IGPN : un rapport annuel satisfaisant, mais une communication déplorable !

Une hausse des enquêtes sur l’usage de la force ? Les gros titres le suggèrent, mais le rapport annuel de l’IGPN raconte une histoire différente.

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IGPN : un rapport annuel satisfaisant, mais une communication déplorable !

Publié le 27 septembre 2023
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Comme un seul homme, la presse subventionnée reprend la dépêche AFP selon laquelle le nombre d’enquêtes menées par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur l’usage de la force par des policiers sur la voie publique est en nette hausse en 2022.

Par exemple :

« La police des polices a enregistré en 2022 une « nette augmentation » du nombre d’enquêtes sur l’usage de la force sur la voie publique », titre France Info.

« IGPN : les enquêtes sur l’usage de la force par les policiers sur la voie publique en hausse en 2022 », pour BFM TV.

« L’IGPN note une nette hausse de ses enquêtes liées à l’usage de la force sur la voie publique », selon Le Monde.

« Les enquêtes de l’IGPN sur l’usage de la force sur la voie publique en hausse en 2022 », pour Ouest France.

« Rapport de l’IGPN : 38 personnes ont trouvé la mort à l’issue d’une mission de police en 2022 », déclare France Inter.

 

Une lecture différente

À la différence des auteurs des articles précédents, votre serviteur a lu le Rapport de l’IGPN 2022.

Ce document recense ainsi 1065 saisines judiciaires pour 2022, soit, si l’on excepte le pic atypique de 2019 lié au mouvement des Gilets jaunes, une quasi-stabilité des affaires les plus graves depuis 2016.

Dans ce total, 508 enquêtes versus 510 en 2021 portent sur des soupçons liés à l’usage de la force.

Plus d’une fois sur deux cette dernière est liée à une « interpellation ou une opération assimilée », en général sur la voie publique.

« Ce chiffre est en nette augmentation, puisqu’il représentait 37 % des allégations en 2021 », note la Police des polices qui, au chapitre des « Moments de grande tension », cite « les contrôles d’identité (10 %), les contrôles routiers (14 %) qui dégénèrent » ainsi que « les contextes de manifestations et de services d’ordre (12 %).

« Après une hausse amorcée il y a deux ans, les enquêtes ouvertes sur des allégations d’injure à caractère raciste ou discriminatoire demeurent à un niveau égal », souligne le document, qui ne mentionne que 52 dossiers en 2022, contre 51 en 2021, 38 en 2020 et 31 en 2019.

Quelque 775 policiers ont été entendus comme suspects l’année dernière. Si le chiffre peut sembler important, il est en retrait par rapport aux 921 agents inquiétés en 2021, et aux 1107 de 2020.

Les policiers ont fait usage de leur arme à feu à 255 reprises, en baisse de 24,6 % par rapport à 2017. En revanche, 846 munitions ont été utilisées contre 713 en 2020. Si les tirs ont visé des individus décrits comme « dangereux » à 50 reprises, les policiers ont fait feu en direction de véhicules en mouvement dans 54 % des affaires, occasionnant 15 blessés et 13 décédés parmi les usagers.

Jamais les policiers n’ont autant dégainé leur pistolet à impulsion électrique : 2699 reprises en 2022, un record, en hausse de 11 % par rapport à 2021, et un doublement de son usage en cinq ans.

Dans 25 % des cas, cette arme non létale a été utilisée en « mode tir ». Les policiers ont également tiré 7020 balles de défense supposées, sur le papier, « interrompre les gestes agressifs d’un individu se situant à une distance maximale de 35 mètres ».

Parallèlement, « 90 services de police ont été visités dans le cadre de contrôles inopinés liés à l’accueil des victimes, notamment celles de violences conjugales ». Avant d’enregistrer un taux de satisfaction des usagers de 79 %, preuve s’il en est que tout le monde ne déteste pas la police.

 

Une erreur de communication

D’où vient alors cette différence de lecture entre les articles de presse cités plus haut et l’analyse que je vous propose ici ?

Bien sûr, d’une part de la lecture « gauchisante » des médias, dont la majorité des journalistes sont favorables aux thèses de la NUPES ; et d’autre part l’origine d’une source unique de l’analyse (dépêche AFP) alors que le rapport complet est disponible sur le site du ministère de l’Intérieur depuis le 21 septembre.

Mais aussi et surtout par la communication, ou plus exactement l’absence de communication de la place Beauvau. Alors que les forces de l’ordre sont de nouveau pointées du doigt ce samedi 23 septembre, à l’occasion d’une marche à Paris contre « les violences systémiques, pour la justice sociale et les libertés publiques » à l’appel d’associations ainsi que de partis de gauche et d’extrême gauche, l’inspection générale de la police nationale a rendu public jeudi dernier, en catimini, son rapport annuel.

D’ordinaire présenté à la presse, le rapport annuel de l’IGPN a été publié sans communication particulière. Le document, qui présente le bilan de l’organe de contrôle interne de la police pour l’année 2022, revêtait pourtant une dimension particulière pour la nouvelle cheffe de l’inspection, Agnès Thibault-Lecuivre, ancienne conseillère justice du cabinet du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et première magistrate de l’ordre judiciaire à diriger la Police des polices.

Sans débat, ni explication autre, le présent rapport était l’occasion pour Gérald Darmanin de défendre notre police républicaine, alors que 30 000 gendarmes et policiers sont mobilisés ce week-end pour la sécurité de tous.

 

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  • je ne sais pas quoi penser de ça…
    on voit un sondage d’opinion d’ailleurs…

    et quelle importance a l’image???

    la police a une fonction…

    • 2 choses :
      1) si la délinquance impunie par la justice augmente, alors il y a mathématiquement plus de cas à traiter par l’IGPN.
      2) Si on veut diminuer le nombre de cas traités par l’IGPN, le mieux est que les policiers fassent la grève du zèle : « je n’interviens pas car je risque de faire une bavure si le délinquant ne coopère pas ».
      Pour conclure : le jour où les juges seront responsables de leurs jugements devant la loi, alors la délinquance baissera drastiquement.

  • Les commentaires sont fermés.

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