La capitalisation pour réduire les déficits publics liés aux retraites

Les retraites sont responsables de la moitié des déficits publics, ce que ne prend pas en compte le COR. Mais des marges de manœuvre existent grâce à la capitalisation.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 4

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La capitalisation pour réduire les déficits publics liés aux retraites

Publié le 23 juin 2023
- A +

Il est intéressant qu’au même moment où le gouvernement cherche désespérément des milliards à économiser, le Conseil d’orientation des retraites (COR) annonce un excédent de 4,4 milliards pour 2022 en matière de retraites.

Pourquoi faire le rapprochement entre la dépense publique et l’équilibre des retraites ? Parce que les deux sont liés.

 

Les retraites à l’origine de la moitié des déficits publics

Comme le COR a omis 884 milliards de déficits des retraites depuis 20 ans, peu de monde réalise que les retraites expliquent la moitié des déficits publics. Aussi, certains continuent à penser que l’on peut résorber durablement les déficits publics en cherchant des économies dans la santé, le logement, l’aide à l’emploi, etc.

En ouverture des Assises des finances publiques le 19 juin, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, annonçait avoir trouvé, après première revue des dépenses publiques, 10 milliards d’économies. Le chiffre peut faire sourire tant il est dérisoire eu égard à l’ampleur des déficits publics évalués à 4,7 % du PIB ou 124,5 milliards d’euros en 2022.

Il ne l’est pourtant pas, car trouver des économies en omettant la question du paiement des retraites est une gageure. En France, on n’a toujours pas pris la mesure de l’impact des retraites qui, depuis 1959, représentent 55 % de la progression des dépenses publiques et des déficits.

Si cet impact reste peu connu du public comme de nos autorités, c’est sans doute parce que ces dernières ne disposent pas des mesures adéquates. En dépit de la création en 2000 du COR, pour étudier la question des retraites et documenter les choix publics, force est de constater que nos dirigeants sont mal informés par une institution qui occulte 94 % des déficits.

En effet, depuis sa création, le COR a choisi par convention de ne calculer que les déficits des retraites du privé et des collectivités locales, en omettant les déséquilibres des retraites de l’État sous prétexte qu’ils sont financés par le budget. Il ne viendrait pourtant à l’idée de personne de prétendre qu’EDF était à l’équilibre l’an passé, sous prétexte qu’elle a été étatisée.

Pour tenir compte des déficits des retraites de l’État l’an passé, il faut ajouter 54,8 milliards d’euros (ou 2,1 % du PIB) aux chiffres du COR. Les retraites étaient donc déficitaires de 50,4 milliards d’euros, et non en excédent de 4,4 milliards tel que calculé par le COR.

De 2002 à 2022, le COR a occulté des déficits des retraites qui représentent ou 884 milliards d’euros courants ou 2 % du PIB par an. Le déficit des retraites a été 16 fois plus élevé que ce qu’a calculé le COR.

En faisant la lumière sur ces chiffres, il devient possible de mieux comprendre pourquoi il est si difficile depuis des décennies de remettre en ordre les finances publiques.

Dans le privé, les cotisations sociales se sont alourdies au point de nuire à la compétitivité, obligeant l’État à multiplier les allègements de charges depuis 20 ans.

Dans le public, les retraites non provisionnées des fonctionnaires coûtent de plus en plus cher.

Conséquence : le point d’indice, permettant de réévaluer les traitements des fonctionnaires, a stagné pendant des années. Il est impossible de réduire les dépenses et améliorer significativement l’attractivité des emplois publics quand près du tiers du budget de ministères majeurs sert à payer les retraites (Éducation nationale, intérieur, justice…).

Nombre de défis français se mesurent à l’aune de la question des retraites et de leur financement. C’est pourquoi c’est aussi de ce côté-là qu’il faut rechercher des solutions qui puissent réaliser des économies durables, sans pour autant renier les promesses faites.

 

L’exemple du Sénat

Or, contrairement aux idées reçues, des marges de manœuvre existent.

Un travail récent de l’Institut économique Molinari montre que l’État devrait imiter le Sénat, qui économise 13 % de ses dépenses grâce à la capitalisation retraite. Si les retraites de l’État étaient gérées comme au Sénat, l’État aurait économisé 433 milliards d’euros sur 15 ans et réduit son déficit de 30 %.

Le provisionnement des retraites des personnels publics est une source d’économies structurelles qui n’a pas été exploitée en France, sauf rares exceptions (Sénat, Banque de France…). Pour des raisons historiques, cette méthode a été écartée dès 1853 par l’État, Napoléon III ayant pris l’habitude de financer les retraites des fonctionnaires au jour le jour, par l’intermédiaire du budget. Il est temps de remettre au goût du jour le provisionnement. C’est la seule façon d’honorer les promesses faites aux fonctionnaires, sans que cela soit un fardeau pour les comptes publics et les contribuables.

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Quel énarque se soucie des dépenses publiques ?

  • Désolé de me répéter, mais c’est une approche comptable qui ne résout en rien la question démographique.
    Ce qui ne sera plus dans le budget de l’État ressortira ailleurs, soit par une baisse des ressources des retraités, soit en les faisant travailler plus longtemps.
    Il y a néanmoins un grand point positif : cette baisse des pensions ou ces départ tardifs ne seront pas le fait de l’État mais la décision de chacun.
    Psychologiquement par contre, la masse des retraités se sentirait « roulée »… faute au libéralisme bien sûr ! Donc attention à ne pas promettre d’amélioration, contrairement à ce que je lis trop souvent !

    -2
    • Désolé de me répéter aussi, mais votre approche démographique est erronée. Ce qui est investi dans le MSCI World progressera et la population mondiale pourra diminuer sans rien y changer.
      Pour que les retraités qui rejoignent seulement maintenant la capitalisation, la défiscalisation de leur patrimoine de rapport en échange de l’abandon de droits à répartition libérera la marge nécessaire à baisser progressivement les cotisations.
      Ca n’est pas de faire des enfants qui enrichit le pays. Allez voir au Togo ou au Niger !

      • « Pour que les retraités qui rejoignent seulement maintenant la capitalisation, la défiscalisation de leur patrimoine de rapport en échange de l’abandon de droits à répartition »
        J ai pas tres bien compris ce que vous porposez la.
        Pernons un ex simple. Je suis retraité et je touche disons 2000 € de pension. Ces 2000 € sont pris sur les salaires des actifs. Donc si on passe a la capitalisation, je ne touche plus rien car les actifs ne se font plus racketer.
        Je vis comment ?
        Par la defiscalisation de mon patrimoine ? mais comme la plupart des retraités mon patrimoine c est essentiellement ma residence principale (qui donc ne rapporte rien) et eventuellement une residence secondaire (qui aussi rapporte rien) et des livrets (qui ne rapportent pas grand chose).
        Donc au mieux on me defiscaliser 3000 € par an (pour 100 000 € de capital a 3 %) !
        Combien de retraités vont accepter de passer de 2000€/mois a 250 ?

        • Rassurez vous. Ce ne sera pas pire, et cela sera progressif.
          Car avec l’inflation, votre retraite d’état va fondre comme neige au soleil.
          L’inflation réelle pour les petits revenus est largement sous-estimée.

        • Avec le système par capitalisation, vous versez tous les mois une somme sur votre contrat de capitalisation et cela pendant 40 ou 45 ans.
          Et ensuite une fois retraité et bien selon vous, vous ne toucherez ….. plus rien.
          Ah ouais hein !!! (avec l’accent Chti).

        • Si vous êtes un retraité français moyen, votre pension représente 80.4% de votre revenu disponible, et les revenus de votre patrimoine 15.7%. Pour 2000€ de pension, ça fait 390€ de revenus du patrimoine, donc probablement 550€ avant impôts. Les impôts directs représentent d’ailleurs 17.2% du revenu disponible, soit 428€. Donc si vous abandonnez 160€ de pension en échange de la défiscalisation de votre patrimoine, vous touchez 1840+550=2390 au lieu de 2390. Sauf que vous allez alors retirer votre fric des livrets à 2.5% et acheter des SCPI, par exemple, qui en rapportent 4.5 ou du CAC40GR qui en rapporte 6. Donc votre revenu disponible va monter à 2830 ou plus. Et vous allez augmenter votre patrimoine en abandonnant d’autres droits, parce qu’à ce régime-là…
          L’Etat, lui, aura 160€ de moins de pension à payer, et percevra 160€ de moins. Sauf que dans la réorientation du patrimoine, il percevra plus sur les SCPI ou les sociétés du CAC que des emplois qu’il ferait de l’argent sur les livrets, donc ce qu’il percevra en moins sera seulement 140 ou 150€, et encore moins au fil du temps. A terme, la capitalisation aura monté sans qu’une génération ait à payer deux fois, simplement la génération sacrifiée aura dû attendre en ne touchant que partiellement et progressivement les avantages de la capitalisation.

          • Sacha Guitry disait  » j’ai trouvé plus menteur que ma femme ( Yvonne Printemps) , une statistique ! Vos chiffres sont amusants tant ils s’écartent du réel.
            Attérissez , Monsieur, votre jugement n’en sera que meilleur.

            -1
            • J’ai repris les chiffres de l’INSEE et d’autres statistiques nationales. Si vous en avez de meilleurs à proposer, je vous écoute.

    • la masse des retraités est déjà « roulée » : avec la capitalisation au lieu de la répartition, elle aurait la liberté et des retraites (beaucoup) plus élevées !

    • N’ayez crainte monsieur Montenay. Nos dirigeants politiques ont le mot « liberté » dans la bouche. Et la main sur le cœur. Enfin sur leur porte-monnaie, afin qu’il se remplisse bien. Quand à la liberté, ils pensent surtout à la leur, la votre ou la mienne, peu leur chaut. Ils sont intéressés au pillage de l’économie par leurs serviteurs qui leur rendront l’ascenseur plus tard à coup sûr.
      Donc une capitalisation à la singapourienne, aucune chance. À la rigueur un zeste de Blackrock pourrait les motiver, pour les retours ultérieurs…

  • Faut pas rêver, capitalisation est aujourd’hui devenu un gros mot, la réforme (réformette?) actuelle n’est-elle pas pour « sauver le régime par répartition ».

    • Si c’est le mot « capitalisation » qui vous gêne, je vous propose d’appeler « Investissement Régulier Périodique Programmé ». Ceux qui n’aiment pas le capital ne vont quand même pas s’élever contre l’IRPP 🙂 !

      • Le mot ne me gêne pas mais on a instillé depuis des années dans l’esprit des Français que la retraite par capitalisation serait se jeter dans la gueule des « requins de la finance ». A force de répéter cette mantra comme d’autres genre « les OGM sont des poisons », « hors du bio point de salut », « 100% renouvelable c’est possible et pas cher », etc…ça finit par pénétrer. Cette propagande commence d’ailleurs dès l’école.

  • Mais qui aura le courage de parler vrai sur ce sujet ? Le déficit des retraites ? Parle-t-on de celles du privé ou de celles du public . Le taux de cotisation n’est pas le même dans le public et dans le privé , en arrondissant nous sommes à 16% contre 25% . L’âge de départ n’est pas le même dans chacun des secteurs . Le mode de calcul de la pension ( salaire moyen des 6 derniers mois contre salaire moyen des 25 meilleurs années) . Les avantages familiaux ne sont pas identiques enre public et privé . Dans ces conditions comment voulez être honnête ?
    Pour avoir travaillé dix dans le public et trente deux dans le privé , je sais de quoi je parle et notamment que lorsque j’ai fait valoir mes droits , j’ai du verser à la caisse de retraite la cotisation différentielle ( entre régime public et régime privé ) avant de percevoir l’intégralité de mes droits !
    Qui peut me contredire ?
    Le déficit est le fruit de la gestion suicidaire que le gouvernement perpétue par crainte électoraliste et manque total de courage intellectuel ( au moins ).

    • Et vous proposez quoi, M. Jesaisdequoije parle ? De prendre la place (et le traitement) de BLM ?

    • Le vrai déficit des retraites (privé + public + régimes spéciaux) c’est la différence entre pensions et cotisations et là c’est plutôt 75 Md par an. Celui qu’on nous annonce (et qui permet à JLM et d’autres de dire « il n’y a pas de problème de financement ») c’est uniquement secteur privé et après certains transferts d’autres postes budgétaires.

  • Déficit majoritairement dû au secteur public plutôt qu’au privé qui cotise plus et contribue largement à absorber le déficit de cotisation du public et le paiement des retraites du publics partant + tôt cotisants moins https://www.alternatives-economiques.fr/retraites-francois-bayrou-fit-apparaitre-un-deficit-de-30-milliards-co/00106090

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Le service des douanes vient de faire connaître le résultat de notre commerce extérieur pour 2023 : à nouveau un solde négatif important de 99,6 milliards d’euros. Certes, c’est mieux que l’année précédente où le déficit avait été supérieur à cause de l’envolée des prix de l’énergie causée par la guerre en Ukraine, mais le solde est négatif, une fois de plus.

La balance du commerce extérieur français est donc régulièrement déficitaire depuis 2005, c'est-à-dire depuis maintenant une vingtaine d’années. Ce solde négatif a plutôt tendance... Poursuivre la lecture

« L’État ayant dépensé Tout l’été Se trouva fort dépourvu Quand il fallut financer ses agents,

Plus d’argent.

Il alla crier famine Chez l’Argirc-Arrco sa voisine, La priant de lui donner Quelques sous pour financer son déficit,

« C’est pour la solidarité », lui dit-il.

L’Agirc-Arrco n’est pas prêteuse ; C’est là son moindre défaut.

« Que faisiez-vous au temps faste ? » Dit-elle à ce quémandeur. « Je dépensais à tout venant, pour de bonnes causes » « Vous dépensiez ! J’en suis fort aise. Eh bien ! empruntez... Poursuivre la lecture

C’est en Corée du Sud qu’a lieu, en ce moment même, un des plus grands évènements e-sportifs du monde : les Worlds (championnats du monde) de League of Legends, un jeu vidéo en ligne par équipe. Si cela peut encore prêter à sourire ceux qui voient dans les jeux vidéos un simple divertissement pour enfants ou « adulescents » enfermés dans leurs chambres et en manque de vie sociale, l’e-sport est pourtant, depuis quelques années, en pleine expansion, en témoignent les stades remplis pour regarder 10 joueurs s'affronter pour la victoire finale.<... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles