Bilan des « 100 jours » : Macron vit son Waterloo

Emmanuel Macron promettait unité et action pour ses 100 jours de mandat. Le bilan dépeint plutôt une France embrasée et divisée.

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Bilan des « 100 jours » : Macron vit son Waterloo

Publié le 19 juillet 2023
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Ça y est, le bilan est à notre portée. Le bilan cinématographique d’une œuvre lancée il y a plusieurs décennies par Stanley Kubrick verra le jour sous l’œil de Ridley Scott le 22 novembre prochain. Napoléon, dont le rôle titre sera incarné par Joaquim Phoenix, présentera la montée en puissance de l’empereur français.

Nous devrions donc passer à côté des fameux Cent-Jours, période se déroulant entre le 20 mars et le 7 juillet 1815, entre le retour en métropole de Napoléon 1er et sa seconde abdication.

Si Emmanuel Macron n’a pas vocation à démissionner de son poste, il n’a pas pu ne pas penser à l’impact historique de cette expression lorsqu’il a appelé à ses 100 jours. Une arme médiatique permettant de se ménager un nouvel état de grâce sans avoir à passer par une dissolution ou un référendum.

Dérogeant une nouvelle fois à la tradition républicaine, le président de la République a souhaité faire l’école buissonnière ce 14 juillet, refusant le principe de l’intervention télévisée. Une dérogation qu’il maintient depuis 2017, à l’exception de 2020 et 2022, et dans laquelle il est difficile de voir autre chose qu’un refus d’assumer un bilan de 100 jours que le PCF a qualifié de « 100 jours d’accélération libérale » dans ce qui s’apparente au mieux à une mauvaise blague, mais qui, dans le fond, n’ont rien apporté de plus à l’unité, à l’ambition et à l’action, trois valeurs pourtant mises au cœur de cet épisode médiatique.

Un appel illusoire

Souvenez-vous, c’était le 17 avril. Ce jour-là, le président de la République appelait à « 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France » après l’épisode de la réforme des retraites.

Neuf jours plus tard, en plein épisode des casserolades, Élisabeth Borne présentait une feuille de route qui s’apparentait à un nouveau programme de gouvernement. Une feuille de route sous les thèmes du travail, de l’immigration et de l’école.

Ces 100 jours étaient vus par certains observateurs comme un sursis pour l’actuelle locataire de l’hôtel Matignon. Il n’en est vraisemblablement rien, d’autant que la Première ministre continue de conserver les faveurs des députés de la majorité à qui l’usage du 49.3 sur la réforme des retraites a été totalement imposé par l’Élysée.

Cet usage a exposé au grand jour les tensions sociales du pays, des tensions qui ne se sont pas apaisées durant ces 100 jours.

 

Division, renoncement, inertie…

Difficile pourtant de voir dans ces 100 jours une quelconque réussite, tant l’unité, l’ambition et l’action n’ont pas été suivis d’effets.

Comment parler d’unité et d’ambition, lorsque l’affaire Schiappa a un peu plus fracturé l’ethos républicain dont la ministre était censée être l’étendard ?

Comment parler d’ambition, lorsque les propositions concrètes se limitaient à quelques mesurettes sur la France au travail et une industrie plus verte sans s’attaquer au fond d’une fiscalité confiscatoire et d’une réglementation étouffante ?

Comment parler d’action, lorsque la seule qui fut mise en œuvre fut médiatique ? Singeant la communication nerveuse d’un Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron y est allé tous azimuts : Le Parisien, Politico, Challenges, Financial Times, L’Opinion… Les interventions présidentielles dans la presse n’ont pas cessé durant ces 100 jours, dont quatre sur une période de trois jours. En saturant l’espace médiatique, il a pu gagner d’éphémères points de popularité.

Et ne parlons pas de la promesse d’apaisement… Enfin, si, parlons-en.

 

… et embrasement

Premier impératif évoqué par Emmanuel Macron, l’apaisement est sans doute le terme qui s’est le moins matérialisé durant ces 100 jours.

Dès le mois de mai, l’embrasement a commencé : agression du petit-neveu de la première dame, meurtre d’une infirmière rémoise et décès de trois policiers dans un accident de voiture.

À partir du 27 juin, l’affaire Nahel, du nom de ce mineur multirécidiviste tué par un agent de police alors qu’il refusait d’obtempérer, a ramené la France 18 ans en arrière, lors des émeutes de 2005. « Nous sommes en guerre » aurait pourtant ici largement eu sa place, tant la sémantique ne rappelait pas autre chose, les soirs d’embrasement étant parfois qualifiés « d’attaques ».

Malgré un apaisement étonnant au bout de quelques jours, expliqués par certains par l’exaspération des trafiquants de drogue voyant d’un mauvais œil l’agitation braquant les regards sur leurs zones, le bilan est lourd : des milliers de voitures brûlées, des centaines de commerces et de nombreux bâtiments publics incendiés et détruits, tandis que les forces de l’ordre et des élus ont été pris pour cibles.

Outre la promesse d’apaisement, c’est bien une nouvelle fois celle d’unité qui fut ici mise à mal.

 

Des Français mitigés

Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, ces 100 jours n’auraient convaincu qu’un Français sur quatre.

Ce sondage ne fait que confirmer le bilan particulièrement mauvais du président de la République.

Ce qui était censé être « 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action » n’auront été que 100 jours d’embrasement, de division, de renoncement et d’inertie.

Il est plus qu’improbable que la future prise de parole présidentielle et le remaniement à venir y change quoique ce soit.

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Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Le bilan des 100 jours est à peu près le même que celui des 5 années précédentes : une communication de plus en plus creuse, servant à masquer une inaction désespérante.
    Qu’attend Macron pour sortir notre pays du marché européen de l’électricité ?
    Qu’attend Macron pour assumer de rompre avec cette ruineuse politique climato-délirante ?
    Il a bien raison de confirmer Borne à son poste, puisqu’il n’a ni l’intention ni le courage de changer de politique.

    12
    • A votre propos j’ajouterais que macron est l’archétype du loser. Beaucoup de blabla, peu d’actions, aucun résultat ! Pire, comme pour tous les losers, les actions entamées ont amené des résultats contraire aux objectifs recherchés. En fait, il confirme qu’il est un vrai loser !
      De plus, comme tous les losers, il a un ego démesuré car il n’accepte pas que ses décisions soient inopérantes, voire destructrices.

      • Ceux qui nous l’ont vendu comme un génie devraient être poursuivis pour escroquerie.

      • C’est vraiment le qualificatif qui lui va le mieux.
        Il avait commencé avec l’affaire Alstom et Renault quand il était ministre de l’économie d’Hollande et il s’est entouré de plus nul que lui en la personne de Le Maire.
        Mais quel bouzin !

  • Bilan positif s’il y a encore des Français mitigés. De toute façon, il est coincé : personne ne veut être son ministre des finances ou son premier ministre. Donc la messe est dite. Mme Borne applique sa politique d’extrême gauche (elle appartient à l’aile la plus à gauche du PS) et personne ne veut prendre à son compte le bilan de B. Lemaire. La justice est complètement verrouillée par les communistes, personne n’a le courage de reprendre l’éducation pour lutter contre son l’islamisation, etc, etc.
    À croire que Macron est en train de préparer l’élection de M. Le Pen.

  • Avatar
    The Real Franky Bee
    20 juillet 2023 at 8 h 09 min

    L’oeuvre de Macron et consorts, c’est l’explosion de la défiance. Et au milieu de ce spectacle affligeant, un ego démesuré présenté comme un « surdoué » par certains journalistes en émoi devant le moindre énarque. Le pays n’a aucune vision, aucune stratégie, ses dirigeants réagissent au quart de tour au moindre fait divers, et l’État est en faillite sur ses soi-disant missions régaliennes alors même qu’il bat tous les records en matière de levée d’impôts et de dette. Aucune raison de démissionner, au contraire le bilan est tellement puissant que ça vaut bien des rumeurs sur un troisième mandat. Le gars a quand même publié un essai baptisé « Révolution » avant 2017. La France dans toute sa médiocrité. Aucune honte et des irresponsables partout.

  • Macron a dit à son gouvernement qu’il peut être fier du travail accompli : un budget en déficit, une dette insoutenable, des services publics en déshérence, des réglementations tatillonnes dans tous les domaines qui entravent le pays, et bien sûr une fiscalité première sur le podium mondial, un pays divisé à feu et à sang… Bravo en effet !

    • Comme il a dit : Le 14 juillet a été une réussite !!!! Seulement 280 véhicules ont été brûlés au lieu des 600 les années précédentes ! Pour lui c’est une réussite ! Cela me rappelle un coureur de 100 mètres qui est arrivé bon dernier de la course et à qui on demandait ce qu’il pensait de sa performance : Je suis très heureux car j’ai amélioré mon temps de 5/10 de seconde !!! Malheureusement, pour battre le record du monde il aurait dû améliorer son temps de plus de 3 secondes !!! Comme macron !!!
      Mais les losers ont toujours réponse à tout !!!

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