L’Europe à la traîne dans la course mondiale à l’IA

Avec les géants technologiques américains et chinois dominant le champ, l’Europe doit repenser sa stratégie vis-à-vis de l’IA.

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L’Europe à la traîne dans la course mondiale à l’IA

Publié le 26 septembre 2023
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Il ne faut « pas sous-estimer les menaces très réelles » de l’intelligence artificielle a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen allant jusqu’à évoquer un « risque d’extinction » de l’humanité… Or si l’IA présente des défis, elle offre également d’énormes opportunités pour la société et l’économie.

 

L’Europe qui criait au loup

La représentation de l’intelligence artificielle (IA) dans les films, et la crainte qu’elle puisse un jour remplacer l’espèce humaine est un thème récurrent dans la science-fiction.

Cependant, il est important de se rappeler que ces scénarios sont généralement basés sur des conjectures et des spéculations dramatiques pour créer du suspense et de l’intrigue.

Dans la réalité, la possibilité que l’IA remplace complètement l’espèce humaine est hautement improbable, et relève davantage de la fiction que de la réalité comme le relève la scientifique Aurélie Jean. Les technologies évoluent, mais les valeurs, la créativité et la complexité humaines restent irremplaçables. Il faut également noter que la plupart des experts en IA et des organisations travaillent déjà à développer des normes éthiques et des mécanismes de contrôle pour garantir que l’IA soit utilisée de manière responsable et bénéfique pour la société.

 

À quand une approche équilibrée ?

Une vision alarmiste pourrait continuer d’entraver le développement et l’adoption de l’IA en Europe.

Or, les investissements dans la recherche et le développement en IA en Europe sont déjà inférieurs à ceux effectués aux États-Unis et en Chine. Les géants technologiques américains et chinois ont consacré d’énormes sommes d’argent à l’IA, ce qui leur a permis de prendre une longueur d’avance. Car contrairement aux États-Unis, qui abritent des géants technologiques tels que Google, Facebook et Amazon, et à la Chine, où des entreprises comme Alibaba et Tencent sont dominantes, l’Europe n’a pas produit de grandes entreprises technologiques leaders mondiales dans le domaine de l’IA. Et ce n’est pas du côté d’ATOS dirigé un temps par Thierry Breton, l’actuel Commissaire Européen (notamment chargé du numérique) qu’il faudra espérer des progrès.

 

Le retard considérable de l’Europe 

L’Union européenne privilégie résolument une approche normative en matière numérique, ce qui n’est pas sans poser de nouveaux risques économiques et démocratiques.

L’objectif de la régulation numérique poursuivie par l’Union européenne est d’encadrer les pratiques des technologies numériques afin de promouvoir une société ouverte et démocratique permettant de protéger le citoyen et le consommateur européen.

Or, pour créer des IA, il faut à fois de la puissance de calcul, c’est une question d’argent, l’accès à des talents, c’est une question d’éducation, et des données pour l’entraînement des algorithmes, c’est notamment la question du RGPD. Lorsque les entreprises sont soumises à des réglementations strictes et à des contrôles excessifs, elles sont moins incitées à innover.

À la fin, sans maîtrise de la technologie, cette règlementation toujours plus poussée pourrait aussi être vouée à nous rendre plus dépendants.

 

 L’Europe doit rester compétitive ! 

« Le pire scénario, ce serait que l’Europe investisse beaucoup moins que les Américains et les Chinois, mais commence par créer de la régulation » déclarait Emmanuel Macron le 15 juin lors du salon Vivatech de Paris.

Ce scénario est pourtant en train de se concrétiser.

Certes, la réglementation est nécessaire pour garantir la sécurité et l’éthique de l’IA, mais l’Europe a déjà beaucoup de normes. Les réglementations excessivement strictes en Europe ont déjà pu freiner l’innovation et le développement de l’IA par rapport à des pays comme les États-Unis, où l’approche est souvent moins contraignante sur la base de principes plutôt que de règles spécifiques pour chaque situation.

En se concentrant sur les risques immédiats, l’Europe risque surtout de manquer de précieuses opportunités de développement technologique, d’innovation et de leadership mondial dans le domaine de l’IA.

 

Garantir un avenir prospère pour l’Europe dans l’ère de l’IA

Les gouvernements, les entreprises et les universités doivent aussi collaborer étroitement pour stimuler l’innovation en IA.

Cela inclut le financement de projets de recherche de pointe, la formation de chercheurs et la création de centres d’excellence en IA. Les systèmes d’IA représentent d’énormes opportunités en permettant d’analyser des grandes quantités de données pour prévoir des tendances, prendre des décisions basées sur ces données en temps réel, et optimiser les processus.

En matière de santé, l’IA peut par exemple être utilisée pour diagnostiquer des maladies, personnaliser les traitements médicaux, surveiller les patients à distance et aider les professionnels de la santé à prendre des décisions plus éclairées.

En matière d’éducation, l’IA pourrait également permettre d’améliorer l’apprentissage en fournissant des contenus éducatifs personnalisés.

 

Investir dans la formation aujourd’hui

Maîtriser l’IA revient déjà à pouvoir dicter sa norme, et, par extension, sa vision du monde.

Au lieu de s’épuiser à ré-inventer des principes qui existent déjà, et qui ne seront pas forcément opérants sans la maitrise des technologies, une sensibilisation massive des politiques comme du grand public est indispensable. Il est urgent de démystifier l’IA et nous permettre collectivement d’appréhender les enjeux de cette discipline. Il faut également investir massivement dans la formation pour augmenter le volume d’ingénieurs et de chercheurs en IA diplômés dans nos grandes écoles et universités.

Bref, il est temps d’appeler l’Europe à l’action pour que les Européens embrassent l’IA comme une opportunité économique plutôt que de nourrir la crainte d’une nouvelle menace existentielle.

Voir les commentaires (16)

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Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • bill gates n’est pas les usa..c’est bill gates…

    quand on dit l’ue est à la traine.. on a en général un plan…

    alors que le problème est ailleurs…la liberté d’entreprendre la capacité de profiter de la richesse qu’on crée etc etc…

  • Il faudrait un peu mieux définir ce qu’est l’IA. S’il s’agit des applications des réseaux neuronaux, on veut bien croire que nous soyons à la traîne, mais rien d’étonnant avec le niveau de nos gamins en 6e. S’il s’agit des trucs genre chatGPT, capables de belles paroles pour mettre trois pages à dire « le petit chat est mort », nos administrations ont une grande avance sur le reste du monde.

    • Celle-là je ne l’avais jamais entendu : « Nos administrations ont une grande avance sur le reste du monde  » !!! J’ai l’impression que nous ne vivons pas dans le même monde ou que vous n’avez pas beaucoup voyagé ! Le remplacement des fonctionnaires par l’IA permettra d’une part de ne pas attendre des jours pour que votre demande soit prise en considération et… surtout de ne pas voir sur le passeport de mon épouse : Mme XXX veuve … Oui, mon épouse a dû faire refaire trois fois son passeport pour des erreurs ce qui l’a obligée à refaire ses photos !!!
      Bref, la fonction publique en France peu faire d’énormes progrès et l’IA est un des moyens pour accélérer le mouvement !

      • Hé, le second degré, vous connaissez ?

        • Sinon, je ne vais pas vous empêcher de rêver, mais justement, une IA fait en une heure plus d’erreurs qu’un humain dans toute sa vie. Il est ensuite impossible de lui faire entendre raison. Vous ne voyez toujours pas le rapport avec l’administration française ?

          • Cela me rappelle ce que me disait feu mon défunt père : Il n’y a pas de mauvais outil, il n’y a que de mauvais ouvriers.
            Comme je l’ai dit lors d’un atelier de découverte de l’IA, apprenez déjà à maîtriser l’outil et après vous pourrez dire qu’il raconte des idioties.
            Pour votre gouverne, j’ai mis en place le premier configurateur mondial de PABX en utilisant l’IA. Par contre, il a fallu former les développeurs et les utilisateurs pour ensuite réaliser des gains de productivité de 2000 %. Pas trop mal pour une appli développée en 1980 !

  • Ce type d’article sert à quoi ? A dire qu’on est à la traîne, régulateur, has been..
    Il faudrait au moins l’étayer avec quelques faits à charge et décharge pour se faire une idée un peu plus réaliste.
    Selon une étude de Statista, d’un point de vue investissement la France et 8e et l’Allemagne 7e, derrière respectivement l’Inde, le Canada, Israël, Royaume-Uni, Chine et USA.
    Ensemble France et Allemagne représentent le 4e investissement, sans prendre on compte le reste des pays européens. Si on considère le R-U dans la sphère européenne (par la proximité), l’Europe géographique est dans le trio de tête.

    Certes c’est beaucoup moins que la Chine ou les USA, cependant l’UE n’est pas un pays.
    Et puis si on enlève les GAFAM, il reste quoi aux US ? L’IA en Chine est très géopolitisée !

    Bref c’est pas le nirvana, mais c’est pas non plus la débâcle.

    -1
    • Les USA sont en avance grâce en partie à des chercheurs français qui se sont exilés car l’administration française leur mettait des bâtons dans les roues. Je ne parle pas des salaires proposés en France et ceux offerts par les universités et sociétés américaines.
      J’ai travaillé, il y a plus de 40 ans, avec l’université Carnegie Mellon de Pittsburg et je me rappelle avoir parlé plus en français qu’en anglais ! Les investissements en IA dans l’UE sont encadrés par des normes concoctées par des technocrates à Bruxelles qui ont une grande qualité : INCOMPETENCE !
      Il faudra d’abord virer tous ces technocrates pour que l’UE puisse combler son retard.

  • Appeler l Europe à l action ? Qu est ce que ça veut dire ? Le monsieur qui demande ça se prétend libéral ? Mais c’est aux individus qui sont motivés par l IA de s y atteler, quant à l Europe, qu elle s’ occupe de son régalien pour changer.

  • Voilà 50 ans qu’on nous bassine avec l’IA (cf rapport Lighthill 1973) et la confusion s’amplifie entre intelligence et vitesse. S’il est vrai qu’avec des puissances de calcul devenues phénoménales des algorithmes brute force affligeants de naïveté parviennent à des résultats impressionnants, il est certain que la subtilité paraît moins rentable. Attention quand-même qu’à exiger des bulldozers pour casser une noix on oubliera d’inventer le casse-noix. La prétendue intelligence artificielle est surtout un moyen de débrancher l’intelligence tout court, ce qui arrange bien les médiocres décideurs aux manettes.

  • le consommateur..profitera des IA… américaines ou européennes…
    comme il profite de google…ou amazon..

    et bien entend l’europe taxera.. mais subventionnera aussi les projets européens..

    pour un libéral les structures politiques ne sont pas pertinentes du point de vue économique.

    l’argent PUBLIQUE que l’ue prendra dans votre poche pour financer la recherche ou les projet IA…nuira à d’autres activités économique d’ailleurs…

    • et l’ue subventionnera en meme temps des chercheurs qui concluront que l’IA contribue au réchauffement climatique et fait toute vilaine chose..et que donc lue doit la mettre sous controle.. la réguler..la rendre politiqument correcte etc…

  • Je vois sur le net…Yann-Maël Larher, un avocat passionné par la promotion de la recherche et de l’innovation en France,

    que signifie promotion de la recherche…auprès de qui d’ailleurs…lue???

    des décideurs?

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