il a froid, mais il invente aussi un ordinateur, et découvre seulement ensuite à quoi il peut servir.

 

Le pari gagnant de l’optimisme

Cette incroyable capacité d’inventer des outils signifie qu’il n’y a aucune fatalité face aux problèmes que nous rencontrons.

Au regard de l’histoire humaine, des problèmes formidablement difficiles ont été résolus. Nous ne sommes pas condamnés à espérer un salut de notre espèce par la seule évolution. En fait, nous ne dépendons plus d’elle, nous l’avons battue. Cette capacité n’est évidemment jamais une garantie de réussite, rien ne dit que nous saurons toujours capables de résoudre nos problèmes grâce à notre inventivité, mais elle devrait cependant être une source d’optimisme.

En tout cas, le pari vaut la peine d’être tenté. Il vaut toujours mieux que la résignation et le pessimisme.

Sur le web

Voir les commentaires (13)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (13)
  • certs mais combien de calories pour construire le biclou ? le produire entretenir ou construire les routes???

  • Alors que la roue est connue depuis longtemps, je suis quand même surpris de l’arrivée tardive de la bicyclette dans notre civilisation. On peut comparer avec l’horlogerie par exemple, qui est arrivée bien avant. L’épopée napoléonienne aurait pu se faire à vélo……

    • La roue demande une route plane et un système de pédalier. Le cheval demande un picotin d’avoine.

    • En fait la métallurgie a fait des progrès considérables. Les métaux étaient bien plus cassant, plus difficiles à travailler (et beaucoup plus chers!). La construction d’une chaine de vélo était sans doute très difficile voire impossible.
      Les roues des carrosses étaient en bois, seulement cerclées de fer pour limiter l’usure.
      Reste la draisienne. Elle est effectivement bien plus ancienne, et bien plus abordable du point de vue des techniques de l’époque. Mais très peu utile.
      Sans parler de la qualité des routes, et de l’absence de caoutchouc pour les pneus. Il faut s’imaginer faire du vélo en forêt, en roulant sur les gentes, et sans chaine.

  • L’horlogerie devait se développer rapidement pour la navigation. Quand au vélo, il n’y avait pas d’urgence puisque qu’il existait déjà un moyen de déplacement plus rapide : le cheval qui a un peut même se déplacer hors route. Un Véhicule Tout Terrain de l’époque.

    • Bien d’accord pour ceux qui avaient les moyens de se déplacer à cheval. Mais le gros des troupes marchait. Les petites gens se déplaçaient toujours à pied. Je pense qu’elles auraient apprécié la bicyclette. Mais peut-être que technologiquement c’est trop avancé pour l’époque.

  • Je ne sais comment le prendre.
    L’homme est si génial qu’il parvient à inventer tout ce dont il a besoin.
    Ou si faible qu’il lui faut une « béquille » pour faire tout ce que font les autres animaux avec aisance.

    • Et à l’heure du Grand Décompte, quand une guerre thermonucléaire totale aura été déclenchée ou une météorite de 20 kms aura percuté notre monde, qui restera ? Les poissons, les insectes et les oiseaux.
      Même pour les rats de Paris, il n’y a pas de certitude.
      Alors, évitons de faire les malins !

    • Les animaux font avec aisance ce pour quoi ils ont développé une spécialité (le vol et la vue perçante du condor, la vitesse du jaguar, l’intelligence et la force tranquille de l’éléphant, la polyvalence du cormoran, etc…). Ces spécialisations sont le fruit d’une adaptation lente à des environnements variés, au cours de l’évolution.
      Le génie de l’humain, c’est d’être adaptable, et de tirer parti des ressources de son environnement, mais ça nécessite de le faire avec intelligence ( ce que nous ne faisons pas actuellement avec les transitions -écologique ou énergétique- à marche forcée, sans avoir évalué correctement tous les paramètres).

      • oui, les leçons du passée sont manifestement oubliées, les « écolos » nous dirigent tout droit dans une nouvelle « campagne des nuisibles » ….. il suffit d’analyser les bilans thermodynamiques des nouveaux « générateurs » d’énergie ! avec les effets secondaires « oubliés »

      • Permettez-moi de décocher une flèche à votre redoutable confiance…
        « Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance,environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. »
        (Lovecraft)

  • L’inventivité permet aux humains de créer des outils pour leur bien et parfois aussi pour leur malheur. Le progrès de nos comportements est moins rapide que le progrès technique.
    Un castor stalinien ne pourra jamais soumettre tous les castors de la vallée !

    • Pure expérience de pensée.
      Il n’y a pas de castor stalinien.
      En vérité, le socialo-communisme est compatible avec peu d’espèces animales. Quelques insectes peut-être ?
      Mais vous avez raison. Voilà en effet de quoi mettre au compte de nos faiblesses. Avoir besoin de dizaines de millions de morts parmi notre espèce pour commencer à faire machine arrière. Et encore, cette lucidité n’est pas générale.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Il y a 120 ans, par une froide matinée d’hiver, les frères Wright font décoller l’avion sur lequel ils travaillent depuis des mois. C’est une machine très complexe à piloter. Ce jour-là, ils réussissent à effectuer quatre vols de seulement 30 à 260 mètres qui se terminent chaque fois assez brutalement. Mais la boîte de Pandore est ouverte.

On peut tirer au moins cinq leçons de cet épisode.

 

Il est difficile d’estimer la portée d’une invention sur le long terme

Le 17 décembre 1903, personne n’imagine ce que d... Poursuivre la lecture

Année après année, mesure après mesure, étape par étape, technologie après technologie, le fisc augmente son pouvoir, sa surface de jeu, et son « efficacité » de collecte pour l’État, toujours en manque d’argent.

 

Le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu

Souvenons-nous du prélèvement automatique des impôts sur le revenu, une mission dont l’ambitieux Gérald Darmannin s’est brillamment acquitté, confortant ainsi l’État dans son assurance d’être payé, dans le coût de sa collecte (maintenant déléguée aux employeurs qu’... Poursuivre la lecture

Sommes-nous heureux ? Qu’allons-nous devenir ? Pourquoi j’existe ?

Des questions bien trop nébuleuses pour le penseur de l’économie, des questions qu’il préférera résumer en une seule : quel PIB par habitant ? Un indicateur critiquable, mais quantifiable.

Le PIB par habitant reste l’indicateur le plus utilisé pour évaluer nos progrès, notre rang, notre niveau de vie. Or, c’est justement sa mesure qui inquiète aujourd’hui. Le PIB par habitant croît toujours, mais de moins en moins vite, et l’horizon pourrait s’assombrir davantage... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles