Chine : l’Empire du capitalisme de connivence

Le capitalisme de connivence s’immisce progressivement dans l’économie mondiale, et la Chine en est un exemple frappant.

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Chine : l’Empire du capitalisme de connivence

Publié le 23 juillet 2023
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Le capitalisme de connivence revient à une forme de redistribution des ressources dans un pays, depuis la masse de gens vers un petit nombre.

Le gouvernement fait des garanties de dette, paie des subventions, ou offre des protections contre la concurrence.

Le mécanisme a lieu à travers le monde, et permet l’enrichissement d’une clique aux dépens de la plupart des gens.

En particulier, dans le principal pays communiste, la Chine, le capitalisme de connivence protège à la fois les membres du Parti, et des acteurs dans le privé contre les aléas de la fortune.

Simone Wapler, avec laquelle je travaille, explique (au sujet des tentatives par la Chine de créer un remplacement du dollar) :

« … le contrôle de la monnaie permet toutes les tyrannies, ce qui n’a pas échappé aux États. Contrôle des changes, contrôle des devises, taux d’intérêt fixés arbitrairement, tous les moyens sont bons.

La monnaie des BRICS – si elle est imposée de façon constructiviste comme l’a été l’euro – ne sera pas une alternative viable au dollar. »

Rien n’empêche, aujourd’hui, l’usage du yen, du rouble, ou du réal brésilien dans les échanges.

Néanmoins, les gens optent pour le dollar dans la plupart des cas.

Le graphique ci-dessous montre la domination du dollar dans les réserves de devise étrangère autour du monde.

La Fed donne plus de détails :

« … le dollar constitue 60 % de toutes les devises étrangères détenues officiellement autour du monde à date de 2021. La part du dollar décline, par rapport à un niveau de 71 % en 2000, mais dépasse néanmoins de loin les autres devises, dont l’euro (21 % des réserves), le yen japonais (6 %), la livre sterling (5 %), et le renminbi chinois (2 %). »

Les gens optent pour le dollar puisque, jusqu’ici, il présente moins de risques de confiscation ou de dévaluation que les alternatives.

À l’inverse, le capitalisme de connivence en Chine limite l’attrait des investissements dans le pays et de la devise sous son contrôle.

 

Ingérence et sauvetages

La Chine crée de l’inquiétude pour les marchés-actions.

La réouverture de l’économie ne compense pas le ralentissement des confinements. Au second trimestre, la croissance atteint seulement 0,8 %, contre 2,2 % au premier trimestre.

L’un des problèmes pour l’économie provient de l’immobilier. Le gouvernement incite à l’achat de logements depuis des années.

Le volume des crédits en yuan grimpe à un rythme annuel entre 10 et 15 % entre 2012 et 2022, selon les données de S&P Global. Une grande partie de la dette sert à l’achat de l’immobilier.

Grâce aux crédits à l’achat, les villes chinoises sont devenues les plus chères du monde, en proportion aux revenus des citoyens, selon les données de ExanteData.

Alors que des villes comme New York, Londres, Singapour, et Tokyo, ont des ratios de prix aux revenus moyens de moins de 20 (à date de mi-2021), les villes chinoises de Beijing et Shenzhen ont des ratios de prix aux revenus de plus de 40 ! Shanghaï a un ratio de prix aux revenus de plus de 30.

En plus des particuliers, les gouvernements locaux ont emprunté en masse pour payer des constructions de bâtiments ou infrastructures. Le montant total de dette des gouvernements locaux – en lien au bâtiment – atteint 8000 milliards d’euros, selon le FMI, soit la moitié du PIB du pays !

En 2020, le gouvernement a pris des mesures pour bloquer le recours au crédit pour le financement de nouvelles constructions. En résultat, les prix de l’immobilier ont cessé leur croissance. Ils ont même baissé, au global, de 7 % entre septembre 2021 et janvier 2023, selon la Bank for International Settlements.

Puis, en janvier 2023, le gouvernement annonce de nouveau des mesures en faveur de l’immobilier. Il vient de redoubler les efforts de soutien au secteur.

Il force les banques à rallonger les temps de remboursement des prêts.

BFM :

« Pour assurer la livraison des logements en construction, [les emprunteurs] leur demandent d’assouplir leurs conditions de crédit et et prolonger les remboursements des prêts qui se terminent fin 2024. Des prêts qui représentent aujourd’hui 30 à 40% de la dette totale des promoteurs selon un analyste cité par Bloomberg.

[…]

Et le secteur immobilier est si important pour la croissance qu’une autre vague de mesure est imminente selon les médias d’État chinois. Une baisse des commissions sur les transactions est ainsi envisagée… comme un assouplissement des règles sur les achats résidentiels. Le Shanghai Securities News parle lui d’une nouvelle baisse des taux d’intérêts pour les prêts immobiliers. »

Pékin prépare des programmes de relance. Les dirigeants mettent le pays en voie vers le regonflement de la bulle dans l’immobilier, avec des soutiens à la création de crédits.

 

Diffusion du capitalisme de connivence

Trois économistes à l’Inseec, une grande école d’affaires basée à Paris, réclament à présent une forme de capitalisme de connivence à l’échelle de la planète.

Ils écrivent dans une tribune pour Les Échos :

« … nous appelons à une nouvelle forme de gouvernance mondiale, centrée sur chacune des limites planétaires, qui pourrait être portée par la Banque mondiale et le réseau des grandes banques régionales, dont l’objet serait la sélection et le financement des projets qui permettraient de réduire de façon décisive la pression sur les écosystèmes. Une telle gouvernance aurait également l’avantage de présenter les garanties de stabilité nécessaires à l’investissement privé, dont l’effort financier autant que les compétences techniques sont indispensables pour réaliser la transition environnementale comme énergétique. »

Au prétexte de la croissance ou du climat, le capitalisme de connivence gagne en popularité dans le monde.

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  • le terme capitalisme…
    si le capitalisme de connivence est un capitalisme alors l’anticapitalisme n’est pas à dénoncer systémiquement..

    eh énergie en france!!!!
    sur contrepoints les articles abondent pour promouvoir une « bonne connivence »..
    et des tads de gens admirent la chine.. et le système connivent.. pour ceci ou cela..armée science ou je ne sais quoi..

    Du point de vue vil faut ramener le débat sur ce qui importe la liberté..donc la liberté économique…

    • d’où vient le terme capitalisme??? ça viendrait d’un collectiviste que ça ne m’étonnerait guère…

      d’une personne qui voit la liberté individuelle comme …une forme singulière de contrainte!!!! je » je suis contraint daller au super marche, d’avoir une voiture diesel ».. par les prix plus bas!!!!

  • Finalement, il y a 3 pays communistes où règne le capitalisme de connivence : la Chine, la Russie et la France. Il est vrai que la France a toujours admiré ce mode de société : elle adore Staline et Mao.

  • « le capitalisme de connivence s’immiscie progressivement »… Euh, ça fait au moins 50 ans qu’il est dénoncé… L’auteur ne doit pas vivre sur la même planète.

  • Le problème de la Chine est qu’à ce jour, la connivence est consubstantielle à sa culture, les relations interpersonnelles y étant d’une importance fondamentale.
    Au point qu’on leur a donné un nom : ça s’appelle le « guanxi », ceux qui sont intéressés peuvent aller consulter la page wikipédia qui y est consacrée (sur la version française de l’encyclopédie). Ça va de la dame pipi qui « ne voit pas » qu’on est passé devant elle parce-qu’on est le prof de son fils et qu’on lui a rendu un service un jour au haut fonctionnaire qui « ne voit pas » que tel grand industriel ne respecte pas les normes basiques dans son usine.

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washington
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