Pourquoi l’interventionnisme et la redistribution étatiques sont immoraux

Le capitalisme immoral ? Pas selon l’économiste Pascal Salin. Selon lui, c’est plutôt la politique interventionniste qui doit être moralisée.

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Pourquoi l’interventionnisme et la redistribution étatiques sont immoraux

Publié le 31 juillet 2023
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Par Matthieu Creson.
Un article de l’IREF

Le capitalisme n’a pas besoin d’être « moralisé » car il est déjà moral, comme l’a démontré l’économiste Pascal Salin. C’est la politique qui devrait bien plutôt être « moralisée », notamment à travers la réduction drastique des impôts.

Dans la mesure où il est fondé sur la quête du profit et la création de valeur pour l’actionnaire, le capitalisme, lit-on ou entend-on souvent, serait en lui-même immoral, et nécessiterait de ce fait qu’on lui impose une certaine éthique. Par la supposée cupidité de dirigeants qui ne se préoccuperaient que du court terme, il serait, selon l’opinion dominante, vecteur d’irresponsabilité, entraînant ainsi de graves conséquences au plan économique, social, environnemental… Ainsi la généralisation de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) est-elle souvent présentée comme une manière de rendre le capitalisme un peu moins « immoral ».

En réalité, comme l’a magistralement montré le professeur Pascal Salin dans plusieurs de ses livres, toutes ces entreprises de prétendue moralisation du capitalisme sont en réalité foncièrement immorales, voire dangereuses, dans la mesure où elles contreviennent à la seule éthique universelle qui soit : l’éthique des droits légitimes de l’individu.

C’est d’ailleurs pour cette même raison que l’interventionnisme et la redistribution étatiques sont eux aussi profondément immoraux et dangereux.

 

Le capitalisme libéral, seul système assis sur l’éthique universelle des droits individuels

À en croire les propagateurs politiques et médiatiques de l’actuelle bien-pensance anticapitaliste et antilibérale, l’État serait fondé à intervenir massivement dans la vie des entreprises et des citoyens, notamment à travers la mise en œuvre de vastes plans de redistribution des ressources, car il poursuivrait ce faisant des buts d’ordre moral – alors que le capitalisme serait pour sa part fondamentalement amoral, voire immoral.

Dans plusieurs de ses livres, l’économiste libéral Pascal Salin renverse complètement cette perspective en démontrant la fausseté de ces idées. Non, le capitalisme n’est ni amoral ni immoral, il est au contraire le seul système profondément moral (Français, n’ayez pas peur du libéralisme, Paris, Odile Jacob, 2007, p. 159).

Pourquoi ? Parce qu’il est l’unique système qui repose sur la seule éthique universelle qui existe, c’est-à-dire l’éthique des droits légitimes de l’individu (fondée sur le respect de la liberté individuelle, de la liberté contractuelle, et la reconnaissance des droits de propriété légitimes).

Cette éthique, qui correspond aux aspirations fondamentales des êtres humains, est la seule qui ait une portée réellement planétaire, là où les autres (que Pascal Salin appelle des « morales personnelles », parfaitement respectables au demeurant dès lors qu’elles ne contredisent pas l’éthique universelle des droits) ne sont pas généralisables (Revenir au capitalisme… pour éviter les crises, Paris, Odile Jacob, 2010, p. 237).

N’en déplaise aux purs relativistes, il existe bien une morale qui s’impose, ou devrait s’imposer à tous les hommes : la morale des droits inaliénables de l’individu. Celle-ci peut d’ailleurs être comparée, ainsi que l’observe Pascal Salin (ibid., p. 236), au principe kantien d’impératif catégorique, applicable à tous les individus.

 

La tyrannie étatique ou comment les politiques tendent à faire passer une morale personnelle non généralisable pour une éthique faussement universelle

Cette morale universelle doit être soigneusement distinguée des morales personnelles (ibid.) – sachant qu’un individu peut très bien décider librement d’adhérer à l’une d’elles, pourvu qu’elle respecte la morale universelle : citons ainsi l’altruisme, de même que son contraire, l’égoïsme.

Alors qu’Ayn Rand s’est attachée à promouvoir la « vertu d’égoïsme », combattant la morale altruiste (qu’elle accuse de ravaler l’individu au rang d’« animal sacrificiel » vivant, non pour lui-même mais pour la société, ou ceux qui prétendent en être l’émanation), Pascal Salin développe un point de vue quelque peu différent : l’altruisme n’est pas en soi une mauvaise chose, dès lors qu’il est librement choisi et pratiqué par l’individu en tant que morale personnelle. L’altruisme ne peut en effet prétendre au statut de morale universelle dans la mesure où l’on ne peut pas, par définition, être généreux avec tout le monde. L’altruiste est donc nécessairement contraint de choisir les personnes auxquelles il compte venir en aide (Français, n’ayez pas peur du libéralisme, p. 161 ; Revenir au capitalisme, p. 237), et il convient à cet égard de laisser aux individus cette liberté de choix qui n’appartient qu’à eux.

Or, l’interventionnisme confiscatoire et redistributeur des pouvoirs publics, qui prétend rendre la société plus altruiste et moins « inégalitaire », est en fait le contraire du véritable altruisme, celui que l’individu choisit librement de pratiquer.

À ce titre, nous dit Pascal Salin, il bafoue doublement la morale : il nie non seulement la morale personnelle, en ce sens qu’il fait fi de la possibilité qu’ont les individus altruistes de discriminer eux-mêmes les destinataires et les non-destinataires de l’aide qu’ils entendent apporter. Mais (et le fait est plus grave encore), il bafoue aussi la morale universelle : en imposant aux individus, par la contrainte légale, de consacrer une partie (non définie par eux) de leurs ressources au financement de la « solidarité », l’État piétine indûment l’un des fondements de l’éthique universelle : le respect des droits légitimes de propriété, la liberté de disposer à sa guise (éventuellement à des fins charitables) des ressources propres à l’individu, que personne ne peut ou ne devrait pouvoir lui retirer.

Ainsi, sous couvert de vouloir rendre la société plus « équitable », plus « juste », plus « morale », l’État-providence spolie les individus et usurpe leurs droits en s’emparant de leur liberté de choix et d’action. Il constitue donc dans son principe même une très grave entorse à la seule éthique à laquelle tous (politiques comme citoyens) devraient absolument se soumettre sans la moindre compromission (l’éthique universelle des droits de l’individu).

S’il y a donc lieu de « moraliser » quelque chose dans notre société, ce n’est nullement le capitalisme libéral – dont Pascal Salin nous rappelle qu’il est déjà moral en tant que tel – mais bien plutôt l’État.

« À partir du moment où l’État intervient, écrit-il dans Revenir au capitalisme (p. 248), on est dans le domaine de l’immoralité, parce qu’on est dans le domaine de la contrainte qui permet de porter atteinte aux droits légitimes d’autrui ».

Dans un autre livre, Le Vrai libéralisme (Paris, Odile Jacob, 2019, p. 149), Pascal Salin écrit aussi :

« (Les) hommes de l’État (politiciens et bureaucrates) prélèvent au moyen de la contrainte des ressources sur certaines personnes (appelées citoyens) pour les remettre à d’autres. Ce faisant, ils portent atteinte à la morale universelle et il faut donc accepter l’idée que la politique de réduction des inégalités est immorale par principe. Certes, les hommes de l’État utilisent pour cela leur monopole de la contrainte légale, mais pour être légale, cette contrainte n’en est pas moins de la contrainte, c’est-à-dire une atteinte aux droits de propriété légitimes (et c’est bien pourquoi on doit considérer comme un devoir moral de réduire les impôts au maximum). »

Ainsi donc, la moralité en politique commande, ou devrait commander, aux dirigeants d’œuvrer pleinement et efficacement à l’abaissement drastique des niveaux de prélèvements.

Or, dans la mesure où ceux-ci n’ont au contraire cessé de croître depuis plus de 40 ans, nos politiques se sont comportés de manière profondément immorale.

Comment l’expliquer ? Parce qu’ils n’ont eu que trop souvent tendance à confondre, répond Pascal Salin, l’éthique universelle avec leur éthique personnelle à eux – lorsqu’ils en ont une, car, naturellement, beaucoup sont amoraux, c’est-à-dire ne poursuivent d’autres buts dans leur carrière que celui de la conquête et la conservation du pouvoir.

Il écrit ainsi dans Français, n’ayez pas peur du libéralisme (p. 161-162) :

« C’est de ce conflit potentiel entre l’éthique universelle et les éthiques personnelles, que naît le totalitarisme des bien-pensants, celui-là même qui est à la racine de la social-démocratie. Il est totalitaire – c’est-à-dire contraire à l’éthique universelle des droits – de vouloir imposer à autrui de se comporter conformément à sa propre éthique personnelle. En agissant ainsi, le pouvoir politique s’attribue par la force le droit de gérer la totalité de nos vies, et donc de réduire à néant notre libre arbitre qui est pourtant la condition même de toute décision éthiquement fondée : en supprimant la possibilité des choix, ce qui est imposé rend impossible l’évaluation éthique des actes humains. »

Les politiques devraient toujours scrupuleusement respecter l’éthique universelle, mais ils devraient aussi renoncer à l’outrecuidance de vouloir imposer à tout le monde leurs critères moraux, qu’à titre personnel ils ont pu choisir.

Une morale personnelle, dès lors qu’elle est parfaitement compatible avec la morale universelle, ne peut avoir pour vocation de devenir universelle. De même qu’elle devrait toujours tolérer l’existence d’autres morales personnelles, à condition qu’elles aussi respectent la morale universelle. Ainsi, tout en nous alertant sur cette pernicieuse confusion des genres qui est à la source des politiques social-démocrates de redistribution, Pascal Salin nous donne par ailleurs ici une remarquable leçon de tolérance bien comprise, dont notre époque doit redécouvrir qu’elle est une vertu consubstantielle à la civilisation démocratique et libérale.

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  • Très bon article.
    On peut rajouter au passage que l’individualisme, tant dénoncé par les promoteurs de collectivisme comme une caractéristique du libéralisme et du capitalisme, est au contraire la conséquence directe de ces politiques collectivistes qui anihilent toute tendance naturelle des individus vers la philanthropie, l’altruisme, la solidarité.

  • C’est d’autant plus vrai que les politiciens ne s’intéressent qu’à leurs carrières et non aux citoyens. La redistribution n’est qu’un moyen d’acheter des électeurs.

  • C’est d’autant plus vrai que les politiciens ne s’intéressent qu’à leurs carrières et non aux citoyens. La redistribution n’est qu’un moyen d’acheter des électeurs.

  • Une politique de distribution méprisante à l’égard de ceux qui travaillent quotidiennement à augmenter leur capital, puisque ce système est désormais devenu le favori des mains tendues.

  • Superbe article. Une autre comparaison.
    Vous donnez à un mendiant 10€ parce que vous avez pitié de lui.
    Un mendiant vous braque et vous vole 10€ dans votre portefeuille.
    Comment en est on arrivé à penser que la seconde situation est normale, morale? Qu’une telle société soit plus altruiste alors qu’elle se base sur la rapine et non la générosité?

  • le capitalisme n est ni moral ni immoral il est amoral c est à dire en dehors de la morale!Autrement il y a confusion des ordres, »melange de genre  » comme dirait Pascal;le capitalisme n a pas besoin de morale pour fonctionner,les individus les civilisations oui,et puis le chef d entreprise qui embauche cree des emplois,n est ce pas moral?une nation a besoin d entreprises performantes plus que d associations humanitaires fussent elles honorables!et cest justement parce quil est amoral(en dehors de la morale quil est performant.Le socialisme lui se pretend moral et cest pour cela quil ne fonctionne pas ou mal et finit toujours par la tyrannie

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