La Suède est aujourd’hui beaucoup plus capitaliste que les États-Unis

La Suède, pays supposé social-démocrate, est en réalité un fervent défenseur du capitalisme et du marché libre.

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La Suède est aujourd’hui beaucoup plus capitaliste que les États-Unis

Publié le 5 août 2023
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Beaucoup de gens pensent que la Suède est un pays social démocrate. Mais c’est une grave erreur.

Dans une enquête sur les perceptions populaires de l’économie de marché et du capitalisme, que j’ai commandée à Ipsos MORI pour mon livre In Defence of Capitalism, la Suède est l’un des pays où les attitudes pro-marché sont les plus prononcées. Le soutien à l’économie de marché était plus fort dans seulement six des 34 pays étudiés ! L’approbation diminue pour les questions utilisant explicitement le terme de capitalisme, mais même dans ce cas, seulement neuf pays ont une attitude plus positive envers le capitalisme que la Suède ; et 24 pays dans lesquels les attitudes sont plus négatives.

Une autre enquête, également réalisée par Ipsos MORI, a révélé que l’envie sociale à l’égard des riches est nettement plus faible en Suède qu’en Allemagne et en France, et qu’elle se situe au même niveau (comparativement faible) qu’aux États-Unis.

 

Si la Suède a été un pays socialiste, c’était il y a plusieurs décennies.

Mais tout comme les gens ont du mal à se débarrasser d’une image établie longtemps après qu’elle a changé, il en va de même pour les nations. Nous sommes généralement très lents à modifier l’image que nous nous en faisons.

Dans le dernier indice de liberté économique de la Heritage Foundation, la Suède figure parmi les dix économies les plus orientées vers le marché.

En dixième position dans l’indice 2023, la Suède devance largement les États-Unis (25e). Ce qui est particulièrement remarquable, c’est la progression du score de la Suède. Elle a gagné 16 points au total au cours des 28 dernières années, passant de 61,4 points en 1995, à 77,5 points en 2023. Seule une poignée de pays, dont le Viêt Nam et la Pologne, ont connu une augmentation un peu plus importante de la liberté économique. En comparaison, les États-Unis ont perdu six points au cours de la même période et, avec un score de 70,6 points, ils sont désormais loin derrière la Suède.

 

Néanmoins, si vous cherchez des caractéristiques du socialisme en Suède, vous les trouverez.

Les dépenses publiques suédoises restent élevées, à 49,6 % du PIB pour les années 2020 à 2022. Et bien que la charge fiscale en Suède soit loin d’être ce qu’elle était autrefois, le taux d’imposition maximal pour les particuliers reste élevé, à 55 %, et le taux d’imposition maximal pour les entreprises est de 20,6 %. Par ailleurs, beaucoup ignorent que, contrairement à de nombreux autres pays, la Suède n’a plus d’impôts sur les successions, les donations ou la fortune, qui ont tous été abolis.

Il reste donc des vestiges du socialisme en Suède aujourd’hui, même si les caractéristiques capitalistes ont fini par dominer. L’image socialiste de la Suède et des autres pays scandinaves remonte aux années 1970 et 1980. En 1960 encore, pour 100 Suédois qui gagnaient l’essentiel de leur revenu dans le secteur privé, 38 recevaient leur argent de l’État. Trente ans plus tard, en 1990, ce nombre était passé à 151. Au cours de la même période, le nombre de personnes travaillant dans le secteur privé est passé de 3 millions à 2,6 millions, tandis que le nombre de personnes recevant l’essentiel de leur revenu de l’État est passé de 1,1 million à 3,9 millions.

Ces politiques socialistes radicales ont aliéné même ceux qui étaient favorables au projet du parti social-démocrate suédois. Astrid Lindgren, l’auteur mondialement connu d’une série de classiques pour enfants, dont la série Pippi Longstocking, n’en est qu’un exemple. Dans les années 1930, elle est devenue partisane des sociaux-démocrates. Mais Lindgren est également touchée par les taux d’imposition élevés et exprime son indignation en publiant un « conte de fées fiscal » satirique dans un grand quotidien suédois, dans lequel elle calcule que ses revenus de 1976 ont été soumis à un taux d’imposition marginal de 102 % !

L’opposition aux idées socialistes a pris de plus en plus d’ampleur.

Dans les années 1990, un contre-mouvement global s’est développé. Sans remettre fondamentalement en cause le modèle suédois d’impôts élevés et de prestations sociales étendues, il a néanmoins éliminé bon nombre de ses excès. Une grande réforme fiscale en 1990/1991 a réduit les impôts dans tous les domaines et a ensuite aboli les impôts sur les successions, les donations et la fortune. Depuis, le nombre de milliardaires en Suède a fortement augmenté.

Dans son livre It’s Okay To Be Angry About Capitalism, Bernie Sanders, qui a cité à tort la Suède comme modèle de son socialisme, affirme qu’il ne devrait pas y avoir un seul milliardaire aux États-Unis. Il ne sait probablement pas que le nombre de milliardaires en Suède aujourd’hui – par rapport à la taille de la population – est 60 % plus élevé qu’aux États-Unis.

Rainer Zitelmann est l’auteur du livre In Defence of Capitalism

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Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Nos dirigeants disent que la Suède est socialiste pour abêtir les Français en leur faisant croire que le socialisme fonctionne.

  • Le point d’entrée et de sortie de cet article est purement idéologique, et cette confrontation idéologique est dépassée. Nous sommes effectivement très lent à modifier l’image que nous nous faisons d’une chose.
    Aujourd’hui tous les pays sont plus ou moins capitalo-socialistes. Tous sont administrés et pro marché. La différence que je vois, est celle de la souplesse/agilité de cette administration. La Suède semble plus souple, la France plus rigide pour ne pas dire psycho-rigide. Pour moi le sujet d’un meilleur fonctionnement est plus d’ordre psychologique, qu’idéologique bien trop restrictif et clivant.

  • Et voilà pourquoi dans les rues suédoises, on se hèle d’un joyeux :
    – Salut à toi, camarade capitaliste !

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