Vêture et vivre-ensemble en société libérale (1)

La tension entre la volonté d’affirmer son identité religieuse et les principes de la société libérale se manifeste à travers la demande de porter des vêtements spécifiques dans les établissements scolaires.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 1

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Vêture et vivre-ensemble en société libérale (1)

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 mai 2023
- A +

Des élèves de collèges et lycées en France réclament le droit de porter une vêture spécifique, supposée musulmane : l’abaya et/ou la djellaba. Qu’en est-il ainsi que de la motivation qui en serait la cause en une société où la liberté est la mère des valeurs ?

 

Au creux des apparences

Tout comme le voile, un tel habit est loin d’avoir une caractéristique cultuelle selon les purs préceptes de l’islam, ne l’étant devenu que putativement dans l’imaginaire populaire ; ce qui l’a doté de force subliminale et de capacité de nuisance chez les activistes. Ce qui tient pour beaucoup au silence sur la lecture biaisée de la foi par les fondamentalistes et les tenants de sa forme instituée. Or, elle est en contradiction avec l’essence originelle de cette foi dont l’exégèse, humainement imparfaite déjà, est désormais apocryphe.

Pluriel dans sa pratique aujourd’hui, l’islam s’offrant en canon n’est qu’une déclinaison parmi d’autres, ne se réclamant pas que des seuls textes fondateurs y faisant foi : le Coran originel et les dires (hadiths ou logia) authentiques du prophète. Ainsi, la théorie des visées du Coran, désormais concept incontournable d’exégèse, n’a été systématisée qu’au XVIIIe siècle de l’hégire, et ne s’est imposée que réduite aux desseins la Loi telle qu’issue de la cogitation humaine, non de la foi selon la stricte révélation en ses principes généraux. D’où la nécessité de l’exégèse permanente de ses visées, à chaque siècle, la sagesse divine demeurant impénétrable à la raison humaine, fût-elle la plus perspicace.

 

D’où l’impérieuse nécessité de toujours contextualiser la moindre question faisant débat en cette religion qu’empêche l’absence de libre pensée en terre d’islam où la foi est instrumentalisée au service du pouvoir en place, politique et religieux. Ce qui contrarie la prétention même de l’islam d’être une science, le propre de sa vérité étant d’être contestable ; prétention honorée pourtant par le passé, ayant donné lieu à une civilisation qui fut universelle, contribuant aux Lumières de l’Occident au sortir de son Moyen-Âge.

 

S’agissant de la question de la vêture, ce qui étonne les non-musulmans, c’est que l’on soit moins attentif à ce que suppose l’idéologie libérale en termes d’initiative toute liberté que prompt à y tolérer des interdits heurtant son esprit. Ce qui ne va pas sans chahuter le fondement social en France du libéralisme, outre le fait de contrarier l’esprit de l’éducation républicaine et sa mission pédagogique. La bonne pédagogie n’est-elle pas de ne rien imposer et d’agir à unir en éclairant les jeunes consciences dont on a la charge plutôt que donner des leçons, quitte à risquer à les désunir, cliver encore plus ? Surtout que l’on se trouve aux prises avec un obscurantisme étranger à la masse des élèves, assez machiavélique dans ses menées pour s’entourer d’atours encensés dans le pays.

D’où l’ajout au malaise de l’islam celui de la société française et de son système scolaire en souffrance, à savoir que de plus en plus de jeunes se retrouvent pleins de ressentiments envers leur école.

 

Laïcité, laïcisme

La laïcité a été au service du vivre-ensemble dans les anciennes sociétés occidentales encore dominées par l’emprise de l’Église chrétienne toute-puissante. En France, tout en ayant libéré les consciences de telle férule, elle a eu tendance parfois à se muer en laïcisme.

Sociologiquement et culturellement, la société française est désormais multiple, ne baignant plus exclusivement – officiellement pour le moins – dans le moule des traditions des deux premières religions monothéistes. Or, la troisième religion monothéiste pose problème, étant une foi originale par rapport à celles qui l’ont précédée, mais qu’on se refuse à considérer différemment, en raison du principe égalitaire, mais également de la séparation de l’Église et de l’État.

Or, il n’est nulle Église en pur islam, une religion se voulant culte et culture à la fois. Si elle intègre dans ses préceptes la politique, c’est au sens étymologique de gouvernance de la cité des humains autant qu’elle l’est, telle la foi chrétienne, guidance pour la Cité de Dieu. Cette lecture radicale de l’islam s’oppose à sa pratique chez la quasi-majorité de ses adeptes en France comme ailleurs. En cela, la religion musulmane a connu une mutation similaire au sens de la laïcité à la française, générant une religiosité d’un côté, et un laïcisme de l’autre, la première s’imposant en un islamisme d’autant plus véhément qu’il se réclame de son droit à se défendre du rejet laïciste qui l’ostracise.

Pourtant, les deux phénomènes se démarquent de la signification d’origine : celle, pour l’islam, de la primauté du spirituel et du culturel sur le culte, et pour la laïcité de l’étymologie du vocable sur une pratique galvaudée. C’est d’autant plus paradoxal que l’islam premier, seul authentique à nos yeux, relève de la conception laïque originale qu’on retrouve en nombre de sociétés occidentales, européennes y compris, comme en Grande-Bretagne.

Voulue être une séparation française stricte du religieux et du politique, la laïcité n’est, comme en islam, ni séparation ni amalgame de deux domaines intimement liés formellement, mais matériellement séparés. En islam pur, la sphère du privé est gérée par une foi où le fidèle est en directe relation avec son Seigneur, n’ayant de compte à rendre qu’à Lui. Ce qui inclut les autorités publiques dont le domaine d’action, la sphère publique, demeure fondamentalement étrangère à celle de la foi intime. Une lecture plus conforme au génie de ce que je qualifie Révélation Première, le Coran mecquois, est indispensable pour la réforme inéluctable de l’islam. Elle stipule que, si la séparation du religieux et du profane n’a pas cours en islam où l’imbrication du spirituel et du temporel est totale, cela ne veut pas dire confusion, mais unité multiple, l’unitas multiplex des anciens, rappelant la pensée complexe d’Edgar Morin.

Ce qui pourrait se faire auprès et avec la communauté musulmane française bien mieux et plus facilement que dans les pays musulmans où manque la liberté de penser les sujets sensibles, condition nécessaire à la réussite de la moindre réforme. D’autant plus que la conception française de la laïcité ne saurait y servir, l’étymologie même du vocable (laicus), signifiant « du peuple », s’y opposant, ce qui est du peuple musulman étant sa forte imprégnation sinon spirituelle, du moins religieuse. En Occident matérialiste, la caractéristique populaire est faussement laïque, « laïciste » donc, produisant un « esprit prêtre » aussi intolérant et fanatique que les fanatiques de la religion qu’il combat. Nombre d’historiens, philosophes et sociologues en parlent ; l’un d’eux affirmant que « la laïcité est devenue un hygiénisme identitaire », une arme de combat manifestant la crise identitaire de l’Europe en déclin.

 

Dénaturée et discriminatoire, une telle laïcité va à l’encontre des fondements libéraux de la société française, car le strict respect des réquisits du libéralisme impose l’admission, sans distinction, des initiatives personnelles relevant du domaine privatif, dont celui de l’accoutrement public, tant qu’il est décent. Aussi, stigmatiser un port vestimentaire sur la base de la supposition d’être à caractère religieux est une violation caractérisée des règles du vivre-ensemble libéral. Or, la perversion de la cité, assurait Platon, commence par « la fraude des mots ». Ce qui est le cas avec l’habit étiqueté confessionnel, relevant moins de la vérité que de slogans faisant florès en cette époque mythomane, comme tant d’autres dans l’histoire humaine. Il en va ainsi de l’islamophobie qui, au-delà de ce qui est justifié et pertinent en la matière, cache mal l’instrumentalisation sous-jacente faisant que l’on vire à la démagogie encensant un islam caricatural et caricaturé.

 

Symbolique de la résistance au changement

On ose enfin évoquer l’état de maladie actuelle de la religion d’islam, d’autant plus à déplorer qu’au temps de sa splendeur, ne se limitant pas au culte, elle était perçue en philosophie et culture et, fidèle à ses origines, en foi de droits et de libertés. Ayant fait l’objet au cours de l’histoire de vol et de viol – par les siens en tout premier lieu, le phénomène Daech n’en étant que l’illustration paroxystique -, la conception de l’islam conforme à l’esprit et la lettre du Coran renvoie à la révélation première selon les versets mecquois. Au reste, c’est à un tel esprit que se réfère, inconsciemment surtout, la plupart des musulmans, les plus jeunes notamment soucieux d’enracinement axiologique.

Comme la problématique de la véracité se pose, c’est au contenu de la transmission qu’il importe de s’arrêter, particulièrement dans les écoles de la République, plutôt qu’à certaines de ses manifestations, par d’aucuns voulues machiavéliques et provocatrices. Ce qui est urgent dans l’Éducation nationale, c’est moins de faire face à l’épiphénomène de la vêture que de cogiter sur ce qui est problématique dans toute la société, étant au cœur du mal-être d’une religion loin d’être minoritaire dans le pays. Et il est de son devoir d’aider à trouver le modus operandi en mesure de contrer la négation du vivre-ensemble.

Que suppose la question de l’habit dit islamique dans l’enceinte scolaire ? Que cela relève d’un droit de liberté citoyenne qu’on ne saurait nier sans renier un fondement de la citoyenneté. Certes, celle-ci prohibe le port de signes confessionnels, mais ce qu’on qualifie de vêture musulmane l’est-elle sans conteste ? En l’objet, sauf à faillir à l’esprit même de la pédagogie, il ne suffit pas de se conformer aux dires farfelus de certains idéologues, relayés par des sachants dogmatiques remuants. Sinon, l’on verse dans une complicité objective d’une supercherie qu’il serait plus logique et sain de contester en bon esprit scientifique soucieux moins de l’effet que de la cause. C’est bien la meilleure façon d’en finir avec la manipulation des esprits, surtout que la population ciblée est cette jeunesse en âge d’apprendre, se devant d’être encouragée à distinguer le vrai du faux.

Soyons clairs : la loi du 15 mars 2004 à laquelle l’on se réfère proscrit le port en milieu scolaire de signes religieux ostentatoires. Au-delà d’une doxa contestée et contestable, est-on sûr que la vêture en question relève moins d’habitudes culturelles que cultuelles ?

Peut-on, d’ailleurs, identifier ce que serait la tenue laïque ? N’est-ce pas la liberté de porter ce qu’on souhaite avoir sur le corps ? Une grave confusion axiologique est prégnante dans les esprits, source de drames récurrents. Le voile, à tort qualifié d’islamique, est à citer aussi ; ce n’est que l’interdit, sa stigmatisation et la récupération intégriste qui ont transformé cette fausseté véritable en fausse vérité, et qui serait plutôt biblique si elle était cultuelle.

Agir comme on le fait revient à servir plutôt l’idéologie combattue, violant le libéralisme dont on se réclame. Une telle négation du droit à la différence, pain bénit pour les hérauts de l’intolérance, transforme le banal vêtement en symbole de résistance au changement.

Dans La Psychanalyse des rêves, Angel Garma démontre comment le vêtement représente une sorte de membrane fœtale ; changer de vêtements revenant à changer de peau, de parents même. Adopter le qamis et autre voile, érigés en vêture islamique, rappelle déjà nonnes et moines ; c’est manifester surtout un certain trouble psychologique, une crise identitaire. Invagination du sentiment intime, cela prend l’apparence de résistance au changement perçu en agression ; mais symboliquement, la vêture en tradition des anciens condense l’inconsciente envie d’une nouvelle naissance.

Au nom de leur légitime liberté du paraître, les jeunes collégiens et lycéens ne sont qu’en quête d’une liberté d’être, à défaut d’une accession sociale qui leur semble impossible. Ce qui signe une vacuité spirituelle qu’un simple masque suffit à remplir, d’autant qu’elle est le terreau aux menées actives d’endoctrinement. Que cela se passe en milieu scolaire devrait donc être moins un problème qu’une occasion à saisir afin d’agir pour que les dérives que laissent supputer de tels signes de trouble identitaire ne se fortifient pas de préjugés, de faussetés. Il est plus efficient et dans le rôle de l’Éducation nationale de délaisser la facilité de l’interdiction, inefficace et contreproductive pour vérifier si l’on a vraiment affaire à une manifestation de radicalisation, non à un sérieux appel de détresse à y échapper. Et user de leviers psychologiques puissants, ayant résonance auprès d’une jeunesse en rupture avec l’épistémè des adultes, rejetant le devoir être pour un vouloir être irrépressible en vue d’un pouvoir être hors conventions : être soi.

 

Vouloir être, épistémè juvénile

Ayant travaillé avec les jeunes d’origine maghrébine en France, je puis témoigner de leur psychosociologie. Partout, des deux côtés de la Méditerranée, dans les banlieues des villes de France notamment, ces jeunes relèvent bien plus que les générations précédentes de leur temps postmoderne, un âge de foules, l’ère des sens débridés. Aussi, c’est moins l’attitude autoritaire, d’un rapport tout en verticalité qui peut leur parler que celle du cœur, une relation horizontale, qui n’est pas moins rationnelle, mais d’une raison sensible.

Selon l’esprit du temps, les jeunes de France, venus d’ailleurs, sont en quête d’un libéralisme éthique, moral et mental qui serait le passage du Devoir être au Pouvoir être. Or, les adultes relèvent d’un zeitgeist dépassé, n’étant pas encore l’épistémè du Vouloir être dont rêvent les jeunes, y compris ceux versant dans les excès paroxystiques du radicalisme. Car c’est souvent une tragique méprise sur la quête d’unité de l’humain, ratant l’harmonie impérative avec son être et les êtres l’entourant en un vivre-ensemble voulu de parfait épanouissement.

Avec les demandes de liberté de vêture posant problème en banlieues, l’Éducation nationale se retrouve sur un chemin qui ne mène nulle part, ce que Heidegger nomme Holzwege pour indiquer que si le chemin apparaît en impasse, il est bien volontiers passant pour qui sait y cheminer. C’est même ce qui mène loin, au-delà du réel où niche le possible, improprement qualifié d’utopie. D’autant que cela alimente chez les jeunes une possible dérive terroriste, ne serait-ce qu’indirectement. Elle opérerait en eux, en quelque sorte, en ersatz de leur volonté à vivre libre et digne, muant en liberté de mourir librement et dignement.

Le vrai problème est, par conséquent, dans les têtes, y compris la radicalisation et le terrorisme. Ce dernier n’ayant pas d’idéologie, étant un concentré du zéroïsme de sens, marque de l’époque postmoderne, il renaît, mentalement, en ce dogmatisme pouvant être religieux comme profane, invariablement inhumain. Le fait de voir dans la jeunesse voilée ou en qamis des établissements scolaires une espèce radicalisée plutôt que figures de carnaval le prouve bien ; or, tant qu’elle est traitée en faune ou satyre, fatalement, elle finit en démon ; Satan n’est-il pas un archange déchu ? D’où la nécessité d’homéopathiser la part du diable en l’humain pouvant faire irruption même à la faveur d’une banale question de vêture.

Lutter utilement contre la moindre tentation terroriste impose de ne pas l’alimenter et recourir à ce qu’elle a en déficit : l’humanité. La règle de droit y est efficace, mais appropriée à la situation, non celle qui stigmatiserait une vêture au risque du terrorisme mental qui est tel l’Hydre de Lerne, ses têtes repoussant à force qu’on les coupe. Comme Hercule finissant par en triompher en trempant ses flèches dans son propre venin, il importe de contrer le monstre terroriste en usant contre lui de son propre venin.

Quel est-il ?

On en parlera en seconde partie où l’on dira aussi ce qu’il peut y avoir de commun entre la supposée religiosité de la vêture et le mythe occidental du surhomme, la solution proposée au malaise banlieusard étant de travailler à des retrouvailles avec la raison islamique pure perdue.

Sinon, à quel saint se vouer si l’encadrement pédagogique ne comprend pas les collégiens et lycéens à la recherche de la parole juste, se laissant endoctriner par les gourous de la désinformation ? Comment s’étonner alors que se rebiffe ce qui représente l’avenir de la société, sa jeunesse ou une partie d’entre elle ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un signe de santé, dont il faudrait se réjouir ? D’aucuns diraient qu’il ne s’agit que de jeunes venus d’ailleurs, mais ils oublient l’apport de l’étranger dans l’histoire de la France pour son salut. Bien pis ! ils font en une gravissime entorse tant à l’idéologie libérale dont ils assurent relever qu’à la foi religieuse à laquelle ils se réfèrent en termes identitaires.

Voir les commentaires (26)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (26)
  • Il y a quelques années encore, les religieuses se promenaient avec une cornette et les prêtres en soutane : cela ne posait aucun problème de « laïcité ». Derrière le rejet des vêtements islamiques il n’y a aucun conflit réel de laïcité, principe qui exige seulement de l’État d’être neutre religieusement. Le véritable rejet n’est pas celui de l’islam mais de cultures différentes de la culture européenne qui s’imposent massivement dans nos pays et dont le signal perçu est la violence, le coût social et la volonté d’imposer d’autres valeurs (relations avec les femmes par exemple). Les immigrations italienne, portugaise, espagnole, russe n’ont jamais posé autant de problèmes de par leur moindre importance, leur utilité pour l’économie, leur intégration facile par le partage d’une même culture. Le rejet des vêtements islamiques correspond à notre époque : on veut cacher ce que l’on ne sait pas résoudre.

    • C’est que l’on traite l’islam comme une religion. Ce n’est pas vrai. C’est un système politique.
      Accepterait-on au 21ème siècle en Occident un parti politique qui prône les « valeurs » défendues par l’islam ?
      Non, on se hâterait de chercher tous moyens d’en interdire toute manifestation publique.

    • Les vêtements islamiques et surtout le visage fermé qui les accompagne systématiquement sont un signe de prosélytisme arrogant et méprisant, donneur de leçons. Peu importerait si notre société ne prônait pas à tout instant le vivre-ensemble, le contrôle de l’orthodoxie par de jeunes blancs-becs incompétents et le squat en son nom des espaces privés et des jardins secrets. Je rage contre ceux qui me bousculent, et si une grande majorité d’entre eux porte un signe distinctif, je ragerai aussi contre ce signe, qu’il soit religieux ou laïc.

      • En effet, mais vous n’avez pas le droit de voir ce que vous voyez.

        • Certes, mais la gestuelle comportementale « Otez-vous de mon chemin » ne laisse pas imaginer un visage ouvert, même quand on n’en voit rien.

          • C’était une boutade MichelO 😜 . Un peu comme le « sentiment » d’insécurité, interdit de parler d’insécurité. Là, c’est pareil, in-ter-dit.
            Mais perso, je parle quand même, et tant pis pour les raccourcis faciles et les noms d’oiseaux 😊

    • La soutane et la cornette sont les uniformes de ceux qui les portent. Rien à voir avec l’abaya ou le voile, qui n’ont rien à voir non plus, d’ailleurs, avec la religion musulmane mais tout avec la charia, c’est-à-dire la réduction de toute la société à la loi islamique.
      Si les migrations portugaises, espagnoles etc n’ont posé aucun problème, c’est parce que leurs ressortissants avaient non seulement la même religion que les Français, mais surtout la volonté de s’intégrer, de ne pas se différencier.
      Le rejet des vêtements islamiques est très simple à analyser : le rejet d’une religion et surtout d’une culture qui sont aux antipodes des nôtres et qui n’ont aucune envie de laisser de la place à notre culture. Il suffit de voir que le porc a quasiment disparu des cantines et que les viandes halal font des percées (encore combattues mais pour combien de temps).
      « On veut cacher ce qu’on ne sait pas résoudre » : 72% des Français savent comment résoudre le problème, mais la commission européenne n’en a surtout pas l’intention.

  • Selon le calendrier musulman, nous sommes en 1444. Autrement dit, en pleines ténèbres moyenâgeuses. Il faudrait donc attendre 2 siècles pour que l’islam invente l’interrupteur des Lumières et près de 5 siècles qu’il fasse sa propre Loi de 1905.
    On a le droit de commencer à s’impatienter.
    « La religion est la maladie honteuse de l’humanité. La politique en est le cancer. » (Montherlant).
    Alors quand on fait du 2 en 1, on multiplie le risque.

    • @abon belle citation de Montherlant et pourtant , personne n a pu se passer ni de l’une ni de l’autre alors on fait quoi ? (la religion chrétienne a été remplacée par le gloubi goulba frères trois points laïc en France )

    • 1444 ce sont les ténèbres moyennâgeuses ???
      Il faudrait arrêter les clichés qui datent du XIXème siècle. Pour ne prendre qu’un exemple, l’invention de l’imprimerie c’est justement 1450. Et cette invention ne peut avoir lieu sans un contexte socio-économique favorable.
      Donc parler de ténèbres….
      Par ailleurs, le parallèle est de toute façon boiteux. Même si leur religion est plus récente, les musulmans ne vivent pas coupés du monde. C’est le refus de la modernité par une minorité très active depuis le XVIII-XIXème siècle qui a gangrené progressivement le monde musulman. Rien à voir avec le Moyen-Âge en Occident.

  • Permettre une certaine variété dans les vêtures dans l’espace public me semble tout à fait souhaitable . On remarque toutefois que même là , il y a toujours eu chez nous des limites : pas se balader nu, pas la visage couvert. C’est un tout autre problème lorsqu il s’agit de mineurs sous l’autorité soit de l Etat (établissement public), soit d’un établissement privé . Le responsable ( l Etat ou bien la société privée ) est tout à fait en droit d’imposer le code vestimentaire s’il le souhaite. C’est d’ailleurs le cas. Dans un lycée public à l’étranger , je me souviens qu’une tenue jugée trop découverte (ventre à l’air) était immédiatement sanctionnée par un renvoi à la maison. Les jeunes concernées n’en faisaient pas un plat . La question , la vraie est : mais pourquoi donc certaines populations sont incapables de se conformer à la règle commune sans en faire tout un plat ? Pourquoi leur foi est elle attachée si fermement à un vêtement ? Que vaut une foi (ou une culture) si elle dépend d’un vêtement ? Ne peut on pas être musulman en jean les cheveux aux vents ? J’ai dans ma famille des musulmans en bérets, français et heureux de l’être .

    • C’est tout-à-fait juste. On ne peut pas considérer les les établissements d’enseignement publics comme des lieux ouverts au bon gré de tout un chacun. Même s’il n’y a pas d’uniforme imposé comme dans certains pays, il n’empêche qu’une tenue adéquate correcte est exigée. On ne va pas à l’école , au collège ou au lycée en bikini ou vêtu d’une peau d’ours. Dans la rue, si les restrictions sont moindres, il est quand même respectueux d’observer une certaine décence et de ne pas se promener masqué.

    • On peut tout à fait être musulman en jean les cheveux aux vents, j’ai connu une collègue qui portait l’hiver jupe-courte-cuissardes et ça lui allait trop bien !
      Vous noterez que l’impératif vestimentaire ne concerne que les femmes, et que ce même impératif est combattu par tout plein de femmes musulmanes. Pourquoi donc ?
      Cette foi ne dépend du vêtement que parce que celui-ci permet d’imposer le grignotage de la liberté de ces femmes.

  • Quand on vit en Théorie, tout va bien.
    Mais nous sommes dans la pratique : ces revendications communautaires vont toujours plus loin, plus fort, et ne sont absolument pas celles des musulmans « lambdas », mais bien celles des extrémistes.
    Tout comme il est normal que les prêtres et nonnes se déplacent vêtus de leur uniforme, les catholiques pratiquants ne se différencient pas vestimentairement des non-catholiques. Et surtout ne réclament aucun droit du fait de cette religion, pourtant historique en France. Pourquoi en serait-il différent des musulmans ? Il n’y a pas de vêtement religieux musulman, car si c’était le cas, non seulement tous les musulmans le porterait mais surtout aucun musulman ne rejetterait cette possibilité. Or, nombre de musulmans (surtout musulmanes et c’est peut-être un signe) s’opposent à la reconnaissance du voile comme vêtement musulman, s’opposent à toutes les revendications présentées comme religieuses. Les intégristes eux-mêmes, d’ailleurs, ne veulent pas utiliser le terme de « voile », mais « fichu » ou « bout de tissu », quand il s’agit de défendre son port, pour en minimiser l’importance alors que leurs revendications prouvent au contraire que ce « fichu » en a énormément pour eux. Pourquoi donc ?
    Curieusement, la grande majorité des musulmans n’a absolument pas besoin d’afficher sa religion et vit très bien ainsi en France. Et on devrait accéder aux revendications des extrémistes ? Uniquement parce qu’ils font beaucoup de bruit et se posent en victimes ?
    L’argument « la société française étant désormais multiple » ne peut que nous inciter, si nous voulons continuer de vivre en France comme nos parents et non comme en Arabie Saoudite, voire pire, à fermer définitivement nos frontières à cette migration musulmane. Tout le contraire de ce que veut l’auteur je pense.
    Allons, allons, revenons à la raison.

    • Il est intéressant de se revendiquer d’une société libérale (tiens donc, la France serait donc libérale ?) pour revendiquer le port d’un signe de soumission, dont on sait très bien qu’il est imposé à ces femmes par d’autres. Et qu’il est rejeté dans les pays les plus extrémistes à ce sujet.
      Dissonance cognitive.

      • C’est LE POINT chaud : nous ne sommes pas une société libérale : chacun contribue (parfois beaucoup) au modèle de solidarité sociale.
        .
        Maintenant, pour devrais-je me sentir solidaire de gens qui ne veulent SURTOUT PAS me ressembler (prénom, vêtements, nourriture, rites, …). Par leur attitude ils créent du ressentiment qui ne peut s’éterniser qu’avec l’Etat, qui a besoin de vivre aux dépends des autres, et imposer des assurances sociales monopolistiques.
        .
        Préparons-nous à organiser un divorce à l’amiable : avec séparation de corps (les lieux de vie) et de BIENS (assurances sociales communautaires).

        • C’est hélas totalement ce qui est en train de se produire, la séparation de tout. Sauf que bientôt nous serons minoritaires…

  • Avec ce genre de propos, j’ai toujours l’impression que les musulmans sont arrivés en France il y a 2-3 ans et que, les pauvres, on les soumet à un diktat arbitraire, on les martyrise, on leur refuse leurs habitudes.
    Mais euh, on parle d’une immigration qui date des années 50-60, la France était très catholique à l’arrivée des premiers venus, les suivants savent donc parfaitement comment on vit en France, non ?
    Ces premiers venus, et leurs enfants, se sont intégrés d’ailleurs.
    Comment expliquer que la 4è et la 5è génération soient à ce point attachées aux marqueurs visibles non-obligatoires de cette religion que leurs propres parents ne réclamaient pourtant pas ? Si ce n’est par la volonté de faire sécession ? Et il faudrait dire « Amen » ? Tiens, encore un mot issu de nos racines chrétiennes, racines qu’on nous somme d’oublier, mot qu’on va donc bientôt interdire, pour le bien du vivre-ensemble, qui n’est que le vivre-avec en attendant de devenir le vivre-comme…

  • Avatar
    Hyacinthe Herve
    25 mai 2023 at 19 h 22 min

    Il y a beaucoup de mots compliqués et d’explications pour un sujet extrêmement simple d’un point de vue libéral.
    C’est au propriétaire de l’établissement de décider qui peut entrer et qui il peut refuser sur des critères qui le regarde.
    En revanche si quelqu’un veut être propriétaire d’un lieu où on accueille juste des personnes en tutu ça le regarde aussi.
    Et chacun devrait pouvoir décider quel établissement il veut fréquenter en se soumettant aux règles ou en allant voir ailleurs.
    Les spécificités de telle ou telle religion n’ont rien à voir avec le sujet.

  • Cet article me pose un serieux probleme!!!
    La these soutenue me parait tout à fait soutenable : en effet, l’habit ne fait pas le moine et les vêtures provocatrices des adolescents depuis 50 ans ont tout de la rebellion classique à cet âge et pas grand chose de la foi.
    Cependant l’article omet une réalité beaucoup plus problematique : le vetement adopté, qui finalement ne heurte que les yeux, s’accompagne invariablement d’exigences alimentaires, d’exigences de non-mixité des genres, voire d’interdits sur le contenu des enseignements scolaires.
    C’est en soi mensonger de ne pas l’évoquer.

    Je ne veux pas chercher à savoir si ces exigences sont culturelles ou religieuses : elles sont.
    Et leur existence même génère non pas du « vivre-ensemble » mais du « je me mets à part », puis, bien souvent du « vis comme moi » sinon tu trahis ta religion, voire « vis comme moi » puisqu’aussi bien ma « façon de vivre » est desormais majoritaire dans le quartier.
    On assiste donc non pas à un liberalisme dans la République mais bien plutôt à une transformation « homéopathique » d’une grande partie des acquis de la République

    Il importe donc de savoir ce que l’on veut : soit on accepte de fait une acculturation qui va transformer profondément la société, soit on tranche dès le depart toute forme de « particularisme »

    Il me semble que c’est le choix fait jusqu’ici par la Republique. On peut en contester la légitimité mais dès l’origine, la Republique a tendue vers l’abrasion des différences (par la langue notamment)
    Dire qu’on peut bien accepter des vetures « orientales » dans les établissements scolaires parce que ça n’a pas tant d’importance que ça, me semble tout à fait faux.
    D’une part, le corps enseignant a toujours refuser les tenues par trop différenciées ou provocantes, d’autre part, qui d’autres que les adultes (parents, profs, proviseurs) peut manifester clairement et imperativement ce qui « se fait » mais aussi ce qui « ne se fait pas » en société ?
    Les ados sont les specialistes du « pied dans la porte » et du « si j’y mets le doigt, j’y mettrais le coude ». A nous de leur opposer des « oui » ou des « non » fermes

    • Vous avez parfaitement exprimé ma pensée (complexe alors elle sort en vrac, loool) : n’est mis en avant que ce qui paraît facile à accepter : « qu’est-ce que ça peut nous faire qu’ils portent voile ou qamis, ça ne nous enlève rien ? »
      Mais, tout comme on chauffe doucement l’eau de la casserole dans laquelle se prélasse la grenouille, on met en avant ce qui est facile et on tait ce qui l’est moins : vous avez cité l’enseignement et l’alimentaire (on entend « pourquoi refuser le halal, ça ne nous enlève rien »), il convient d’ajouter ce qui pose problème : le refus de serrer la main des femmes, de les avoir comme supérieures hiérarchiques, l’exigence d’avoir toujours des médecin-femmes à l’hôpital, l’exigence des pauses-prières à la fac, maintenant la réduction des jours fériés catholiques pour en avoir des musulmans, etc etc. C’est sans fin, jusqu’à l’instauration de la loi islamique.
      Il est tout de même malheureux que des personnes instruites défendent ces exigences en France, pays dont les femmes ont combattu le patriarcat et les règles catholiques, qui étaient pourtant bien moins liberticides pour elles que ce que leur réserve l’islam !

  • Aucun problème avec l’affichage religieux. On doit accepter les différences dans une société libérale, et c’est même une de nos principales forces.
    Le problème avec le voile, c’est surtout le fait qu’il soit bien souvent imposé, soit par pression sociale, soit par force. C’est aussi le symbole des fondamentalistes religieux que nous ne devons pas accepter.
    Ensuite c’est aussi un habit clivant car très visible qui met une distance entre ceux qui le portent et le reste de la société. Et ça c’est dommage
    Je dirait qu’il ne faut pas l’interdire mais ce n’est pas non plus quelque chose qu’on doit éviter de critiquer. Toute attitude trop communautariste, doit être critiquée si l’on veut créer une société harmonieuse

  • Avatar
    jacques lemiere
    30 mai 2023 at 7 h 19 min

    bah le libéralisme peut conduire à une société librement ségréguée paisible..

    si chaque groupe admet les valeurs qui fondent la société … chacun vit sa vie..
    on peut même se hair…la limite définie est l’agression et la violence..

    on peut douter que les valeurs soient partagées voire simplement connues…

    je ne suis pas du tout en faveur de led nat mais je reconnais qu’ exiger de connaitre la constitution pour obtenir la citoyenneté voire faire une déclaration solennelle de la respecter me plairait..

    ça ferait déjà un clic dans la tète des gens quand des zigs proposerait de la bafouer…

    • Avatar
      jacques lemiere
      30 mai 2023 at 7 h 29 min

      tiens un truc qui n’est pas trivial est le concept de décence..
      les parties du corps à cacher..

      et surtout que l’autre peut considerer comme une agression si il peut les voir dans un lieu dit public…
      culturel, arbitraire est pas nécessairement solvable par la démocratie…
      le débat sur les voile me semble quelque peut hypocrite.. sauf à déplacer le débat sur la nécessité ou non pour un policier de pouvoir identifier toute personne dans un lieu public..

    • Avatar
      jacques lemiere
      31 mai 2023 at 23 h 15 min

      tête proposeraient

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Michael Kelly

Ceux qui ont observé le couronnement du roi Charles III en mai 2023 pourraient penser que le Royaume-Uni est tout le contraire d’un pays laïc. Dans l’abbaye de Westminster, le nouveau chef de l’État a reçu son mandat de l’archevêque de Canterbury et est ainsi devenu chef de l’Église d’Angleterre. Pourtant, les apparences sont trompeuses.

La situation actuelle outre-Manche est complexe, tributaire des contradictions et des compromis de l’histoire britannique. Dans le fond, l’Angleterre devient une société séculi... Poursuivre la lecture

Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

Contrepoints : Bonjour Pierre Valentin. Avant d'entrer dans le vif du sujet : le wokisme, ça existe ou pas ? Pourquoi utiliser le terme wokisme plutôt qu’un autre, comme gauche identitaire ou encore gauche postmoderne ?

Pierre Valentin : J’utilise le terme car, initialemen... Poursuivre la lecture

Parmi ceux qui, en France, condamnent l’islam et les musulmans, il y a les croyants et les non-croyants.

Or les croyants, d’abord, doivent se souvenir que la religion a besoin de concurrence. À peine la démonstration a-t-elle besoin d’être faite.

Dès 1684, Basnage de Beauval explique que quand une religion n’a point de concurrents à craindre, elle s’affaiblit, se corrompt.

En Angleterre, Voltaire fait cette remarque que la concurrence des religions y est extrêmement favorable à la liberté :

« S’il n’y avait en Angl... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles