La « voiture électrique du peuple » à l’épreuve de la technocratie

La voiture électrique reste dépendante des subventions et va coûter cher aux contribuables.

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La « voiture électrique du peuple » à l’épreuve de la technocratie

Publié le 11 août 2023
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Par Simon Choisy.
Un article de l’IREF

 

Il y a un peu plus d’un an, pendant sa campagne électorale, le président de la République, candidat à sa réélection, faisait part de sa volonté de voir émerger une offre locative automobile électrique à 100 euros par mois pour les ménages modestes. Un « leasing social » nous était promis. La « voiture du peuple », du moins pour les contribuables à faibles revenus, allait sillonner nos routes.

Il est vrai que la priorité de nos concitoyens n’est ni l’éducation ni le logement, ni la sécurité, ni l’emploi, ni le pouvoir d’achat, ni l’accès aux services publics, ni la réduction des gaspillages publics, ni rien de tout cela. Les masses laborieuses, comme les désignait le Parti communiste français à une époque, aspirent évidemment avant tout à conduire un véhicule électrique…

 

Voitures électriques : lorsque les subventions s’arrêtent, le marché s’effondre

Cette annonce de M. Macron, à visée électorale, n’avait été précédée d’aucune analyse préalable quant à ses conditions de mise en œuvre. Comme si la France manquait d’expertise en matière d’industrie automobile. Comme si, aussi, la France manquait de fonctionnaires, de structures administratives, d’organes consultatifs, d’opérateurs de l’État, etc. pour éclairer une décision de ses gouvernants.

La filière automobile répète à l’envi depuis plusieurs années que les véhicules électriques à bas coûts sont la force de l’industrie automobile chinoise prête à s’engouffrer dans la brèche de la fin des véhicules thermiques. Le destin de Cassandre était de n’être pas entendue. Les immatriculations de véhicules d’origine chinoise, favorisées par des prix particulièrement attractifs sont d’ores et déjà en forte hausse, dopées par un empilement de primes (nationales, régionales voire locales, seules les premières étant véritablement comptabilisées en dépenses publiques alors que toutes en sont).

Jusqu’ici, à travers les taxes pesant sur les carburants, l’automobile contribuait fortement au budget de l’État (18 milliards d’euros en 2022). La « fée électricité » se mue en vampire. La mise sur le marché de véhicules électriques exerce une pression qui n’est pas sans danger. Les exemples étrangers nous enseignent que lorsque les subventions s’arrêtent, le marché s’effondre. Les constructeurs chinois et l’américain Tesla, qui ne disposent en France d’aucune présence industrielle ni même commerciale, vendant principalement leurs véhicules par internet, peuvent se frotter les mains.

Étonnamment, ce coût est d’autant plus astronomique qu’il inverse les flux budgétaires transformant les recettes – tangibles – de la fiscalité pétrolière, en dépenses tout aussi certaines sous forme de subventions. Ce mécanisme pernicieux prospère dans l’indifférence du Parlement, de la Cour des comptes, des observateurs divers, sous la pression des thuriféraires de la pensée unique écologique qui ne jurent que par le véhicule électrique (sans oublier le dernier rapport du GIEC !).

Quel est donc le visiteur du soir qui a pu inspirer pareil propos au président de la République disposant pourtant, ès-qualités, de l’accès le plus large à l’état de l’art et aux experts de toute nature ? Il se dit que l’auteur de la suggestion serait le député écologiste au Parlement européen Pascal Canfin, plus connu jusqu’alors pour son passé de militant tiers-mondiste que pour ses compétences en matière de stratégie industrielle ou d’analyse des prix de revient.

Disons-le tout net : une telle offre de véhicule accessible à 100 euros de loyer mensuel n’existe pas, du moins pas sans subventions massives. Le surcoût du véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique est de l’ordre de 40 %.

Quant à déterminer les curseurs d’une offre à 100 euros (type de véhicule, conditions de commercialisation, conditions de reprise, kilométrage autorisé par le contrat de location, régime des dommages causés au véhicule, risque d’impayés élevé inhérent à la qualité de ménages à revenus modestes, revenus , etc.), c’est un casse-tête (chinois ?) à ce jour non résolu.

 

Une chose est sûre : si elle voit le jour, la voiture à 100 euros de loyer par mois reviendra très cher aux contribuables

Depuis un an, on ne compte plus les réunions de toute nature et autres aimables pressions de la puissance publique pour donner forme à la promesse, ou plutôt à l’injonction, présidentielle.

La filière automobile, amont et aval, défend âprement ses intérêts. Seules des subventions massives, directes ou indirectes telles que des garanties pour couverture de risques, des subventions au processus de production (« giga factory », fabrication de microprocesseurs…) sauront convaincre les constructeurs et les loueurs de satisfaire la promesse présidentielle. En termes financiers, lorsque le marché ne peut satisfaire le besoin, les opérateurs demandent à être « dérisqués ». Autrement dit à transférer le coût du risque sur le contribuable.

La chasse aux subventions est ouverte (toute l’année). Le président de Tesla est venu tâter le terrain au mois de juin dernier, prêt à monnayer le trophée que représenterait pour le président de la République une installation de Tesla en France.

Une chose est sûre : si elle voit le jour, la voiture à 100 euros de loyer par mois reviendra très cher à l’État. On évoque une subvention additionnelle de 7000 euros par véhicule, s’ajoutant au bonus écologique actuel du même niveau ! En prenant un point moyen de 50 000 véhicules, la mesure de leasing social coûtera à minima 350 millions d’euros en année pleine, voire le double en cas d’empilement des primes. N’était-il pas question de mettre fin au « quoi qu’il en coûte » ? Le ministre des Finances a dû détourner le regard et s’atteler à l’écriture d’un nouveau livre.

Selon la formule prêtée à M. Chirac, « les promesses électorales n’engagent que ceux qui les reçoivent ».

On en vient à souhaiter pour nos finances publiques et pour notre filière automobile que cette lubie, non évaluée préalablement et assurément coûteuse pour nos finances publiques, ne voie jamais le jour.

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    jacques lemiere
    11 août 2023 at 6 h 53 min

    l’intervention politique a toujours un cout pour le contribuable…et surtout crée un marché faussé, et ça refroidit les investisseurs privés…
    va construire une centrale électrique quand les politiques s’arrogent le droit de l’interdire du jour au lendemain.

    la question PREMIERE reste donc de savoir à quoi ça sert… ou si le cout en vaut la chandelle…

    alors « lutte pour le climat » et baisse de la pollution atmosphérique …on peut douter… on va donc voir une augmentation sensible de l’espérance de vie en france après le véhicule électrique…ou pas..et la fin des outrances météo.. ou pas..

    une remarque l’interdiction des désherbant chimiques a produit une armée de gens qui vous expliquent que désherber n’est pas vraiment utile…

    la voiture électrique va donc produire des gens qui vont vous expliquer que vous n’avez pas besoin de voiture..

    • J’ai effectivement remarqué que la plupart des néo jardiniers ne désherbent plus leur potager, même avec une binette bio. De là à en déduire que la paresse est écolo-compatible…

  • La Trabant est devenue une voiture culte. Tous les espoirs sont donc permis.

    • Des Trabant on n’en voit pas beaucoup rouler ( quel que soit le lieu) et comme petite citadine dans les ZFE, j’aurais comme un doute?

      • Comme véhicule de collec, ça se tente !
        Mais si vous voulez vraiment faire la nique aux écolos, je suggère de dénicher un 2 temps diesel…
        😈

  • Le modèle présidentiel ressemble à feu l’autolib parisienne – on ne peut pas prôner la décroissance et « en même temps » aider chaque foyer à acquérir un véhicule pour son usage exclusif.
    Les avantages, ce sont que :
    * le coût de l’assurance était, je suppose, intégré dans le coût du service d’auto-partage
    * les véhicules étant partagés, il n’en faut pas autant que si chacun avait le sien
    * les véhicules étant tous identiques, on fait des économies d’échelle en termes de conception, d’achat et de maintenance
    * on a une expérience du modèle et on devrait être capables d’évaluer son coût réel
    * il est tout à fait possible d’utiliser des véhicules d’origine française – pour Autolib à Paris et Bordeaux, les véhicules sont / étaient produits par BlueCar, filiale du groupe Bolloré issue des activités automobiles de Matra.
    Inconvénients :
    * je ne sais pas ce qu’il en est à Bordeaux, mais je crois qu’à Paris le service a laissé une ardoise salée à la ville quand il a été supprimé.
    * adapté aux trajets urbains relativement courts, mais clairement pas pour partir en vacances (c’est tout de même un peu une limitation générale du véhicule électrique, encore plus quand il est à bas coût)
    * gros risque de copinage massif entre les politiques et l’entreprise chargée de la mise en œuvre…

    • Dans les inconvénients, vous oubliez un paramètre majeur ( en France) c’est la vitesse à laquelle les équipements collectifs sont dégradés. On l’a constaté avec l’autolib, ce qui n’a pas empêché les mêmes erreurs avec les vélib et autres trottinettes électriques que l’on retrouve en grand nombre noyées dans certains canaux de la capitale ou autres grandes villes! Il y a encore quelques pays en Europe du nord où cela doit être viable, mais en France oubliez!

  • Mon feeling : ce sont aussi des subventions en trois bandes pour tenter de faire décoller le véhicule électrique français. Tant qu on y est créons une loi DAVECO (droit au véhicule électrique opposable) . C est pas cher , c est l Etat qui paye. Le visiteur du soir est peut être le syndicat de la filière auto française qui sent venir la mort.

  • Si Macron et Le Maire étaient modérément libéraux, ils feraient confiance au bon sens des consommateurs. Si la voiture électrique convient à ceux qui l’achètent, elle n’a pas à être subventionnée.
    La promesse de Macron, sous influence de Canfin, démontre son inconsistance et surtout son incapacité à défendre les intérêts de la France et des Français.
    Le bilan de ses deux mandats sera apocalyptique.

  • Afin d’éviter ce genre d’ânerie, une de plus, il est grand temps de supprimer le régime présidentiel au suffrage universel. Les êtres aux multiples vertues qu’exigerait notre pays ne sont pas ambition-compatibles. En revanche on peut trouver un Bastiat ou un Tocqueville dans l’Assemblée. Certes l’effet sera dilué mais c’est toujours moins fort qu’un poison pur !

    • C’est « élection présidentielle au suffrage universel direct ». Ceci dit, d’accord.

    • En quoi l election présidentielle au suffrage directe est responsable de cette idée de racolage électoral ????
      Quel que soit les élections ( municipales régionales sénatoriales…..), toutes produisent des propositions démagogiques du même tonneau
      L electeur est devenu un client qu il faut flatter et garder bien précieusement
      Le mode d election n y pour rien, simplement l electeur est devenu plus individualiste et veux trouver un avantage personnel dans son vote
      La suppression de la TH rentre exactement dans ce moule même si ce n est qu un jeu de bonneteau vers la TF puisque la redistribution continue de croitre
      L illusion est largement suffisante……..

      • @ph le mode à 2 tours est une machine à éliminer les petits partis et une forteresse imprenable ( jusqu ici … ) pour les gros. Ajoutez à cela l inexistence de proportionnalité à l assemblée et vous arrivez au résultat que les gens votent extrême ou avec leurs pieds. Notre système électoral y est pour bcp dans l impossibilité de réformer le pays et la future explosion ainsi programmée.

      • @Ph1lh1
        Oui le racolage est devenu l’instrument exclusif des démocraties décadentes et la redistribution son corollaire incontournable.
        Arrive un moment à mon avis pas lointain où quand les charognards ont exterminé les pigeons on se demande où sont les plumes à redistribuer. Cela finit en guerre civile entre primates.

  • C’est le retour de Coluche.
    La voiture à crédit pendant des années… et à la fin, l’épave est à toi !

    • C’est pareil avec l’immobilier, tu rembourses ton crédit pendant 25 ou 30 ans et ensuite on te pond des normes inapplicables et inutiles pour te pousser à la rénovation énergétique, isolation, panneaux solaires, pompe à chaleur, mettre ta chaudière à gaz (que tu viens de changer il y a 6 mois) à la casse, en te promettant moult subventions (payées avec l’argent des autres c’est-à-dire ceux qui sont trop c++s pour payer sans en profiter)!
      Et si tu ne marches pas dans la combine, ton taudis est à toi s’il n’a pas été squatté pendant tes vacances au soleil!

    • @abon non c est la voiture avec un crédit sur les bébés qui ne naîtront pas, on les comprend .

  • Je ne sais pas quel type de véhicule auquel pense l’auteur, mais cela me semble tout à fait possible. Une voiture basique à 10000€ +40% donc, soit 14000€. Un crédit sur 15 ans devrait le faire.
    Le moteur électrique est très durable, une telle voiture peut durer largement plus de 15 ans. Bon la batterie va s’user, et l’autonomie, pitoyable au départ, en deviendra ridicule.
    Alors peut être que ce véhicule ne vous intéressera pas, mais ne vous inquiétez pas, on ne vous laissera pas le choix!

  • Dilatée…
    Mais ce que vous pouvez croire, petits cochons.
    La dette est de plus en plus dilatée, n’est-ce pas Burno!

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