Berlusconi : mort et vie d’un protagoniste

Nicola Iannello revient sur la vie de Berlusconi en Italie : un entrepreneur à succès qui a échoué en politique.

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Berlusconi : mort et vie d’un protagoniste

Publié le 17 juin 2023
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Avec le décès de Silvio Berlusconi s’achève une époque… déjà achevée.

La fin physique du Cavaliere arrive après sa mort politique. Forza Italia, fondée par Berlusconi au début de 1994, est le troisième parti de la coalition qui a amené Giorgia Meloni au Palazzo Chigi. Le patron de la holding Fininvest a eu du mal à accepter de ne plus être le chef de l’alliance de centre-droit qui a pourtant gagné les élections politiques de septembre dernier. Et pour une telle personnalité, la troisième place – après Fratelli d’Italia de Meloni et la Lega de Matteo Salvini – équivalait à une défaite. Berlusconi était le premier ou rien. Son aventure politique avançait tristement vers un déclin inexorable. Son temps en tant qu’homme d’État et de gouvernement était au crépuscule.

Maintenant que la vie terrestre de Berlusconi vient de se terminer, on peut timidement essayer de dresser un bilan de son influence sur la vie culturelle et politique de l’Italie. Il a été brièvement un entrepreneur à succès et un homme politique qui a échoué.

 

Entrepreneur à succès

Berlusconi a débuté son activité dans le bâtiment. Le quartier résidentiel Milano 2 a été une innovation urbanistique qui reste un exemple près de cinquante ans après sa livraison : les piétons et les voitures ne se rencontrent jamais.

Mais le nom de Berlusconi est étroitement lié à la télévision et au football.

Pour comprendre le succès de Berlusconi dans le milieu télévisuel, il faut auparavant saisir le rôle du petit écran dans le processus de construction de la culture des Italiens. Réunie politiquement bien des siècles après la France, l’Italie a eu besoin d’une unification linguistique, qui n’a pas été réalisée principalement par l’éducation nationale, la littérature ou la bureaucratie (comme en France), mais par le tube cathodique, d’où l’importance culturelle et sociale de la télévision.

Berlusconi entrepreneur – c’est-à-dire celui qui comprend avant les autres où sont les opportunités de profit – a compris que la télévision était le moyen le plus sûr pour s’enrichir et devenir populaire. Avant Berlusconi, la télé en Italie était un monopole public de la Rai. Le Cavaliere a eu le génie (et l’absence de scrupules) de bâtir un empire médiatique privé fondé sur l’entertainment (l’amusement), où des jeunes filles pas trop habillées jouaient un rôle faussement accessoire. De cette conquête, l’appellation de sua emittenza (en italien on s’adresse respectueusement à un cardinal comme « sua eminenza », tandis que emittenza désigne le secteur des transmissions, dont la télé). En France, l’histoire de la Cinq n’a pas eu le même succès de Canale 5 en Italie…

Si à cela on ajoute le foot, un autre grand amour des Italiens, on peut se faire une idée de la capacité de Berlusconi à décrypter la société italienne. Il a acheté le Milan AC en 1986, et pendant les 31 années de sa présidence, son club a gagné cinq Ligues des Champions, huit Scudetti, trois titres mondiaux des clubs… Comme il s’est toujours défini lui-même, il a été le président le plus titré de l’histoire du calcio.

Il y a bien sûr des zones d’ombre dans l’essor de Berlusconi.

Dans les années 1970, il est très habituel de s’assurer auprès de la mafia pour être protégé des kidnappings, très fréquents à l’époque (ces mêmes années où le père de Carla Bruni a décidé de quitter Turin pour Paris, pour les mêmes raisons) de s’inscrire à la loge Propaganda due de la franc-maçonnerie, dissoute plus tard en tant qu’organisation criminelle et subversive. Et d’être condamné à quatre ans (dont trois effacés dans le cadre d’une amnistie) pour fraude fiscale. Il a survécu à tout ça.

 

Un politicien désastreux

Berlusconi a créé un parti-entreprise avec Publitalia, la branche de son empire consacrée à la publicité, par laquelle il a démontré qu’il était un formidable vendeur, en affirmant que le public raisonne comme un gamin de huit ans. Berlusconi rend inutile la référence à Schumpeter pour comprendre que la démocratie est fondamentalement un processus de concurrence entre des entrepreneurs politiques pour obtenir les voix des électeurs. Sauf que les électeurs sont censés être au moins majeurs…

En 1994, Berlusconi a promis une révolution libérale (pour les lecteurs français, La Rivoluzione liberale était une revue de culture politique publiée entre 1922 et 1925 par Piero Gobetti, un jeune intellectuel turinois, victime d’une violente agression commise en septembre 1924 sur ordre personnel de Mussolini. Il s’exile à Paris en 1925, où il décède des suites de ces blessures, à l’âge de 24 ans).

Cette révolution, on ne l’a jamais vue. Il y a là un paradoxe : ses adversaires (surtout de gauche) l’ont accusé d’être le champion de la réaction néo-libérale. Les libéraux (s’il y en a en Italie…) lui ont reproché de ne pas avoir eu le courage de mettre en œuvre ses promesses.

À l’étranger, il est surtout connu pour des scandales sexuels et des affaires. Mais si le bilan des presque trente ans de Berlusconi homme politique est négatif, c’est parce qu’il n’a rien fait pour s’opposer au déclin social et économique de l’Italie. Il a sali pour toujours le mot libéral.

 

Des polémiques au-delà de la fin

Une partie de l’opinion publique a contesté la décision du gouvernement de déclarer le deuil national et les funérailles d’État. Berlusconi n’a pas cessé de diviser les Italiens

Le recteur de l’Université pour étrangers de Sienne, Tomaso Montanari, a refusé de mettre les drapeaux en berne. Les étudiants de l’École Normale di Pise ont accroché une bannière « Ce n’est pas notre deuil ».

Quoi qu’il en soit, on peut s’amuser à comparer les obsèques de Berlusconi et celles de Mitterrand. Plus monarchistes étaient celles du Français, avec ses deux femmes et ses enfants ; plus bourgeoises étaient celles du premier, avec deux anciennes épouses, plusieurs ex-fiancées et Marta Fascina, 33 ans, députée à la Chambre, dernière compagne de Berlusconi.

La cérémonie à la cathédrale de Milan a été – comme on pouvait le prévoir – un spectacle, la célébration d’un homme qui a pu rassembler dans la même église les institutions et le showbiz, le président de la République et le dernier des clowns du cirque médiatique de ses chaînes télé.

Si toute esthétique est une éthique, les funérailles de Berlusconi ont montré à l’Italie et au monde entier la représentation d’un univers symbolique dont il faudra interpréter les signes. Berlusconi semble être un phénomène simple à déchiffrer. Il est la manifestation de combien la modernité peut être complexe.

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  • Apparemment l’auteur n’aime pas Berlusconi et pourtant il est impossible de trouver en Europe sont équivalent en réussites sociales et économique de plus les Français lui doivent l’élection de Mitterrand, la création de la première chaine de télévision privé en France, torpiller par Chirac, Sa sortie de la politique, il l’a doit à Obama qui le haïssait et ses ennemies (Merkel) européens, lorsqu’il a voulu sortir l’Italie de l’euros

  • Article lamentable… Sans aucune once de pitié pour un défunt… Un article d’un français minable, jaloux de la réussite.
    clowns du cirque médiatique, a eu du mal à accepter, équivalait à une défaite, déclin inexorable, au crépuscule, entrepreneur à succès et un homme politique qui a échoué, Milano 2 a été une innovation urbanistique, étroitement lié à la télévision et au football, Il a sali pour toujours le mot libéral…

    J’arrête. Pas un mot de posititif… Alors que tous les italiens reconnaissent ce Grand Homme.

    Pendant ce temps là en France, a part Mitteux… Rien, nada, du vent…

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