Au vu de taux d’intérêts élevés, de l’inflation et des revenus réels en baisse, un tel cocktail devrait affoler les marchés financiers français et inquiéter les consommateurs selon une simple logique économique.
Pour illustration, l’Allemagne entre en récession et la Chine en déflation. Contre toute attente, le cours des actions est à la hausse, les bénéfices de la plupart des entreprises sont florissants. Excepté pour les Français qui sont exclus à cause de l’affaiblissement de leur pouvoir d’achat, les dépenses se dirigent vers les vacances, les divertissements et les sorties.
Ces tendances sont hors schéma connu d’un cycle économique avec reprise, prospérité, emballement et affaiblissement.
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La France est-elle en pleine prospérité ou déjà en plein affaiblissement ?
L’indicateur de la faiblesse de la demande de biens et la forte consommation de services nous apportent une réponse.
Certains secteurs de l’économie se dirigent définitivement vers un ralentissement.
Les indicateurs de l’industrie sont en forte baisse, surtout en Europe, y compris en France. La production et les carnets de commandes atteignent des niveaux qui ne s’affichent qu’en cas de récession. Les mesures prises au cours de la crise sanitaire ont permis une augmentation significative de la demande de biens. À l’heure actuelle, la demande régresse.
Parallèlement, la forte hausse des taux d’intérêts affecte les marchés immobiliers. Mais en même temps, le marché de l’emploi est en plein essor et l’envie de consommer ne semble pas être freinée. C’est ce qui rend la situation macroéconomique actuelle à la fois unique et énigmatiquement inquiétante.
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Les perspectives moroses vont-elles conduire les entreprises à ralentir leur activité et supprimer des emplois ?
Jusqu’à quand les consommateurs vont-ils continuer à consommer, pour ensuite réduire leurs dépenses car le pouvoir d’achat diminue, les économies également, en raison de l’inflation et de l’augmentation des taux d’intérêts ?
On peut expliquer la robustesse du marché du travail et la stabilité de la consommation par les aides versées par l’État dans une période où la consommation avait été limitée.
Les dispositifs mis en place avaient pour objectif d’éviter un effondrement du tissu économique du pays et un chômage de masse. En outre, ceux qui ont bénéficié d’augmentations de salaire et qui n’ont pas à craindre pour leur emploi alimentent par leur dépense le secteur des voyages, des événements culturels. Les chiffres américains sur les dettes des cartes de crédit montrent que ces dépenses se font aussi à crédit.
Cette tendance est corrélée à la situation du marché du travail qui propose beaucoup de postes vacants.
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Plein emploi selon les chiffres
Pourtant, personne ne répond aux offres d’emplois.
On va trouver une explication dans les conséquences de la crise sanitaire.
Nombreux sont ceux qui ont pris une retraite anticipée ou qui ont réduit leur temps de travail. Également, l’observation de l’évolution démographique montre que les baby boomers partent à la retraite, laissant un vide sur le marché du travail.
On assiste à un phénomène appelé par les économistes la rétention de main-d’œuvre, c’est-à -dire sa thésaurisation. Malgré une conjoncture qui s’essouffle, les entreprises hésitent à licencier du personnel car s’il y a reprise, trouver les personnes compétentes peut se révéler difficile.
Dans un premier temps, le chômage reste bas, et la consommation stable. Cette attitude ne peut être pérenne dans le sens que, s’il y a rétention de main-d’œuvre, les entreprises emploient davantage de personnel que ce qui est économiquement raisonnable. Une solution serait de renoncer aux augmentations de salaire. La baisse des salaires ne serait pas envisageable, car elle impacterait la productivité liée au moral des employés.
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Les bénéfices et les marges compressées
Les coûts salariaux trop élevés pèsent aussi et surtout sur la rentabilité.
Cela signifie que les marges bénéficiaires des entreprises seront désormais sous pression, après qu’elles auront pu les élargir parfois massivement pendant la reprise.
Même les analystes américains, qui sont souvent un peu trop optimistes, s’attendent en moyenne à une baisse des bénéfices de 9 % par rapport à l’année passée.
C’est une mauvaise nouvelle pour les bourses. Mais pas seulement. Ce sont les consommateurs et l’économie dans son ensemble qui seront impactés par une réduction des investissements faute de bénéfices. Les licenciements seront inévitables afin de réaliser des économies. De plus, l’effet de l’explosion des taux d’intérêt se fera pleinement sentir.
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Les taux d’intérêts augmentent en France
En France, le schéma est le même, même si les chiffres sont un peu moins importants et que le niveau moyen des taux d’intérêts fixes sur cinq ans n’a augmenté “que” de 1 à 4 %.Â
Mais si les États-Unis entraient en récession, la France en ressentirait les effets principalement par le biais du commerce extérieur. L’avenir dira si notre consommation intérieure restera suffisamment forte ou stable pour préserver l’ensemble de l’économie française d’une récession.
Et, honnêtement, nous savons bien que non…
Tous les chiffres français sont faussés par le calcul du PIB qui inclut l’administration omniprésente.
Un biais dont il est facile de tenir compte, mais ça n’est pas chose agréable que de le faire…
D’après le Bruno de Bercy, l’économie se porte super bien en France. Alors, pourquoi douter à un moment où il dit que tout va bien et même mieux qu’en Allemagne ?
Oh, je n’ai pas de doutes mais des certitudes. Sauf peut-être en ce qui concerne qui de la France ou de l’Allemagne va maintenant le plus mal.